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Ereinter les rêves

Publié le par drink 75

 

Je vais dans cet endroit ou les concerts sont gratuits, je croise ces gens que je connais, je croise ces gens que je ne connais pas, je frémis, je bois quelques verres, et puis je me demande si cette vie va me manquer, quand je serais dans l'autre ville que je ne connais plus, au milieu de tout, au milieu de rien, je me demande si cette vie va me manquer. Je traîne un peu hagard, un peu épars, comme si mon âme se disséminait sur belleville ménilmontant, comme si mon âme allait reposer au père lachaise, comme si mon corps se couchait à la butte aux cailles pour veiller sur toute ma famille morte. Je dis adieu aux rues, je dis adieu aux pavés, je ne sais pas si je reviendrais, je ne sais si je survivrais. Quand le gars m'a demandé comment je me définirais, j'ai répondu tintin sous cortisone, j'explique a ma chef. C'est ça fait le malin elle répète, tout le monde va pleurer quand tu vas partir, et le pire c'est que tu ne vas pas t'en rendre compte. La jeune fille dit que je suis une superstar, qui effleure les autres, la jeune fille dit que je ne comprends rien et c'est tant mieux comme ça. C'est ce qui te rend humain, elle m'explique. Tellement humain. Le crétin en toi. Je ne suis plus nulle part, je ne suis plus vraiment ici, je ne suis pas encore parti, mais c'est comme si, comme si j'étais entre deux songes, entre deux rives. Je souris et puis j'oublie, je pleure et puis j'hésite, ma vie est un tapis d'escalator qui monte et qui descend, qui tourne a vide, sans objet, sans verbe, comme un mensonge. Je pars avec un disque sous le bras, et un badge sur ma veste en jean noire, vieillir c'est recommencer a vivre, chaque matin, mais avec de moins en moins de surprises, de moins en moins de tout. De plus en plus de rien.

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Palper l'abîme

Publié le par drink 75

 

C'est comme quitter une femme, partir d'une ville. C'est plus facile désormais que je suis parti de belleville. Quitter paris est une formalité. Je ne suis plus vraiment là, un peu comme dans une vie ou je n'ai jamais été. Je ne suis pas dans le songe, je ne suis pas dans la vie de songe, je suis bien trop vieux pour croire que ma vie peut changer en changeant encore une fois de ville. Les douleurs s'éloignent, se raréfient, c'est un truc lié au vieillissement je crois, on s'éloigne des sentiments, on ressent moins les choses. De plus en plus spectateur de sa vie. De plus en plus spectateur de tout. Je croise des gens, je bois des verres, et je ne me rends compte de rien. Je croise des regards, j'embrasse des lèvres, je serre des mains, j'échange des mots, je vacille des émotions, j'écoute de la musique, je visualise des images, j'écartèle des souvenirs, mais il ne reste rien. Il ne m'en reste rien. J'égrene ma vie, je regarde le sablier, le tic-tac insolent du temps. Je n'ai plus le souffle, je n'ai sans doute pas la jeunesse, l'inconnu s'éloigne, un peu plus et toujours, l'inconnu s'éloigne. Un peu comme si la mort se rapprochait. Comme si la mort se rapprochait.

 

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Nos vies, supplice.

Publié le par drink 75


Je fais rire les filles. Au fond, je crois que je suis le gars qui aura le plus vu de filles rire sans fin. J'attends qu'elles boivent une gorgée car je trouve ça rigolo. Les voir cracher leur boisson. J'attends qu'il  se passe des trucs qui n'arriveront pas. J'entends des voix qui ne sont qu'éteintes. Je me lève et je vais mourir sur des rives un peu feintes. Je crois que je suis un rigolo débile. Une fille me dit qu'elle compte sur moi pour ne pas en finir. Sur moi ? Je ne ferais pas confiance a un putan de rouquemoutte pour survivre, j'ai répliqué. La fille ne rigole pas. Je crois que je ne suis pas a la hauteur et j'aime ça. Comme nous ne serons jamais ce que nous ne devrions jamais être au fond. Je me souviens de coimbra. Bien sur. Je me souviens de glendale. Toujours. C'est pas un problème de simplicité, ne dis pas, non, c'est cela fais le malin. Mais non. Je te jure, c'est juste que je ne voulais pas mentir. Je crois que je contracte le corps du fantôme contre le mien. Et puis non en fait, je sais que non. Non et encore non. Je suis invisible mais ce n'est pas grave. Au fond ce n'est pas très grave.

