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Jamais nous ne fûmes.

Publié le par drink 75

 

Je m’allonge dans le canapé et j’allume la télé. C’est curieux cette nouvelle manie depuis que je suis sortie de l’hôpital. Je ne supporte plus le silence depuis mon viol. Je n’ai pas envie de musique non plus. Juste cette présence sans intérêt. La télévision.  J’ai l’impression d’être une petite vieille, il ne me manque plus qu’un chien atone. Je pleure un peu dans mon canapé. C’est nouveau ça aussi. Je ne pleurais presque pas avant mon viol. La plupart de mes copines, de mes collègues de travail sanglotent à la moindre contrariété. J’ai remarqué que les pleurs chez les filles s’étaient beaucoup accrus ces dernières années. L’exemple de la télé je pense, où les pleureuses sont à la mode.  Je vais demander aux médecins un médicament qui empêche de pleurer. Je ne vais tout de même pas devenir une petite chose sensible. Je vais faire le ménage dans ma vie. Le vide. Je vais faire tellement de ménage que je me demande si je ne vais pas me débarrasser de moi-même.

 

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Fleurs amères.

Publié le par drink 75

 

Puis ce fut comme à chaque fois. Nous tournâmes comme des chats autour de la bouillie de nos vies, en rampant si vite le long des murs qu'on se remarquait à peine.  Je crois que je me suis perdu, murmurai-je en baissant les yeux vers ma tasse de café, comme si l'énigme de la vie était cachée au fond, et tout ce qu'on avait à faire, c'était vider la tasse pour trouver la réponse.

 

                                                   Gunnar STAALESEN

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Façonner le silence.

Publié le par drink 75

 

Fermer les yeux. Ne plus parler. Attendre qu'il ne se passe rien. Personne ne m'arrêtera puisque je ne vais nulle part. Erreur dans le vide. Pleurer dans les vagues. Se noyer dans le caniveau. Se murer dans son esprit. Fermer les yeux. Ne pas parler. Epuiser le rien. Anéantir le néant. Vomir le non dit. Caraméliser les angoisses. Lyophiliser les rêves. Putréfier les cauchemars. Attendre. Fermer les yeux. Il ne se passe rien. Ne se passe rien. Rien ne se passe. Ne se passe rien. Rien. Ne se passe. Fermer les yeux. Pleurer dans le caniveau. Se noyer dans l'esprit. Fracasser ses souvenirs. Anéantir ses cauchemars. Rigidifier son âme. Branler son corps. Vomir les autres. Détruite l'horizon. Oublier l'environnement. Fermer les yeux. Toujours fermer les yeux. Ca évitera de voir vos gueules de cons trépassés. Vos repoussantes gueules de constipés. 

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Façonner la déroute.

Publié le par drink 75

 

En traînant a la fac pour acheter un câble si fin qu'un rongeur affamé a cru que c'était comestible, je vais un peu traîner au rayon livre et je trouve une colonne publicitaire rempli d'un livre de poésie qui vient de sortir d'un chanteur vaguement connu. Ca me rappelle le livre de haïku du chanteur bobo qui fait se pâmer les bourgeoises qui se croient différentes. Seuls les gens qui ont encore une vague notoriété peuvent sortir un livre de poésie, c'est marrant cette fascination, comme si tous ces types qui chantent des trucs un peu crétins se trouvaient une sorte de crédibilité en publiant de la poésie. La litanie des messages qui me disent félicitation provenant des habitants de l'ancien rideau de fer me fascine. Le nombre et la régularité des messages de personnes que je n'ai pas vu depuis des années pour la plupart. Je me souviens de toute ces petites villes au fin du pays du creux du monde ou l'on construit des églises orthodoxes. On fera jamais mieux que le communisme pendant quelques décennies pour ensuite donner deux envies d'une prégnance absolue aux habitants : Prier et consommer. On ne fera jamais mieux. Allumant la télé, par le plus grand des hasards, je me retrouve devant Oslo, 31 août, que je regarde pour la dixième fois, ou la quinzième, et je reste toujours aussi fasciné par ce film. Au fond, j'aime les films qui parlent du tourment, de la solitude, du tourment de la solitude, de la solitude du tourment. C'est tout ce qui m'intéresse. Cette liberté des sentiments, ce désir de ne pas vivre parmi les autres, devenir un jésuite de l'existence. Je n'ai jamais compris les autres, je n'ai jamais su me rendre fréquentable, alors j'ai joué un jeu. Pour rendre ma vie sociale a peu près possible, je me suis fais passer pour un autre. Désormais ce n'est plus nécessaire. Les autres ne m'intéressent pas. Leur vie m'indiffère. J'apprécie cette liberté. Cette fascinante solitude. 

