Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les couleurs de nos riens

Publié le par drink 75

 

Et puis les secousses, tu sais, comme des songes qui reviennent et qui reviennent encore.  Croiser les douleurs des autres et les ignorer.  Je n'ai pas d'appétance pour les soupirs, je suis comme qui dirait une vision de ce qui ne ne sera sans doute plus jamais.  Je dors dans un lit que je ne connais pas, je baise avec une femme que je ne connais pas, je sors dans une rue que je ne connais pas, j'ai la sensation de la nuit, d'un début d'automne, j'ai la vision de ceux qui ne seront plus parmi moi, parmi nous. Je marche a reculons dans les rues d'une ville sans visage, je croise des fantômes, des squelettes incongrus, je divague parmi des têtes clignotantes et des animaux survivants. C'est a quel moment qu'on ne sait plus ce qu'on doit faire, c'est a quel moment qu'on lâche tout ? Dès le début peut-être, dés le début au fond, je rampe sur la plage, je marche dans la nuit, j'adore quand j'erre sur le sable et que je n'entends plus que le bruit de l'amer. Il me semble que nous n'en sortirons pas vivant, quel importance au fond, puisque tout ceux que nous aurons connus ne seront plus présent pour nous pleurer.  Je regarde les larmes sur les joues de l'enfant, j'entends le murmure des vagues, je m'enfonce dans le sable, je suis en train de perdre le peu de raison qui me reste. Vous êtes vivants et je suis mort. Vous êtes morts et je suis vivant. Je crois que nos chemins ne vont plus se croiser. Non, nos chemins ne vont plus se croiser.

 

Voir les commentaires

Indolore et brutal

Publié le par drink 75

 

Traverser au feu dans le onzième arrondissement c'est un putain de truc presque plus dangereux que traverser au feu vert. Tu dois éviter, les cons avec des casques sur des trottinettes vertes, tu dois éviter les cons avec des casques sur des vélos qui passent au feu rouge tout en envoyant des sms sur leur téléphone portable, tu dois éviter les cons fiers comme artaban sur leur grande roue, tu dois éviter les cons sans casques sur leur trottinette électrique, tu dois éviter les crétins sur leur hoverboard qui passent en t'insultant si tu as l'outrecuidance de traverser vu que le feu est rouge, bordel ce putain de onzième arrondissement est le seul putain d'endroit sur terre a la con ou il est plus dangereux de traverser quand le feu est rouge quand tu es un putain de piétons a la con. Même si c'est rare d'être piéton par ici. Un peu comme de ne pas être barbu et tatoué dans la cité des hipsters. J'attends l'hiver, j'attends l'automne a défaut, je vais crever avant de voir l'hiver. Même le temps est con. Même le putain de temps est devenu complétement con. Je cherche du boulot au bord de la mer, je veux crever allongé sur le sable. C'est le dernier objectif a peu près cohérent que j'ai en ce bas-monde, crever allongé et recouvert par la marée.  Ma vie est un spasme qui devient de plus en plus racorni. Je regarde les jours qui passent et qui trépassent, je regarde les nuits qui passent et qui trépassent, je regarde l'aube, je devine les jours. C'est curieux, comme je me sens apaisé et serein, c'est étonnant comme je ne m'étonne plus de rien, comme je voudrais dormir désormais. Nos vies sont comme des chemins qui n'ont plus de boussole, comme des traversées impossible au milieu des vélos, des trottinettes, des roues a la con, nos vies sont des traversées hasardeuses qui n'ont pas de but, qui n'ont pas vraiment de but. 

