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Maitriser le néant (2)

Publié le par drink 75

 

Je pénètre dans cette salle de réunion où toutes mes collègues portent le masque de quelqu'un qui vient d'enterrer toute sa famille. La responsable me fait un grand sourire, je l'ai croisé quelques jours auparavant et elle m'a remerciée d'apporter un peu d'optimisme dans ce groupe de travail ou tout le monde semble réfléchir à la meilleure manière de mettre fin a ses jours. Le politburo est composé a 80 % de femmes mais ça n'en rends pas les choses plus gaies. Je suis le seul type dans ces réunions qui parlent de l'avenir et qui n'intéressent personne.  Une fois que tout le monde est arrivée, je jauge chaque personne. Une des filles qui ne parle jamais est venue me dire quelques jours auparavant qu'elle trouvait mes interventions très intéressantes. J'ai cru qu'elle déconnait mais je me suis rendu compte qu'elle était sincère. Il y a ma chef aussi  a cette réunion, qui m'a demandé comment elle et moi, c'est a dire les deux personnes les plus marrantes du taff d'après elle, s'étaient retrouvés dans cette réunion de zombies suicidaires. Il y a la fille sous prozac, qui plombe l'atmosphère en deux minutes, je me dis a chaque fois que c'est la dernière fois qu'on la voit avant le burn out ou l'arrêt longue durée mais non, elle est toujours là, toujours aussi peu fraiche, toujours a se demander pourquoi depuis la rentrée ses deux filles ont voulu aller vivre avec leur père a 600 bornes de là. Il y a la fille aux cheveux hyper courts, qui porte des petites jupes et des docks mais qui semble toujours au bord de l'explosion. En colère. Comme si une irritation prégnante lui courait le long de la colonne vertébrale. La fille qui chiale tout le temps est là aussi. Celle qui réponds a chacune de mes propositions que ce n'est pas précisé dans son contrat de travail. Ma responsable m'a dit la veille alors qu'on parlait de la réunion précédente et de cette meuf et de son contrat de travail : ne dis pas ce que tu veux lui dire, ne le pense même pas. Rien j'ai répondu en haussant les épaules, hormis peut-être que si elle roulait son contrat de travail et qu'elle se le mettait dans les fondements, ça pourrait peut-être remplacer le balai qui occupe la place et ça lui assouplirait le trou de balle. Il y  a aussi la fille qui ne parle pas, qui semble se demander ce qu'elle fout là, la fille dont tu ne te souviens jamais qu'elle fait partie du groupe, comme si toi aussi tu te demandais ce qu'elle fout là. Je les regarde toutes, les unes après les autres, et je me rends compte a quel point tout cela est drôle. A quel point, tout est drôle. 

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Maîtriser le néant.

Publié le par drink 75

 

C'était un curieux sentiment que de vouloir baiser toutes les femmes sauf la sienne. C'était donc cela le mariage. L'homme comprenait désormais pour quelles raisons plus personne ne voulait se retrouver attachés au cœur de cette hérésie sentimentale. L'homme mixe deux parfums, sauvage et eau sauvage, qu'il dépose sur son poignet pour obtenir la résultat désiré, puis il frotte ses deux poignets et les porte a son cou. Il renvoi un petite giclée de sauvage à l'intérieur du col de sa chemise. Dans l'ascenseur qui l'emmène vers le parking, il y a déja une voisine de l'étage au dessus avec son chien. Enfin un truc qui ressemble a un chien mais qui est si minuscule et si maigre qu'on dirait un lévrier nain anorexique. Bordel, il ne dit pas à la voisine, si j'avais un truc comme ça chez moi, j'aurais peur de l'écraser. J'achèterais une cage a hamster pour le protéger. Il déteste la sociabilité mais pour descendre au parking, il n'y a pas tellement d'autres choix que l'ascenseur, par les escaliers il faut descendre au rez de chaussée puis faire tout le tour de la résidence pour accéder au parking par l'entrée des voitures. La femme descend au rez de chaussée en lui souhaitant une bonne journée. Un type arrive pour descendre au parking puisque avec ce système a la con, même quand tu vis au rez de chaussée tu dois prendre l'ascenseur pour descendre au parking. Ils se souhaitent une bonne journée a la sortie de l'ascenseur, le type est con, il fonce avec sa bagnole dans les allées de la résidence. Un mec qui veut compenser. S'il était sociologue, il étudierait la relation entre un micropénis et la possession d'une voiture audi. Lui qui ne s'intéresse aucunement aux bagnoles, il a tout de même remarqué que chaque fois qu'un type conduit bizarrement il possède une audi. Il regarde l'heure sur le tableau de bord car il a une réunion a 9 heures au boulot. Enfin un groupe de travail. Ce nom donné a la réflexion de plusieurs cerveaux pour leur donner l'impression qu'ils vont trouver une solution a un problème a la con. Ce qui ne sera pas le cas. Un groupe de travail. Quel nom pompeux et ronflant pour un truc qui ne sert a rien se dit-il en enfilant ses lunettes de soleil au feu rouge. Une bonne journée pour ne rien foutre. Pour écouter sans entendre. 

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Consommer la nuit.

Publié le par drink 75

 

Je ris beaucoup sur le chemin de pénitence que je m'impose. Ce qui me rends la vie inconfortable c'est aussi ce qui la rends supportable, je ne prends et je ne n'ai rien pris au sérieux. Je compte les morts, je regarde les gens apparaître puis disparaître sans vraiment m'en émouvoir, je m'introduis dans des filles que j'oublie en m'introduisant dans d'autres. Je suis un grand poète. Je n'accorde d'importance a rien mais je me souviens de tout. J'aimerais revenir à l'épure avant de disparaître, ne plus m'intéresser aux autres, ne plus m'occuper de rien, devenir transparent au monde. J'essaie de m'immerger dans le brouillard, j'essaie de revenir vers le néant. Je pense pouvoir y arriver. Je pense réellement pouvoir y arriver. 

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