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Un souffle

Publié le par drink 75

 

J'ai toujours senti ton souffle sur moi, j'ai toujours su que tu n'étais pas là. Je savais que je ne te reverrais pas avant de mourir, je le savais. Je savais bien qu'on ne retrouverait jamais l'intimité, je m'étais persuadé que je n'entendrais plus jamais ton rire, ni ton souffle qui se coupe, ni ton coeur qui s'arrête de battre quelques nano-secondes. Cet instant ou tu cesses de respirer, puis de parler, ce détail qui échappe a presque tout le monde mais pas à moi, je savais que je ne le vivrais plus. Je ne t'entendrais plus jamais me murmurer des mots d'amour et je ne t'entendrais plus jamais chanter sous la douche, et je ne t'entendrais plus jamais me dire des mots que se disent les amants, et je ne t'entendrais plus jamais me dire de ne pas te prendre pour un jambon et je ne t'entendrais plus jamais me traiter d'andouille. J'ai toujours senti ton regard sur moi et j'ai toujours su que tu n'étais pas là. Je savais que tu ne me prendrais pas la main pour ne pas la garder et je savais que tu ne me raconterais plus jamais les choses de ta vie, les élèments de ton quotidien, tes insomnies, tes joies et le désastre. J'ai toujours su que la dernière fois ou je te verrais, tu marcherais dans un couloir triste et glauque du métro, j'ai toujours su que ce serait la dernière image de toi que je conserverais. Il ne pouvait pas en être autrement. Je t'en ai toujours voulu, un peu, de m'avoir quitté, je t'en ai toujours voulu, un tout petit peu. Même si je savais que c'était la seule possibilité, mais si je le savais, même si je savais que c'était la seule façon pour toi de survivre. J'ai eu un dernier sursaut quelques mois après que tu m'aies quitté, comme un taureau qui porte une dernière estocade avant de mourir et de s'effondrer dans le sable. Parce que je suis un con comme un autre. J'ai toujours su que ta présence me hanterait toute ma vie et que je traînerais ton absence comme un sac de sable bien trop lourd pour moi. J'ai toujours su. Parce que c'était écrit. Parce que c'est ma vie. Et puis un jour tu m'as appelé. Et puis un jour tu m'as demandé si tu pouvais me téléphoner.

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