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La conjuration des débiles.

Publié le par drink 75

 

La date me disait vaguement quelque chose. Et puis ça m'est revenu. La meuf qui m'avait appelé l'année dernière, que je n'avais pas vu depuis des années, pour me dire que ce jour était celui de notre première rencontre. La nana se souvenait que ce jour était ce lui de notre première rencontre, même si c'était par téléphone. J'avais été un peu surpris car je ne me souvenais pas trop de cette date et comme la meuf avait disparue du jour au lendemain et m'avait larguée par téléphone, je ne pensais pas qu'elle réapparaitrait un jour. On s'était parlé quelques mois puis alors qu'elle devait venir dans ma ville pour raison familiale et qu'on devait se revoir elle en avait parlé a son nouveau mec. Elle m'avait appelé pour me dire qu'elle coupait les ponts en me servant des éléments de langage écrit par son gars, puis ce dernier avait rajouté un petit coup de pression pour être sur que ne montre plus le bout de mon nez. J'avais beaucoup ri car j'avais rien fait pour rétablir le contact mais bien entendu c'était moi le problème. A ce moment précis, je m'étais souvenu que du temps ou je sortais avec cette meuf, j'avais reçu un mail d'un de ses amis, et c'était fascinant, il m'expliquait tout ce qu'elle était. Ce type était un génie ou alors il connaissait vraiment bien la fille. Les enfants gâtées et les petites bourgeoises, voire la conjonction des deux, c'était définitivement pas pour moi. J'ai essayé de me souvenir d'une phrase de fitzgerald, du genre le passé est derrière l'avenir est devant, mais j'ai pas retrouvé les mots exacts, puis je me suis concentré sur le problème le plus prégnant de ma journée : Pour quelles raisons obscures ma tondeuse électrique a poils de nez et d'oreilles était elle en panne. 

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Un peu lointain.

Publié le par drink 75

 

J'ai un peu regardé la nuit. Comme si ce n'était plus possible. J'ai bu un verre de vouvray et puis un autre, et puis encore un autre. Manger un peu. Je regardais les gens qui vacillaient, tous, autour de moi, j'ai dis a quelqu'un j'ai l'impression que je ne connais personne, la fille a côté de moi m'a répondu j'ai l'impression que tu connais tout le monde. Tout le monde vient te dire bonjour, j'ai jamais vu quelqu'un connaitre autant de monde. J'ai un peu regardé le jour au-dehors, ou bien c'était la nuit qui s'éclaircissait. Je me sentais las, fatigué, je me demandais comment c'était possible d'être aussi las et fatigué. De ne plus rien faire. Je ne comprends pas cette raréfaction de mon esprit, de mes émotions, de ma vie. On s'est bien marrés, j'ai pensé, beaucoup plus que la majorité des gens. Je ne peux pas demander, tout, tout le temps. Je dois accepter ces moments de vide, ces moments ou il ne se passe rien, cette émotion fade, le repli de mon âme. Des gens viennent vers moi avec un grand sourire, heureusement qu'ils ne savent pas pour moi. Un peu bourré je dis a une fille, c'est fascinant comme les gens que je ne peux pas piffer, m'adorent. Elle rit jaune, se demandant si c'est pour elle que je dis ça. Je crois que je ne pense rien d'elle mais je ne lui dis pas. Je crois que je ne pense plus grand-chose mais je ne m'en vante pas. Je n'ai plus l'énergie de détester les gens. Je n'ai plus l'énergie de grand-chose en fin de compte.  

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Un autre jour.

Publié le par drink 75

 

Les jours de plus. Les jours de moins. Errer dans la ville du milieu a la recherche du meilleur spot de froid. Marcher dans la ville vers les cassés et les barrés. Je suis un professionnel de la déroute, il faudra bien y aller. En souriant. Je regarde tous ces cons qui défilent et qui se prennent tellement au sérieux. Décidément je ne suis pas fait pour le collectif. Je comprends mieux les raisons qui m'ont tout fait perdre, je n'en ai jamais rien eu a foutre de ma gueule, et c'est tant pis pour moi. Rigolo comme tous ces gens qui vous bassinent avec leur leçons de moraline ne pensent en fait qu'a leur gueule. Un peu comme cette meuf qui se voulait punk et qui semblait choqué que je l'ai appelé bourré, une fois. Bordel. J'en peux plus des fragiles, des culs bénis, et tout ces jeunes qui sont tellement sensibles. Je pensais devenir un vieux con et être largué. C'est l'inverse. Je ne m'attendais a cette génération qui est choqué de tout, qui croit au blasphème, aux religions, qui fait la morale. Putain de curés froids. Ma grand-mère passerait pour une punk et pourtant c'était pas une rebelle. Je dévale les rues de mon quartier pour descendre vers le fleuve, je traverse le pont qui m'emmène vers le centre ville, le tramway passe derrière moi alors que je regarde le fleuve tendu qui charrie des vies et des morts. Surtout les morts. C'est tout ce qui me restera. C'est tout ce qui restera.

