Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

L'enfant

Publié le par drink 75

 

J'ai vécu toute mon enfance dans une école. A l'époque, il n'y avait pas de téléphone portable, les parents ne pouvaient pas prévenir et souvent mon père ramenait à notre appartement les enfants dont les parents étaient très en retard le soir. Parfois aussi, quand ceux-ci ne s'étaient pas compris pour savoir lequel des parents devait venir chercher les enfants. Le soir, ou le samedi midi, il arrivait donc que des enfants viennent a la maison, le temps que leur parents viennent les chercher. Ceux-ci savaient que nous habitions l'immeuble à côté et sonnaient a l'interphone en cas de retard. Plus tard quand j'ai eu 14 ou 15 ans, il arrivait que je ramène les enfants chez eux, je me souviens de cette mère totalement débordée et qui ne pouvait être a l'heure après l'étude du soir,  sa fille  remontait chez nous, je devais jouer avec elle  et puis ensuite la ramener chez sa mère. Mes parents étaient comme ca. Ils n'auraient jamais appelés le commissariat pour y déposer un enfant, je ne dis pas qu'ils trouvaient cela normal mais disons que ça faisait parti du métier. Ce jour-là, je me souviens que nous étions a table, un samedi, il devait être autour de 13 heures, nous avions pris l'apéro et nous déjeunions. J'avais 11 ou 12 ans. Mes soeurs n'habitaient plus avec nous, j'étais devenu une sorte d'enfant unique. Quelqu'un a sonné à la porte, je suis allé ouvrir, et un voisin le visage défait m'a demandé d'aller chercher mon père. La cour de l'école était entouré d'immeubles, et le samedi peu après la fin des cours, une femme s'était jeté par sa fenêtre du cinquième étage pour s'écraser dans la cour. Certains voisins donnaient sur la cour, ce qui n'était pas notre cas, nous donnions sur la rue et nous n'avons pas assisté au suicide. Mes parents étaient parfois très secrets et parfois me disaient tout. Suivant les problèmes. C'était assez curieux. J'ai ainsi appris que mon grand-père était mort en reconnaissant l'écriture de ma mère sur un faire-part. Dis comme ca c'est terrible. Mais ça s'explique. Mauvais timing. Bref, mes parents m'ont rapidement expliqués qu'une femme était morte en se jetant dans la cour, et qu'ils l'annonceraient dès le lundi aux parents d'élèves. Quelques années plus tard des élèves, les plus grands de CM2  à l'époque en cp ou ce1 expliqueraient qu'ils avaient vu le corps chuter et s'écraser dans la cour. J'étais en sixième ou cinquième donc je ne fréquentais plus l'école de mes parents mais passant ma vie dans l'école et dans le quartier, mes parents me demandaient de ne pas trop en rajouter, de dire que je ne savais rien en allant chez les commerçants si on me posait des questions. Un soir, quelques jours plus tard, je suis rentré chez moi et il y avait un très jeune enfant, peut-être âgé d'un an qui jouait sur un tapis pour bébé et un monsieur assis sur le canapé du salon. Le mari et le fils de la femme suicidée. Ils habitaient 3 étages au-dessus dans notre immeuble. Pendant plusieurs semaines, l'enfant serait souvent chez nous, son père le déposait souvent, sous un quelconque prétexte, mais personne n'était dupe, il n'y arrivait pas. Ma mère parfois, me demandait de le garder quand elle avait une course a faire, peu à peu l'enfant est devenu comme un petit frère pour moi. Comme tout au long de sa vie, mon père ne disait rien, comme les fois ou j'ai du laisser mon lit pour accueillir une prof qui allait mal et avait tenté de se suicider et que j'allais dormir chez les voisins, comme cette fois ou nous avons accueillis des polonais en fuite, comme a chaque fois, mon père ne disait rien et s'il ne semblait jamais ravi, il ne se plaignait pas. Je me souviens quand même dans ce cas précis que mes parents se demandaient s'il ne fallait pas faire quelque chose pour cet enfant. Je crois que ma mère pensait réellement que le type allait reprendre le dessus et pouvoir s'occuper de son fils. Je me souviens d'un jour ou l'homme est venu déposer son fils et en échange a expliqué a ma mère qu'il m'emmenait jouer au foot au parc montsouris. Je n'avais aucune appétance pour le foot mais ma mère a approuvé, alors que je comprenais que le gars se donnait bonne conscience en s'occupant de moi pendant que ma mère gérait son fils. Et j'ai senti le soulagement de ma mère quand je suis revenu, non pas que le type m'aurait fait du mal, mais s'il lui prenait l'envie de se suicider alors qu'il conduisait ça pouvait mal tourner pour mézigue. Le gars était dépressif. Sa femme aussi. Et j'imagine que le suicide de sa femme le rendait encore plus dépressif. Ma mère avait un peu peur parfois, quand il venait et que mon père n'était pas la, il semblait un peu incohérent et je crois qu'elle se demandait s'ils pourraient nous faire du mal. Je me souviens d'une fois ou elle m'a dit de ne pas faire de bruit et d'éteindre les lumières quand le type a sonné. Je ne sais plus pourquoi elle ne voulait pas lui ouvrir cette fois-là mais connaissant ma mère il y avait une bonne raison. Cette situation a duré quelques semaines, peut-être quelques mois. Ces évenements ont 40 ans et j'avoue que je n'ai plus les dates exactes en tête. Un jour l'homme s'est suicidé. Je ne me souviens plus comment, je ne me rappelle pas dans quelles conditions, mais il a suivi le même chemin que sa femme. L'enfant est resté chez nous quelques jours, et puis un organisme d'aide sociale à l'enfance est venu le chercher. Ma mère a un peu accusé le coup même si elle disait que c'était comme ça que ça devait se passer. Un jour, longtemps après, elle m'a dit que l'enfant avait été adopté, et elle semblait heureuse, d'ailleurs elle l'était, parce que ma mère ne voulait que le bien, pour tout le monde. C'est con dit comme ça mais c'est tellement ce qu'elle était. Peu a peu cette histoire est devenue un souvenir. Peu a peu. Et je pensais l'histoire terminée. Un jour, plus de trente ans après ces faits, un an ou deux avant que ma mère ne décède, l'enfant a appelé chez ma mère, qui en fut bouleversé, il disait qu'il recherchait des informations sur ses parents biologiques et que le nom de mes parents apparaissaient souvent dans son dossier. Il a demandé a ma mère s'il pouvait venir la voir et bien entendu elle a acceptée. Elle m'a dit que c'était très émouvant, qu'elle lui avait raconté tout ce qu'elle savait de ses parents, toute son histoire. J'ai parlé de toi elle m'a dit comme tu t'en étais occupé. L'enfant qui devait avoir une trentaine d'années avait une femme et des enfants, il était venu seul mais il avait dit a ma mère qu'il lui présenterait a la prochaine visite. Il lui avait donné son numéro et son adresse, il habitait dans le sud vers toulouse. J'ai bien vu que ma mère était bouleversé. Mais qu'ils avaient établis un contact et que ma mère avait du penser a cet enfant au long de ces années. La seconde rencontre n'eut jamais lieu, car ma mère fut hospitalisé et mourut l'année suivant de cette première rencontre. Quand nous avons envoyés le faire-part de décès de ma mère, ma soeur a trouvé l'adresse de l'enfant dans la carnet de ma mère et elle m'a dit que nous devions lui en envoyer un, elle a rajouté un mot pour lui dire que ma mère avait été heureuse de le rencontrer avant de mourir. Nous reçumes une quantité incroyable de courriers pour le décès de ma mère comme pour celui de mon père, des gens du quartier et des anciens élèves de l'école ou mes parents avaient oeuvrés pendant presque 40 ans. Nous étions un peu blasés de tout ces courriers avec mes soeurs, ils disaient tous que ma mère était une femme formidable quasiment une sainte, et qu'ils avaient établis une relation particulière avec elle ce qui ne manquait pas de rendre furax, soeur toujours en colère. Et puis je suis tombé sur la lettre du jeune enfant. Il avait écrit une lettre très longue, pour dire a quel point il était heureux d'avoir rencontré ma mère et l'importance de cette rencontre, et puis il disait des choses très gentilles sur ma mère car au cours de leur seule rencontre, il avait bien compris qu'elle femme formidable il était. L'émotion m'a assailli, j'ai repensé a cet enfant, a mes parents, et cette lettre m'a totalement bouleversé. J'ai sangloté pour la première et la dernière fois au cours de cette période. Je n'ai jamais revu cet enfant, je pense qu'il va bien. Mais je me souviens de cette lettre, de mes parents, de mes larmes. Je me souviens de ce très jeune enfant jouant sur son tapis dans notre salle a manger. Plus de 40 ans après, je m'en souviens très bien.

