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Peler l'ennui.

Publié le par drink 75

 

Je n'ai pas d’appétence pour la beauté des villes, je m'en suis rendu compte peu a peu. Je ne me sens pas a l'aise dans tout ces endroits soi-disant a couper le souffle, ces vues imprenables, ces avenues chics. Ce que j'aime c'est une sorte d'identité, qu'elle soit moche ou douloureuse je m'en fous un peu. J'ai tout de suite aimé Liège, comme j'avais tout de suite aimé Bruxelles, comme ensuite j'aimerais leipzig ou gdansk. J'aime bien ce gris, cette aridité, ce sentiment  que des gens ont vécus ici. Peut-être aussi qu'au fond je ne suis qu'un prolétaire et que le beau et le luxe m'emmerde. Je me suis retrouvé a liège après bruxelles, avant prague, allant toujours un peu plus à l'est. Je n'avais pas 30 ans et je savais que toutes ces choses que l'on dit que l'on fera plus tard on ne les fait jamais. J'avais adoré Bruxelles, j'avais adorer boire des bières, adorer ouvrir des squats, adorer le magasin 4, adorer baiser avec des femmes, belges adorer les gens. Et comme toujours les problèmes d'argent m'avaient rattrapés, je me rends compte aujourd'hui alors que je vais bientôt avoir 50 ans avec quelle régularité je me suis toujours retrouvé dans des problèmes financiers. Quand je n'avais pas d'argent, j'en dépensais, et quand j'en avais je le dépensais aussi, et quand j'étais encore dans des problèmes d'argent, je me replongeais dedans. Avec le recul j'en admire presque la précision, l'absolue mécanisme d'un endettement a vie. Sans doute aussi, parce que j'étais seul  a en subir les conséquences, je n'ai jamais eu d'enfants, jamais de femmes, je n'ai jamais eu de charge autre que ma petite pomme de crétin. Les dettes c'est comme la vie. Tu penses toujours que tu vas t'en sortir mais tu ne t'en sors jamais. C'est le seul intérêt. Ne jamais s'en sortir. 

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Jamais nous ne fûmes.

Publié le par drink 75

 

Je m’allonge dans le canapé et j’allume la télé. C’est curieux cette nouvelle manie depuis que je suis sortie de l’hôpital. Je ne supporte plus le silence depuis mon viol. Je n’ai pas envie de musique non plus. Juste cette présence sans intérêt. La télévision.  J’ai l’impression d’être une petite vieille, il ne me manque plus qu’un chien atone. Je pleure un peu dans mon canapé. C’est nouveau ça aussi. Je ne pleurais presque pas avant mon viol. La plupart de mes copines, de mes collègues de travail sanglotent à la moindre contrariété. J’ai remarqué que les pleurs chez les filles s’étaient beaucoup accrus ces dernières années. L’exemple de la télé je pense, où les pleureuses sont à la mode.  Je vais demander aux médecins un médicament qui empêche de pleurer. Je ne vais tout de même pas devenir une petite chose sensible. Je vais faire le ménage dans ma vie. Le vide. Je vais faire tellement de ménage que je me demande si je ne vais pas me débarrasser de moi-même.

 

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Fleurs amères.

Publié le par drink 75

 

Puis ce fut comme à chaque fois. Nous tournâmes comme des chats autour de la bouillie de nos vies, en rampant si vite le long des murs qu'on se remarquait à peine.  Je crois que je me suis perdu, murmurai-je en baissant les yeux vers ma tasse de café, comme si l'énigme de la vie était cachée au fond, et tout ce qu'on avait à faire, c'était vider la tasse pour trouver la réponse.

 

                                                   Gunnar STAALESEN

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Façonner le silence.

Publié le par drink 75

 

Fermer les yeux. Ne plus parler. Attendre qu'il ne se passe rien. Personne ne m'arrêtera puisque je ne vais nulle part. Erreur dans le vide. Pleurer dans les vagues. Se noyer dans le caniveau. Se murer dans son esprit. Fermer les yeux. Ne pas parler. Epuiser le rien. Anéantir le néant. Vomir le non dit. Caraméliser les angoisses. Lyophiliser les rêves. Putréfier les cauchemars. Attendre. Fermer les yeux. Il ne se passe rien. Ne se passe rien. Rien ne se passe. Ne se passe rien. Rien. Ne se passe. Fermer les yeux. Pleurer dans le caniveau. Se noyer dans l'esprit. Fracasser ses souvenirs. Anéantir ses cauchemars. Rigidifier son âme. Branler son corps. Vomir les autres. Détruite l'horizon. Oublier l'environnement. Fermer les yeux. Toujours fermer les yeux. Ca évitera de voir vos gueules de cons trépassés. Vos repoussantes gueules de constipés. 

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Façonner la déroute.

Publié le par drink 75

 

En traînant a la fac pour acheter un câble si fin qu'un rongeur affamé a cru que c'était comestible, je vais un peu traîner au rayon livre et je trouve une colonne publicitaire rempli d'un livre de poésie qui vient de sortir d'un chanteur vaguement connu. Ca me rappelle le livre de haïku du chanteur bobo qui fait se pâmer les bourgeoises qui se croient différentes. Seuls les gens qui ont encore une vague notoriété peuvent sortir un livre de poésie, c'est marrant cette fascination, comme si tous ces types qui chantent des trucs un peu crétins se trouvaient une sorte de crédibilité en publiant de la poésie. La litanie des messages qui me disent félicitation provenant des habitants de l'ancien rideau de fer me fascine. Le nombre et la régularité des messages de personnes que je n'ai pas vu depuis des années pour la plupart. Je me souviens de toute ces petites villes au fin du pays du creux du monde ou l'on construit des églises orthodoxes. On fera jamais mieux que le communisme pendant quelques décennies pour ensuite donner deux envies d'une prégnance absolue aux habitants : Prier et consommer. On ne fera jamais mieux. Allumant la télé, par le plus grand des hasards, je me retrouve devant Oslo, 31 août, que je regarde pour la dixième fois, ou la quinzième, et je reste toujours aussi fasciné par ce film. Au fond, j'aime les films qui parlent du tourment, de la solitude, du tourment de la solitude, de la solitude du tourment. C'est tout ce qui m'intéresse. Cette liberté des sentiments, ce désir de ne pas vivre parmi les autres, devenir un jésuite de l'existence. Je n'ai jamais compris les autres, je n'ai jamais su me rendre fréquentable, alors j'ai joué un jeu. Pour rendre ma vie sociale a peu près possible, je me suis fais passer pour un autre. Désormais ce n'est plus nécessaire. Les autres ne m'intéressent pas. Leur vie m'indiffère. J'apprécie cette liberté. Cette fascinante solitude. 

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