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Crawler dans les plumes.

Publié le par drink 75

 

J'étais sans doute pas prêt pour arrêter de boire, j'étais sans doute pas prêt pour arrêter de vivre.  Il me restait juste a bouffer des chattes en attendant la mort. Comment les gens faisaient pour vivre sans picoler, c'était une putain de question que je ne m'étais jamais posé, c'est le genre de chose à laquelle je n'avais jamais vraiment pensé. Je crois que pour vivre, les gens s'intéressaient a des trucs qui n'avaient aucun intérêt, écoutaient des oracles crétins, combattaient des chimères, se rêvait un destin. Je crois que c'est parce que les gens ont des enfants qu'ils sont aussi médiocres, ils pensent réellement que quelqu'un ou quelque chose va leur succéder. Au lieu de capter qu'ils finiront en poussière dans une boîte a la con, ils se rêvent immortels. Picoler c'était sans doute accepter ce destin de feuilles mortes, ne pas croire toutes ces conneries de religion ou de paradis. Procréer rendait les gens un peu dingues. C'était pathétique. Au fond, picoler c'était pas plus con qu'avoir une progéniture. Picoler c'était pas plus con que le reste. Que tout le reste. 

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Les partants.

Publié le par drink 75

 

J'ai toujours pensé que je portais malheur, non pas que je le pensais vraiment mais beaucoup de gens qui me fréquentaient étaient victimes de maladies ou de problèmes médicaux un peu étonnant. Ce qui est sur c'est que je porte malheur aux commerçants chez lesquels je vais au marché. Alors que Ludivine me fait goûter un nouveau fromage qui secoue un peu le cerveau au petit matin, je lui demande si elle a vu  le mec qui remplace Jean-Marie. Pas depuis longtemps, elle réponds. Déjà que ceux chez qui j'achetais du vin ont arrêtés. J'ai pas oser leur demander si c'était leur couple qui vacillait ou si leur activité faisait faillite. La fille toute maigre ne vient plus non plus, il parait que son patron est malade. Pierrette et modeste ont pris leur retraite. Je me demande si le mec chez lequel j'achète des poires ne va pas bientôt prendre la sienne. Quand Jean-Marie a payé son coup pour fêter sa retraite, il a présente son successeur mais le mec ne vient jamais. J'aime bien cette idée des gens qui apparaissent puis disparaissent, un peu comme dans nos vies, des gens dont on ne sait rien au fond, des gens qui remplissent un peu l'existence. Même si c'est de moins en moins. Les gens remplissent de moins en moins le vide de mon existence. 

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Coup de vent.

Publié le par drink 75

 

Au début de la civilisation, les hommes et les femmes s'unissaient pour mettre leurs atouts en commun, se protéger contre les envahisseurs et engendrer une flopée d'héritiers qui travailleraient dans leurs champs et hériteraient de leurs biens. La monogamie et le mariage permettaient de survivre. C'était une invention très pratique. Mais il avait réalisé que les gens n'étaient pas conçus pour ça. Pas dans le monde moderne. Rester coincé avec un seul partenaire était contraire à la nature humaine.  Le mariage en était même le désaveu complet : La source de tous les conflits entre hommes et femmes. C'était un guet-apens, une arnaque, le bonneteau du cœur et des couilles. Le mariage avait un défaut de conception inhérent, une clause empoisonnée était incorporée à sa structure. Il était voué à l'échec car il allait à l'encontre de notre instinct polygame. Les gens se croient programmés pour la monogamie et réagissent de façon excessive lorsqu'ils sont attirés par quelqu'un d'autre que leur conjoint. Ils décident qu'ils sont tombés amoureux, ils baptisent cette nouvelle personne leur « âme sœur». Trahisons, chagrins, récriminations, accusations et divorces suivent dans leur sillage.

                                                                                                            

                                Mark HASKELL SMITH

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Aérer les supplices.