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Quitter la ville.

Publié le par drink 75

 

J'erre dans Paris, et curieusement je n'en retire aucun plaisir, au fond c'est comme pour une femme, un amour envolé, la ville ne m'intéresse plus. Le taxi passe devant l'appartement de mon enfance mais je n'ai plus de nostalgie. Tous les liens familiaux que j'avais avec la ville ont été effacés. Je me rends compte que je ne connais plus personne qui réside a paris. Tous ceux de ma famille sont morts ou sont partis. Il ne reste que quelques personnes de ma connaissance a belleville et ménilmontant mais de paris, tout le monde est parti. Surtout, je trouve que la ville bruisse d'une fausse énergie, comme un hamster qui cavalerait dans sa roue. Une énergie clinique, un peu vaine. Le seul intérêt de venir a Paris c'est d'acheter des livres d'occasions, je réussis a enquiller gibert, bookoff et boulinier dans la même journée, je suis venu avec un tout petit sac de sport vide que je peux a peine fermer au retour. Je me retrouve en face de l'appartement ou mes parents ont finis leur vie, ou mon père est mort, dans la même rue, la famille chinoise qui pense que je suis un dieu vivant depuis que je l'ai aidé pour certaines démarches m'emmène dans un restaurant qui vient d'ouvrir. Un restaurant de fondue chinoise ou les serveuses se pointent avec un chariot rempli de bouffe que l'on doit plonger dans un bouillon. Dans deux en fait. J'en ai un pour moi pas trop pimenté. Ils m'offrent un whisky hors de prix et du thé qui vient de chine. La boite est jolie. Je suis soulagé de revenir dans la ville du milieu. Comme toujours, dorénavant, je suis épuisé par mon voyage. Je retrouve les mendiants, les précaires alcooliques et les camés de mon quartier. Et les jeunes branchés qui vont à l'école de mode dans le grand lieu vide qui ne sert a rien. King kong est revenu me dit la fille qui m'aime bien et qui doit avoir 20 ans mais en fait 40. Toujours a garder le carrefour market ? je lui réponds alors qu'elle s'esclaffe et que ça fait apparaître sa dentition fracassée par l'héroïne. Comme si tout son corps expirait la came. Je me sens bien, ici, parmi les ratés, les crackés et les fatigués. Je suis a ma place. Totalement a ma place. 

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Cuire dans son jus.

Publié le par drink 75

 

