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Vivre, autarcie

Publié le par drink 75

 

Le fantôme me raconte son voyage en train en m'expliquant son erreur de place à l'aller et au retour, puis elle termine en disant d'elle : je suis con. Je n'ose pas lui dire que l'on dit  je suis conne. Je lui réponds que non elle n'est pas con, mais sans ajouter que c'est  qu'elle s'en fout des places de train. Il y a des gens, c'est leur vie les places de train, couloir ou fenêtre, train dans le bon sens, il y a des gens c'est leur vie, ce sont sans doute les mêmes qui vérifient leur ticket de caisse au supermarché alors qu'ils ont un caddie qui dégueule. Merde je pensais en avoir pour 226,50 euros et j'ai payé 227,32. Zut de zut de zut, il y a un problème ! Alors que j'attends a la caisse du supermarché, un peu nerveux à l'idée de payer par chèque, ce qui n'a pas du m'arriver depuis 15 ans, une femme se pointe avec un gamin et interpelle la caissière. Ce chéquier que j'ai retrouvé par hasard en cherchant des  textes est tellement vieux que c'est mon adresse de l'appartement de Paris que j'ai quitté il y a plus de 4 ans qui est inscrite dessus. J'ai trouvé ce petit garçon qui est perdu vous pouvez faire une annonce, demande la femme qui tient le petit garçon par le bras à la caissère. Dans la région j'explique à la dame, les enfants dont on ne sait pas quoi faire, on les dépose au rayon surgelés. Ah non ça c'est dans ma tête, je n'ai pas le courage ou la folie  de la fée clochette et je ne dis rien du tout pendant que la caissière explique à la dame qu'il faut aller a l'accueil pour qu'ils fassent une annonce. Elle intervient quelques secondes plus tard d'ailleurs l'annonce et elle résonne dans tout le magasin.  Les salauds de parents qui ont abandonnés leur connard de gosse en croyant s'en débarasser, on vous voit, dit la dame au micro. Enfin c'est ce que j'entends mais je ne suis pas si sur que c'est ce qu'elle dit. La vie nous emmerde, mais c'est parce que nous vivons d'autres vies, nous ne sommes pas capables de nous immerger dans le quotidien, nous tournons des films, nous écrivons des scènes, c'est pour cela que nous sommes seuls, toi et moi, et certains autres, nous ne comprenons rien au quotidien, et nous n'en avons rien a foutre.  Sauf quand il nous rattrape. Une fille avec laquelle j'ai couché il y a très longtemps, a toulouse, a la fin du siècle dernier, m'écrit pour me dire qu'elle habite près de paris maintenant. Après lui avoir demandé qui elle était pour être bien sur que je situais la personne, et m'être demandé comment elle a retrouvé mon numéro, après donc avoir compris qu'elle m'avait trouvé sur facebook et écrit par messenger, je lui explique que je n'habite plus paris. Au fond je me dis, la très grande majorité des filles avec lesquelles j'ai couché semble avoir un bon souvenir de moi ce qui me rassure vaguement, vu que je suis totalement paranoïaque. Au politburo, j'ai montré une photo de moi enfant a une collègue qui ne me croyait pas, quand je lui disait que j'étais carotte niveau capillaire quand j'étais très jeune. Chaque fois que je montre une photo de moi très migon et très jeune, je pense a ma nièce qui me disait toujours en regardant ces photos, mais qu'est ce qui s'est passé ? Qu'est ce qui t'es arrivé ? Les filles m'ont dit mais tu devais te faire harceler quand tu étais petit ? Poil de carotte. Je ne crois pas, con comme je suis, il est bien possible que je ne m'en sois même pas aperçu. Je me rends bien compte que je n'ai aucune des trois spécificités indispensables a toute vie sociale pour débuter une conversation. Je n'ai pas été harcelé jeune, je n'ai pas de maladie auto-immune ou orpheline, je n'ai pas de tatouages. Ca calme les conversations. Je repense à cela a la caisse du supermarché car je dis toujours que je suis roux. Alors que je ne le suis plus depuis 30 ans. J'ai gardé ma peau de léopard, mais mes cheveux sont devenus blonds. Je suis persuadé que nous restons ce que nous sommes, jeunes. J'ai connu une fille épaisse comme un étourneau anémié qui ne pouvait pas manger dans la rue car elle était obése quand elle était jeune et elle avait toujours l'impression que les gens la regardaient. Moi je me crois toujours rouquin. Attendre ainsi et payer par chèque, me ramène au siècle précèdent, quand je serrais les fesses après qu'ils aient sortis les machines qui vérifiaient si ton chèque était valable et que j'étais tout le temps interdit bancaire. Même aujourd'hui, quand j'ai de l'argent sur mon compte et alors que j'ai une carte bleue normale, je flippe quand je paie, souvenir de toutes ces cartes pourries que j'avais et qui vérifiais ton solde, encore aujourd'hui je suis toujours étonné quand ma carte passe. J'ai passé plus de temps dans ma vie a me faire jeter par les distributeurs que je suis toujours agréablement surpris quand je peux retirer de la fraîche. Je serais toujours fauché, mais c'est de ma faute, c'est uniquement de ma faute. En déposant mes produits sur le tapis de la caisse, je me demande si je n'ai pas des rapports encore plus intime qu'avant avec le fantôme. Elle boirait du petit lait en entendant cela, (expression vachère de 1837), voire elle se friserait les moustaches (1759),  qu'elle n'a pas encore, mais tout vient a point a qui sait attendre (1664, attribué au vicomte de kronenbourg), tout est presque indentique dans notre relation et j'imagine que pour elle tout est parfait. Le plus grand amour doit survivre à quelques instants de bave échangés et au va et vient d'un sexe dans une chatte humide. Au fond, hormis cela, qu'est ce qui a changé ? Je mets trois heures a découper mon chèque du carnet, il est tellement vieux qu'il a du se recoller. Un peu comme nous je me dis. Un peu comme moi avec toi. 

