La vie d'ailleurs.

Tu sais, comme dans cette série ou les personnages se réveillent le matin en rêvant qu'ils ont faits l'amour. Oui c'est un peu cela. Tu ne sais plus si c'est un rêve ou la réalité. La vie de songe. La vie étrange. Descendre la rue jusqu'au fleuve, écouter le murmure de la vie. Entendre la mémoire de la ville. Nous sommes des personnages en carton pâte d'un feuilleton sans queue ni tête. Nos vies sont des épisodes, des tourments déplacés d'une scène à l'autre. Je regarde les mots sur l'écran, ces gens qui me jettent des fleurs. Qui semblent penser que je vais mal. J'ai l'impression d'être un blessé de guerre. Je prends quelques affaires, en fait le peu d'affaires qui restaient dans mon bureau. Un gars amène un carton un peu comme dans les films quand les mecs de la sécurité disent qu'il faut vider son bureau et partir. Pour trois stylos et une tasse aux couleurs du pays du creux du monde je n'ai pas besoin de carton je lui dis. Il semble un peu surpris que je le prenne en rigolant. Des gens qui ont eu du mal a me dire au-revoir en face m'écrivent des mails sympathiques. Les autres sont de petites choses sensiles. J'écris un mail débile ou je cite les 2 be3, ce groupe de troubadours body-buildé chantant du siècle dernier expliquant qu'il faut partir un jour. Je pèse chaque mot. Tu sais, comme dans ces films ou quelques phrases peuvent changer le destin des gens. Ce qui n'arrive jamais dans la vraie vie. Mais rien n'arrive jamais dans la vraie vie. En fait. Ce monde de pisse-froid séminariste qui m'intéresse de moins en moins. Je croise des gens dans les couloirs qui semblent me connaître mais que je ne reconnais pas derrière leur masque. Tout le monde te reconnait me dit la fille qui ne pouvait pas me piffer et qui me prends pour un héros maintenant que je vais dégager. Toute ma vie. Si on y pense. Il n'aura pas manqué grand-chose pour que la vie soit bien. Pas grand-chose pour réaliser les rêves d'une vie de songe.