Le lieu du rendez-vous était un de ces nouveaux endroits comme il en existe pas mal a los angelès, une sorte de caviste qui vend du pinard en règle général de bonne facture et très cher, et ou il y a un comptoir et quelques tables pour boire des vins sur place. J'ai traîné un peu dans la boutique, puis je me suis pointé au comptoir, ou le serveur asiatique m'attendait avec impatience pour me délester de quelques milliers de dollars. J'étais un peu tendu comme pour un premier rendez-vous, comme pour une rencontre avec une inconnue. Une voix m'a dit bonjour en français dans le dos, alors que je cherchais sur la carte un verre à moins de vingt dollars, et puis la fille s'est présentée, m'a dit s'appeler France, et m'a dit que bonjour était le seul mot de français qu'elle connaissait. J'ai fait répéter son prénom deux fois pour être bien sûr d'avoir compris alors qu'elle m'expliquait qu'elle était la fille d'April. Ce n’était pas nécessaire de le spécifier je ne lui ai pas répondu, elle était le portrait craché de sa mère, c'était même un peu troublant. Elle m'a dit qu'elle voulait du vin blanc et j'ai dis au type de me nous donner une bouteille de  bourgogne qui était sur la carte et coûtait la modique somme de 99 dollars et 99 cents et pour ne pas passer pour un petit joueur après avoir goûté le vin, j'approuvais quand il me demandait si je voulais garder la bouteille. En nous asseyant à une table au milieu des rayons de vin, je compris que cette agréable plaisanterie me coûterait une petite fortune si on se décidait a manger ou a boire d'autres bouteilles.  Tu ressembles a ta mère je lui dis, et elle rit en me disant que tout les gens qui avaient connu April jeune lui disait cela.  Je lui demandais son âge et elle me dit qu'elle était née en février 91. Et je compris ce que je subodorais un peu après qu'elle m'ait dit son prénom, cette jeune fille brune aux yeux noirs et charbonneux, aux cheveux courts, au sourire franc et au corps élancé, cette jeune femme de 33 ans que je voyais pour la première fois était tout simplement ma fille.

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Etendre l'âme.

Publié le par drink 75

 

Elle ressemblait aux larmes qu'on ne devrait jamais verser et puis je me suis dis que ça ne voulait rien dire, alors j'ai pensé qu'elle ressemblait a ces images sur des écrans que l'on voudrait immerger dans son cerveau comme pour y imprimer ce qu'il reste d'humanité. Elle m'a dit qu'elle n'allait pas bien mais j'ai pensé qu'elle avait un cancer depuis le siècle dernier. Elle m'a demandé de m'occuper de sa fille s'il lui arrivait quelque chose et je l'ai fait rire en lui disant qu'il ne pouvait rien lui arriver, elle ne pouvait pas faire ça a sa fille, que ce soit moi qui m'occupe d'elle. J'ai erré dans la ville du milieu et j'ai découvert qu'il y avait un rue du plat d'étain, c'est marrant je me suis dis, j'ai vécu dans une autre ville ou il y avait une rue du plat d'étain. Ma vie est passionnante. Une femme m'appelle pour me raconter ses malheurs, enfin la mort de toute sa famille ce qui me semble somme toute logique vu son grand âge, je ne traîne qu'avec des jeunes et des vieux. J'ai perdu les gens du milieu. Je vais a des concerts ou des gens de mon âge sont avec leurs enfants qui ont entre 20 et 30 ans. Je couche avec tout le monde. Tout le monde qui veut. J'ai failli perdre une collègue qui ne pouvait plus arrêter de rire et qui a faillit en clamser quand je lui ai répondu a sa question sur mon style de femmes : celles qui veulent bien. Alors que c'est une logique implacable.  C'est un avantage de la solitude, d'une vie sociale proche du néant, et d'un non besoin des autres. On en a plus rien a foutre des autres. Plus besoin d'être sur les photos, plus du tout besoin. Sur le côté, ça m'ira très bien. 

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La farandole du vide.

Publié le par drink 75

 

