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Respirer

Publié le par drink 75

 

J'étais tellement furieux que je n'ai pas réussi a trouver le sommeil. Alors j'ai lu et relu ces mots qui me transperçaient le corps, oui j'ai lu et relu ses mots qui me transpercaient le coeur. Ca m'a permis de découvrir que j'en avais un. Elle se croyait admirative de mon pseudo talent pour aligner 3 mots, elle se croyait admirative de mon pseudo talent pour aligner 3 phrases, elle se croyait admirative de mon pseudo talent pour aligner 3 lignes. Elle ne se rendait pas  compte que c'était elle qui avait du talent. Je l'ai laissé m'admirer, je l'ai laissé me féliciter. Mais c'était elle. Les mots qui s'entrechoquaient, la vie, les personnages, c'était elle qui avait du talent. Elle ne s'en rendait même pas compte. Je me  demandais  comment on pouvait passer à côté des gens, comment on pouvait ne pas leur dire ce qu'ils étaient, les rendre plus vivants.  Je me demandais. A quel moment on décidait que les gens ne méritaient pas d'entendre ce qu'ils étaient ? Comment a son tour on devenait un salaud par omission, par ce qu'on avait tourné la tête au mauvais moment pour ignorer la réalité. Cette nuit, alors que je lisais et relisais tes mots, je ne parvenais pas a effacer la douleur que je ressentais, elle poissait en moi, s'incrustait, s'intégrait. Me désintégrait. Je m'interrogeais, alors que la nuit recouvrait la ville moche, comment tu as pu ignorer cela, aussi longtemps, comment tu as pu ne pas l'écouter, comment tu as pu te laisser aller pour écouter ses louanges a ton égard sans essayer d'en savoir plus. Tu devinais bien les fêlures, les brisures, les sacrifices, les interstices. Comment tu  as pu, toi qui te croit malin et intelligent, comment tu as pu ? C'est le problème avec la grâce, tout le monde croit que c'est naturel, tout le monde pense que c'est inné, que c'est une force de l'âme. Ces gens qu'on entends pas, cette vie qu'on ignore malgré les heures côte à côte, cette vie qu'on ignore, malgré la main dans la main, cette vie qu'on ignore,  malgré ces instants d'intimité absolue cette vie qu'on ignore.  On se rend compte a quel point, sa propre présence, cette présence qu'on croyait occuper l'espace, cette présence qu'on croyait suffisante pour que l'autre respire, on se rend compte a quel point, cette présence est vaine, inutile. Je lis les mots, j'ai envie de fumer tout ceux qui ont croisés ta route. Et j'en arrive à moi. Je ne vaux pas mieux sans doute, qui suis-je après tout pour juger ? Si, je vaux mieux, je vaux beaucoup mieux que ça. Je t'entends me dire, c'est un peu de ma faute, je t'entends me dire, je n'ai pas été claire, je t'entends me dire, mais je changeais d'avis. J'ai envie d'arracher ton âme pour effacer ces conneries que tu penses et la remettre a sa place, débarassée de cette culpabilité, nettoyée de ces connards, de ces justifications qui n'ont pas lieu d'être. Personne ne mérite ça, car personne n'agit comme ça. Si tu étais revenu, quelques jours après m'avoir quitté, puis que tu m'avais dit que c'était a nouveau terminé, je ne me serais pas comporté ainsi. J'en ai la certitude. Ca me rassure un peu, même si je n'ai pas une très haute idée de moi. Je lis et relis tes mots pour épuiser la nuit, pour supporter le souvenir, pour accepter la scène. Je ne dors pas. Ton talent pour décrire ce qui est indescriptible me prends à la gorge, me saute à la gueule. Tes maux m'entourent. Je scande tes phrases. Ta douleur. Ta présence. Personne n'est comme toi, chantait je ne sais plus qui. Je te le confirme.

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L'humanité (de ton côté).

Publié le par drink 75

J'ai raté ta vie. Bien sur je t'ai aimé, je t'ai adoré, bien sur je t'aime, je t'adore, mais j'ai raté ta vie. Je pourrais dire que c'est douloureux mais c'est bien plus que cela. Tu es passé à coté de moi pour me prendre par la main et même si j'ai marché a tes côtés et que je t'ai suivi, je ne t'ai pas comprise. Plutôt je ne t'ai pas entendu et écouté. J'ai raté ta vie et je me demande encore comment j'ai pu faire. Comment j'ai pu ne pas être.

