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Perdre avec style

Publié le par drink 75

 

Perdre avec style c'était pas un truc tellement étonnant ou nouveau pour un type comme moi qui vivait toujours en noir et blanc. J'enfilais les longueurs dans ce bassin de 25 mètres de long de la piscine de la ville des prolos et des ratés, mon corps pataud et vieux souffrait, dire qu'a moins d'un kilomètres de là, constance debré mouvait avec grâce son corps parfait de bourge dans une piscine olympique de 50 mètres. Nager m'aidait a comprendre pleins de trucs. Au bout de tant d'années je venais enfin de comprendre pourquoi une fille m'avait larguée des années auparavant. Quand elle m'avait quitté par téléphone pour mettre un terme a notre petite relation très épisodique, j'avais pensé qu'elle avait un autre mec. Tu es parfait, tout est parfait et d'ailleurs je te quitte. Ce genre d'arguments ridicule c'est que tu as un autre mec mais que tu ne veux pas être méchante. Je m'étais trompé. Elle m'avait recontacté quelques années plus tard, pour parler sans doute, pour se cultiver vu qu'elle ne fréquentait que des gens obsédés par leur réussité sociale, le genre qui va a l'île de ré en vacances. - Etonnant d'ailleurs que jospin qui est quand même la caricature du protestant pisse-froid et constipé traine là-bas au milieu des nouveaux riches et des arrivistes -  Etonnant. Bref, j'avais toujours cru que la fille m'avait quitté pour un autre mec, ce qui n'avait rien d'étonnant, la vie n'est fait que de ça, de nouvelles rencontres, de nouvelles vies, de futures ruptures. En fait non. Je lui en avais reparlé au téléphone vu que je ne l'avais pas vu depuis des années et elle m'avait expliqué que non, elle ne m'avait pas quitté pour un autre. Et là j'avais compris. C'était purement culturel. Ce genre de filles, élevé dans le culte du mec con, jaloux et possessif ne comprenaient pas que tu ne le sois pas. Si tu étais amoureux tu devais forcément être jaloux. Au fond, ça me ramenait au lycée ou les mecs croyaient que j'étais homo car je ne m'intéressais ni au foot ni aux bagnoles. La fille m'avait quitté car je n'étais pas lourdingue. Tu comprenais la passion de toutes ces féministes en carton pour mona chollet qui considérait que tout couple était patriarcale mais qui ne sortait qu'avec des relous de première. La fille m'avait proposé de la revoir car elle trouvait que m'avoir quitté par téléphone ce n'était pas bien - un reste d'éducation catholique sans doute - et par le plus grand des hasards, j'habitais la même ville que sa soeur. Puis son mec avait découvert qu'elle me téléphonait et bien entendu elle n'avait plus eu le droit de me rencontrer, de me parler ou de penser a moi. Alignant les longueurs, je  comprenais soudain la raison pour laquelle les filles qui semblaient cools sortaient toujours avec des connards. Les mecs jaloux étaient fragiles. Elles avaient l'emprise. La fille avait compris que les types dans mon genre sont incontrôlables. Plus jeune une fille m'avait largué en me disant que je n'étais pas assez jaloux. Je comprenais soudain pour quelles raisons je n'avais pas d'ami garçon. Je n'avais pas les codes de la masculinité. Et les prétendues féministes étaient des escrocs. Je captais la popularité de mona chollet dans le milieu. Quelle escroquerie, j'ai pensé a accèlérant pour ma dernière longueur. Les autres sont des truands et des menteurs. Pire que moi. Bien pire que moi.

