A l'abri des chaleurs

Je suis dans le tramway, au frais, qui m'emmène vers le politburo. Je lis le mot ataraxie dans un livre et je cherche sur google ce que ça veut dire car je ne m'en souviens pas. Je découvre sa signification. Peut-être est-ce le terme qui convient le mieux mon état d'esprit du moment. J'ai reçu un appel dans la semaine d'une vieille amie qui m'expliquait que tout le monde croyait que je faisais la gueule, a la capitale. Non. Je suis comme bartleby. J'aimerais mieux ne pas. Les gens ne me manquent pas, la vie ne me manque pas. Je suis ailleurs. Au politburo, une femme m'explique que le service va beaucoup mieux depuis que je le dirige. Tu apaise les gens elle souligne. En fait non, je ne lui réponds pas. C'est juste que je n'ai plus d'affect. Ce que les gens que j'encadre prenne pour de la bienveillance, c'est un manque d'empathie absolu. Le garçon qui se marie m'envoie des photos. Je devais y être. J'aurais aimé être dans le pays du creux du monde, pour ce mariage, pour les élections du week-end, pour la révolution qui n'aura pas lieu. Sa nouvelle femme semble heureuse, elle que j'ai toujours trouvé un peu transparente semble rayonner tout à coup en robe de mariée. Ils me montrent la maison dans les bois ou ils vont faire la fête tout le week-end. Il me montre la terrasse et me dit qu'il aimerait que je sois là avec lui, pour siroter un verre, loin de la fête. A l'écart. Je ressens une forme de nostalgie ce qui ne manque pas de m'étonner. J'aimerais être au coeur de cette forêt, loin de tout, loin du monde. Je ne sais pas si on m'aurait laissé entrer dans le pays. Ni sortir. J'ai senti que tu étais quelqu'un de courageux et que tu n'avais pas peur m'explique mon manager. Je ne sais pas si c'est un compliment. Et je ne lui dis pas que je me fous d'être aimé, détesté, adulé. Ataraxie. I want prefer no to. Tu m'étonnes que c'est moi.