Voir les commentaires

N'importe quoi

Publié le par drink 75

 

Un type dit a un autre, je crois que c'est la plus grosse merde qui nous soit jamais arrivé. Je suis dans un quartier que je ne connais pas, dans un paris que je ne connais pas. Une femme me serre la main mais je ne sais pas qui je suis. une femme me serre la main et je ne sais pas qui je suis. Bordel le onzième arrondissement, bordel le putain de onzième arrondissement, c'est le seul endroit au monde ou c'est plus dangereux de traverser au feu rouge qu'au vert. Je lis ce livre de la femme qui vit en ukraine, je croise ce type qui trouait que j'écrivais bien, et qui écrit pour la télé rosbeef. Une femme me dit vous allez bien, je lui réplique vous avez bonne mine, elle me dit que c'est juste le maquillage et la perruque. La femme médecin que j'aime bien me demande si je n'ai pas trop d'épisodes dépressif. Un type me demande comment je fais pour être toujours dans cet état d'apesanteur ? Une nouvelle collègue semble totalement horrifié que je ne mange pas le matin. Je cherche un putain de magasin pas bio dans ce putain de onzième arrondissement. J'essaie de traverser quand le feu est rouge, mais entre les cons a vélo, les cons en trottinette, les cons posés sur les roues comme des étrons gélifiés, les cons sur leur hovermachin,  c'est très risqué de passer au feu rouge. Putain de onzième arrondissement. Un homme charmant me donne de la nourriture, une femme charmante me donne de la nourriture, des gens tout a fait sympas me regardent manger. La nuit m'envahit et je regarde ce con de génie la-haut sur la place de la bastille et je me souviens de tout ce qui ne sera plus, et ça me fait comme des spasmes mais sans doute que ce n'est pas grave. Non je crois que ce n'est pas très grave.

Voir les commentaires

Valser parmi les autres

Publié le par drink 75

 

Je regarde la nuit qui bruisse dans le onzième arrondissement. Des cris de partout alors que je lis des contes d'un pays de l'est dans mon plumard bizarre. J'entends les gens dehors, qui boivent, qui draguent, qui emballent, qui se tripotent, qui picolent, qui se parlent, qui se jaugent. Je me souviens de cet écrivain indien ou népalais, je ne sais plus, et de sa vie de songe. Je bois un café de songe, je vais au travail de songe, et je rentre dans mon appartement de songe. Je griffe les murs remplis de souvenirs, usés, usités, épurés et factices. Je bois de l'eau pour me donner comme une impression que je suis courageux, je suis le genre de débile qui se rend dans une boutique qui ne vend que de l'alcool et qui demande si le gars a des boissons softs. Pour me jauger.  Je vais a belleville, et c'est curieux comme ça me semble familier et lointain. Je regarde toutes ces femmes asiatiques qui attendent le client sur le boulevard qui va jusqu'a la place ou trone le pancréas de maurice thorez. Je les regarde, comme elles sont lointaines, comme elles sont ailleurs. La vie de songe c'est un bon concept, c'est comme si désormais tout le monde semblait ailleurs, comme si plus rien n'était le réel. Je me réveille la nuit, entre la nuit et l'aube, j'ouvre les fenêtres et j'écoute les bruits de la rue. Et puis je referme et je me demande si je dois encore dormir. Passer toute sa vie a se demander s'il faut dormir ou pas, vivre ou pas, étreinter les souvenirs et les douleurs en donnant des coups de tête dans des murs de métal, attendre de saigner, ramper pour se ridiculiser, espèrer se relever. La nuit est une allégorie de la vie, on y voit pas grand-chose et on espère, on entends pas grand-chose et on espère, mais il ne se passe jamais grand-chose. Les vies se dispersent, les gens disparaissent, les bruits se raréfient et le temps efface tout peu a peu. Et puis la nuit se minuscule, le jour perce, et c'est fini, la vie de songe se termine et il ne reste plus qu'a vivre. Il ne reste plus qu'a vivre encore un jour. Encore un jour de plus.

Voir les commentaires

Ethérer le néant

Publié le par drink 75

 