Ne sommes-nous pas des hamsters qui cavalent dans une roue ?  La même inutilité, la même frénésie mécanique du néant. J'écoute une émission ou nicolas mathieu est venu minauder comme il aime a la faire ces derniers temps. Le mec a basculé, il a écrit une sorte de tribune politique il y a quelques temps et déjà on comprenait qu'il se prenait au sérieux. Ce n'est pas le premier, même si c'est toujours un peu triste. A quel moment tous ces gens qui sortent de l'anonymat pensent que leur avis compte, que leur analyse a une quelconque valeur.  L'ivresse des profondeurs. Je lis sur facebook le speech du gars qui était hospitalisé dans la ville du milieu. Un gloubi-boulga écrit dans un charabia inclusif avec des mots inconnus de moi- marrant comme ces gars qui sont rebelles, syndicalistes a la CNT, et qui ne votent pas par refus du système veulent quand même montrer qu'ils sont concernés et qu'ils auraient pu être profs de facs eux aussi - ou le type remercie sa meuf pour son soutien alors qu'il disait qu'elle l'étouffait quand je suis allé le voir pour accompagner une copine. Marrant comme ce type qui n'a aucun intérêt pour les autres veut absolument partager son vécu. Ces gens se prennent au sérieux, c'est fascinant. Curieux cette course a la validation de sa propre intelligence, de son propre intellect, comme c'est en totale contradiction avec les valeurs de gauche, de collectif, de modestie. L'individualisme de la pensée est devenu une preuve de son intelligence. On comprends tout a coup la mode du complotisme. Je fais bien de me retirer du monde. Même s'il n'y a rien a en tirer. Je me souviens de cette fille, punk, libertaire, qui organisait des concerts ou on expliquait que tout propos homophobe, grossophobe et tout ce que vous voulez en phobe  m'avait expliqué que j'avais grossi et que je devais faire gaffe. L'image. Le milieu punk parisien n'en était jamais sorti. Sur le coup j'avais pas compris. Ce que je peux être long a la détente. 

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De nos nuits.

Publié le par drink 75

 

C'est curieux comme les ombres et les fantômes nous emmènent toujours vers la nuit. J'entends cette phrase dans un film ou une série je ne sais plus tellement, "vieillir c'est avoir de plus en plus de souvenirs et de moins en moins de projets d'avenir". Bof. Vieillir c'est juste les organes qui se rappellent a toi de plus en plus souvent. Je passe une journée a écouter mon foie qui se venge de décennies de branlées que je lui ai infliger. Tous ces alcools, toute cette bouffe a haute dose, tous ces coups infligés a mon bide. Mon corps ne veut plus. Tu es de plus en plus beau me dit la jeune fille, je suis de plus en plus pourri à l'intérieur je ne lui réponds pas. Je me retrouve dans un restaurant avec des collègues et a un moment comme ils sont tous assez jeunes, il partent sur ce qu'ils seront dans 25 ans, où ils seront. Ma voisine d'en face me dit et toi ? Dans 25 ans, j'aurais un âge ou mes parents étaient déjà morts et vu mon mode de vie, la raison me dit que je serais clamsé moi aussi. On dirait qu'elle va chialer. On dirait vraiment qu'elle va chialer. 

 

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Parfumer l'ennui.

Publié le par drink 75

 

Une femme m'appelle pour me dire qu'elle va partir. Où ça je lui demande alors que j'ai bien compris qu'elle m'annonçait son suicide. Ce qui me tracasse un peu car elle me doit un peu d'argent, et même si ce n'est pas grand-chose, c'est toujours ça dans ma situation totalement catastrophique. Comme disait Carver, c'est pas grand-chose mais ça fait du bien. Elle doit entendre m'entends réfléchir car elle me propose que nous nous voyons une dernière fois pour qu'elle remette un chèque de ce qu'elle me doit. Je pense qu'elle se suicide lentement, à l'alcool, il y a tellement longtemps qu'elle picole dure que je suis presque étonné qu'elle soit encore en vie. Sa vie est un précipice dans lequel je m'étonne qu'elle ne soit pas tombée. Pas encore. Je traverse les vies ratés des autres pour éviter de regarder ma propre existence et de quelle manière tout à fait étonnant je l'ai sabordée. J'ai peut-être cette compréhension pour les fous et les désespérés, et ça n'a rien a voir avec de l'empathie, non, je n'en ai aucune, absolument aucune, c'est juste que je suis moi-même totalement demeuré et alcoolique, c'est juste ça, ce que les gens prennent pour de l'humanité, un absolu cynisme, un détachement au monde, et une envie de rien. D'absolument rien. 

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