La pluie après la nuit
C'est ainsi que j'occupe l'espace. Au fond je suis comme un hamster dans sa cage qui court perpétuellement sur sa roue. Mon errance n'aura jamais de fin, je le sais désormais, je chasse des chimères, cours après des illusions, et même si je continue d'aller vers l'inconnu comme pour ne pas vieillir, il faut me raisonner, mon errance n'aura de fin. Je traîne ma carcasse, d'avion en train, de chambre d'hôtel en squatt, je traverse des villes, des aéroports, des gares, je discute avec des gens, mais je suis loin de tout, si loin de la vie. Mon détachement désormais, provoque une forme d'adhésion chez les autres, comme ce type que je n'ai pas vu depuis des années et qui m'écrit pour me dire que suis le seul ancien collègue qui lui manque. Comme toujours quand sont évoqués les sentiments, je ressens une forme d'impudeur qui m'est presque insupportable. Curieux comme le vide et le creux de mon existence provoque une forme d'adhésion chez les autres. Nous fuyons tous, comme si c'était la dernière liberté, et pour les types perdus dans mon genre, c'est surtout tout ce qu'il reste a faire, en attendant qu'il ne passe rien, en attendant que le pire empire, c'est vraiment tout ce qu'il reste a faire.