Voir les commentaires

Marées descendantes

Publié le par drink 75

 

Je reviens de varsovie. En fin de compte, ce ne fut qu'une cuite d'une semaine, assez sévère à la vodka, je n'ai pas couché avec Bozenna, elle m'a accompagnée dans mes dérives, me trouvant trop pessimiste et dépressif, et pour sa peine je lui laisse une petite fortune en zlotys vu que j'ai la flemme de rechanger tout l'argent que j'ai  retiré des distributeurs dans mes nuits alcoolisées. A cette époque, j'aurais du me poser, laisser passer la tempête dans mon crâne, arrêter de boire et essayer un jour après l'autre de colmater les brêches de mon âme en déroute.  Des années après, je suis toujours excellent pour savoir ce qu'il aurait fallu faire. Le problème c'est que je suis nul pour juger le présent. Quand tu te fais plaquer, ce qui dans mon cas est assez courant vu que je suis trop lâche pour le faire, tu trouve cela rationnel. Je me suis surtout fait plaquer par des filles dont je souhaitais qu'elle me quitte, et les autres fois, elles en avaient marre de moi, elles avaient quelqu'un d'autre, bref, je trouvais cela somme toute logique. Je les comprenais. Cette fois-ci je ne comprenais pas. Je n'avais pas vraiment vu les choses arriver, enfin plutôt je les avais senties arriver mais je m'étais bouché les oreilles en passant que la tempête. Je ne comprenais pas parce qu'elle avait instillé en moi la perfection des choses et même ma propre perfection. Je ne sais pas si j'y avais cru mais j'étais tellement sûr de moi. Je me souviens que le fantôme ne jouait pas à la jalousie. Elle surjouait mais elle n'était jamais tout à fait détachée. Pour ma part, et elle m'avait percé a jour, je n'avais aucun doute. Elle me racontait tous ces types qui lui tournait autour, d'autres qui revenaient à la charge, mais je n'ai jamais vraiment été jaloux car je n'avais aucune raison de l'être. Je faisais un peu semblant mais je suis tellement mauvais acteur qu'elle savait bien que c'était juste pour amuser la galerie. Elle m'avait tellement conforté que j'étais parfait, que tout était parfait, que je ne me posais pas de questions. La rupture ne m'a pas rendu malheureux. Je ne comprenais pas. Je me rends compte comme les mois suivants, j'étais choqué comme un type qui a reçu une bombe sur la tête, qui ne voit plus, qui n'entends plus, et qui ne parvient pas a émerger du brouillard. Couvert de poussière, je courrais comme un poulet sans tête, comme les victimes du 11 septembre. Je me rends compte a quel point aujourd'hui j'étais égoïste ou plutôt autocentré sur moi, et comme je ne comprenais pas. Rien. Et au lieu de me poser, de réfléchir, de comprendre, j'ai continué ma fuite en avant. Et j'ai fais l'erreur que j'ai faite toute ma vie, donner le change, jouer la comédie, faire bonne impression, et montrer que tout allait bien. J'allais prouver que tout allait bien. Alors que tout allait mal. C'est la seule faille dans l'éducation de mes parents, ne jamais montrer ses faiblesses, donner le change. Le rugby n'a pas arrangé ça. Je suis le gars qui fera des blagues ne phase terminale la veille de sa mort. Donner le change. Toujours. Nous étions en avril et j'étais prêt pour ça.

