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Image de ce qui est.

Publié le par drink 75

 

Un jeune et un vieux viennent me raccorder a internet. Le jeune me dit qu'il ne connaissait pas cet endroit, mais je le rassure et lui explique que personne ne connait cet endroit. Il dit c'est incroyable votre immeuble, on dirait un hôtel tellement c'est propre. Il prend des photos depuis mon balcon, il a l'air ahuri qu'il y ait un champ et des chevaux si près du centre ville. Pendant ce temps le vieux m'installe internet. Le jeune semble penser que ma fortune se situe juste après celle de bill gates même quand a sa demande je lui explique que le loyer est autour de 600 euros. Ils sont toujours a paris tes parents me demande cette fille que je n'ai pas vu depuis plus de 30 ans et qui par des hasards de la vie habite dans la ville du milieu. Oui toujours a paris mais au cimetière je lui réponds, ahuri qu'elle puisse penser que mes parents sont encore en vie. J'apprendrais plus tard que ses parents a elle son encore en vie même s'ils ont des âges canoniques. Son mari est sympa. La fille raconte une anedote dans laquelle j'étais bourré, ce qui n'est pas étonnant surtout que j'avais 17 ans et  où j'escaladais la fenêtre et sautait dans la rue du premier étage. Je m'en souviens vaguement. La vie est un vague souvenir. Je tisse ma toile au nouveau politburo, reçoit des éloges un peu surannées, étonné moi-même de ma soudaine popularité, attendant le retour de bâton. Ma vie est désormais un automne qui ne connaitra plus de fulgurances, qui ne pourra plus briller de courses éphèmères et d'ivresse endiablées. Ce n'est pas un choix, c'est juste ainsi. Je vide le placard qui m'a servi de refuge pendant ces années. Je n'ai pas de nostalgie même si je me rends compte que c'est peut-être cet endroit qui m'a un peu sauvé, de la ruine, de la douleur, du ressassement. Le nouvel appartement si calme, balcon dans les arbres et les nuages contraste avec le placard balloté dans la fureur de la ville, les capotes et les canettes sur le rebord de l'unique fenêtre, le bruit incessant des clients du tabac. J'ai dormi par terre pendant deux ans, quasiment au milieu de la rue, entendant les conversations et les discussions téléphoniques, j'ai vécu pendant deux ans, partant avant l'aube pour prendre un train qui n'en finissait jamais de rejoindre l'ancien politburo. Je suis soulagé que tout cela soit fini. Mais je suis trop fatigué pour recommencer a vivre. C'est donc cela vieillir, accepter que l'automne règne tous les jours sur nos vies. Et savoir qu'il n'y aura plus que l'hiver. Qu'il ne restera a vivre que l'hiver.

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