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Where dead voices gather.

Publié le par drink 75

 

Alors la prochaine fois que l’envie te prendra de me montrer une photo de ta mocheté de femme, que j’ai peut-être tronchée et instantanément oubliée il y a 20 ans, et de tes gosses, qui ont le malheur de te ressembler, et que tu t’apprêteras à me parler du mal que tu te donnes pour les faire vivre, je te serai obligée de bien vouloir te la carrer dans le cul. Ainsi d’ailleurs que ta vieille suceuse édentée de mère, dont tu prends paraît-il soin. Merde, quand elle claquera, je suis sûr que ça va bien arrondir tes fins de mois. Allez-vous faire mettre avec vos congés payés, vos retraites, vos vieux pleins aux as, et vos larmes de crocodiles sur votre boulot qui est si dur et les sacrifices que vous vous imposez. Le seul sacrifice que vous pourriez vous imposer, ce serait de vous tirer une balle dans la tête. Je vomis tous ces enculés qui n’ont jamais hérité où sont en passe d’hériter le moindre fifrelin. Vous êtes la lie de la terre, cette terre sur laquelle vous n’êtes pas fichus de faire votre chemin seul. Votre chemin, vous feignez seulement de le faire ; mais vous ne travaillez jamais sans filet. Les dures réalités de la vie, vous les vivez en amateurs. 

 

                                                            NICK TOSCHES

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Brasse coulée.

Publié le par drink 75

 

La jeune fille m'aborde alors que nous sortons de la piscine. Enfin de l'enceinte de la piscine. On s'est vu au bateau ivre, elle m'explique, alors que je me demande si j'ai déjà fini une soirée a jeun au bateau ivre. Elle a un visage couvert d'acné ce qui me semble une dominante chez les jeunes filles d'aujourd'hui. Ou alors c'est que je ne rencontre  que des jeunes filles qui ont une sale peau, ce qui est plausible vu que je fréquente que des prolos, clairement alcoolique et vaguement camé. La jeune fille? je ne sais pas. Déjà elle vient nager ce qui montre une légère appétence pour le sport. Elle me parle du concert de frustration ou l'on s'est rencontré mais j'avoue que je n'en ai aucun souvenir. De la rencontre, pas du concert de frustration. Nous prenons la même direction et remontons la rue du pas notre dame. On a pas couché ensemble, j'espère je dis en rigolant et aussi parce que je suis dans cet état un peu euphorique après une bonne séance de natation. Non tu es beaucoup trop vieux pour moi, elle explique, putain tu es même trop vieux pour ma mère, elle ajoute en se marrant. Et ta grand-mère je lui demande pas. On discute ainsi, jusqu'à la rue trianon ou nos chemins se séparent. Elle me montre son téléphone et me dit qu'elle a mon numéro, que je lui ai donné l'autre fois. En la regardant s'éloigner, je me demande si je l'ai dragué au concert de frustration, enfin après sans doute, car je pogotais pendant le concert. Tu m'as proposé ton aide, l'autre fois, et tu as vraiment été sympa avec moi, elle me dit avant de me quitter, je t'appellerais peut-être. De l'aide ? Bordel pourquoi je lui ai proposé mon aide ? Bourré je peux me vanter de n'importe quoi, d'être bon en couture, en mas cramé, en pole dance. Je la regarde s'éloigner. De quoi je me suis vanté ? 

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Préparer l'agonie.

Publié le par drink 75

 

Les gens me font rire avec leurs petites peurs. Stériles. Pourtant je ne suis pas quelqu'un de courageux, je suis même lâche et pleutre. Mais je dois être arrivé a cet instant de ma vie ou je n'ai plus vraiment d'inquiétude. L'échéance est si proche. Je prépare des affaires très chaudes sans savoir s'il fera si froid. Il parait qu'il pleut ces derniers temps et que la neige fond. Tout le monde me déconseille de partir ce qui ne peut que me conforter dans mon idée de partir. Ces petites vies qui se croient fascinantes, ces histoires tellement banales qui pensent qu'elles ont de l'ampleur. Les autres se prennent tellement au sérieux, les autres se croient immortels, les autres se pensent différents, mais les autres sont des cons et des rats comme vous et moi. Je commence a remplir le camion, je commence a sentir un peu de vie battre en moi. La fille de la chimiothérapie me dit qu'elle est enceinte. Je me demande comment ça se passe dans ces cas la. Tu arrêtes le traitement elle m'explique. Je regarde le ciel et j'essaie de deviner les missiles au loin. Je sais bien qu'il est trop tard pour rattraper la vie, je sais bien qu'il est trop tard pour attraper la vie. 