Voir les commentaires

Le lien

Publié le par drink 75

 

J'ai toujours été seul. Toujours. Presque toujours. Et même des gens qui croient très bien me connaître ne me connaissent pas si bien. Voir peu. De mes actes, des endroits visités, des gens fréquentés, j'ai toujours gardé le secret Je n'ai jamais avoué a personne jusqu'à il y a une semaine des détails sur ma sexualité, je n'ai jamais avoué a personne un autre détail sur ma sexualité. Longtemps, mes parents n'avaient pas mon adresse, je mentais sur les lieux ou je vivais, sur les filles avec lesquelles je sortais. J'ai menti toute ma vie. Sur presque tout. Pour ne pas répondre a des questions, pour ne pas rendre des comptes, pour ne pas me justifier, pour rien aussi parfois, voire souvent. Pour ne pas que les autres souffrent ou se moquent. J'ai toujours menti. Surtout pour les détails. Je me suis toujours senti seul. J'ai toujours au cinéma seul, j'ai toujours été en voyage seul, j'ai souvent été aux concerts seul. J'ai pourtant fait partie de plusieurs associations, j'ai vécu en colocation la moitié de ma vie, mais je me suis toujours senti seul. Amoureux, proche de certaines personnes mais en grande parti seul. Et jamais vraiment sincère. Et puis, un jour tu es entré par une fenêtre, tu as escaladé les murs de mon âme et tu as décidé de t'installer, c'était ainsi.  J’ai pensé que ça n’avait jamais existé avant nous, et que ça n’existerait sans doute jamais après. C’était tellement atypique et incroyable qu’un type comme moi avait un peu de mal a s’y faire même si en fin de compte ça me rendait vivant. Rationnel, j’ai toujours été rationnel, et ta passion pour moi me semblait irrationnel mais tu as fini par me convaincre que nous étions en couple. Je me souviens quand ma mère est morte, ma soeur ainée s'est énervée un jour après qu'une personne lui ai dit qu'elle avait un rapport particulier avec ma mère. Ma soeur s'est exclamé, tout ces gens qui croient qu'ils avaient une relation privilégiée, juste parce que notre mère était gentille, foncièrement gentille. J'ai compris que ma soeur ainée pensait que notre mère était trop gentille et qu'elle seule avait une relation privilégiée avec notre mère. Je me souviens encore de mon autre soeur me disant elle est folle, après que soeur ainée ait expliqué a un prêtre qu'elle était en colère contre dieu, car notre mère qui n'avait fait que le bien toute vie, avait beaucoup souffert. Le prêtre avait répondu, et dieu n'a pas souffert lui aussi ? Qu'est ce qui lui a pris de dire ça, m'avait demandé soeur cadette. Elle est tellement en colère j'ai pensé, tellement, que notre mère soit morte, qu'elle part en sucette. Même dans ces moments, je me sentais seul, je n'avais pas envie de partager ma tristesse. Tu t'étais installé, tu m'adorais, sans doute trop, et peu a peu j'ai compris que la solitude n'était plus toujours présente quand tu étais là. Et même quand tu n'étais pas là. Tu me ressemblais, tu vivais dans un autre monde que celui auquel on t'avait assigné et personne ne te connaissait vraiment. Tu me rassemblais, tu unissais tout les moi, habitués a leur autonomie. Je me souviens ce jour là, quand nous avons descendu la rue pour aller au cimetière, je me souviens que pour la première fois depuis longtemps je ne me sentais pas seul. Plus tard, même quand tu avais disparu, tu étais encore là. Souvent. Dix ans plus tard, rien n'a changé. Avec toi, je ne suis pas tout à fait seul. Je ne suis plus la huitième merveille du monde mais c'est mieux. Je me souviens que tu me tenais le bras et que nous regardions le cercueil de ma mère il y a presque 10 ans. J'ai compris ce jour là que tu éloignais la solitude, sans doute comme ma mère l'avait fait lors de mon enfance. Je ne compare pas. Mais je me souviens que j'ai compris ce jour là que tu serais la seule désormais a combler cette solitude, la seule qui pourrait combler le vide et l'absence. Le lien ne s'est jamais défait, il s'est distendu à la rigueur. Quand tu mourras, dans très longtemps, bien après que je sois mort, je suis persuadé que des gens viendront voir tes enfants en leur disant qu'ils avaient un lien particulier avec toi. Comme pour ma mère, ils seront de bonne foi, persuadés que tu leur a apporté une attention particulilère et unique. Je ne serais plus là pour le dire. Et je n'aurais pas été le crier sur les toits. Toi et moi je sais que ça existe. Tu en auras aimé ou tu en aimerais d'autres, tu ne pense plus que je suis la huitième merveille du monde et tu ne me portes plus un amour exclusif, mais nous existons encore et toujours. L'un finit les phrases de l'autre. Nous pensons la même chose au même moment. Je crois que c'est beaucoup mieux qu'avant. Tu es légère, je m'approche de la sagesse et de la sérénité. Je sais que tu es là. Toujours. Et le temps ne compte pas. Le temps ne compte plus. Pour nous, le temps et la distance n'existe pas.

