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Le retour vers le gris

Publié le par drink 75

Je monte dans l'avion et je dis merci en russe au type qui me laisse passer, il me répond aussi en russe a ma grande surprise, et nous continuons la conversation en anglais. C'est rare de rencontrer un américain qui se rend dans le pays du creux du monde, surtout au départ de paris. Il a une bonne bouille de père de famille, il est en short et en basket, et je me dis que dans les thrillers a la con le type qui semble sympa dans les avions et qui est assis près de vous, c'est souvent un espion ou un très très méchant. Je ne comprends pas trop ce qu'il va faire dans le pays du creux du monde, en général le peu d'étrangers que l'on rencontre dans l'unique avion quotidien qui dessert la capitale viennent pour voir la famille par alliance ou pour une raison professionelle. La veille j'ai traîné chez gibert avant de partir, et je me suis offert le dernier knausgaard, le volume cinq, et ça m'a rendu de fort bonne humeur, j'ai  trouvé pas mal de livres en fait et puis j'ai découvert que je n'avais pas utilisé les chèques que file le comité d'entreprise du politburo pour noêl et ça ne m'a quasiment rien coûté. La caissière de gibert était même sympa, loin de cette indiférrence snobinarde dans laquelle ils se drapent souvent, et ça m'a conforté dans mon idée que tout le monde est bienveillant avec moi en ce moment. Après que nous ayons discuté un peu avec mon voisin, l'avion décolle et mon voisin s'endort. J'entame le stuart neville que j'ai acheté la veille. J'achète mon assurance a la descente de l'avion et je tombe sur une douanière souriante et qui me parle en français. Dans l'avion l'improbable touriste en short m'a demandé ce que je venais faire dans le pays, et comme je ne sais pas quoi inventer, je lui ai dis la vérité. Il ne m'a pas dit que je suis dingue, je le sais déjà. Je regarde le gris du ciel dans le taxi, il fait frais, et je suis content de revenir vers le froid et la pluie. J'ai besoin de l'hiver, j'ai de plus en plus besoin de l'hiver. Enfin de l'automne.  Le taxi me dépose devant la gare routière, et je fonce au guichet ou une vieille rigole et me parle comme un enfant car je me trompe quand je la paie. Elle prend mes quelques billets et me montre ceux qu'il faut prendre. Le chauffeur du mini bus croit que je suis allemand, et il se met a me baragouiner deux ou trois mots en boche, je lui dis que je suis français et le gars hilare, embraye sur les mots de français qu'il connait. Dans le pays ou faire la gueule est la norme, j'ai rarement vu un type aussi enjoué. On discutera aux nombreux arrêts qu'il sera obligé de faire, surveillé qu'il est par son gps, il me parlera de sa famille et ses enfants. Je finis le stuart neville dans le bus vu qu'on fait pas mal de détours et que le trajet dure 4 heures  au lieu de 3 , c'est toujours bien neville, sensible, mélancolique ou nostalgique, je ne sais jamais, je ne suis pourtant pas un grand fan de l'irlande, je crois qu'il y a trop de rouquins, ça me met mal à l'aise. Je descends du bus, je prends mes bagages, on se serre la main avec ke chauffeur qui m'a dit s'appeler kolya, il fait un peu frais. Je vois les deux adolescentes qui arrivent en courant vers moi. Hilares et essouflées, elles arrivent en courant vers moi. Et je me dirige vers elle.

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