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Nos vies vaincues

Publié le par drink 75

 

Aujourd'hui je voulais appeler ma mère pour lui souhaiter bon anniversaire, et puis c'est un peu ballot mais je me suis souvenu qu'elle était morte et donc qu'elle ne risquait pas de répondre au téléphone. Comme début septembre avait un rapport avec le funèbre, j'avais aussi écrit un mail au fantôme quelques jours auparavant pour lui souhaiter un bon anniversaire mais bien entendu je n'avais aucune réponse. Le pathétique me sied si bien au fond, je ne suis plus le roux de secours de personne, c'est pas plus mal je pourrais me noyer seul, en toute tranquillité, dans la douceur du jour, a l'abri des sentiments. Les douleurs vacillent, un peu, un peu plus, un peu moins, un peu, toujours. C'est tout le temps pareil, non, les nuits après le jour, et le jour après la nuit, les aubes gueule de bois, et puis les journées en terre de recueillement. C'est toujours ainsi, après tout et c'est le recommencement de ce qui ne sera jamais. De ce qui ne fut pas. Ce qui n'est plus. Je bois un picon au zinc d'un rade d'alcoolique, je trinque avec le fantôme pour son anniversaire, sans doute qu'elle ne le sait pas, et elle a bien raison. J'erre dans la ville, puis je me rends compte que la nuit est terminée, que le jour m'appelle déjà. Je pense a la jeune fille qui est en train de rentrer dans un hôpital dans le pays du bout du monde. Je discute avec nièce l'américaine qui est de passage a paris avec sa copine qui vit a Londres ou qui est en vacances je ne sais plus trop, on parle de séries télévisées et je me souviens qu'une autre fille me demande quand est ce que je dors. Jamais, je me dis, jamais. Je vide ma boite aux lettres de toutes ces relances, toutes ces menaces, je les jette directement dans la poubelle verte prévue a cet effet, j'aimerais juste avoir assez d'argent pour acheter quelques livres, juste quelques livres. Je me pète la gueule dans la rue, parce que je suis totalement bourré, et un copain me dira plus tard qu'il a pensé m'emmener aux urgences. Je me remets debout, j'ai pas mal très longtemps, j'ai jamais mal très longtemps, c'est ce qui doit expliquer ma longévité crétine et ce sprint vers le néant. Je ne suis jamais a bout de souffle pour foncer vers le néant.

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