Publié le par drink 75

 

J'ai du mal avec Chopin. Et le fond musical que j'entends c'est du chopin. Je n'ai jamais écouté de ma vie de la musique classique mais j'en ai tellement entendu - de la naissance à mes 20 ans - que je reconnais assez facilement les compositeurs. Ca reste assez fascinant, toutes ces madeleines de l'enfance que tu continues d'appliquer tout au long de ta vie. Moudre le café, écouter la radio le matin, lire tous les jours, et sans doute des dizaines et des dizaines d'autres banalités qui viennent de l'enfance. Je me rends compte a quel point je suis la personne la plus heureuse du monde et a quel point je suis la personne la plus triste du monde. Parce que je m'attache a tout, parce que je ne m'attache a rien. J'aimerais mieux ne pas. Ca restera ma phrase. Je serais toujours Bartleby, j'aimerais mieux ne pas. J'ai toujours voulu être libre, seul, et le prix de cette absolu liberté, c'est bien entendu la solitude. Ce que ne pourrons jamais comprendre ces gens qui ne vivent que pour l'autre, ça les dépasse, les gens qui vous parlent de liberté sont incapables de vous comprendre car ils ne supportent de vivre qu'en laisse. C'est pour cela que je n'en veux pas a tous ces gens qui passent et trépassent. J'ai appris que ceux qui tiennent de grands discours sont les mêmes qui ne les appliquent jamais. Ou qui ont un filet de protection pour les sauver en cas de chute. La conjuration des dociles et des moralisateurs. Je mourrais seul. C'est sans doute la meilleure façon de me rester fidèle. Fidèle a ma connerie. 

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Eplucher les regrets.

Publié le par drink 75

 

Un peu de danse, elle me demande, alors que j'ai tellement picolé que je ne sais pas vraiment comment je tiens encore debout. Noir. Comment retrouver le chemin dans la neige, et alors que la nuit ressemble a un animal en putréfaction. Noir. Ecouter de l'électro dark et punk et vaguement mélodique et ressentir l'énergie de tout son corps. Et comme être un autre.  Encore un autre. Noir. Et valser sur l'amer, ne plus y revenir, ne rien être, ne rien comprendre, ne rien penser. Et puis se mettre a courir pour échapper a tout. Au rien. Noir. Embrasser des lèvres, entendre des corps, comprendre les trajectoires, soupirer devant tous ces rêves brises. Anéantir les jours, et les nuits, les jours, et l'aube, et demain, et après-demain. Rire des considérations débiles de tout les cons qui traînent. Noir. Se mettre a marcher, sur la route, au milieu des pleurs des hommes et des rires des femmes, au milieu des cris des enfants et des gémissements des animaux, au milieu des vivants peu nombreux et des morts si présents. Ne plus vouloir boire, ne plus vouloir être a jeun et savoir que l'on se noie. Mais qu'on surnage. Couler a pic pour toucher le fond. Pour toucher un peu le fond. 

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L'adieu au gris.

Publié le par drink 75

 