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A côté de la plaque

Publié le par drink 75

 

Elle dit que je dis toujours que ce qu'on ne peut expliquer il faut au moins essayer de le décrire. Mais je crois que ce ne sera pas nécessaire cette fois. Parce que je peux tout expliquer, je peux malheureusement bel et bien tout expliquer. Je n'ai rien fait. Rien fait du tout. Comme toujours. Je n'ai pas raté ma vie, j'ai raté la vie des autres, de tout les autres, j'ai raté les vies de tout ceux que j'ai croisé. Et bien entendu, j'ai tout raté avec toi. Je n'ai rien fait. Absolument rien. Je m'en rends compte. Je me suis laissé vivre, je t'ai laissé vivre, et j'ai laissé mourir ce que tu ressentais pour moi. Quand je vois tout ce qu'a pu faire le suivant en quelques mois, je me dis qu'est ce que j'ai foutu pendant 2 ans et demie ? Et après je m'étonne. Enfant gâté, je n'ai jamais fais aucun putain d'efforts. Je traverse la vie, sans rien ressentir, sans vraiment remarquer les autres. Quand je pense a tous ces gens qui m'ont aimés, quand je pense a tous ces gens qui ont essayé de m'aimer. Et pour lesquels je n'ai rien fait. Rien fait du tout. Je me suis toujours cru plus malin, j'ai toujours pensé que je suffisais aux autres, tellement ma présence était prégnante. Je n'ai été que solitude. Les autres ont voulu me parler, me fréquenter, me parler, les autres ont voulu m'aimer. Mais je n'ai jamais fais un pas. Pas le moindre.  Je comprends que tu m'aies quitté, je comprends vraiment. Avec un autre, tu as tellement plus avancé, tu es tellement plus aimé. Je ne t'ai jamais dis que j'avais peur de te perdre. Parce que je n'envisageais pas que tu me quittes, je ne l'envisageais même pas. Je n'avais pas peur que tu me quittes, j'étais foudroyé de terreur rien que de l'imaginer. Je savais que si ça arrivait une partie de ma vie était terminée. Je ne m'étais pas trompé.

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Sans mémoire.