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Occuper l'espèce

Publié le par drink 75

 

Elle rit de bon coeur. La jeune fille qui descend parfois de la montagne est assez étonnante pour ça. Je pense qu'elle est a moitié dingue mais elle rit beaucoup. Peut-être sont-ce les médicaments ? je ne sais pas trop. Elle est un peu alcoolique malgré son jeune âge, comme tout le monde j'imagine, surtout chez les prolos ou l'on s'emmerde. Elle traîne pourtant dans le milieu electro et des teufs sauvages, mais elle est plus portée sur l'alcool que sur la came. Elle rit après que je lui ai dit qu'elle me quitterait un jour, c'est pas toi je lui dis, c'est juste que tu sortiras avec un mec qui voudra que tu largues ton passé. Elle rit de bon coeur et ça fait vibrer ses seins qui ne sont pas très gros mais semblent toujours vouloir quitter son corps tout maigre. Je t'ai raconté je lui dis, l'histoire de la femme avec laquelle j'avais eu une petite aventure et qui a reprit contact avec moi et qui ensuite a voulu me faire avouer que je voulais sortir avec elle. Elle rit toujours. C'était tellement étonnant et en fait pas tellement. La meuf se prends pour une bombe et croit que tous les mecs veulent sortir avec elle. Elle se marre. En fait son mec a découvert qu'elle avait renoué avec moi sans lui dire et il a fait son petit caca nerveux. Deux coups de rein et un bon discours de recadrage comme on dit en management (le discours de recadrage hein pas le coups de rein) et j'avais eu en face de moi une marionnette et son ventriloque. Je me suis fait engueulé car je l'avais laissé reprendre contact avec moi. Et j'ai eu un petit procès stalinien des années 50, je devais avouer que je voulais la baiser. Elle rigole toujours en tapant sur ses cuisses. Je m'en fous elle dit, je garderais toujours le contact avec toi car tu es l'être le plus lunaire et le plus innocent que je connaisse. Et puis je me prends pas pour une bombe elle me dit. Et je me prends pas au sérieux elle ajoute. Et puis tu ne veux pas changer les gens je rétorque. Tu ne sortiras jamais avec un mec jaloux et possessif en pensant que tu peux le changer car tu sais que ça n'existe pas. Elle rit encore. Elle rit tout le temps. Elle n'en a rien a foutre de rien, c'est une cavaliére du néant. On ne pouvait que galoper ensemble.

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Mon rien dans ta gueule

Publié le par drink 75

 

Je devine son visage alors qu'elle s'assieds sur moi. Juste avant qu'elle ne commence a gémir. Je n'ai jamais été aussi heureux dans ma vie, je crois bien. Comme le chantait un crétin dans le supermarché ou je cherchais désespèrement les coton-tiges (pour une raison qui m'a toujours échappé, trouver les coton-tiges dans un supermarché est un truc plus dur que de réussir l'entrée a khâgne.) la vie c'était mieux après. Je crois que l'euphorie venait de là, c'était mieux après. La jeune fille qui a apprit dans la même semaine que son père était mort et qu'elle avait un cancer, me scotche toujours par son énergie et sa détermination. Elle a 2 boulots, elle commence a 8 heures du matin et finit a minuit, et elle doit en plus passer des partiels. Je lui dis que je pensais palper de l'argent et que je voulais vraiment l'aider mais il semble qu'une malédiction touche toutes les personnes qui doivent palper le blé. Elles meurent. Elle hausse les épaules la jeune fille car elle est ainsi, elle semble trouver normal que rien ne lui réussisse dans la vie. Elle semble trouver normal que ses résultats scolaires soient ahurissants mais qu'elle soit quand même obligé de travailler pour survivre. Elle dit que ses parents ont vécu 3 ans dans une chambre de bonne de 9 mètres carrés quand ils sont arrivés du vietnam et qu'elle peut tout subir. Je lui explique l'histoire de mon héritage qui semble ne jamais devoir arriver. Ma tante meurt je lui explique, puis le covd arrive et rien n'avance, puis une des héritières meurt et tout est retardé et au moment ou on doit palper notre oseille, l'heritier de l'héritière meurt. On repart pour quelques mois. Elle rigole. Elle dit que plus rien ne la surprend. Elle est si jeune et si mature. Je me rends compte a quel point elle me transmet sa légéreté, moi qui ait fréquenté des gens d'une lourdeur abyssale en début d'année, j'apprécie qu'elle ne se pose pas de questions. J'apprécie son peu d'appétance pour le drame.

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Houblon malgré tout.