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Bruxelles

Publié le par drink 75

 

Août 2002. J’ouvre un œil. La pièce est surchauffée. Nous habitons au dernier étage, l’appartement sous les toits. Nous avons tout l’étage. L’appartement est triste, il n’y a que de toutes petites fenêtres qui n’éclairent rien, juste une vue imprenable sur le ciel gris. Ma chambre est réduite à sa plus simple expression. Un matelas posé sur un parquet pourri, que j’ai repeins en rouge sur les conseils de mon co-locataire. Ma chambre ressemble à un atelier de boucher, ou comme me l’a expliqué un drogué qui passait l’autre jour, un mausolée en l’honneur de David Lynch. Le téléphone vibre sur le parquet, je me demande qui peut m’appeler à une heure pareille et je me rends compte en jetant un œil au réveil qu’il est presque midi. C’est ma mère. Je ne réponds pas. Je ferme les yeux et je me laisse aller en pensant me rendormir mais quand le téléphone vibre de nouveau, j’écoute le message.  Ton frère est parti il y a 15 ans, tu penseras à lui aujourd’hui, dit-elle d’une voix un peu chevrotante. Même mort il me poursuit. J’ai du mal à croire qu’il est mort il y a 15 ans, non pas que le temps me paraisse court ou long depuis sa mort, mais ça veut dire que j’ai plus de 30 ans. Et je vis toujours comme un adolescent, je vis toujours comme un étudiant, je vis toujours comme si j’attendais quelque chose qui n’arrivera pas. J’essaie d’émerger, je regarde l’état de la chambre.   Il y a une bière posée à côté du matelas et il y a une fille de l’autre côté du matelas. La bière doit être éventée mais la fille ne semble pas être dans un meilleur état. La bière est une Derby. La moins chère des moins chères. C’est mon colocataire qui achète ça, il va au Delhaize de la place de Hal et il fait le plein de derby à 25 centimes, et dire qu’avant ça coutait 10 francs belges il dit toujours et vu que ça correspond au même prix je ne comprends jamais ce qui le rends aussi furieux. Un euro ça fait 40 francs belges, je lui explique, donc c’est pareil. Mais non tu ne comprends pas, elles coûtent 26 centimes, tu vois l’arnaque ? Quand on se rend au concert ou au café il paie une seule bière. Quand son verre est terminé, il se rend aux chiottes avec son sac a dos et se verse une canette de derby dans son verre. Une de ses nombreuses stratégies pour économiser de l’argent. Il en a un certain nombre. J’essaie de m’assoir sur le matelas, la veille on était au magasin 4, et on a dû rentrer tellement bourrés, qu’il m’a offert une bière, ce qui venant de lui est quasiment surnaturel vu que le gars est radin comme ce n’est pas imaginable, et j’ai accepté ce qui semble tout aussi dingue car boire une canette de derby est en général au-dessus de mes forces. J’essaie de me remémorer qui est la fille qui dort dans mon lit. Ce n’est pas la fille au gros tatouage dans le haut du dos, la fille qui habite saint Gilles avec laquelle j’ai couchée quelques fois, d’abord elle a un nouveau gars dont elle est amoureuse et ensuite elle dort toujours dans son lit. Ça se mérite de baiser avec elle. Il faut grimper les rues de saint Gilles jusqu’à la prison et ensuite il faut monter les étages de son immeuble et enfin accéder à sa mezzanine par une échelle assez raide. Coucher avec cette fille c’est escalader l’Everest. Ce n’est pas elle dans le lit. J’essaie de deviner a qui appartient le visage qui dort dans mon lit mais il est plein de cheveux. Elle est habillée et moi aussi donc il est bien possible qu’elle m’ait demandé l’asile sans qu’il y ait eu une tension sexuelle. Les filles ne craignent pas de coucher avec moi dans un lit, elles savent que je sais me tenir. Quoi que bourré je peux être lourdingue, mais visiblement je n’ai jamais franchi les lignes. La fille se retourne vers le mur comme si elle ne voulait surtout pas que je la reconnaisse. Je me lève et je vais pisser. Puis je me rends dans notre immense salle à manger, occupés par quelques fauteuils pourris récupérés dans la rue, après le marché aux puces qui se déroule quotidiennement en bas de la maison et je prépare un café. Il y a 3 chambres dans l’appartement, l’une est occupé par le colocataire radin aux 50 piercings, la prof cinglée qui a vécu son enfance au Nicaragua ou ses parents étaient partis pour accompagner la révolution sandiniste habite dans la seconde et moi, je vis dans la dernière. Je verse l’eau dans le filtre en plastique que j’ai posé sur ma tasse. Puis je me brûle en buvant le café infâme que j’ai acheté au magasin Battard de la rue Blaes. Tout est dégueulasse chez Battard, mais c’est moins cher que Delhaize, et j’ai une petite romance platonique avec la caissière géorgienne. Une romance de plus en plus platonique depuis que je lui parlé en russe pour faire le malin et qu’elle m’a regardé comme l’infirmière regarde le mourant. Avec commisération.  

