Peler l'ennui.
Je n'ai pas d’appétence pour la beauté des villes, je m'en suis rendu compte peu a peu. Je ne me sens pas a l'aise dans tout ces endroits soi-disant a couper le souffle, ces vues imprenables, ces avenues chics. Ce que j'aime c'est une sorte d'identité, qu'elle soit moche ou douloureuse je m'en fous un peu. J'ai tout de suite aimé Liège, comme j'avais tout de suite aimé Bruxelles, comme ensuite j'aimerais leipzig ou gdansk. J'aime bien ce gris, cette aridité, ce sentiment que des gens ont vécus ici. Peut-être aussi qu'au fond je ne suis qu'un prolétaire et que le beau et le luxe m'emmerde. Je me suis retrouvé a liège après bruxelles, avant prague, allant toujours un peu plus à l'est. Je n'avais pas 30 ans et je savais que toutes ces choses que l'on dit que l'on fera plus tard on ne les fait jamais. J'avais adoré Bruxelles, j'avais adorer boire des bières, adorer ouvrir des squats, adorer le magasin 4, adorer baiser avec des femmes, belges adorer les gens. Et comme toujours les problèmes d'argent m'avaient rattrapés, je me rends compte aujourd'hui alors que je vais bientôt avoir 50 ans avec quelle régularité je me suis toujours retrouvé dans des problèmes financiers. Quand je n'avais pas d'argent, j'en dépensais, et quand j'en avais je le dépensais aussi, et quand j'étais encore dans des problèmes d'argent, je me replongeais dedans. Avec le recul j'en admire presque la précision, l'absolue mécanisme d'un endettement a vie. Sans doute aussi, parce que j'étais seul a en subir les conséquences, je n'ai jamais eu d'enfants, jamais de femmes, je n'ai jamais eu de charge autre que ma petite pomme de crétin. Les dettes c'est comme la vie. Tu penses toujours que tu vas t'en sortir mais tu ne t'en sors jamais. C'est le seul intérêt. Ne jamais s'en sortir.