Publié le par drink 75

 

Je ressens une certaine nostalgie de la ville du milieu. C'est un peu normal. Je ne l'ai pas encore quitté mais ça ne devrait plus tarder. Je m'en rends compte alors que j'erre dans les rues de mon quartier. Cette ville va me manquer. En fait, j'ai la nostalgie de toutes les villes dans lesquelles j'ai vécu. A l'exception de toulouse. Mais le sud ce n'est pas vraiment pas fait pour moi. Et puis je me souviens. Boire, boire, boire. Bien sûr, de tout, des pichets de rosé que d'accortes asiatiques t'apportent avec des sourires entendus. Tu viens depuis tellement longtemps ici, on te laisse faire toutes tes conneries, tu ne crois pas que tu exagères tout de même, tu ne crois pas. Tu es tellement ivre, que tu vas renverser les tables sans que personne ne moufte. Ta mère qui te dit qu'elle pète la forme, tiens ça te rappelle ton père qui lui aussi pêtait la forme juste avant de mourir. Tu mourras en pétant la forme c'est un truc de famille. Tu es tellement ivre que tu pourrais raconter n'importe quoi, boire n'importe quoi, vivre n'importe quoi, personne ne t'attends puisque tu ne vas nulle part, personne ne te désire puisque tu ne donnes rien, personne ne veut de cette vie avec toi, en même temps tu comprends toi-même tu ne voudrais pas de ta vie avec toi. Tu entames des montagnes, tu te perds sur des cimes, tu te givres, intime, tu t'ennuies, cette vie n'est pas faite pour toi, mais en même temps, il n'y en a pas d'autres. Il faut comprendre aussi, l'alcoolisme, tu crois que les gens vont te plaindre, que les gens veulent supporter tes jérémiades, tes absences, tes douleurs, tu ne veux jamais arrêter le tourbillon du désir, la trainée de cette vie que tu laisses, tu ne veux jamais arrêter de courir, de partir, alors c'est quoi ta nouvelle lubie te demande ce qu'il te reste d'ami ? Alors ce sera quoi toi moi et tous les autres, les gens ne veulent plus, toi tu ne veux plus non plus, cette litanie sans fin, ces plaintes que tu engendres, tu fais ton joli sourire, ton sourire d'enfant, alors tu attends que de jeunes filles viennent te dire c'est donc toi ce joli sourire. C'est quoi cette vie, c'est quoi ta vie, des verres en ligne, tes verres sur le zinc, l'usure du zinc, l'usure du comptoir, les fâcheries, dis moi avec qui tu parles encore, dis moi ce que tu vis encore. Tu erres seul, au milieu des décombres de ce qui reste de ta vie, tu erres, et je crois que ça va te sauter à la gueule, cette vie, les autres sont beaux, les autres ont une vie tu sais, factice certes mais une vie. Tu te regardes dans le miroir, tu veux encore boire jusqu'à tomber, tu veux encore boire, jusque voire les sourires entendus des gens qui t'accueillent. Tout le monde se fout de ta gueule elle te dit. Tout le monde à part toi. Oui je me souviens. C'est triste d'être trop vieux pour boire. Il reste le voyage, de nouvelles villes, de nouvelles vies. Toujours. Fuir et tout changer pour que la vie existe encore. Vivre sans doute legérement dans la nostalgie. Mais continuer l'inconnu. Encore et toujours. Aller vers l'inconnu.

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Nos vies cosmétiques.

Publié le par drink 75

 