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Trinquer dans le vide

Publié le par drink 75

 

Je m'enfonce dans le brouillard qui recouvre la seine, je m'enfonce dans le brouillard qui recouvre l'île de la cité, et je croise le gars qui fait la manche d'une main pendant que l'autre appuie son corps sur sa canne. On se dit bonjour, comme presque tous les jours, on se dit bonjour. C'est le jour de la saint valentin, le midi autour de la table qui nous sert pour manger, mes collègues parlent de cela. Et là mon collègue qui est plus ancien que moi, me désigne du doigt et dit a la volée vous ne savez ce qu'il est arrivé une année. Je le regarde ahuri en me demandant ce qu'il a bien pu se passer une fameuse année ou mézigue était concerné. Tout le monde quitte paris, au fond, tout le monde quitte paris. Un bouquet de fleur est arrivé et toutes les filles frétillaient, enfin non mon collègue ne dit pas ça, il parle comme un type un peu envieux, alors que je considère qu'envier ma vie me semble le truc le plus incroyable qui soit. Bon reprends le gars, un type livre un bouquet de fleur, et toutes les filles frétillent comme des poissons rouges dans leur bocal Et le bouquet n'est pas pour une fille. Ah ouais je demande et il était pour qui le bouquet de fleur je demande ? Mon collègue me regarde comme si j'étais le pire malade mental  que la terre ait enfantée. Bordel drink il me dit, le putain de bouquet était pour toi. Ah oui je dis, le bouquet était pour moi. Ah ouais je dis, je crois que le fantôme m'aimait bien. Je crois que le fantôme m'aimait vraiment.

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Parfois la brume

Publié le par drink 75

Je traîne dans la ville de province en attendant qu'il ne se passe rien. Il y a des gars qui vendent des livres et des disques vinyls sur des tréteaux de fortune dans une rue piétonne qui part de la gare. Je regarde les films qui sont diffusés dans le grand cinéma près du centre. Je ne trouve pas vraiment de librairie d'occasion mais je ne cherche pas tellement. Je me sens curieusement bien dans la ville, je suis tellement fatigué de tout, usé de paris, je me sens tellement loin de tout que je ressens comme une sorte de plénitude. Loin de tout. Vivre n'est pas cette course de fond, cette illusion que le temps qui passe a une quelconque signification. Je croise des punks vers la gare, je discute avec un type qui semble ne pas trop savoir s'il est bien vivant. Je traîne encore et encore dans la ville, comme si j'allais bientôt y vivre.  Vieillir c'est ne plus réellement attacher d'importance a tout ce qui se passe autour de vous, et je suis bien trop vieux désormais, bien trop vieux pour savoir que rien ne changera. Je suis seul au milieu de cette ville ou je ne connais personne, et je me sens libre. Enfin libre d'être loin de tout.

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Dresser la nuit

Publié le par drink 75

 

Dire adieu a la fille qui part vivre dans une ville un peu loin de tout, danser dans la nuit, et puis encore danser, comme si parfois l'épuisement conduisait à l'espoir. Errer encore et encore, prendre le train, une petite heure, et se retrouver dans cette ville que je ne connais pas. Marcher dans les grandes rues du centre ville assez bourgeois, allez jusqu'au fleuve, traverser un pont assez majestueux, prendre le tramway, descendre a un arrêt dont le nom est tout un programme. Recevoir un message de la femme qui veille sur le très vieil homme qui pourrait être mon père, comprendre que c'est le jour anniversaire de la mort de l'homme qui fut mon père. Allez a la fnac de la ville, et pour la première fois depuis un siècle ou deux, acheter des livres neufs, lire encore un livre qui se passe en islande et se demander s'il y a vraiment un groupe qui s'appelle les crooners du hareng. Reprendre le tramway jusqu'au terminus au nord de la ville, à l'extrême limite, et chercher les dépendances du politburo. Ils ont carrèment achetés une école. Je demande mon chemin a un type dont je ne comprends pas la réponse. Je lis un plan. Je n'ai pas envie de regarder mon téléphone. Revenir dans le centre au soir, le quartier de la gare est beaucoup moins glauque que dans beaucoup de ville, peut-être parce que la gare est très proche du centre. Je n'essaie plus de combler ma solitude. Je fais de petites vidéos pour l'enfant qui est à l'hôpital dans le pays du creux du monde, pneumonie me dit sa mère, elle pleure et elle sourit. Il fait nuit dans la ville, les cafés sont remplis de jeunes, on dirait un peu nantes en plus petit le centre ville, c'est un peu le même genre de bourgeoisie dépassé qui traîne dans les petites rues, les terrasses sont remplis de jeunes qui semblent venir des alentours, des faubourgs comme qui dirait. Je me sens vieux, alors que pourtant des filles un peu jeune me regarde en se demandant si elle pourrait avec moi. Nos vies inconséquentes sont des érosions intérieures. Et ouais. J'avais décidé de mourir, de ne plus écrire, de ne plus rire, de ne plus baiser. L'enfant me fait des signes de la main sur une vidéo dans sa chambre d'hôpital du pays du creux du monde. Elle pleure puis elle sourit. Je longe le grand fleuve qui coupe la ville en deux, à un endroit ou les deux bras se rejoignent, il y a une sorte d'île au milieu, je me demande si ce n'est pas là que j'étais venu pour un festival au siècle dernier. Je ne suis plus chez moi nulle part et je suis chez moi partout, je suis un adolescent et je suis un vieillard, je pleure et je ris, je n'ai plus de passé et je n'ai pas de futur. Je ne suis ni vivant ni mort, je trempe mes lèvres dans un verre de vin blanc local, j'essore mon âme sur la serviette des souvenirs qui ne seront jamais plus. C'est dommage qu'il n'y a pas la mer, j'aurai pu mourir ici, c'est dommage qu'il n'y ait pas la mer j'aurai pu mourir aussi.