Voir les commentaires

Les petites natures

Publié le par drink 75

 

Quand je rentre dans le rade, il y a une musique qui se termine. Un truc tout mou. Les joueurs de cartes me regardent et ils semblent apaisés, je me dis que le fantôme est passé pour dire qu'elle avait reçu la lettre. Au moins ils vont plus me bassiner avec leur question. Rigolo d'ailleurs le contraste avec la veille et comme ma présence passe totalement inaperçue La musique reprend alors que je traverse le bar. On dirait un peu la même que celle qui s'est terminé. Un café, je dis au serveur, qui lève sa main pour me dire d'attendre, et avec son autre main attrape dans l'une de ses oreilles le même genre de bouchon que je mets pour éviter les nuisances sonores dans les concerts. Un café, je lui répète, alors qu'une voix maniérée retentit dans tout le bar. La fille chante "viendras-tu te reposer sur mon épaule, malgré tout le mal que j'ai fait ?". La voix est curieuse, on dirait qu'elle se force, on croirait qu'elle essaie d'imiter d'autres chanteuses qui essaient de l'imiter. Un truc comme ça. Le vieux au comptoir semble danser très lentement au son de la musique, sa bière dans les bras. Pour la première fois le serveur me regarde comme s'il voulait partager sa peine, avec des yeux de chiens battus. J'en peux plus capitaine. Ils ont mis tellement de pièces dans le juke-box que cette chanson va passer toute la journée. Déjà depuis l'ouverture, ça passe en boucle et j'en peux plus. Il me montre les boules quiès. "voudras-tu me raconter les heures sombres" chante la voix maniérée. Je comprends que l'autre veuille se flinguer. De temps en temps un joueur de cartes se lève et fait quelques pas de danse. Le vieux au comptoir semble amoureux de sa chope de bière. Et la vieille édentée qui vient danser avec un joueur de cartes. C'et quoi ça ? je demande. La lettre.  Le fantôme a reçu la lettre. Ils ont de la chance qu'un autre problème m'occupe car je l'ai lu leur lettre, et je ne peux pas dire que ça m'ait ravi. A chaque fois ils nous comparent, le fantôme a toutes les qualités et moi tout les défauts. C'est vrai mais quand même ! Enfin ça l'a rendu heureuse, je dis, ressentant comme une pointe de jalousie qu'une lettre des débiles du port la rende aussi heureuse. Mais quel rapport avec la musique ? je demande. La fantôme est venu, a mis cette chanson dans le juke-box et a dansé avec eux, il m'explique. Ah et capitaine elle m'a transmis un message.  Je cite : "la voix de la chanteuse n'est pas du tout maniérée". Je le regarde. Elle a dit ça ? il hoche la tête. Je me retourne pour voir si elle m'espionne, et puis je me reprends car j'ai pensé au maniérisme de la voix mais je ne l'ai pas dis tout haut, donc elle ne peut pas l'avoir entendu. Je frissonne un peu. La fantôme devine tout de mes tourments, de mes sentiments, de mes joies, de mes peines. La prégnance de sa présence dans mon esprit me fascine mais me fait un peu peur aussi. Je rigole. Comment elle a pu savoir je lui demande. Elle a pu le savoir il me dit parce que la fille a vraiment une voix maniérée il répond, et puis elle sait tout. Je regarde les vieux qui dansent et puis la poésie est rompu par l'objet de mon courroux qui apparait soudain. J'en peux plus de cette chanson, dit le petit magicien en s'accoudant au comptoir. Tiens, Calogero je ricane. Il me regarde comme si j'étais fou. Je prends a parti le serveur, c'est bien Calogero qui chantait, en apesanteur, dans cet ascenseur ? Oui un truc comme ça il approuve. Le petit magicien a légérement blanchit. Oui le fantôme m'a expliqué que vous avez essayé de l'embrasser dans un ascenseur. Le serveur se marre une seconde et puis je le regarde et il s'arrête net. Les vieux s'en foutent, ils se déhanchent langoureusement au son de "enlacés, dans le noir, ou la lumière allumée", la chanteuse bosse a edf ? Un mauvais réflexe, il me dit en prenant un air de premier communiant. Mon poing dans ta gueule ce serait un mauvais réflexe ? je demande avec un air sévère. Vous avez bloqué l'ascenseur et vous avez essayé de l'embrasser, j'appelle pas ça un mauvaise réflexe, j'appelle ça un guet-apens. Il ne réponds rien, il baisse les yeux. Du coup, je ne sais pas quoi faire, je pensais qu'il allait nier, dire je ne sais quoi, s'enfuir, non il croit qu'il est collé au coin ce crétin. Je termine mon café pour me donner une contenance. La maniéré chante "je pourrais te raconter, mon noël sans gôut" et je me dis non, sans façon, on va en rester là. Je sors en chantonnant, "je pourrais te raconter, j'ai mangé du ragoût" mais personne ne m'écoute, ils dansent tous avec un fantôme invisible, pendant que l'autre garde les yeux baissés en attendant que je disparaisse. Je me rends compte que tous, quémandent de l'amour du fantôme, et je me rends compte a quel point je suis un enfant gâté, d'être l'un de ceux qui en obtient. Un enfant gâté d'être l'un des rares qui en obtient.

Voir les commentaires

On prends les mêmes...