Publié le par drink 75

 

Je ne suis pas quelqu’un de bien, je ne l’ai jamais été. Les gens m’aiment car ils croient que j’ai de l’empathie pour eux mais en réalité ils m’indifférent. Je me comporte juste comme ils veulent que je sois, pour ne pas avoir de conflits a gérer, pour ne pas être obligé de négocier ou de quémander quoi que ce soit. A l’extérieur, je suis une image panini.  Alors qu’a l’intérieur, je suis une centrale en ébullition, une sorte de fureur contenue. Pas toujours contenue. Je devrais être content que tu sois euphorique, mais je n’arrive pas a m’y  résoudre, alors, comme je suis incapable de te rendre heureuse, je te rends malheureuse. J’ignore d’où me vient ce sentiment de perte, de désespoir, absolu, qui encore et toujours irrigue mon âme. J’aimerais  être apaisé, mais je n’y parviens pas. C’est pour cela que je suis toujours en mouvement, comme si mon esprit ne voulait jamais se reposer. Pour ne pas accepter.  J'avais rêvé de mon enterrement cette nuit là, il y avait un peu de monde, moins que pour ma mère, mais il y avait des gens que j'avais oublié, pas vu depuis quelques décennies. Le rêve est long et étonnant, mais la seule chose qui me marque, c'est qu'il y a toutes les filles avec lesquelles j'ai couché. Celles dont je me souviens. Et je me rends compte a quel point je n'ai jamais eu de conflits avec les femmes que j'ai pu rencontrer dans un plumard. Je n'ai jamais eu d'enfants il faut dire, ça doit aider. Pas de conflits a gérer. Je reste surpris, totalement ahuri, quand le fantôme m'explique que son mec a peur de moi. Alors qu'il ne sait même pas que nous nous reparlons. Et je me souviens, a quel point, les nouveaux mecs des filles avec lesquelles j'avais eu des aventures ou des relations me détestaient. Comme j'étais léger et qu'ils étaient lourds. Mais dans le cas du fantôme, je reste interdit car cela veut dire qu'elle a parlé de moi, ce qui me surprend un peu. Mais ce n'est pas ça qui m'étonne le plus. Je ne comprends pas comment tu peux craindre un ex, quand le fantôme est avec toi. Avec les autres femmes peut-être, tu peux douter de leur amour, mais le fantôme, une amoureuse absolue, dingue, intégrale, une femme qui se donne corps et âme pour toi. Tu ne peux pas avoir peur quand tu es avec le fantôme, il ne peut rien arriver. Elle peut te quitter mais tu n'as pas a t'inquièter de ses ex. Elle n'est pas amoureuse, elle n'est pas folle amoureus : elle est l'amour. Les autres n'existent pas, de quoi peux-tu t'inquiéter ? je ne comprends pas. Quand a moi, je n'aime pas ce que je suis, je n'aime pas que ce soit moi la lourdeur. Je n'ai jamais été ainsi, je pensais ne jamais l'être. Au fond, c'est à moi que je fais du mal, ce n'est pas une excuse, mais te rendre malheureuse c'est la seule chose dont je pensais être incapable. Même si ça ne dure pas. Même si c'est éphémère, je me persuadais sans doute que j'étais quelqu'un de bien. Ce n'est pas le cas. Ce n'est vraiment pas le cas.

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Jouer avec le feu

Publié le par drink 75

 

