Nos villes grises

J'ai failli sortir avec une fille portugaise dans les années 90. Ou fin 80. A cheval sur ces deux décennies j'ai eu entre 20 et 25 ans et c'est vrai que je ne sais plus trop ce que j'ai vécu ou du moins à quel âge je l'ai vécu. J'ai failli sortir un peu plus tard ou beaucoup plus tard avec une fille d'Estonie ou de Lettonie j'ai un doute. J'ai été en Lettonie, le petit aéroport de Riga, qui ressemble a un aéroport de province, j'ai survolé la mer jusqu'en Lituanie ce qui doit faire a peine 400 kilomètres, ce qui me vaudrait si ça se savait une condamnation des madones écologistes, qui font 3 ou 4 gosses mais te font la morale sur ce qui est bon ou pas bon pour la planète. J'ai failli exploser de rire quand j'ai répondu négativement a la vendeuse de la boulangerie qui me demandait si je voulais un sac, et qui m'a lâché sans que je sois prêt : "merci pour la planète". C'est une jeune fille gentille alors je me suis retenu de rire, et j'ai souri un peu niaisement comme je sais si bien faire. Une fille du politburo à qui j'ai raconté que parfois je parlais au taff avec des gens que je ne connaissais pas mais qui semblait me connaître, me dis chaque fois qu'elle me croise, tu vois qui je suis ? en explosant de rire. Je lui réponds a chaque fois, c'est capillairement que j'ai du mal a te suivre, vu qu'elle change plus vite de coupe de cheveux qu'un joueur de foot. Je traîne dans les rues de saint Symphorien comme pour me souvenir de la ville du milieu. une femme très gentille de la mairie de sainte Radegonde m'appelle pour me dire que nous avons rendez-vous dans quelques jours. J'ai envie de boire mais je ne bois pas. J'ai envie de vivre mais je ne vis pas. Je suis un passager clandestin qui ne sait même pas comment il a embarqué, qui ne sait pas pourquoi il a embarqué, et qui ne comprendra jamais pourquoi il est débarqué. J'évolue dans mes petits mondes, au milieu de personnes qui ont besoin de moi. Dans une telle situation de détresse, qu'elles ont besoin de moi.