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Accepter la défaite.

Publié le par drink 75

 

Je me suis souvenu de ce que me disait mon entraîneur et que je recrachais aux joueurs quand on faisait une ronde au milieu du  terrain à la fin du match. Nous avons droit le perdre, et nous perdrons encore, mais si nous savons que nous avons tous fait notre maximum, nous pouvons accepter la défaite. Je pensais a cela en commandant un picon au comptoir de la salle de concert. Je me suis rendu compte que j'avais toujours été en colère, depuis toutes ces années. J'avais été furieux et je n'avais pas accepté que tu me quitte. J'avais ressassé. Depuis tout ce temps, je n'avais pas compris comment - après les déclarations enflammées dont tu m'avais abreuvé quotidiennement -  tu avais pu me larguer du jour au lendemain. Je n'avais pas accepté ton coup de téléphone, j'étais furieux de ne pas te revoir une dernière fois, et j'étais malheureux que tu me quittes alors que tu étais l'amour de ma vie et que je pensais que rien ne nous séparerait. Et depuis toutes ces années, je t'en voulais. Je ne le savais pas, je ne voulais pas le reconnaître mais je t'en voulais. Tellement. Parce que tu avais brisé notre destin, parce que tu avais rompu cette intimité, parce que tu allais sussurer aux oreilles d'autres les mêmes mots qu'a moi. Je n'ai jamais accepté. Pas par fierté, je n'en ai pas, mais parce que je ne l'ai jamais compris. Et ton retour, au bout de toutes ces années, n'a pas forcément calmé mon ressentiment. J'ai recommencé a te faire rire, a t'émouvoir, et tu as continué a me séduire et me transporter dans ton univers, oui nous avons retrouvé une intimité et repris l'écriture de notre roman, seul connu de nous. Mais j'ai gardé cette douleur. Et parfois je te la jetais a la gueule comme pour te punir. Mais ces quelques jours ou tu étais de nouveau absente m'ont fait comprendre qu'il fallait passer a autre chose comme ils disent dans les films ou les magazines. J'ai compris je crois, que ça ne servait plus a rien d'être en colère, de t'en vouloir. C'était trop tard, c'était fini, nous étions tous passés a autre chose. Et accepter la rupture, pas forcément la comprendre mais l'assimiler, je crois que ça m'apaiserait. Je savais que parfois, je serais malheureux a m'en couper le souffle, a m'en détruire l'âme, je savais qu'une infime partie de moi ressentirait cela, que la colère pourrait surgir sans que je m'y attende et me tordre en deux. Mais c'était gérable. En buvant ma pinte de picon et alors qu'une jeune fille asiatique venait me parler et semblait vaguement me draguer, j'ai décidé de ne plus regarder en arrière. Je devais garder pour moi ce petit monde de ténèbres que je visitais de temps a autre, et retourner a la légereté. Je savais que tu ne m'aimais plus, mais j'ai pensé qu'il fallait bien vivre. Et pendant que la jeune fille d'origine vietnamiemme disait que nous n'avions qu'une grosse quinzaine d'années d'écarts vu que j'avais la quarantaine et elle 25 ans, j'ai fini mon picon et j'ai vu ton visage presque sévère qui me regardait. Je n'ai rien fait pour ça je t'ai dit, tu es vraiment un gros malin, tu m'as répondu.. Et nous avons ris je crois, alors que j'expliquais a la fille que j'avais largement plus que 50 ans et qu'elle dessinait très bien la stupéfaction sur son visage. Un gros malin, tu as rigolé.

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