Le magicien s'illumine quand je rentre dans le rade, comme s'il venait de voir apparaître le fantôme et qu'elle courrait vers lui pour l'embrasser. Une petite lumière s'allume dans mon cerveau car quand le crétin du port se réjouit de vous voir c'est qu'il a une vacherie a vous envoyer dans la gueule. Le serveur se marre aussi en me voyant. Une bière bien fraîche, je lui demande d'un ton suppliant, assoiffé par la chaleur, pendant que le vieux me regarde d'un air mauvais. Ils jouent a quoi les 3 gugusses, je me demande. Et là, je vois la vieille édentée qui me regarde comme un taureau regarde la muleta. Avec une sorte d'appétit mauvais. Il fait tellement chaud que je ne rêve que de retourner sur le bateau pour avoir un peu d'air frais, mais je cherche le fantôme. Je veux m'excuser. Enfin j'aimerais autant ne pas avoir a le faire et je me dis que ca va aller parce qu'elle est bienveillante mais je pense qu'il faut mieux que je le fasse. Son euphorie m'énerve parfois. J'aime bien quand elle rigole a mes blagues débiles ou quand elle est émue par mes mots, ou quand on se souvient de choses agréables. Mais sa folie débridée, je ne parviens pas toujours a l'appréhender. C'est vrai, je ne suis pas toujours très fin, ni très raffiné mais je sais que je la fais rire, et puis elle est tellement bienveillante a mon égard que je trouve ça un peu émouvant moi aussi. Sauf que l'autre jour, son euphorie m'a énervée, surtout que je me doutais bien que ce n'était pas ma présence qui la provoquait. Et j'étais énervé d'être énervé. Et j'étais énervé de ne pas être euphorique et qu'elle le soit. D'habitude je boude, mais suite a un quiproquo le lendemain, qui m'a mis en fureur, je lui ai dis tout ce que je pensais d'elle. Le fantôme est tellement sensible que mes critiques un peu floues et anarchiques l'ont vexées. Désarçonnées. Enfin, c'est pas passé crême, comme dirait les jeunes. Même si a ma grande surprise, après ma scène digne de macbeth et mon départ shalespearien, le fantôme est revenu me chercher. Elle m'adore. Ca ne manquera pas de me surprendre jusqu'a ma mort mais elle m'adore.  Le magicien vient me voir avec son grand sourire gourmand, et il me dit avec son air sirupeux, ça sent le sapin pour vous capitaine. C'est comment déja dans le poème ? Le coup passa si près, il commence, que le chapeau tomba, je continue. Viens me voir victor hugo me dit la vieille, alors que tout le bar semble retenir son souffle. Certains ricanent et semblent déja se réjouir de ma mise a mort. La vieille folle édentée semble vouloir me régler mon compte. Je vais me prendre un cours de moraline de cette bonne femme qui ne tient pas debout, que le fantôme semble prendre pour la réincarnation de lauren bacall. Alors que je lui trouve la prestance d'un  canard anémique avec son visage qui ressemble a un camembert trop fait. Donne lui tout de même a boire ! intime la vieille au serveur qui ne comprends pas que c'est la suite du poème et qui semble se demander ce qu'il faut qu'il fasse puisqu'il vient de me déposer un verre de bière sur le comptoir. Je prends mon demi et le sous bock et je me dirige vers la vieille en rigolant. Tout le bar me regarde. Certains semblent tétanisés. Faudra que je raconte ça au fantôme, je me dis en ricanant, ça la fera rire, la convocation de la vieille.  J'aimerais bien la retrouver parce que cette chaleur doit la rendre toute chose et vu que l'on s'entend bien depuis ma petite engueulade, je me dis qu'il est peut-être possible de sceller nos retrouvailles de façon un peu plus festive. Même si avec cette chaleur, ça ne va pas être le marathon des jambes en l'air, je rigole en mon for intérieur. Je m'assieds devant la veille, et son visage ne ressemble pas tant que ça a un camembert trop cuit mais plutôt a un papier qu'on aurait trop maché.  Tu ne devrais plus être là, elle me dit, tu devrais être sous terre, a creuser pour te cacher. Un frisson parcourt le bar. Tu devrais monter sur ton bateau et disparaître, et on entendrait plus jamais parler de toi. J'entends des approbations, les fragiles joueurs de cartes j'imagine, toujours prêt a m'enfoncer. Et le fantôme reviendrait avec son beau et charmant jeune homme, et tout le monde l'aimerait bien, lui ! Et elle serait rayonnante et pas a essayer de comprendre l'esprit malade qui la torture ! Je vacille un peu et je me demande si elle n'a pas un peu raison. Qui je suis pour parler comme ça à la plus belle femme du monde, pourquoi je ne m'enfuis pas, elle était heureuse sans moi, après tout, elle était bien plus heureuse, et personne ne lui reprochait son euphorie. Je souhaiterais que tu ne sois jamais revenu, me termine la veille, et tout le monde pense comme moi, tu semble vouloir tout briser, tout gâcher, tu ne penses pas qu'elle a le droit d'être heureuse ? J'assèche mon verre. C'est qui ce type ? elle demande en me désignant et en prenant tout le monde a témoin. Personne ! lui réponds tout le bar, comme s'ils semblaient tous heureux d'enfin me dire ce qu'ils pensent de moi. Je me lève et je pars du bar en essayant de rester digne même si je n'ai qu'une envie c'est de fuir a grandes enjambées. Le fantôme m'attends devant le bateau alors que je me dit que je vais larguer les amarres et m'enfoncer dans la nuit. Tu es tout pâle, elle dit, tu es sur que ça va. J'ai bu une bière au bar et avec cette chaleur ce n'était pas une bonne idée, je lui réponds. Mais quelle andouille, elle s'écrie en levant les yeux au ciel. Je te fais beaucoup de mal ? je lui demande. Tu es sur que ça va, elle réponds un peu surprise par ma question,  je te jure que tu as vraiment mauvaise mine. Tout le monde me déteste, je dis. Bon, je ne sais pas ce que tu as ce soir Caliméro, mais tu vas aller te coucher, et demain ça ira mieux. J'ai envie de sortir une petite remarque un peu osée mais en fin de compte je trouve ça préferable de m'abstenir. Oui je préfère m'abstenir. Je crois que je vais aller dormir tout seul. C'est sans doute tout ce que je mérite.