Publié le par drink 75

 

Je suis déja fatigué en rentrant dans le café. Je suis déja épuisé. Mais j'ai pas envie de rester tout seul sur le bateau. Une eau gazeuse capitaine me demande le serveur dans un silence de mort. Le magicien rapplique et j'espère qu'il n'a pas encore des questions a la con. Les joueurs de cartes arrêtent de jouer aux cartes. Et l'autre fin lettré se lève et vient vers moi. Un truc fort, je dis, un truc qui déchire, un cognac ! Tout le monde me regarde. Le fantôme s'est barré, me demande le vieux au comptoir. Pas du tout, je dis. Mais pas du tout. Vous devez y aller mollo avec le fantôme, me dit le magicien, vous êtes trop brusque. Merci ménie grégoire, je lui réponds, vraiment, merci de tes conseils. Le serveur sert un cognac et regarde le verre comme s'il allait exploser. La vieille édentée arrive par l'odeur alléché. Je pousse le verre vers elle. Une eau gazeuse, je demande, et si tu me demande quelle marque je brûle l'endroit. Le vieux rigole, finit sa bière comme s'il espérait que j'allais lui payer un verre. Et voilà l'autre, il me fatigue déja le joueur de cartes, et il se plante devant moi, le mec se prend pour Napoléon, il a lu un deuxième livre ? Le club des cinq ? Alors, il demande, arrêtez de nous faire mariner, capitaine, qu'est ce qu'elle a dit ? RIen, je réponds. Comment ça rien, demande le magicien. Rien, je hausse les épaules. Il se passe quoi demande le vieux comme s'il semblait inquiet. Comment c'est possible ? Je bois un peu d'eau gazeuse et je reste aussi surpris qu'eux. Qui a merdé ?  demande le serveur. Le vieux joueur de cartes retourne s'asseoir a la table des joueurs de cartes. Il me désigne et parle aux autres comme si j'étais coupable. Bordel, c'est quand même pas de ma faute si elle ne dit rien. Le magicien me fait de drôle d'yeux car le fantôme entre a ce moment dans le bar. De quoi tu parlais, elle me demande alors qu'on rentre vers le bateau. Je jouais les caliméros, je dis alors que mon esprit tourne a toute vitesse pour trouver un mensonge crédible, il me demandait ce qu'était ta vie et je leur expliquais que tu ne me disais rien. Je dis tout, elle répond en souriant, je te dis tout ce que tu as besoin de savoir. C'est bien le problème, je réponds, ravi de la tournure de la conversation parti pourtant d'un gros mensonge, tu sais tout de moi et je ne sais rien de toi, et tout ce que tu ne me dis pas pour me protéger ça me mine encore plus. Elle me regarde un peu ébahi. Oui je sais que c'est pour mon bien, j'enchaîne, mais ça ne me fait pas du bien. L'imagination c'est pire que la vérité, parce que la vérité une fois qu'on la connait, ce n'est plus très important. Je te dis tout et tu ne me dis rien, c'est une relation déséquilibré. J'en ai marre que tu me prenne pour un fragile. Va dormir dit le fantôme en souriant, ça ira mieux demain. Et elle s'éloigne. Je vais la perdre je me dis, je vais a nouveau la perdre et cette fois-ci ce sera de ma faute. Au moins je me poserais moins de questions, je conclus en allant me coucher, au moins cette fois je saurais pourquoi.

Voir les commentaires

Les poseurs de questions

Publié le par drink 75

 