Je ne vous oublierais jamais me dit la femme, ça tombe bien car moi je m'oublierais assez vite si je pouvais je ne réponds pas. J'essaie de marcher droit, encore un peu, encore et toujours, l'alcool est devenu mon seul compagnon, mais bon vu que je tête assez peu le goulot, je suis en fait le plus souvent dans une solitude prégnante et confortable. Vivre n'est pas assez ni trop, aimer ne rime à rien, ne plus aimer ne rime à rien. La vie est une armoire ikéa dont tu comprends le montage quand c'est déjà trop tard, quand c'est bien trop tard. Le onzième arrondissement est bien entendu insupportable, mais c'est juste moi qui ne supporte plus rien, j'ai juste envie de me terrer au bord de l'océan atlantique, a regarder l'horizon en attendant les marées, loin de tout, loin de moi surtout. Courir dans la nuit, parmi les fantômes et les errants, les vivants et les morts, courir dans la ville, parmi les presque rien, mourir au bord des zincs. Je suis un espoir qui jamais ne se concrétisera, je suis un désespoir qui jamais ne décevra, je vous regarde sur la bouche et je sais que vous ne m'écoutez plus. Je vous embrasse sur les oreilles mais je sais que vous ne m'entendez pas. Je m'oublie peu a peu pour ne plus savoir qui je suis, pour ne pas savoir, ce que je ne suis pas, ne plus imaginer ce que je ne serais jamais. Des corps de femmes me ramassent sur le trottoir, des lèvres se pressent contre les miennes, des mains me déshabillent, des gorges hurlent contre mes oreilles, des corps se lessivent contre le mien dans le petit matin et puis des vomis me submergent ou bien c'est peut-être un cauchemar. Je  m'oublie contre les murs de paris qui devient de plus en plus riquiqui, ou alors c'est moi qui devient trop vieux  pour toutes ces conneries, beaucoup trop vieux.

Voir les commentaires

Crawler les souvenirs

Publié le par drink 75

 