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Palper l'abîme

Publié le par drink 75

 

Cette fascination pour les losers pathétiques dont j'use et j'abuse, me permet de me faufiler un peu partout, comme si les gens voulaient conserver un rouquin pour la route. Je termine les canettes de bière dans les loges de je ne sais plus quelle boîte a la con, un gars me dit qu'on ne dit plus loge depuis 20 ans. Tu es backstage. Pas trop d'excès m'a dit le médecin, du coup je déverse du jack daniels dans ma flask que je promène en ville pour en boire des lampées avant d'errer dans le noir. Au politburo des gens que je ne connais pas m'appellent par mon prénom, et visiblement nous avons déjà travaillé ensemble. Je suis fasciné par mon inintérêt pour les autres. Le goût de rien. Je suis mort de rien j'explique a la fille que je connais depuis 30 ans. La fille que j'aime bien fait une fête pour son départ dans le sud. Je me demande si je ferais une fête quand je vais partir, je me demande si je vais partir, je me demande si je suis encore vivant. Je me lève dès potron-minet un dimanche pour participer a un déménagement, je porte quelques cartons et il y a le garçon qui ne boit plus et il part alors qu'il n'est pas midi et que je rafle les bières pour justifier ma présence. J'essaie de me reconcentrer, j'essaie de lire a nouveau, je lis  brautigan parce qu'il faut bien relire un jour. J'ai comme l'impression que tout recommence, à l'identique, et je regarde les jours qui défilent déjà et je compte les nuits insomnies qui peuplent mes rêves. Je suis au fond d'une cour, sombre, un peu a l'écart, c'est juste l'endroit qu'il me fallait, vraiment juste l'endroit qu'il me fallait. Pour ne pas y revenir. Ne plus revenir.

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Toujours tricher

Publié le par drink 75

C'est curieux ce retour en arrière...j'ai cru que j'étais en vie...encore...curieux...ouvrir les yeux et regarder le plafond...ouvrir les yeux et regarder...Je suis encore en vie... Encore...Un peu encore en vie...Encore en vie...Un vieux monsieur me regarde, entouré de jeunes gens propres sur eux...J'étais où avant ? Au supersonic, je crois, carl barat qui mixe, au supersonic je crois, peter hook qui mixe...Boire des pintes...Et boire des pintes...Et boire d'autres pintes....Vider les fûts...Boire des pintes...Encore d'autres pintes...Je danse sur des morceaux des années 90....Une fille tente de m'embrasser, bordel cette fille est dingue, elle a rendu mon meilleur ami dingue, d'ailleurs je n'ai plus de nouvelles de lui depuis qu'il a failli coucher avec elle...Lumière plafond...Le monsieur m'ausculte, pendant que les jeunes regardent...Je suis mort ou vivant, je suis vivant et mort...Je cours sous la pluie, je glisse sur le trottoir, je m'éloigne de belleville...Je glisse sur paris, j'élimine les gens qui pourraient encore m'approcher...Une voiture, une sirène, je vais mourir, putain, je vais mourir, enfin, j'ai failli vivre. Le plafond, les lumières...J'ai cru que j'étais en vie, je suis a un concert, la fille se fait piquer sa pinte mais elle court après la voleuse dans la salle de concert...Noir...Une fille me dit bonjour et me fait la bise et je ne la connais pas...Je demande aux autres qui c'est car je ne la connais pas...Une fille m'embrasse sur la joue comme pour me dire qu'elle m'aime...Une autre m'embrasse sur la joue comme pour me dire qu'elle m'aime...Je parle avec le vieil homme qui pleure dans le pays du creux du monde, il regarde tout les jours le temps qu'il fait a paris...Je voulais tellement venir a paris, il pleure au téléphone...Ouvrir les yeux...Les fermer...Je m'entends dire je suis alcoolique...J'entends le vieil homme entouré des jeunes débiles dire que je suis alcoolique...Je suis mort j'explique...Je suis mort depuis le mois de janvier 2015...Vous sentez pas trop mauvais pour quelqu'un mort depuis 4 ans me dit la jeune fille en blanc...Je déménage...Je suis dans le douzième, l'arrondissement des jeunes du onzième quand ils vieillissent, les enfants toussa toussa, le marché d'aligre toussa toussa..J'entends une cloche, j'entends une putain de cloche qui sonne, ça doit-être mon enterrement...Mon putain d'enterrement...Et voila on continue de brûler les rouquins comme au moyen-âge, je me dis alors qu'on se dirige vers le crématorium...J'ouvre les yeux, je brûle...Je bois encore des pintes...Vous avez bonne mine me dit la jeune asiatique...Elle rougit presque quand elle me parle...Je suis vivant, je crois...Je cherche la sortie, dehors il fait jour...On dirait vraiment que dehors il fait jour...