Je rentre dans le bar. Je suis plutôt détendu. Après le coup de fatigue du dimanche, j’essaie de redevenir celui que j’ai toujours été. J’ai voulu changer alors que je dois rester  moi-même.  Enfin, j'ai été un gros con et ça ne va a personne. Le vieux me salue. Tiens mais c’est roger et gallet, je hurle pour que tout le bar se bidonne.  Personne ne rigole car personne ne comprends l’allusion. Il me regarde avec un air interrogatif. Le fantôme m’a dit que vous sentiez bon, comme les savons roger et gallet, je hurle pour que tout le monde se bidonne. Personne ne se bidonne. Une bière je demande au serveur, car ils ont tous l’air constipé. Tout le monde me regarde comme s'ils attendaient que je sorte un lapin de mon chapeau. J'ai pas de chapeau. Vous n’avez pas été gentil avec le fantôme, me dit le vieux, collé au bar. Moi pas gentil ? je rigole. Et puis je culpabilise, comme toutes les heures de tout les jours de ma putain de vie. Je donne la bière a l’autre con, car j’imagine que le fantôme va savoir dans les 5 minutes que j’ai bu une bière et je vais me faire scalper. Ce qui me perturbe ce n’est pas d’avoir peur de me faire enchouiner par la donzelle, je me demande si le nouveau fantôme (non binaire cis non hétéro normé on est pas la pour rigoler) acceptera ce mot pour la désigner, faudra que j'évite de l'appeler comme ça. Ce qui me perturbe c’est de vouloir obéir. J’ai peur d'elle. Non j'ai peur de ne pas être à la hauteur. Non. J'ai peur de la décevoir. Pas de la transgression. J’ai peur que l’alcool me rende con, même si une bière c’est a peine de l’alcool. Le vieux est tout content. Un café ? me demande le serveur et non pas de café je lui réponds, maintenant que je dors je vais pas boire un café avant de me coucher. On boit quoi alors capitaine ?  une eau gazeuse, je réponds en haussant les épaules. San pé, vichy, saint yorre, perrier. Stop, je lui dis, tu ne vas pas me faire le bottin des eaux gazeuses. Une eau gazeuse, je me fous de son origine,  j'ajoute alors qu’il règne un curieux silence. Il faut que je vous pose une question, me dit le magicien que je n’avais pas encore vu. Il vient d’apparaître. C'est son meilleur tour, sa meilleure apparition.  Tu tentes encore ta chance, je lui demande, tu veux savoir si tu en as encore une ? Pas la moindre, je dis tout fort. Tu n’as AUCUNE chance, tu as autant de chances de conquérir le fantôme que j'en ai d'un jour ressemble a ian curtis. Personne ne rit. Ce silence m’oppresse, les vieux qui jouent aux cartes semblent atones. La vieille edentée qui rigole d'habitude me regarde comme si elle attendait quelque chose. Le vieux est collé au bar, le serveur semble réfléchir a la représentation des minorités dans le monde soviétique post-industriel, mais en fait il me choisit une eau gazeuse. Je suis tombé sur le seul serveur au monde fasciné par les eaux gazeuses. C'est toute ma vie. Il se passe un truc qui m’échappe je demande au serveur, alors que le magicien me dit je peux vous poser une question ? Non je lui réponds, elle dira toujours non, et si elle répondait oui, parce qu’elle est trop gentille, tu serais mort foudroyé par mon regard avant d’avoir sorti ta petite baguette. Ils font la gueule, me répond le serveur. Enfin non, ils attendent des nouvelles. Des nouvelles de quoi ? je demande. Un joueur de cartes se lève et vient vers moi. Alors capitaine, elle était contente ? C’est la première fois que je vois un joueur de cartes se lever, je pensais que les gars étaient collés a leur chaise, et alors que le magicien répète encore je le sais bien qu’elle ne veut pas de moi, je veux juste vous poser une question ? C’est quoi ce putain d’asile de fous, je me demande. Elle était contente de quoi ? je demande de plus en plus ahuri. Ah des excuses je reprends, et bien oui les gars, prenez des leçons elle avait la larme à l'oeil. Tout le monde me regarde comme si j'étais un fou égaré. Capitaine, on s'en fout des histoires, elle a dit quoi le fantôme, me répète le joueur de cartes en me regardant comme si j’étais totalement demeuré. Elle a dit quoi a quoi ? je demande en ayant l'impression d'être dans un épisode des shadocks. Je peux vous poser une question, demande le magicien. La, je craque. VAS Y je hurle, pose ta question et j’espère que c’est une vraie question ! Il me regarde, on dirait mon père quand j'avais piqué une bille aux voisins. Vous avez vraiment mal parlé au fantôme pour une histoire de vernis a ongles ? il demande comme si le sort du monde en dépendait. Je vais me réveiller, je me dis. Avant je ne dormais pas maintenant même quand je dors je me crois éveillé. Qu’est ce qu’elle a dit ? me redemande le joueur de cartes, celui qui était professeur de français et qu'ils prennent tous pour un intellectuel par ce qu'il a déjà lu un livre (oui-oui va au cinéma). Je vide mon eau gazeuse vu que je l’ai payé et je prends mes jambes à mon cou pour m’enfuir. Je retourne sur le bateau. Le fantôme est là, toujours élégante, toujours jolie, toujours souriante, toujours apaisante. Ca va, elle me demande tu semble un peu tourmenté. Tu me prends pas la main je demande. Pour ne pas la lâcher, elle enquille. Oui fais ça, je réponds, ils sont tous devenus fous, complétement fous. Elle rit. Qu'est ce que tu as encore fais, elle demande. Rien, c'est bien justement ce qui m'inquiète, je n'ai absolument rien fait. L'autre andouille me parle de vernis et le reste du bar veut savoir ce que tu as, mais on va reparler de ça, je vais devenir fou. Elle ne me prends pas la main pour ne pas que je la lâche, et je me sens mieux, beaucoup mieux, même si je ne comprends toujours rien. Je ne comprends jamais rien.

 

Voir les commentaires

Tendre le fil

Publié le par drink 75

 

Je prononce des paroles que je ne devrais pas prononcer. J'écris des mots que je ne devrais pas écrire. Je sais que j'ai dis n'importe quoi. Je le sais. Parce que je suis fatigué. Parce que je suis un crétin. Je sais comme elle courageuse, je sais comme elle s'est coltiné des types qu'aucune femme ne devrait avoir a supporter. Je ne me rends pas compte. Je ne me rends pas compte a quel point je l'ai agressé. Parce que je suis un crétin. Je ne comprends pas. Je ne comprends pas comment j'ai pu dire ce que j'ai dit a la dernière personne au monde qui mériterait de recevoir ses paroles. Je ne me rends pas compte. J'essaie de dormir. J'essaie vraiment de dormir. Je me dis que ça fait 2 fois en une semaine que je joue avec le feu. Mais ce n'est pas un jeu. La dernière personne que je voudrais faire souffrir et qui ne mérite surtout pas de souffrir, c'est à elle que j'ai dis des paroles qui me dépassent. Je ne la visais pas, elle se sent visé. Je ne la visais pas mais je comprends qu'elle se sente visé. Quelques jours auparavant, déjà, une sorte de quiproquo l'a plongé dans une frénésie de ménage. Je ne peux pas m'excuser, je ne peux pas puisque je n'ai pas reconnu que je l'attaquais frontalement,  puisque je parlais en général. Elle est bien trop intelligente pour moi. Elle me comprends mieux que je ne me comprends moi. C'est pas dur remarquez je ne me comprends pas. Je dis des choses méchantes a la personne au monde a laquelle je ne veux dire que des choses gentilles. Je suis tellement fatigué que je ne comprends rien. Je sais que ce n'est pas une excuse. Je me regarde dans la glace. Pourquoi on fait souffrir des gens qu'on ne veut que rendre heureux. Ou est la légéreté ? Ou est ma légéreté ? Je me regarde et je sais que c'est la dernière fois que je peux me comporter aussi mal, je sais que c'est ma dernière chance. Je sais qu'elle restera toujours près de moi pour l'écriture mais je crois aussi que rompre ce qui nous unit me tuerait. Tu vas aller te coucher je dis a mon cerveau, tu vas dormir, et tu vas changer. Non tu ne vas pas changer, tu vas retrouver ta légéreté, tu vas arrêter de te mettre la pression et d'agresser pour rien. Gratuitement. Aucun de nous deux ne veut ça, nous ne méritons que le meilleur, tu ne mérites que le meilleur. Je dors des heures et des heures pour nettoyer mon cerveau et je me réveille. Heureux. Léger. Désormais, tu n'auras que le meilleur de moi. Que le meilleur de nous. Je sais que ça fait rire tellement c'est con. Mais désormais tu n'auras que le meilleur de moi. Car tu ne mérites que ça.

