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Ce que nous fûmes.

Publié le par drink 75

 

Je passe devant le trou énorme qu'ils ont creusés a christ roi et je me dis que radio béton a du souci a se faire, ils se sont juste arrêtés au pied de leur immeuble. Il fait chaud dans la ville du milieu, on se croirait a los angelès ou je me souviens que les père noël sont en short. La fin de l'année et ces bilans a la con, partout. Même le masque et la plume qui fait chaque année un classement du meilleur film, comme si ça pouvait exister. Le meilleur film, le meilleur livre, la meilleure pipe, tout les gens qui te donnent leur choix comme si on en avait quelque chose a foutre et que ça existait. J'écoute une interview de begaudeau et ça me rappelle cette tirade que je sortais a tout bout de champs et qui m'a valu beaucoup d'inimitiés dans le milieu alternatif de la fin des années 80, "j'ai jamais été punk, mes parents n'avaient pas les moyens". Au fond, tous ces chanteurs, tous ces musiciens, ont finis par se prendre réellement au sérieux. Ils voulaient qu'on sache qu'ils avaient faits bac plus 5 et ils avaient un putain de message a nous rabâcher. En réalité, ce sont les gens qui n'ont jamais attirés la lumière, ceux qui n'ont jamais tirés aucune gloire de tout ce fatras, ce sont ceux-là qui étaient les plus purs. Le punk était devenu un sujet d'étude et je sentais déjà les thèses en socio estampillés paris 8, sur l'incidence du refrain "fier de ne rien faire" des olivensteins sur les choix des futurs ingénieurs petit bourgeois qui se rebellaient a la remise des prix de leur grande école a cinq mille euros le trimestre. Il restait les mecs qui s'en foutaient réellement de tout ce cirque et qui n'avaient jamais portés des blousons avec le symbole anarchie dans le dos.  Les mecs comme didier wampas ou tonton albert. Au fond, la plupart des gens ne rêvent que de s'élever socialement, tu comprends que les parents veulent toujours que leurs enfants fassent science po ou je ne sais quel école d'ingénieur. L'ascension sociale. Elle n'aura épargné personne. Moi j'ai bien dégringolé par rapport a mes parents, c'est le seul truc qui me rende fier de moi. La dégringolade. 

 

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Anges déchus

Publié le par drink 75

 

Je passai ma main libre sous son menton et levai son visage vers la lumière. J'y plongeai mon regard. Des maris avaient parcouru ce visage avec des chaussures a crampons. Des amants y avaient gravé leur marques, de leur ongles tranchants et soignés. Des fils l'avaient laissé tranquille pendant des années, l'avaient oublié dans l'armoire de leur chambre, avec leurs jouets abandonnées. Des hommes avaient laissé des traces sur ce visage, et ce visage avait encaissé. Elle l'avait levé face à l'orage et répondu en crachant. Et elle se retrouvait finalement seule, dans un salon trop grand pour une personne, avec une visage trop lourd a porter pour une personne, tenant un verre qu'il fallait être deux pour vider. J'avais pensé tourner son visage et l'embrasser sur la joue, comme un fils embrasserait sa mère. Mais je l'embrassai sur la bouche, longtemps, lentement, comme deux personnes qui s'aiment depuis des années ; d'abord la bouche presque fermée, à petits coups ; ensuite les lèvres un peu plus écartées, la point de la langue s'avançant : puis la bouche grande ouverte, si violemment que nos mâchoires grincèrent l'une contre l'autre, comme celles de deux squelettes cramponnées l'un à l'autre dans une tombe, en une dernière étreinte désespérée.

                                                         GUNNAR STAALESEN

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I want prefer not to (dead or alive).