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Fouiller les âmes

Publié le par drink 75

Soudain, parfois, j'ai l'impression que je ne te reverrais plus. Non, en fait toujours. C'est une arme qui pénètre mes mes larmes. Et puis je n'y pense plus, et je sors dehors pour ne pas affronter le froid, car il ne fait plus jamais froid a paris. Quitter la capitale. Quitter la ville. Quitter le pays. Quitter mon corps. Je ne sais plus comment les jours se succèdent, comment la vie trépasse. J'entends dans une série quelconque, un personnage qui explique que l'on retourne vivre au bord de la mer quand on sent que l'on va mourir. La ville aux remparts me manque. Le sable me manque. Le bruit de la mer qu'on ne voit pas quand il fait nuit. Le bruit des vagues qu'on devine quand on marche sur la plage alors que les ténèbres vous entourent de partout. J'aimerais qu'il fasse nuit, qu'il fasse froid, j'aimerais que la vie se fige dans l'hiver, dans la neige, j'aimerais retourner au pays du creux du monde pour m'enfoncer dans un igloo imaginaire. Je m'enfonce de plus en plus dans une vie de songe, et je m'immerge dans des brouillards qui sans être définitif me plonge peu a peu dans un état végétatif. Je suis un songe, une illusion, il ne reste que ma vie, un soupçon de réalité, il ne reste que la vie.

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Horizon neige

Publié le par drink 75

Il est dans les 4 heures du matin, un temps de givre et de neige, j'essaie de faire rouler ma putain de valise dans la neige, j'essaie de faire rouler ma putain de vie dans le givre. Pourquoi tu pars me demande la jeune fille, je ne veux pas que tu parte me dit le jeune garçon que tout le monde considère comme handicapé mais dont je n'ai pas compris le handicap, je dis a la femme qui a mon âge que la prochaine fois que nous nous verrons ce sera a paris et je vois bien que ça l'a  fait beaucoup rire. Je dors pendant les 4 heures du voyage en bus, et je me réveille dans le froid de la capitale. Il fait toujours un peu plus froid, quand on est un peu plus a l'est. La ville me revient comme une bouffée de givre, et je regarde les jours qui se succèdent, dans l'hiver un peu vain, un homme me demande son chemin et comme je suis un crétin absolu au lieu de lui dire que je ne maîtrise ni la langue ni la géographie de la ville, je me lance dans des explications ahurissantes. Le gars me regarde comme on regarde quelqu'un qui se noie, et me demande de quel putain de pays de taré je viens ? Euphorique dans le froid, je sors de la boîte ou j'ai rincé la moitié de la ville, le type qui est dans l'armée ou la police je n'ai jamais bien compris la subtile différence, me ramène chez moi. Je marche dans la neige, et je suis presque a genou pour traîner ma valise, je sens le souffle de tout ces gens qui retiennent ici, je ressens le souffle de tout ces gens que je laisse sur le bas-côté. Le taxi me fait monter a côté de lui et semble décidé a m'expliquer chaque monument de la capitale, il parle a tout berzingue et comme je suis un peu lessivé je ne comprends pas tout, je lui dis, mais ça ne l'arrêt pas. A l'horizon se lève, une nuit qui ne prendra jamais fin, comme un soupçon, une illusion, des dizaines de squelettes me regardent quitter la ville, comme une oraison funêbre, une vision de travers, je quitte la ville et je sais bien que je vais y revenir. Ce n'est qu'un au revoir, et alors que la ville est plongé dans la nuit,  je souffle sur la neige pour essayer de regarder en noir et blanc. J'aimerais me souvenir de toi, j'aimerais me souvenir de tout. Mëme si la neige recouvre tout, même si la neige recouvre les images.

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