Alors que je regarde la pate a crêpes d'une couleur parfaite, un marron qui tire vers le gris, ou l'inverse, donc alors que je regarde la pate a crêpes s'étaler lentement sur le billig et crépiter paresseusement, a moins que la pate crépite lentement et s'étale paresseusement, je comprends que ce ne sera pas la montagne ma prochaine destination. Ce sera le froid, la neige et la mer. Ce sera la pluie. Ce sera un retour vingt ans en arrière. J'empile les galettes que je prépare  sur l'assiette. La très jeune fille m'écrit pour me dire qu'elle n'a pas ses médicaments, qu'elle boit de la vodka pour tenir le coup. Les jeunes d'aujourd'hui ont assez peu de culture, mais ils sont déjà tellement usés, leur avenir est tellement étréci, ils sont comme carbonisés alors que leur vie vient a peine de commencer. Surtout chez les jeunes prolos ou il n'y a pas de filets, pas de parents, pas d'argent. J'écoute cette femme dans le poste, alors que je continue d'aligner les galettes parfaites, très fine et d'une couleur brune un peu magnétique, j'écoute cette femme qui explique le concept de la grenouille cuite. Ou bouillie. Pour résumer, jeter une grenouille dans de l'eau bouillante, elle va ressortir. Plonger la dans l'eau froide que vous faites chauffer, elle va s'habituer a l'eau de plus en plus chaude et ce sera trop tard quand elle voudra sortir. Allégorie pour démontrer que les femmes s'habituent a une relation toxique et qu'il est trop tard quand elles veulent se barrer. J'ai fais beaucoup de crêpes. La jeune fille m'écrit pour me dire qu'elle veut quitter sa mère, prendre un appartement. Qu'il faut que je sois son garant. Elle me parle de sa double personnalité, de sa folie. Je n'aurais fréquenté que des dingues dans ma vie, de tout âge. Le peu de gens raisonnables que j'aurais rencontré auront toujours été décevants. Tristes. Céline disait que les hommes sont lourds, non c'est surtout qu'ils sont fades. Chiants. Et se prennent tellement au sérieux. Retourner vers la folie, vers la pauvreté, vers l'ivresse, vers les ténébres, c'est tout ce que je demande. Ce sera plus a l'est, plus a nord. Vers le froid. Près des miens. Proche du rien.

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Désuni

Publié le par drink 75

Ce ne sera plus la mer, ce sera le froid et la montagne. C'est sans doute ce que j'ai toujours voulu, la neige, le givre, la nuit. Le début des ténèbres. Je me rends compte a quel point, je suis de plus en plus imperméable aux lieux, aux gens, a mon environnement. Enfermé en moi. La vie était une putain d'escroquerie, j'avais bien compris qu'on naissait seul et qu'on mourrait seul, mais c'était en deça de la réalité. On vivait seul aussi. J'avais beau multiplier les vies, les orgasmes, les rencontres, j'étais bel et bien fasciné par l'absolue solitude que représentait la vie. C'est sans doute la seule chose que j'avais apprit en vieillissant. Vieillir c'était se prendre de moins en moins au sérieux et se replier de plus en plus sur soi-même Pour ma part. Chez les autres, a ma grande surprise, ça semblait l'absolu inverse. Se prendre de plus en plus au sérieux et s'immerger dans le collectif. C'est sans doute pour cette raison que je me sentais de plus en plus étrangers aux autres et au monde. Cette traversée des pays, des frontières, des autres, des gens, des vies m'avait fait coprendre qu'il ne faut rien attendre, rien espérer. Les gens disent qu'ils vivent au jour le jour car ils font des projets. Les autres sont un poster aux chiottes. De la paraffine. Des images idiotes. Comme des images idiotes.

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Rupture

Publié le par drink 75

 

Qu'y a-t-il de plus légitime que d'en avoir assez de quelqu'un ? Je l'ai trop éprouvé moi-même pour ne pas le comprendre chez les autres. Quand je vois une femme avec qui j'ai eu des mois d'intimité et qui du jour au lendemain me fait tomber de son existence, n'a plus d'autre désir que de n'avoir rien de commun avec moi, je me reconnais.

En revanche, il est toujours très laborieux de faire réaliser à une femme ou qu'on ne l'aime pas, ou qu'on ne l'aime plus, que sa présence n'est pour vous qu'accablement et temps perdu, et que tout ce qu'on attend d'elle est qu'elle face place nette. Vouloir noyer une femme, c'est comme vouloir noyer un chat : on rencontre une terrible vitalité. C'est pourquoi il n'y a de liaisons vraiment agréables que celles où l'on est plaqué.