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Tarte aux myrtilles.

Publié le par drink 75

 

Je le vois passer et repasser devant mon bateau. Je suis sur le pont. Il fait chaud, beaucoup trop chaud pour un rouquin comme moi. Tous les jours, je me dis que je devrais quitter le port, repartir loin. Mais je ne le fais pas. Je ne vais plus non traîner au bar, sans trop non plus savoir pourquoi. Je suis dans ma période bartleby. I want prefer not to. Le magicien repasse encore et je lui fais signe de monter puisque visiblement c'est l'objet de son espèce de sérénade débile. Me parler. Quelle journée, il s'écrie en montant sur le pont,  le fantôme m'a collée de près et le capitaine me fait monter sur son bateau. Je lève les yeux au ciel et je rigole intérieurement. Il s'assieds sur le petit siège sur lequel en général le fantôme dépose son auguste fessier. Elle vous en veut, il dit d'un air suspicieux. Tu m'étonnes, je le coupe, si elle t'a prise dans ses bras, elle doit vraiment être perturbé. En tout cas, je crois qu'elle est fachée contre vous, il reprend. Je visse ma casquette sur ma tête, ce qui est une sorte de toc, vu  que j'ai une tête énorme et que ma casquette est toujours un peu trop petite. Je vais te dire un  truc, mon petit pote, je sais que ça te fait mal aux tétons mais le fantôme n'est jamais faché contre moi, je ne dis pas que ce soit juste, je ne dis pas que c'est normal, mais c'est comme ça. Remarque, je reprends, tu bénéficies aussi  de sa mansuétude, si tu m'avais fait le même coup qu'a elle, la chorégraphie dans l'ascenceur, je t'aurais terminé a coups de batte de base-ball, en te pissant même pas dessus pour t'éteindre après t'avoir immolé au white spirit. J'ouvre ma glacière et  je lui tends une bière. Je pense qu'il a l'image devant les yeux de ce que je viens de lui décrire et il a besoin de se détendre un peu. J'ai toujours été jaloux capitaine, et quand le fantôme vous a largué comme une vieille chaussette usagée et malodorante gisant sur la moquette sale et fatiguée d'un motel du désert, j'ai cru que mon tour était arrivé. La bière lui monte à la tête je me dis. Vous regardez trop de films, elle m'a largué par téléphone, simple comme un coup de fil, je ricane. J'y croyais il reprend, j'y croyais vraiment. Ce mec est demeuré, je me dis. Tout ces morts de faim qui croient qu'ils vont bouffer de la chatte parce qu'ils ont fait la queue pendant des années. Ca me dépasse. On boit encore quelques bières. Le magicien ne parle que du fantôme, et je me dis qu'il a de la chance qu'elle soit ainsi, gentille et délicate avec ses fans énamourés mais crétins. Moi c'était trop fort, je lui explique quand je suis un peu bourré a mon tour, elle était tellement dingue de moi, que ça ne pouvait que refluer, elle m'a sans doute aimé comme il n'est pas possible d'aimer, et j'ai pas compris que ça ne pourrait pas durer éternellement. Je n'ai pas eu à la séduire et du coup je l'ai  désséduit. Un peu bourré, il commence a me raconter sa déception quand il a comprit qu'elle m'avait trouvé un successeur mais que ce n'était pas lui, bien que je le soupçonne aussi de me le raconter pour voir ma réaction et me faire un peu souffrir.  Je pense qu'il y  croit encore, il espère secrètement qu'il pourra l'emballer. Elle trouverait ça mignon, je trouve ça pathétique. Chacun s'accroche a des espérances ridicules, juste pour supporter le présent, juste pour se croire un peu vivant. Chaucun fait comme il peut. Mais c'est pas une raison pour être aussi con.