Je regarde le visage de mon père dont les yeux se sont un peu fermés. Je regarde le visage de cet homme qui sera mort dans quelques jours. Je me demande si on sait que c'est la fin quand c'est la fin. Il ouvre un peu les yeux parfois, alors je prends sa main dans la mienne. Je me demande s'il souffre, je me demande s'il sait qu'il sera mort dans quelques jours, je me demande s'il me reconnaît, je me demande s'il a conscience de l'endroit ou il se trouve. Je prends sa main dans la mienne et j’exécute un pâle sourire pour répondre à son propre faible sourire. Dehors il neige, de gros flocons tombe sur paris, le balcon de la chambre de mes parents est recouvert de blancs. Je me demande quand mon père sera mort, quand il sera libéré de cette pénible agonie. Je culpabilise un peu en imaginant que c'est peut-être moi, c'est peut-être son entourage qui trouve que l'agonie ne se finit pas, c'est peut-être nous tous qui ne sommes pas capables de gérer la mort qui rôde. Je tiens la main de mon père dans ma main, j'ai l'impression que ce n'est pas arrivé très souvent dans notre vie que nous nous tenions la main. Je me demande si quand je suis né, un peu avant Noël, un samedi comme tous les feignants, je me demande s'il neigeait sur paris. Je regarde l'image de mon père qui se penche sur mon berceau et je devine qu'il prend ma petite pour la déposer dans la sienne. Il fait peut-être le clown, ou il grimace, alors que je hurle à la mort ou que je dors. Quarante ans plus tard c'est moi qui tient la main de mon père dans la mienne. J'imagine qu'il pourrait mourir ainsi, apaisé, j'imagine que cela pourrait arriver mais ça n'arrivera pas. J'essaie de rester concentré. Un truc basique. Une longueur après l'autre. Les mètres les uns après les autres. C'est toujours le début le plus difficile. Le corps semble un peu se rebeller. Les muscles froids ne paraissent pas vouloir se réveiller. L'esprit n'arrive pas vraiment a se concentrer. La fin paraît loin ce qui semble logique vu qu'on vient tout juste de commencer. C'est le début le plus difficile. On cherche son souffle, on cherche son rythme, on recherche le bon tempo, une synchronisation des battements entre les bras et les jambes. J'ai raté ta vie je crois. Je lui dis cela après avoir fini mon verre. Me demandant si je veux en boire un autre ou passer au café. Il est un peu tôt pour picoler ou peut-être trop tard. J'ai raté ta vie. Je répète car je trouve cette phrase très sympa très marrante et j'aime bien l'entendre dans ma bouche. Elle sourit avec cette air comme qui dirait de la fille à qui on ne l’a fait pas. Non en fait c'est plus triste que cela, elle à un air las de la fille à qui on ne la fera plus. Elle remue son verre de bière comme pour faire un peu de mousse avant de le finir cul sec. T'as pas raté ma vie, elle dit, t'as pas raté non plus la tienne. La vie ne t'intéresse pas, je vais te dire, ou plutôt les sentiments des autres te passent au-dessus de la tête. Le serveur nous a ramené une bière à chacun et mes questions existentielles sur le prochain verre s'en furent annihilées. Faut que je change de rade j'ai pensé, maintenant on m'amène à boire sans me demander mon avis. Ils vont me rendre alcoolique. Tu rateras la vie de tout le monde, elle reprend, et c'est tout ce que tu veux. Parce que tu ne comprends pas ce que les gens demandent à la vie et que cette vie d'attendre quoi que ce soit de l’existence te parait totalement saugrenu. Tu es comme un indien dans sa réserve, tu veux rester sous ton tipi. On peut pas t'en vouloir pour ça, mais alors ne fais pas semblant de jouer le jeu. Ne demande pas les règles. Puisque les seules règles que tu acceptes ce sont les tiennes. Elle à raison j'ai pensé, Mais c'est comme ça. Et je crois qu'elle le savait et qu'elle l'acceptait. J'ai regardé ma bière et je me suis demandé si un jour en vieillissant (quoique déjà ) on parvenait à écouter. A prendre une main. A caresser une joue. A tendre ses lèvres. Mais bon ça à duré que quelques secondes cette état de mièvrerie en apesanteur. J'ai attrapé mon verre pour noyer le frisson. Je commence doucement je vois au loin le rebord opposé de la piscine, je pense à tous ces verres ingurgités la veille, je pense aux abus, aux cigarettes, la première longueur quand le corps est froid dans la piscine vide, métallique, presque glaçante aussi. Les bras qui travaillent, les jambes qui travaillent, le mal de jambes, l'esprit qui refuse les deux kilomètres à venir, les 40 longueurs de 50 mètres, ne pas perdre le fil des pensées, compter par 50 ou 100 mètres, c'est toujours la questions que je me pose. Les jours ou ils coupent la piscine en deux, parce que des sportifs viennent entretenir leur corps d'athlète, les jours de la piscine de 25 mètres, je ne compte pas. Je ne compte plus.  Je me consume. C'est comme si tout mon corps me quittait, comme si le sang quittait mon corps. Je ne veux plus jamais te voir de toute ma vie j'ai pensé, je veux te voir chaque jour du reste de ma vie j'ai pensé. Je veux mourir, j'ai pensé, mourir a en crever, je veux vivre, j'ai pensé, vivre comme on a jamais vécu. Je tourne et retourne dans mon petit appartement, de délire et je bois dans mon petit appartement, je suis personne et je suis tout le monde. Je veux crever je crois, crever et encore crever, ne plus savoir ce qui me tient en vie, ne plus comprendre pourquoi je suis encore vivant. Tu sais ce n'est pas la douleur, le plus terrible, ce n'est pas tout ce qui vient me hurler au cerveau, c'est juste que je ne suis jamais tranquille. Je joue à me faire mal, me faire hurler, je joues avec ma propre vie, avec ma propre mort.  J'essaie de me flinguer a petit feu, buvant comme c'est pas possible, me rendant malade autant que je peux. Je joue et je me détruis. Je crois que je suis fini. Je crois que tout est fini.

 

Voir les commentaires

Les ombres disparus

Publié le par drink 75

 