Publié le par drink 75

 

De son vivant ma mère m'appelait pour me tenir au courant, des décès, des maladies, des mourants et des vivants, un peu à la manière de ma grand-mère qui commençait toujours la lecture de ouest-france par la page des décès. Ma sœur perpétue cette tradition familiale et m'appelle pour m'annoncer des morts ou des cancers. Je suis toujours étonné qu'elle soit étonnée. Nous sommes vieux, le peu de vivants qui reste sont des gens plus vieux que nous ou des amis de mes parents qui sont presque centenaire. Je la sens toujours affectée. Alors que je ne pense rien. Ou plutôt que tout me paraît logique. Sans forfanterie, je crois que le jour ou j'apprendrai mon cancer, je resterais relativement stoïque en me disant que ça devait arriver. Maintenant que je vis dans la ville du milieu, que j'ai l'impression de m'être retiré dans une sorte de retraite spirituelle, paris me gave. La gare Montparnasse me gonfle, le métro me fatigue, les gens m'indiffèrent et j'ai comme qui dirait l'impression d'être dans un monde parallèle.  C'est un peu comme quand tu croises une fille que tu as tellement aimé et que tu te rends compte a quel point, tu ne la connais plus, tu ne sais plus qui elle est et au fond comme tu t'en fous. Tu as juste pitié de son nouveau mec dont tu ressens la jalousie mais sinon tout cela te semble irréel. C'est ce que me fait Paris désormais. Je passe une formidable soirée avec la fille qui me sera toujours fidèle, et son frère qui me sera toujours fidèle, et son fils qui semble toujours un peu hilare, et sa fille qui erre dans son monde parallèle. Ils me donnent des nouvelles des fracassés. Leur cousines, deux sœurs avec lesquelles j'ai failli avoir une petite histoire, même si j'étais plus intéressé par celle qui l'était le moins. C'est vrai que tu as failli faire partie de la famille me dit le frère de celle qui sera toujours fidèle. Je te voyais bien avec l'une des deux il me dit. Les gens me voit toujours bien avec les filles qu'ils connaissent, c'est après que ça se gâte. Quand les femmes avec lesquelles je sors se rendent que je suis ailleurs ou que je suis trop présent. La jeune fille qui me sera toujours fidèle me donne des nouvelles d'une fille avec lesquelles je suis sorti au siècle dernier. Une fille qui a tout arrêtée après m'avoir quitté, l'alcool, la drogue, elle s'est mise en ménage avec un type très calme et elle a fait des gosses. Et puis du sport. Du jogging a très haute dose. Cancer. La vie n'est pas juste je me dis, je ne devrais plus être de ce monde et des gens à l'hygiène de vie impeccable ont des cancers. Ensuite on parle de la fille qui croyait que je voulais emballer sa meuf. On se moque gentiment. Ce n'est pas nostalgique. Je me rends compte que la vie existe. Je me rends compte que la vie existe encore. Un tout petit peu pour moi.

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L'indifférence.

Publié le par drink 75

J'ai souhaité un bon anniversaire a la jeune fille puis je lui ai dit qu'elle était née le jour ou beckett était mort. J'ai pensé qu'elle ne connaissait pas beckett et j'ai trouvé ça un peu pédant de ma part. Tu es si jeune, je lui ai expliqué alors qu'elle me disait se sentir vieille. C'est pour cela que tu ne veux pas me baiser elle m'a demandé et j'ai hoché la tête en regardant l'horizon. Ca ne servirait a rien, j'ai répliqué et elle a dit une de ces phrases que l'on dit quand on a son âge : rien ne sert a rien. On dirait un titre d'un film de claude lelouch, j'ai pensé, toi qui cherche ta voix, tu pourrais devenir rédactrice de titres de films de claude lelouch, bon le gars a 80 piges minimum, tu n'as pas un grand avenir. Celle qui vient d'avoir 90 ans m'appelle et je me dis qu'elle nous survivra tous, son mari est mort il y a des décennies, deux de ses enfants sont morts, la dernière n'est pas dans un état de fraîcheur exceptionnelle. La femme qui vient d'avoir 90 ans me dit qu'elle ne conduit plus qu'autour de chez elle, qu'elle ne fait plus de routes. Je ne sors plus beaucoup non plus de chez moi, c'est comme si j'avais épuisé tous ceux que je voulais rencontrer. L'inconnu m'a quitté. Je veux repartir loin, très loin, et ne plus revenir, allez chercher ailleurs ce qu'il est impossible de trouver. Qu'est ce qu'il chantait arnaud michniak ? Personne ne m'arrêtera puisque je ne vais nulle part. 