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Vies a modeler

Publié le par drink 75

 

Je crois qu’en réalité - et c'est ce que m’avait conseillé un professeur de français lors de ma seule année de lycée - j’aurais dû être journaliste. C'est en parlant avec les deux femmes du pays des montagnes que je me rends compte de ça, la mère semblant ahurie que je connaisse le nom du président d’un pays dont la majorité des gens ne connaissent même pas la capitale. Au fond, c’est tout ce qui m’intéresse, rencontrer des personnes nouvelles, m'abreuver de leur vie, imaginer des futurs, deviner des impossibles. Frôler toutes ces solitudes qui ne se croisent jamais, m'abreuver de leur énergie. Une femme m'appelle pour me dire qu’elle va peut-être s’installer dans la même ville que celle ou j’habite. Vous avez toujours vécu a Paris, qu'est ce que vous viendriez faire dans la ville du milieu, je lui demande. Elle me dit que je lui manque, je ne sais quoi lui répondre, je ne sais jamais quoi dire aux gens qui me font des déclarations.  La jeune fille me relance, elle aussi, j'avais un peu oublié que je lui avait donné mon numéro, mais je dois avouer que depuis que je  sais qu’annie ernaux s’est tapé un étudiant qui avait 30 ans de moins qu’elle, et a en tiré un chef d’œuvre de 40 pages, je relative les choses. C’est drôle comme j’avais toujours considéré Annie et ses soutiens comme des curés froids et des moralisatrices et je me rends compte qu’en fait c’était la fête du slip dans leurs vies a elles aussi. Je reprenais mon errance intellectuelle. Je ne savais plus trop quoi penser de tous ces gens qui apparaissaient puis qui disparaitraient. J'ai l'impression que ma vie recommence, qu'elle n'a plus aucun sens, et que je vis au milieu d'un ballet, d'une chorégraphie, ou je ne maîtrise rien. Je cherche un metteur en scène. Une direction vers laquelle aller. Je n'en ai jamais réllement trouvé. Ce n'est pas aujourd'hui que ça devrait commencer. Ni aujourd'hui, ni jamais.

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Séquelle sexuelle

Publié le par drink 75

 

Tu n’as jamais changé les draps, ni lavé la vaisselle, ni attendu que je rentre ivre mort, ni  reluqué qui que ce soit, ni réellement été jalouse.  Tu t'inquiètais d'une ou deux personnes toxiques mais je sais que tu avais confiance en moi. Quand tu m'as quitté, je t’en ai voulu, beaucoup, parce que je n’avais rien demandé, et je ne comprerais pas tout les efforts déployés pour que ça se termine ainsi.  Ce fut si soudain que je ne m'y attendais pas. Je n’ai pas compris ce qui m'arrivait,  car tu étais près de moi depuis 10 ans, quotidiennement, et tu m’as juste passé  un coup de fil comme si mon cdd était terminé. Tout cela est loin. Ca infuse un peu en moi parfois, mais ce n'est plus si grave. Je t’en ai voulu parce que tu avais tout fait pour que je t’aime, tout, et même bien plus que ça, et tu me quittais. Ce qui me semblait contradictoire.  Raisonnement particulièrement con, masculin sans doute, classique. Pour les crétins comme moi. Tu ne me devais rien mais je t’en ai voulu. Je t’en voudrais toujours un peu. Parce que je suis comme ça, et parce que, comme toi, je n’avais jamais réellement souffert en amour et que je n’étais pas préparé. Je ne m’y attendais pas. C'était une putain de passion amoureuse et ça l'a toujours été et ça le sera toujours. Je sais que tu ne m’aimes pas, mais ça ne change strictement rien pour moi. C’est une passion amoureuse. Je sais bien qu’un jour tu disparaitras de nouveau, j’en ai la certitude absolue, mais je ne t’en veux pas, car je sais que tout ce que tu dis, aujourd’hui, tu le pense, comme ce que tu me disais il y a une décennie tu le pensais. Nous sommes tous les deux inapte au monde, nous vivons dans une forme de solitude absolue, prégnante, je crois que personne ne connaît nos vies, personne ne connait le fond de nos âmes. Je ne pense pas que ce soit réciproque et d’ailleurs je m’en fous, mais tu es la personne qui me connait le mieux au monde. Et de très loin. Je resterais près de toi. Jusqu’à ce que tu ne veuilles plus de moi. Et je sais que ça arrivera. Et cette fois-ci je ne t’en voudrais pas. Je ne t'en voudrais plus.   