                                                                                 Henry de MONTHERLANT

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Appréhender les ténèbres

Publié le par drink 75

 

Des villes, des campagnes, des frontières...Des douleurs, des ténèbres, des rencontres...La jeune femme me demande en Anglais si je suis rosbeef. Elle a un accent du moyen-orient, elle est jolie comme les libanaises peuvent l'être. Pas aussi jolie qu'une iranienne mais jolie quand même. Je suis français, je lui réplique, et je lui demande si c'est mon aspect d'écureuil de laboratoire qui lui a fait penser que j'étais britannique. Non, elle réponds en français, je ne connais qu'un anglais pour porter des docks alors qu'il fait 40 degrés. Visiblement, je me suis trompé, elle ajoute en riant. Je lui réponds en anglais dans lequel je mixe des mots de russes. Le confinement m'a fait perdre les deux langues, à la place, j'ai inventé un anglais teinté de russe, ou du russe teinté d'anglais. Dans le camion, j'écoute du rap ukrainien. On chante avec Vova alors que les paysages défilent.  Dans le train entre vienne et bucarest, il n'y a quasiment que des ukrainiens. Je croise toutes ses femmes, tout ses enfants, les seuls hommes sont des vieillards, le peu d'hommes que l'on croise sont handicapés ou vieux, ou les deux. La libanaise est d'origine arménienne, a moins qu'elle soit arménienne d'origine libanaise. Elle parle de beyrouth. Des trains, des camions, des voitures, des destins, des voyages. Je m'oublie, peu à peu, loin du marasme du monde. J'éteinds mon âme, j'exhale un peu de mon corps, je m'échappe en dehors de moi. Nos vies sont des pays traversés par les autres. Parfois ils restent, parfois ils disparaissent. Souvent ils disparaissent. C'est souvent mieux comme ça.

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Emietter la douleur

Publié le par drink 75

 

Des villes, des pays, des frontières....Des frontières, des pays, des villes...Des vies brisées, des destins fracassés et la petite musique au loin...le bruit des bombes...les cris des enfants...les cris des femmes....Un camp puis une forêt puis un autre camp puis une forêt puis un autre camp....svetlana a 10 ans et une de ses jambes a été arrachée par un missile...igor a 8 ans et ses yeux pleurent sa mère...une autre ville et déja je n'ai plus de désespoir....une autre vie et déjà je n'ai plus d'empathie....L'exil est poisseux, la douleur est poisseuse, la vie est poisseuse...Les mots m'ont quittés, la douleur m'a lachée....Je rapetisse mes sentiments, je prends des douches qui n'en finissent pas comme pour me nettoyer de toute cette suie...Elle suinte, elle transpire, je ne parviens plus a retirer les souvenirs qui dégoulinent de toute mon âme...J'écrase mes souvenirs dans le lavabo, je dissous mes tourments, je meurs encore une fois...Une dernière fois...

 

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Tirer la chasse

Publié le par drink 75

 

J'erre, hagard, parmi les vivants et les morts. Ma soeur m'appelle - reprenant une tradition de ma mère - pour m'informer des décès familiaux. Elle m'apprends la mort du mari de celle qui est morte il y a peu de temps. Une mort accidentelle ou un suicide, on ne sait pas avec les alcooliques, on ne sait pas avec les dépressifs. Ses filles se demandent s'il est tombé ou s'il s'est jeté dans les escaliers. La pologne succède a l'allemagne. Les morts succèdent aux vivants. Le jour a la nuit. L'aube efface les incertitudes. Je me rends compte a quel point plus rien ne me touche. Comme je suis détaché de tout, comme je ne suis sensible a rien. La jeune fille m'envoit des vidéos de son sexe, sans que je comprenne ce qu'elle trouve d'excitant dans cette vision clinique et froide qu'elle soumet a mon regard. Une autre jeune fille me demande si je serais là a Noél, sans que je comprenne cette obsession pour le réveillon. Varsovie est toujours moche, l'appartement est toujours triste, le voisin est toujours con, la vie est toujours prévisible. Je tatillonne dans mes rêves, j'épluche mes cauchemars, je dissèque mes émotions, je défèque ma mémoire. Je fuis par les routes, mais en fait, je fuis les autres, leur esprit étriqué, leur petite mentalité de rentier, leur jalousie, leur pédance. Je chie le monde et je n'ai plus envie de faire d'efforts. Les autres ont bien fait de me prendre pour un con, c'est tout ce que je suis. Mais je peux l'être encore plus. Je peux l'être beaucoup plus.

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