Voir les commentaires

Le sens des mots

Publié le par drink 75

 

Je n'ai jamais su te montrer ce que je ressentais. Je m'en rends compte aujourd'hui, comme tu ne ressentais sans doute pas mes sentiments pour toi. Au fond, tu m'aimais comme il n'est pas raisonnable d'aimer, tu me vénérais comme il n'est pas raisonnable de vénérer, tu faisais tout pour rentrer dans une case qui, tu le pensais, était conforme à l'idée que j'avais de toi. J'étais si loin. Si loin d'imaginer tes efforts. Je n'ai jamais été très bon sur la psychologie humaine, je peux la vivre, la raconter, l'inventer, surtout par les mots que j'aligne a longueur de journées, je peux même comprendre les gens dans la vraie vie, mais pas quand je suis concerné. Là, je suis nul. Je ne devine rien, je ne vois pas les choses, je ne me rends pas compte de ce qui est évident pour tout le monde. Ce n'est pas que je ne m'intéresse pas, c'est juste que je suis simple, basique. J'ai toujours pensé qu'avec moi tu t'évadais, tu soufflais, tu te laissais aller, j'ai toujours pensé que tu étais libre par ce que j'ai toujours pensé qu'avec moi les femmes se sentaient libres. Je n'ai rien vu. De tes efforts. Je n'ai rien vu. C'est le passé et je sais que le passé ne te plaît pas trop, je sais que tu trouves pas raisonnable que je ressasse encore et encore des événements passés depuis longtemps. Tu as raison. C'est mon tempérament, je réagis toujours avec beaucoup de retard. Je n'ai jamais pleuré a la mort de ma mère, ni après, a l'enterrement, puis ensuite quand je suis allé sur sa tombe. Et une nuit de 2019, je me suis réveillé et je pleurais. 7 ans après sa mort. Je me révolte d'injustices des années plus tard. Je fais des guerres dont tout les belligérants sont morts, depuis longtemps, très longtemps. Je me gaussais de tes mots, je m'inondais de ton amour, je me souviens que quelques mois avant de me quitter, tu m'écrivais que j'étais un dieu de l'amour. Je trouvais que c'était trop, ton amour, je trouvais parfois que c'était beaucoup trop. Pas étouffant, absolument pas, mais je me demandais si tu me voyais tel que j'étais, avec mes défauts, mes errances, mes turpitudes. Tu ne t'es pas rendu compte qu'a ma façon je t'aimais autant que tu m'aimais, à ma façon, a ma manière, mais je t'aimais. Autant que tu m'aimais. Pour ce que tu étais et pas pour ce que tu n'étais pas.  Et je n'ai pas su te le dire. Je crois vraiment que je n'ai pas su te le dire.

Voir les commentaires

Plié

Publié le par drink 75

 

Noir. Je me réveille dans une boîte de nuit. Un type me parle anglais et me dit de dégager. Dehors, varsovie a l'aube. La fille s'appelle bozenna, elle n'est pas si jeune comparé aux autres personnes qui sortent de la boite, la femme s'appelle bozenna, elle a entre 30 et 40 ans, elle est habillée comme une femme de 40 ans qui veut faire croire qu'elle à la trentaine. J'aime bien tes docks, elle me dit. Quand je serais mort, faudra me cramer, mais si on avait enterré mon cadavre, il aurait fallu me mettre des docks aux pieds. Le mec aux docks, c'est ce qu'il restera de moi. J'ai parlé avec cette femme auparavant dans la soirée, je ne sais pas de quoi, une fille très jeune vient lui parler et elle s'embrasse sur la bouche pour se dire au revoir comme le font les femmes et les hommes dans les pays de l'est.  Ma fille, elle dit en français. Bozenna parle un mélange de français et anglais. Elle a vécu a metz, tu connais metz elle me demande plus tôt dans la soirée, oui je reponds, j'aime bien metz. Je peux pas trop expliquer pourquoi. Elle appelle un taxi et me dit viens prendre le petit déjeuner chez moi, t'es rigolo comme mec. Noir. J'entends parler fort, je crois que les personnes s'engueulent mais je découvrirais plus tard que c'est leur façon de parler. Je suis habillé, j'ai mal au crâne et je dors dans une sorte de grand fauteuil. Il y a un lit défait dans la chambre. Je sors. Je vois les toilettes et quand j'ai pissé un demi-litre de vodka, je trouve la salle de bain ou je m'asperge tout en buvant de l'eau vu que je suis très déshydraté. Je me pointe vers les voix, pas du tout à l'aise, vu que je sens l'alcool et que j'ai une sale tronche, en plus j'ai dormi avec mes lentilles qui me collent aux pupilles. Ma mère, dit bozenna en désignant l'autre femme et en rigolant quand j'apparais. La mère me regarde comme si j'étais la huitième horreur du monde. Elle sent bon et est bien habillé. Elle enfile son chapeau. Je veux lui dire bonjour en polonais et je lui dis au revoir en tchèque. Bozenna est écroulée de rire. Ma mère part a la messe, elle explique. Noir. Taxi pour l'appartement, bozenna me dit que c'est un peu tendu avec sa mère, et aussi avec sa fille. Elles vivaient ensembles, sa fille et sa mère pendant qu'elles travaillaient en france et puis en bulgarie et elle se sent étrangère. On arrive a la petite maison. Je lui explique que c'est une polonaise qui m'a prêté son appartement et qui vit a paris. Elle trouve ça étonnant quand je lui explique que je la connais a peine. On s'est arrêtés acheter de la vodka. Noir. Je me lève du canapé pas déplié de la salle a manger. Il faut nuit. Bozenna dort dans le lit de la chambre et émet quelques ronflements. La bouteille de vodka est vide. Je touche enfin la prégnance de la solitude. Même si bourré comme je le suis depuis 24 heures c'est normal. Mais bientôt je ne serais plus ivre. Et la vraie solitude arrivera. La vraie solitude m'englobera.