J'aime bien passer le huit mars dans un pays de l'ancienne union soviétique. C'est tellement suranné. Tellement éloigné du monde. On se croirait dans les années cinquante. Tu comprends que les gens qui font rimer communisme et féminisme sont totalement à l'ouest. Ou plus surement ne connaissent pas le sujet. Les mecs sont là, avec leur bouquet de fleurs, puisque tu dois en offrir a toutes les femmes de ta famille. Des gens installent des stands avec deux tréteaux et une planche de bois. Il pleut sur la ville au bord de la frontière du pays du milieu, il pleut sur la neige et ça devient comme une gadoue blanche. Je vais voir la jeune fille qui travaille dans le bar juste sous l'immense statue de Lénine, le bar qui fait l'angle avec la place Lénine, tout proche du centre ville. Toutes ses collègues sont hilares quand je parle russe, l'une d'elle me dit que j'ai le même accent que le chanteur pierre narcisse. C'est normal je réponds, il était camerounais pierre narcisse, il avait l'accent français quand il chantait en russe.  Il est mort d'ailleurs pierre narcisse, personne ne mangera plus son bonbon au chocolat. Je bois quelques bières avec la mari de la fille qui attends des jumeaux et le frère de la fille qui attends des jumeaux, celui qui passe un mois dans son camion a sillonner l'Europe puis ensuite  un mois ici a claquer son salaire en alcool dans des bars et des boites de nuit. Plus tard, bourrés, on est dans le parc qui porte presque  le même nom qu'un joueur de rugby de l'équipe de France Le nom du parc vient d'un botaniste ou un naturaliste, qui s'est retrouvé là il y a quelques siècles sans que je comprenne bien pourquoi. Le gars est inconnu en France, enfin sauf de ceux qui connaissent les botanistes, ça doit exister, je connais bien les noms de joueurs de rugby. Plus tard alors que je me retrouve en Lituanie ou j'ai pu passé la frontière, je revis une scène que j'ai déjà vécu. Je parle anglais avec un douanière qui fait quinze centimètres de plus que moi et je mélange le russe et l'anglais. Du coup elle se fout de ma gueule.  J'ai déjà vécu cette scène il y a quelques années quand je m'étais retrouvé bloqué a la frontière, que j'avais passé des heures dans la neige a faire du stop. Fabriquer des souvenirs, mauvais ou drôles, tous noyés dans la vodka et la bière, recherche un sens a toute cette mascarade. Loin du monde. Dans ces pays loin de tout, tellement décalé, tu touches les limites et le ridicule de ta pitoyable existence. Tu comprends le pathétique. 

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Cannibale dans la lande.

Publié le par drink 75

 

Une larme sur le carreau de la cuisine. Une larme de vodka. Et une étreinte. Le paysage gelée, et puis la route, et encore des paysages de neige.  Des corps sur les lits d'hôpitaux, enfin sur les 2 ou 3 matelas entassés et épais comme du papier cigarette qui font office de lit. Et puis des ruines, des corps et des ruines. Et puis des sourires, et des larmes, et puis des rires et des cris. Continuer d'avancer vers le pays des douleurs, toujours s'enfoncer dans la neige et le froid, et rencontrer de moins en moins de corps, de moins en moins de vie. Le ciel est gris, le ciel est lourd, et l'éclaircie ne viendra pas, et l'éclaircie ne viendra plus. Je n'ai plus le souffle. Je suis au bout, je rencontre un mur, et il me semble que mes yeux ouverts ne voient plus rien d'autre que le brouillard et la nuit. Le boomerang des émotions me vacille. Demeure la douleur et la nuit. 

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Et puis crépuscule.

Publié le par drink 75

 

Je regarde ma mère et sa coupe de cheveux a la garçonne. Beau-frère pénible dit qu'il ne veut plus regarder les images qui défilent sur l'ordinateur, ces images abimées qui datent d'un autre siècle. Je me dis qu'il a peut-être raison, c'est peut-être le chant funèbre d'une autre vie, d'un autre siècle. Abuela et abuelo dit ma sœur ou ma nièce je ne sais plus. Je regarde mon grand-père qui ne quittait jamais son béret et je le regarde tout en haut de la tour Eiffel en me demandant pourquoi je n'ai pas hérité de son physique de danseur étoile. Je vois mon père en costard cravate même le dimanche, la cigarette à la bouche et je me dis la vie de mes parents c'est la série mad men. Tout le monde est mort sur les images qui défilent, hormis ceux qui sont à peine nés, hormis mes sœurs qui courent dans le jardin des plantes, hormis moi dans mon berceau. Ma mère a une choucroute un peu plus tard, comme les autres femmes sur les images, comme les autres femmes avant elle, avaient les cheveux courts. Je regarde celui qui est mort il y a 30 ans alors que nous avions presque le même âge, je le regarde si jeune. Est ce qu'il se doutait alors que sa vie ne serait qu'un long chemin de croix vers une mort certaine et programmée. Je le regarde encore un peu, son rire léger et innocent. Je vois son père encore bel homme qui est mort juste après lui, sans doute de chagrin. Ma vue se brouille un peu par moment, je me dis que c'est sans doute la fatigue. Il ne me reste rien. Mais je ne le sais même pas. Après toutes ces années je ne le sais même pas.

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