Aller de l'arrière
J'avais commencé la journée en lisant le courrier d'un type qui expliquait que j'étais un incapable et qui demandait au directeur du politburo dont il avait du trouver le nom sur internet de me passer par les armes dans les meilleurs délais. Je ne pouvais pas lui donner tout a fait tort. Le midi je mangeais avec le petit yougoslave qui avait absolument voulu m'inviter au restaurant pour me remercier. Je l'emmenais chez gladines sur le boulevard saint germain et on se tapait une bouteille de rouge pour braver l'ennui. Il faisait encore frais ce jour-là, et j'étais encore de bonne humeur malgré l'arrivée de l'été. Une femme avait sonné a la porte l'après-midi au boulot, je m'étais un peu embrouillé avec elle, elle m'avait expliqué qu'elle était handicapé et je lui avais répliqué que moi aussi j'étais handicapé, puisque j'étais roux. Mes collègues avaient ris tout l'après-midi et ils passaient me voir a tour de rôle dans mon bureau pour vérifier que ma santé mentale ne laissait pas trop à désirer. Le soir j'allais voir des copains du quartier qui jouait dans un rade de belleville. L'occasion de discuter, de voir des gens que je n'avais pas vu depuis longtemps, tout le monde se demandant si je n'étais pas mort, pas tout a fait mais presque je leur expliquais. Tout le quartier bruissait de la pétition contre la privatisation des aéroports de paris. Visiblement l'affaire semblait très grave. Un gars me demande si j'ai signé la pétition. Visiblement une fois signé cette pétition, on était fiché et il pouvait vous arriver des choses très grave. C'est bien simple, jean moulin pouvait aller se rhabiller a côté des signataires de cette pétition. Quand j'ai dis que je ne l'avais pas encore signé, le "encore" étant pour tromper l'ennemi et cacher que j'étais une ordure épouvantable car je ne comptais pas vraiment la signer, le gars qui trinquait avec moi m'a regardé comme si comparé a mézigue, goebels était l'abbé pierre. J'avoue que je ne comprenais pas trop pour quelles raisons il fallait ou non privatiser aéroport de paris. Au fond je m'en foutais. Je me foutais d'a peu près tout finalement, bien réfléchi, je me foutais d'a peu près tout. Le gars m'expliquait que c'était très important. Je ne comprenais pas trop pour quelles raisons l'état devait absolument rester actionnaire de boutiques qui vendaient des toblerones géants et du jack daniel's millenium, mais bon, je comprends pas grand chose a la vie. Visiblement signer c'était faire acte de résistance, à côté le gars qui avait arrêté les chars a pékin ressemblait a un télétubbies. J'ai bien compris que l'heure était grave, je dirais même très grave. J'ai regardé tout les gens au comptoir qui buvaient un dernier verre, me demandant si le lendemain ils seraient encore là, ou s'ils allaient tous être fusillés à l'aube pour insoumission. C'est marrant, j'ai dis au gars, quand votre idole était ministre, il fut un membre du gouvernement qui a le plus privatisé de l'histoire. Ca ne l'a pas fait rire. Un gars m'a traité de fasciste et c'est a ce moment là que je me suis réveillé. Ou endormi. Même quand j'étais chasseur de skins, je n'ai jamais vraiment été d'extrême-gauche, je crois que je ne me suis jamais pris assez au sérieux pour être d'extrême-gauche. Je crois que je n'ai jamais rien pris au sérieux. Faut pas que je vienne m'étonner de ma solitude. Faut vraiment pas que je m'étonne de la solitude des perdants qui recouvre ma pauvre vie.