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Un phare

Publié le par drink 75

 

Je n'ai jamais su quoi te dire du temps ou nous nous aimions car ton amour était si intense et si fort que je savais que mes mots ne pourraient jamais répondre a tes sentiments. Je ne t'écoutais pas vraiment, peut-être parce que ça ne m'intéressait pas mais surtout car je pensais que nous n'étions que deux, enfermés dans notre folie, et que je ne trouvais pas le moyen de pénetrer ton univers. Je voulais sans doute rester loin, très loin, et je n'avais pas besoin de comprendre ce que tu vivais. Tu étais a moi, totalement, absolument, et quand tu venais, je me foutais un peu des nuages et des tempêtes qui se préparaient. Te regarder, faire l'amour, être allongés près l'un de l'autre, marcher jusqu'au belvèdère pour regarder paris, t'écouter chanter sous la douche, cela me suffisait. Tout cela me suffisait. Je ne suis pas nostalgique, je sais que ça a existé, et même si j'ai cru que ça durerait toujours, même si je suis triste parfois, je ne suis pas nostalgique. La vie ne le permet pas. Mais parfois les vagues de douleur m'envahissent, me recouvrent, et j'ai l'impression que je me noie. Je ne sais pas ce que tu ressens pour moi, je ne sais pas ce que je ressens pour toi, mais je sais que c'est un lien - curieux, peut-être éphémère, pregnant - et dont je ne connais pas le nom. J'ai parfois l'impression que je pourrais ne jamais arrêter de te parler, pendant des heures et des heures et des heures. C'est un peu déjà le cas. Une heure dure cinq minutes. Je sais que nous pensons l'un a l'autre. Je ne comprends pas tout des évènements. Et tu ne comprends pas toujours mes réactions et mes humeurs. Nous pouvons nous rendre tristes. A la limite de l'intolérable. Mais ça ne dure jamais très longtemps. Je crois qu'il n'y a plus de coups d'avance, je crois qu'il n'y a plus de calcul. Nous sommes nus, à l'os, et ce n'est plus la peine de nous cacher l'un pour l'autre, puisque nous ne savons pas ce qui nous relie. Et c'est sans doute mieux ainsi. Même si parfois j'aimerais comprendre, c'est sans doute mieux ainsi. 

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Invisible

Publié le par drink 75

 