J'ai écouté la voix au téléphone et je suis resté interdit. Je n'ai rien dit, je n'ai pas hurlé, je n'ai pas parlé, je crois que j'ai juste dit merde. Je n'ai pas ressenti une douleur intense, je n'ai pas encore subi le désarroi et la tristesse, je me suis dit que ça viendrait plus tard.  J'ai raccroché avec un sentiment de vide. Un peu comme si un souffle de  vie me quittait soudain,  un peu comme si j'étais un peu moins vivant que l'instant précèdent. Soudain, l'étreinte de ma cage thoracique s'est relâchée. J'ai pensé qu'il fallait m'habiller, qu'il fallait que je me dépêche, j'ai ressenti un sentiment indistinct, j'ai eu l'impression de pénétrer dans la brume. Pendant que je prenais ma douche, j'ai réalisé que désormais j'étais orphelin, je suis  resté longtemps sous le jet d'eau brûlant comme pour me nettoyer de la crasse de la douleur. Je me suis habillé lentement et puis j'ai quitté l'appartement de ma mère. En claquant la porte pour la fermer j'ai eu l'impression que le couvercle  du cercueil se refermait sur elle. Dans l'ascenseur j'ai regardé mon visage dans la glace. J'ai cru voir un homme soudain beaucoup plus vieux, j'ai vu se creuser des rides sur mon front. J'ai constaté la détresse au fond de mes yeux. Dehors, la ville continuait son rythme quotidien, de bruits, d'odeurs, de klaxons, de rires d'enfants. J'ai eu envie de hurler pour dire que ma mère était morte mais personne n'a semblé disposer à m'écouter. Les voitures roulaient toujours sur l'avenue pendant que je me dirigeais vers le métro. J'ai descendu les escaliers de la ligne 6 avec cette impression diffuse que j'étais enfin rentré dans l'âge adulte. Je suis monté dans le wagon en me disant que j'étais le prochain sur la liste. J'ai un peu frissonné et je me suis assis. Le métro s'est mis en mouvement pour m'emmener vers cette femme qui ne respirait plus. Ma mère. Ma vie est un poster fatigué dans les chiottes d'un café pour alcooliques désabusés. Ce genre de rades pourris ou les types passés une certaine heure, se tiennent accrochés au zinc pour ne pas tomber. J'aimerais rentrer dans ce bar et commander des boissons qui me  feraient venir l'ivresse, j'aimerais tituber et ne plus rien ressentir, je picolerais jusqu'à en tomber. Je vomirais à l'aube dans un caniveau de la ville endormie sous les volets des braves gens. J'ai une douleur qui bouche les artères de mon cœur, mes jambes ne semblent plus vouloir me porter, mes bras restent collés à mon cœur, comme inertes. J'ai la respiration hachée comme si j'avais beaucoup couru, j'ai l'haleine fétide comme si j'avais beaucoup bu. Je ne ressens plus rien pour la vie c'est comme si mon souffle n'était plus mon souffle, comme si le cœur qui battait dans mon corps n'était plus mon cœur. Je monte les escaliers du métro Chevaleret vu que l'escalator est en panne. Le soleil apparaît un peu sur le quai aérien de la ligne 6, je ne sais même pas si j'ai pris la bonne direction, ce n'est pas très important. Je vais m'enfoncer dans les entrailles du métro pour disparaître.  Je suis désormais célibataire je me dis en mon for intérieur, je mets un peu de temps à le comprendre mais je me suis fait plaquer. Comme une merde j'aurais tendance à dire, un peu aigri. Je me remémore son visage très calme, j'aurais préféré qu'il soit déformé par la haine, qu'elle me frappe à coup de poing dans la gueule, à coups de pieds dans les tibias, j'aurais préféré qu'elle me termine à coups de couteaux, qu'elle me bute avec un flingue. Ce n'est pas comme cela que ça s'est passé. Je m'assois sur un siège du quai, je ne sais pas s'il fait chaud ou froid. Je m'en fous. Ce n'est pas que je veux mourir mais je ne veux plus vivre. Je ne comprends pas bien ce qui m'arrive. Je suis dans les cordes, incapable de réagir. Maman est morte a dit ma sœur au téléphone. Je m'en suis voulu plus tard d'avoir dis merde pour exprimer mon désarroi devant la mort de ma mère. J'aurais voulu dire autre chose, j'aurais voulu exprimer par quelques mots bien sentis ce que je ressentais mais je n'étais sans doute pas préparé. Plus tard, les heures et les jours suivants, quand il faudra à mon tour annoncer la mort de ma mère, je n'écouterai pas les réactions des gens. Je ne dirai que ces quelques phrases, ma mère est morte. Je n'écouterai pas ces personnes me raconter ma mère, me parler d'une histoire commune qui ne me concerne pas. Je ne dirai rien face à ce refrain de tous ces gens qui m'expliqueront avoir une relation particulière avec elle. Je dirai quelques mots puis j'attendrai qu'ils aient finis de parler. Elle aimait tellement son petit garçon me dira l'une pensant sans doute me faire plaisir. Elle était tellement courageuse me dira une autre. Chacun me la racontera, à sa façon. Je serai de longues heures ainsi, les yeux dans le vide de l'horizon, le téléphone dans la main, écoutant et écoutant encore. Présent physiquement, mais absent,  enfermé dans mon propre deuil. 