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Ce sentiment de perte.

Publié le par drink 75

 

Alors que je me promène dans le hangar d'emmaüs, je me dis que beaucoup de jeunes filles ont eu des docks pour noël. J'en croise au moins 3 dont les docks rutilent et scintillent comme des sapins de noël. L'une me sourit en voyant que j'en porte, même si les miennes sont usées. J'ai 5 paires de docks, et je n'en ai pas achetés depuis des années mais elles tiennent le choc, surtout que je ne mets jamais les mêmes plusieurs jours de suite. L'autre jour une fille au taff m'a abordé, pour me dire qu'elle adorait ça, les docks. Tout le monde en porte désormais, il n'y a plus cet air complice quand tu croises quelqu'un en docks, tout le monde en porte, c'est un peu comme les tatouages, tout le monde en a un, hormis moi, sur le corps. Alors qu'une fille qui porte des docks et dont les cheveux sont coupés ultra courts me parle au rayon livre d'emmaüs, je me dis que s'il n'y avait pas les tatouages et les téléphones portables, de quoi les gens se parleraient désormais, dans les soirées ? La fille aux cheveux très courts qui porte des docks, me semble jeune,, même si le crane rasé ça vieillit toujours un peu. Chez les orthodoxes, on rase les garçons quand ils ont un an. Ca leur donne tout de suite un coup de vieux. Elle est jolie je me dis cette fille aux cheveux très courts, même s'il faut bien l'avouer je trouve presque toujours jolie les filles aux cheveux très courts. Elle a une voix jeune, elle a vraiment une voix très jeune. 

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Le goût de la défaite.

Publié le par drink 75

 

Je me souviens encore parfois, de mon ancienne vie. Je me souviens des odeurs de la campagne, du parfum des femmes, je me souviens encore et toujours du visage des autres. Ma vie d'enfant, ma vie d'avant, était comme un rêve ouaté, une vision d'une autre vie. Je me souviens encore de la vie a jeun, d'une vie qui n'était pas encore noyé par l'alcool. Mon existence désormais n'est plus qu'un cauchemar, une sorte de brume, un peu comme de la mort avant la vie. Ma vie est un réveil difficile, une journée difficile, une soirée difficile, ma vie est une existence fantôme, une vie qui ne veut rien dire, un contresens, mon existence est un sommeil en attendant la mort. J'ai vécu pourtant, je me souviens de ma femme, de mes enfants, je me souviens des semaines de boulot, je me rappelle des réveils à l'aube, je n'essaie plus de me remémorer les plaisirs, les bons moments, je ne crois pas que cela m'aide beaucoup. Je ne sais pas si j'ai été heureux, je ne sais pas si j'ai vraiment vécu, mais je suis persuadé que c'était différent quand j'étais vivant. Je me souviens de ses yeux, je me souviens de leurs yeux, je me souviens parfois. Chaque jour sans doute, je me souviens comme nous étions heureux. Je ne raconte jamais ma vie, sans doute qu'elle n'intéresse personne. Ma vie s'efface. Mon ancienne vie du moins, non ma vie en fait, puisque je ne vis plus vraiment. Je devrais sans doute me souvenir une dernière fois. Je me lève, j'ai l'impression que j'ai de plus en plus de mal a me lever, chaque matin, je me rends compte que c'est de plus en plus difficile, surtout les nuits ou je ne trouve pas de place dans un foyer. Je me lève alors qu'un autre métro entre dans la station de métro, j'ouvre tout doucement les yeux dans mon sac de couchage et peu a peu j'essaie d'acclimater mes yeux à la lumière crue et drue de la station. J'ai mal au dos à cause de la nuit allongé sur le carrelage du métro.

 

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