L. commence a me parler, m'explique ce qu'elle ressent pour moi et je la regarde, totalement éberlué. Je la connais depuis quelques années et c'est une collègue de travail. Je sors dans la cour du taff parfois pour prendre l'air et l'accompagner quand elle descend fumer, nous mangeons ensemble assez régulièrement. Mais je ne pensais pas qu'elle ressentait quelque chose pour moi. Elle m'explique les signes de notre amour naissant.  Tu te rends bien compte  qu'il y a parfois des regards entre nous ? elle me demande, tu te rends compte comme je suis dingue de toi depuis des années ? elle ne dit pas encore. Bien sur que je n'ai rien vu, bien entendu que je ne pensais pas qu'elle se morfondait d'amour pour moi. C'est courageux qu'elle vienne me le dire, nous sommes chez moi, et je lui ai expliqué que je viens de me faire larguer comme une merde et que je suis l'homme le plus malheureux du monde. Toujours le sens de la mesure. Ce soir-là, pendant de longues minutes, elle m'explique comme j'occupe ses pensées, ce qui me surprend un peu car elle était enceinte d'un autre quelques mois auparavant.  Mais c'était déja fini avant que j'accouche elle m'explique. Je comprendrai plus tard, quand même après qu'elle m'avoir largué à cause de ma stupidité, elle m'embrassera dès qu'elle me croisera. Et parfois elle m'évitera au boulot pour être sur de ne pas me sauter dessus. Je l'aimais beaucoup mais elle est sans doute arrivé au pire moment de ma vie sentimentale. Je suis triste quand je pense a elle. Je crois qu'elle m'aime toujours. La dernière fois que je l'ai vu, a une séminaire, elle m'a embrassé fougueusement après m'avoir entraîné dans un endroit discret. Aujourd'hui, c'est mon tour de vivre ce qu'elle a vécu. J'ai pensé a elle hier, me demandant si je n'étais pas a sa place, si ce n'était pas mieux de ne pas revoir les gens dont on était toujours amoureux. C'était drôle comme tu glissais toujours des allusions pour expliquer comme ton nouveau mec était parfait, ne ferait jamais ce que nous faisions, nous, pauvres humains que nous étions. J'ai repensé a L. qui ne pouvait s'empêcher de m'embrasser et de vouloir que nous couchions ensemble, des années après notre histoire éphèmere. Je t'ai entendu m'expliquer qu'il serait impossible que le moindre contact intime ait lieu entre nous maintenant que tu sortais avec la huitième merveille du monde. Tellement persuadée que je ne voulais que ça. Te baiser. J'ai trouvé toutes ces précautions un peu ridicules et j'ai pensé que te rencontrer et comprendre que tu ne m'aimais plus, allait sans doute me tuer. Mais c'était mon côté dalida, je voulais mourir sur scène. Ca tombait plutôt bien. Tu ne me laisserais pas en descendre.

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Les horizons

Publié le par drink 75

 

Elle semble se demander ce qu’elle fout la. J’en sais trop rien. Elle sourit bêtement comme on sourit aux gens qu’on ne veut pas froisser. Je sens qu'elle a préparé un petit laïus comme elle a du voir dans une série a la con.  Ensuite, ajoute le docteur, vous serez en phase terminale. Phase terminale j’ai répété en trouvant ça drôle car je n’ai pas été au lycée et je n’ai pas le bac. Toujours en retard d’un train, c’est bien moi je ne dis pas. Elle me dit qu’elle ne sait pas si elle veut recommencer, elle dit : tu pourrais enlever ton alliance quand on baise. Elle me regarde en buvant son café, je la laisse infuser son cours de moraline. Tout ça pour finir au plumard. C'est sans doute l'âge qui veut ça, cette génération de casse couille mais qui finit quand même par demander de lui mettre bien profond au creux des draps. Il dit qu’on va mettre en place un protocole et que j’ai encore un an ou deux, peut-être 3, et que ce sera relativement confortable pendant un an. Ensuite ça va se détériorer. Tu es peut-être la dernière femme avec laquelle je vais coucher, je ne lui dis pas, parce que cela voudrait sans doute dire qu’après notre petite séance de baise, je passerais de vie a trépas. On peut vous soulager mais on ne peut pas vous guérir, dit le médecin, ce serait une bonne épitaphe si on m’enterrait j’ai pensé, "soulager mais pas guéri, trajectoire d’une vie" je ricane. Je ne suis pas un objet, elle dit, j’aime bien coucher avec toi mais j’aimerais autre chose que des chambres d’hôtel, autre chose que du sexe. Tu peux comprendre ça ? Non je lui réponds pas. J’en ai rien a foutre de tes états d’âme, de toute façon je vais mourir, et sinon tu m’aurais quitté d'ici quelques temps. Je m’en fous totalement. Elle finira avec ce genre de type qui conduit une audi, et qui se regarde le matin dans la glace très content de lui-même. L’air de ne pas y toucher mais qui s’aime bien. Un peu sirupeux. Tant mieux pour elle. Je prends les papiers et je salue le médecin et puis je souris à la secrétaire alors qu'elle me donne un rendez-vous  que je n'honorerais pas. Pour des traitements que je ne prendrai pas. Tout cela est ridicule. Je vais te quitter, elle me dit en me regardant dans les yeux. Son joli visage semble tout à coup sérieux. J'ai déja pris une chambre d'hôtel alors j'aimerais qu'on baise encore une fois, je ne lui dis pas. Ma vie de secrets et de non-dits est en train de s'achever. Je me demande comment je vais faire pour que ça aille vite. J'aimerais que tout cela se termine vite.

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