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Apprendre la nuit

Publié le par drink 75

 

Le médecin avait sans doute raison au fond, je souffrais sans doute d'alexithymie. Ce qui expliquerait que je me foutais d'a peu près tout et que je remplaçais tout par le sexe. Enfin le rien. Qui devient le tout. J'erre dans les rues la ville du milieu a la recherche de soubresauts mécaniques qui me donnerait l'impression d'être encore en vie. Je divague entre deux verres de vodka, nous avançons dans la neige, comme des fantassins égarés. Le brouillard nous enveloppe, le froid nous sidère. Nous sommes si seuls. Je me réveille encore, j'essaie de comprendre ou je suis, j'entends au loin des bruits de bombes. Peut-être est-ce mon sommeil qui me projette ailleurs. Je suis dans la ville du milieu a nouveau, je cours sur le pont qui enjambe un des fleuves ou ce qu'il en reste, j'entends des appels. Je ne suis plus ou je suis, je ne sais plus qui je suis, c'est fascinant, mais désormais, j'enquille les mots, encore et encore, et toujours plus. Elle me dit qu'il faut continuer, encore et encore et encore, sa confiance en moi m'impressionne. Sa certitude surtout. Je couche avec la femme qui boit beaucoup trop, je baise sa solitude. Je couche avec la femme qui ne boit plus du tout, je baise sa solitude. Ces deux femmes qui vivent a quelques centaines de mètres l'une de l'autre, qui ne pourraient jamais se rencontrer, et qui sont impitoyablement seule. La vie me fait rire. Je m'enfonce dans la neige. Toujours, un peu plus profond. 

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Attendre la nuit

Publié le par drink 75

 

Le jour de mon anniversaire, une fille que je n'ai pas vu depuis longtemps m'écrit pour me le souhaiter mon anniversaire. C'est dingue que tu te souviennes de la date je lui réponds, que tu n'aies pas oublié. Tu es inoubliable, elle me réponds. C'est drôle, mais c'est comme tout, ce sont les gens les moins représentatifs qui sont les plus fidèles, les plus discrets qui sont les plus présents. Je n'ai aucune facilité pour les rapports sociaux, je suis une sorte d'autiste des sentiments, c'est l'alcool qui m'a aidé a connaitre des gens, sortir avec des filles, rire, aimer. Je bois de la vodka avec les jeunes garçons autour du feu, les pieds dans la neige, le gris comme horizon. Certains seront bientôt morts dans des plaines. Je reçois beaucoup de messages le jour de mon anniversaire, le jeune garçon aux yeux translucides dans le frère est mort à la guerre me dit que je suis très populaire. Non je suis vieux je lui réponds. Comme on a tous picolé je décide de leur raconter l'histoire de la fille avec laquelle j'ai eu une petite histoire et qui m'avait expliqué qu'elle ne me souhaiterait jamais plus mon anniversaire car c'était le même jour qu'elle avait baisé avec son nouveau mec pour la première fois. Ils n'en peuvent plus de rire. Le garçon qui a perdu une jambe me dit qu'il ne croirait pas cette histoire si elle était racontée par quelqu'un d'autre mais que pour moi il y croit. Je suis ce genre de types auquel ce genre d'histoire peut arriver. Je comprends ce qu'il veut dire, et alors que la nuit se couche sur la campagne, alors que la neige fond a quelques mètres a cause de la chaleur du feu, je me rends compte a quel point il me sera toujours arrivé n'importe quoi dans ma vie. Et comme j'ai toujours aimé ça. Et comme j'adore toujours ça. 

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Enfin le froid.