Voir les commentaires

Se redresser

Publié le par drink 75

 

Je me viens de ce jour ou je m'assois sur le canapé de mon petit appartement. Trois mois depuis ce coup de téléphone qui m'annonce que c'est terminé, quelques mois avant ce mail que je regretterais toute ma vie et qui me hante encore parfois, quelques mois avant d'entendre des larmes dans le téléphone. Je me souviens de ce jour ou je m'assois sur le canapé. Début avril. Je me rends compte a quel point je me sens seul. Je sors tout le temps, j'ai des très bons rapports avec mes collègues de travail, je préside une association dont l'activité est passionnnante, j'ai des proches, de la famille. Et pourtant je ressens une solitude aigue. J'ai été a porto, amsterdam, cologne et je suis revenu encore plus seul. J'ai pris une semaine de vacances pour dans quelques jours et j'ai encore de l'argent, je dois partir. Le garçon maigre me propose de venir a liège, sa belle-fille m'a indiqué quand je l'ai vu quelques jours a paris que je pouvais venir a prague quand je voulais. J'adore ces deux villes, j'adore les gens de ces deux villes, j'hésite. Je t'imagine seule, et je ne l'accepte pas, je t'imagine dans l'église et je me souviens comme tu étais là pour moi et comme je n'aurais pas été là pour toi. Je t'imagine, devand le cercueil de ta mère, tellement seule, tellement loin de tout le monde. Je me rappelle comme tu étais présente dans l'église remplie de monde et comme tu m'avais dit ces paroles auxquelles je repense souvent et qui me broie le coeur chaque fois que je me les remémore : "C'est la première fois que je vois un prêtre ému." C'est a cette époque précise que je m'occupe du dossier d'une polonaise au travail et qu'elle me dit, j'ai une petite maison a varsovie, vous pouvez y aller quand vous voulez. Pourquoi pas me retrouver seul, je me dis. Varsovie est une ville moche, aussi moche que cracovie est superbe, normal dirait un varsovien, nous on a résistés eux ont collaborés, varsovie est comme certaines villes de l'est, rasée pendant la guerre, reconstruite a la hussarde par les communistes, comme minsk, c'est une ville qui fait plus penser a sarcelles qu'a amboise. Je suis désormais dans l'apprentissage de la solitude, je sais bien que je serais désormais seul, et les évènements me donneront raison ou je retrouverais l'acuité de cette solitude dans des moments festifs entourés de dizaines de personnes. Je suis assis sur mon canapé et je me demande ou je vais aller en vacances. Pauvre petit occidental. Je me décide pour varsovie. Je pourrais aller faire un tour a gdansk que j'ai toujours voulu voir et que je pense aimer comme j'ai aimé hambourg. J'ai cette image ou tu rentre dans un magasin et ou tu prends dans tes bras une couette. Juste pour te blottir contre quelque chose ou quelqu'un. Cette image me hante. Je la trouve gai et triste, je la trouve émouvante et poignante. Je me dis que j'aurai dû être là pour toi comme tu l'as été pour moi. Je me souviens que quand ma mère est morte c'était un samedi et je ne pouvais te prévenir que par mail, je me souviens que j'ai hésité, me demandant s'il fallait attendre le lundi. Et je me souviens que tu as réussi a m'appeler, très vite. Je te regarde, prenant cette couette dans tes bras, et je me regarde impuissant, me demandant pourquoi je ne suis jamais là pour toi. Varsovie. Je retire de l'argent à l'aéroport fredéric chopin, ou je passerais quelques aube a attendre des années plus tard, mais je ne le sais pas encore. Des zlotys pleins les poches, je prends un taxi. La maison est assez loin du centre, la polonaise qui me le prête m'avait prévenu. C'est une toute petite maison, plutôt un appartement, il n'y a qu'une seule chambre, heureusement pour moi car sinon mon hôte m'aurait accompagné. C'est une belle femme, un peu plus âgée que moi, mais j'ai décidé d'arrêter ces conneries, et quand elle m'a dit il n'y a qu'une chambre sinon je serais venu avec vous, j'ai pris un air contrit. Me lancer dans des relations qui ne veulent rien dire et qui me déprimeront un peu plus à chaque fois, je préfère éviter. C'est comment la phrase de benacquista ? "Désormais je reprocherais a toutes les femmes de ne pas être toi". J'en suis là. Je m'assois sur le petit canapé. Je suis seul a varsovie pour une semaine, je ne connais personne, je ne parle pas le polonais, je suis assez loin du centre ville, qu'est ce que je vais bien pouvoir foutre ? je me demande tout a coup.

Voir les commentaires