 

 

Voir les commentaires

Embrasser la brume

Publié le par drink 75

 

En même temps que le sourire niais de mon vieux, j'ai aussi hérité un tas de ses attitudes d'imbécile heureux...Voilà. J'avais décidé de moins penser à toi. Mais ça ne fonctionne pas comme un interrupteur. Et c'est la cause de mon insomnie.

 

 

                                                                                                 Ross THOMAS

 

 

Voir les commentaires

Les douleurs enlaçantes

Publié le par drink 75

 

Eteindre le jour, parfois. Je cours dans les rues de la ville, rempli de bière et de néant, j'erre dans les rues de paris, fracassé de houblon et d'ivresse inutile. Je cours dans les rues pour me libérer des murs de saint jacques. Je cours dans les rues de bruxelles pour oublier l'alcool, encore et toujours. Je cours dans le pays du creux du monde pour retrouver tous les enfants morts, je cours a bout de souffle, vers le néant qui m'attends, vers les bras qui m'évitent, vers les esprits qui vacillent. Je perds la vie au fur et a mesure que je perds la vue, je perds la vue au fur et a mesure que je perds la vie. Le type qui me disait que je parlais beaucoup mieux que lui et que je devrais être a la télé a sa place obtient un prix littéraire, j'entends son nom au masque et la plume. J'ai bu des verres et des verres, vide des godets au zinc de vos souvenirs, comme un dernier spasme de vie, comme un dernier souffle d'ennui. Je voulais tellement ne plus y revenir, je voulais tellement que nos vies androgynes se remémorent encore, je voulais tellement que nos vies se remémorent, ce que nous fûmes, ce que nous ne serons jamais plus. Je serre la nuit dans mes bras, puis je fracasse l'aube, mon visage agonie, et comme les douleurs s'évaporent quand je bois pour ne pas oublier, et comme la douleur s'envole quand je bois pour ne pas t'oublier.

 

 

Voir les commentaires

Fermer les portes

Publié le par drink 75

 

J'erre encore un peu dans l'appartement vide. C'est le quatrième appartement que je vide depuis quelques temps,  c'est le quatrième appartement ou mon enfance et mon adolescence se sont un peu déroulés,  que je rends vide car la personne qui y vivait est morte ou presque. Je suis un croque-mort immobilier. J'ai eu dix huit ans dans cet appartement, après avoir quitté mes parents. Je vivais ici avec la femme qui attends que la mort vienne la chercher dans un mouroir a quelques centaines de mètres de la. Le dimanche matin je suis réveillé par les cloches qui sonnent  dès huit heures du matin. J'ai toujours aimé rennes au fond, c'est une ville moche mais j'y ai toujours été heureux, c'est dommage qu'il n'y ait pas la mer. Je mourrais a saint malo. Je reprends le train pour la paris. Je pense a autre chose, je pense a quelqu'un d'autre. Je l'imagine en train de souffler des bougies alors que le train s'arrête a laval. Je perds les mots, peu a peu, j'essoufle mon propre esprit. Au fond, je me rends compte a quel point, tout s'éloigne, comme les gens, les appartements, les photos, les objets, comme tout peu a peu ne devient que souvenir. Au fond, je croyais que vieillir c'était plus rigolo ça, je pensais qu'on devenait totalement dingue et qu'on se foutait de tout. C'est plutôt l'inverse au fond, on ne se fout plus de rien, c'est comme si le compte a rebours s'emballait et qu'on pédalait de plus en plus dans le vide, comme un mécanisme cassé, comme un putain de mécanisme cassé. Au fond, je pensais que vieillir c'était plus rigolo que ça, mais j'espère tenir debout jusqu'a la fin, j'espère tenir debout a peu près jusqu'a la fin. A peu près.

Voir les commentaires