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Le raz de marée (émotionnel)

Publié le par drink 75

 

On me croit léger, aérien, détaché, je ne l’ai jamais été. J’ai juste une spécificité par rapport a d’autres, je trie les événements, les gens, les choses, dans le filtre de mon intérêt. Ce qui peut paraître léger à d’autres me parait lourd, ce qui peut sembler important me parait futile, ce qui n’est presque rien me semble capital. C’est ainsi. Il en a toujours été ainsi. Parfois je peux me mettre dans une fureur absolue pour un détail. Mes anciens collègues me parlent encore de la seule fois ou je me suis énervé au cours des années, et ou une simple réflexion qui ne m’a pas plu, m’a fait vrillé une journée entière. Je suis le mec qui s’énerve le moins au monde mais qui le reste plus longtemps quand ça arrive. Les gens croient que je me fous de tout alors que je ne me fous de rien. Mais parfois, souvent, tout le temps, je ne réagis jamais dans l’immédiateté. Une nouvelle, qu’elle soit douloureuse ou joyeuse doit infuser en moi. Et un jour, elle arrive au cerveau qui en fait ce qu’il veut. Et sur-réagit. Un jour, après toutes ces années, alors que tout semblait digéré, accepté, oublié, un jour donc il y a un retour qui semble tout balayer. L’esprit n’est pas capable de le traiter, le cerveau est comme submergé. C’est un tsunami. C’est bel et bien un tsunami. Je n’attendais rien, je ne me doutais de rien, une seconde avant je n’aurais jamais pensé que ça arriverait et puis le tsunami m’a englouti, bel et bien, recouvert, bel et bien, je me suis retrouvé comme vierge, essoré, je me suis demandé ce qui m’arrivait et je n’ai pas su gérer mes émotions. Mon cerveau était incapable de choisir les cases, de trier les informations. Mon corps lui-même ne savait plus fonctionner, s’alimenter. Le sommeil m’a quitté, je ne trouvais plus la direction. Mon cerveau  a commencé a aligner des mots, et encore des mots, pour essayer de recracher toutes ses émotions, ce trop plein de tout. J’étais perdu au milieu de la tempête, sans carte, sans boussole, nu. Perdu. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait, je n’étais pas capable d’analyser ce que je ressentais, ou ce que je ne ressentais pas.  Je ne mangeais pas, je ne dormais plus. Mon cerveau n’était pas capable de traiter les informations qui s’abattaient sur moi. Un trop plein. Je ne comprenais pas ce que tu représentais, je ne comprenais pas ce que tu ressentais. Alors je me suis mis a t’écrire, aligner les mots encore et encore pour essayer de comprendre. Attendre ta réaction. Je me souviens de ce jour, peu de temps après le tsunami ou je t’ai écris quelques mots dans la matinée. Tu n’as pas réagi. Dans l’après-midi tu m’as envoyé une photo d’une place de ta ville prise depuis le balcon d’un musée. Le soir seulement tu m’as parlé de ma lettre. J’ai ainsi commencé a prendre un ascenseur émotionnel, je ne comprenais pas ta légèreté. Je n'acceptais pas ma lourdeur. Je reniais et vomissais ma jalousie. Je dormais peu, je ne mangeais plus. Je ne dormais plus, je mangeais peu. Je t’envoyais des messages le soir pour voir dans quels délais tu me répondais. J’ai compris parfois que je te dérangeais. Je me suis enfoncé dans les méandres de mon âme, je voulais rattraper toutes ces années, je voulais que rien n’ait changé, je ne voulais pas comprendre. J’étais heureux et j’étais mal, j’étais euphorique et j’étais désespéré. Je ne comprenais pas. Je ne comprenais plus. J’alignais les mots. Et puis est arrivé ce jour, tu as compris que je voulais te quitter, et j’ai compris que tu voulais me quitter. Pendant deux heures. Je suis allé faire le malin devant un fan-club de jeunes filles que j’ai fais rire pour tromper mon effroi.  Pendant deux heures. Tu as découvert un territoire inexploré, une contrée exotique qui t’était inconnu : la cuisine. Que tu t’es mise a briquer pour oublier. Et puis tu es revenu vers moi. Tu m’as parlé, tu m’as expliqué, j’ai compris que je n’étais pas seul. J’ai compris que le tsunami t’avait aussi prise par surprise mais que tu étais plus légère. J’ai ressenti une forme de sérénité. D’apaisement. Ce fut comme une révélation. Je ne mange pas beaucoup, je dors peu mais les mots continuent de couler du robinet que tu as ouvert. Je n’ai toujours pas de boussole, je suis toujours un peu perdu mais je n’ai plus peur. Parce que je sais que tu es là pour moi. Et que même quand tu n’es pas là, tu n’es pas loin. Tu as pris ma main, au milieu de ce désert, après la tsunami, et tu m’emmène vers la légèreté. Tu ne sais pas que je ne pourrais pas la trouver. Mais tu m’aide a chercher. Et c'est le plus cadeau que tu puisses me faire. M'aider a chercher.

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