Publié le par drink 75

 

Le gars vient vers moi avec un grand sourire, comme souvent les gens qui font la manche ou qui quémandent un truc. J'ai une gueule avenante, faut croire, j'aurais pu être un grand escroc car les gens croient en ma sincérité. Il faut dire que je ressens une certaine euphorie, il fait un froid sec, un léger soleil qui arrose la ville d'un froid très relatif pour mézigue mais qui est bien suffisant si je regarde les gueules de fragiles apeurés que je croise. Bonjour monsieur, me dit le gars. C'est là que tu vois qu'il n'y a pas encore sciences po dans la ville du milieu, parce que croit moi qu'appeler les gens par monsieur, madame, c'est inconcevable pour les petits fragiles a leur maman qui y étudient. Les futures élites géniales sont non-binaires tu comprends.  Je lui fais mon plus grand sourire et je lui dis de ne pas se fatiguer car je n'ai rien contre lui en particulier, mais amnesty international depuis qu'ils ont approuvés l'arrestation et l'envoi en taule de zelensky c'est pas possible pour moi. Je dis ça hyper calmement et je me rends compte a quel point le froid et l'hiver me rende serein et euphorique. Le mec me remercie et me dit que je suis le gars le plus souriant qu'il a rencontré de la journée, même si je ne veux pas adhérer a amnesty international il me remercie de lui avoir parlé. Je rigole, et je lui explique que je ne me prends pas au sérieux, c'est d'ailleurs ce qui m'a couté ma carrière et la bérézina de ma vie personnelle. Vous avez l'air heureux, il réponds. Oui je lui explique pas, soit c'est le chant du cygne, soit c'est l'appréhension de ma solitude qui me pousse vers l'apaisement. On se sépare en se souriant, puis je continue ma route vers la gare de la ville du milieu. Y aller c'est déja partir un peu, si on considère comme moi, que l'idée du voyage est souvent supérieur au voyage lui-même. Un peu comme la vie. Beaucoup comme la vie. 

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Des souvenirs idiots mais qui donne...

Publié le par drink 75

 

Je remonte la rue colbert  en direction de la rue nationale. Il fait enfin froid. Je me dis que ça me prépare pour mon périple a venir dans la glace et la neige. Je croise une jeune fille qui me rappelle l'enfant avec lequel je m'entendais bien. Celle que j'avais emmenée a saint malo avec sa mère. A l'époque je sortais avec une nana dont le seul but dans la vie semblait être de faire cocu son mari. A ma grande surprise, quand elle fut lassée de moi au bout de 2 ou 3 ans, elle avait pris la peine de me téléphoner alors que je me m'attendais a être jeté par sms. Je sortais donc avec cette nana mariée qui me faisait de grandes déclarations. Toujours se méfier des femmes qui vous assènent des compliments amoureux en flots continus, elles vous quitteront a coups sûr du jour au lendemain, alors que curieusement les femmes qui ne se livrent pas, qui ne vous bassinent pas avec leur amour infini ne vous quitteront jamais vraiment. Ou tout doucement, avec une certaine grâce.  Bon, je sortais donc avec cette nana qui venait une fois de temps en temps chez moi pour une partie de jambes en l'air et comme je savais qu'elle me quitterait à coup sûr pour retourner près de son mari et se trouver un autre amant, je sortais avec d'autres filles dès que j'en avais l'occasion. Et il y avait cette fille qui m'aimait bien. Nous étions partis à saint malo pour un week-end et je me souviens de sa fille, si pétillante, qui semblait m'adorer, mais il faut dire que les enfants m'aiment bien quand ils comprennent que je suis comme eux, totalement égaré dans ce monde et incapable de mener une vie d'adulte. Ça doit faire 9 ans mais je me souviens très bien de ce week-end. Comme nous étions heureux. C'est la seule fois de ma vie ou je suis sortie avec une nana qui avait un enfant, et c'est la seule fois où j'ai eu l'impression que nous étions une famille. Je me serais lassé sans doute et j'imagine que la jeune fille a douze ou treize ans maintenant et qu'elle m'a oublié depuis très longtemps. Mais je pense parfois a elle, et ça me réchauffe le coeur tout en  le brisant un peu. Sans que je sache si c'est pour elle ou pour sa mère que je ressens un manque. Pour elle ou pour sa mère. 

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