Je n'ai jamais eu confiance en moi. Jamais. Ca remonte a loin. Je me suis toujours trouvé assez nul, et ça tombe bien la vie m'a donné raison. J'ai fait des études pathétiques, je n'ai eu aucun diplome, la première étoile peut-être et un truc de natation dont je ne me souviens plus le nom., un triton de bronze ? Mes études furent inexistantes, je n'ai pas eu le certificat d'étude, encore moins le bac. Je n'ai jamais été a la fac ni dans une quelconque grande école. Plus tard au boulot, quand j'ai croisé des gens qui avaient réussi et que je les trouvais pas toujours très intelligents, je me demandais comment j'avais pu me planter a ce point la. Mes soeurs ont faits des études honorables et mon père a eu le bac et même deux je crois a une époque ou moins de 1 pour cent de la population l'avait. Autant dire que je me suis toujours considéré comme une truffe. Je m'en suis a peu près sorti au boulot, même si chaque fois que j'ai eu des responsabilités ça s'est mal fini. Je suis donc redevenu un petit employé gris et triste et je le serais toute ma vie. Je n'ai jamais eu d'occasions d'avoir un complexe de supériorité. Et pourtant je ne t'ai jamais dit à quel point je t'admirais. On dit toujours qu'on doit dire aux gens qu'on les aime de leur vivants, c'est vrai, pourquoi on attends qu'ils soient malades ou morts pour les couvrir de fleurs. Je t'ai toujours admiré. Pour ce que tu étais, pour ce que tu vivais, pour ton caractère imperturbable, pour les sacrifices que tu t'imposais. Je ne te l'ai jamais dis. Je t'écoutais parfois, et je savais que tu avais raison. Cette façon de mener les gens ou bon te semblait, de les orienter dans la bonne direction en leur faisant croire que ça venait d'eux. Cette humeur toujours égale. Depuis ton enfance, tu n'as rencontré que des connards. Enfant, tu te faisais harceler, puis ensuite tu es sorti avec des gars pas très gentils, sans doute jaloux de ta beauté et ton intelligence, il te rabaissait et te le faisait payer, pour se sentir supérieur ou pour je ne sais quoi dont je me fous. Tu as tellement subi, bien plus que ce qu'un être humain pourrait supporter, bien plus que ce qu'une femme doit supporter. Tu ne t'es jamais plainte. Jamais. La, ou moi comme les autres, je commence a chouiner dès qu'un truc me contrarie, tu reste imperturbable. Toujours un coup d'avance. Je n'ai pas été mieux que les autres, même si ça me terrifie d'écrire ses lignes, je n'ai pas été meilleur que les autres. Bien entendu, j'ai été gentil, prévenant, mais je ne t'ai pas dit a quel point tu m'étais indispensable pour être meilleur. Je me demandais toujours comment tu vivais avec cette force et malgré cette certitude que tu allais vers l'abattoir. Je ne t'ai dit comme j'admirais ton intelligence, ta grâce, cette élégance, même dans la douleur. Je ne te l'ai pas dit et je ne te l'ai pas fait imaginer. Je ne vaux pas mieux que les autres. Sur mon piédestal, sans doute enivré de ton admiration, je t'ai oublié. Je me suis gavé de tes compliments et ton amour. Je ne te l'ai pas rendu. Je n'ai pas été à la hauteur, Une fois de plus. Je n'ai pas attendu que l'orage passe, je me suis comporté comme un type qui ne pensait qu'a son confort. J'ai été me perdre ailleurs, ce qui est tout ce que je mérite. Je sais aujourd'hui que tu es encore plus forte, ce qui semble impossible, et pourtant tu es plus forte, plus légère, plus aérienne. J'ai compris que je devais rester à ma place et ne pas me croire meilleur que les autres. Je ne le suis pas. Je ne connais personne qui ait ton courage.  Ce ne sont pas ces quelques mots qui  y changeront quelque chose. J'ai raté ta vie.  J'en pleure des larmes de sang. Je ne te mérite pas.

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Ne plus tanguer

Publié le par drink 75

 

Le jour se lève beaucoup plus tôt sur le port, ou alors les jours rallongent, toujours est-il que je sais que le jour est la fin de notre nuit et j'aimerais que le jour ne se lève pas. Le fantôme a posé sa tête contre mon épaule et j'ai posé une couverture pour ne pas qu'elle ait froid. Nous avons passé la nuit a parler, j'ai essayé de raconter beaucoup de conneries pour que le rire du fantôme qui est une des plus belles choses au monde résonne dans tout le port. C'est dommage je me dis, en mourant je voudrais entendre ce rire, mais je pense que le fantôme ne sera pas a mon chevet et que même si elle y était elle ne voudrait pas rire. J'ai posé des questions aux fantômes et elle a répondu a toutes sauf une. En fait ce n'est pas très grave car ce n'est pas important, c'est plus de la curiosité de ma part, et je me doute un peu de la réponse, mais je lâche l'affaire. J'ai répondu a ses questions car ça ne me dérange pas, elle marche sur des oeufs parfois en  me disant que je peux ne pas répondre alors que non, ça ne me dérange pas. On arrête pas de parler. Parfois elle rit. Le moment est magique. Il fait jour, tu vas bientôt devoir y aller, elle me dit, tu es attendu. Et toi ? je lui réponds. Le fantôme se redresse et me regarde comme si ma question était la chose la plus incongrue du monde. Tu sais bien, elle dit. Et puis son visage s'éclaire et elle éclate de rire. Oh non, pas toi capitaine. Elle est tordue de rire. A ce moment là, évidemment, le magicien passe sur le port, il a le nez en l'air comme s'il passait par hasard, et il me fait un sourire comme s'il était surpris de me voir. Oh ca va je dis tout penaud, c'était pour entretenir la conversation. Elle n'en peut plus de rire, mais quelle andouille elle répète, mais quelle andouille. Je ne lui dis pas que lorsqu'elle est revenue, je trouvais ça tellement étonnant que  j'étais parti de 2 postulats de départ pour établir 2 théories. Elle répondrait je ne suis pas revenue puisque je ne suis pas partie. J'avais lâché l'affaire avec mes deux théories issu de mon esprit trop cartésien et je m'étais noyé dans son rire. C'était un de mes problèmes dans la vie, il fallait que je trouve une logique a tout. Tu te souviens quand tu chantais ? je lui demande pour changer de conversation et parce que je veux garder la magie, je veux qu'elle repose sa tête au creux de mon épaule. Je crois pas que tu aimais beaucoup ça, elle rigole. Le jour est complétement levé. Le fantôme se lève aussi. Je me rends compte a ce moment là que tout mon corps se met a vaguement trembler. Personne ne peut s'en rendre compte c'est infinitésimal mais je le sens dans mes os. On se voit plus tard, elle sourit. Je te vois chaque instant je ne lui réponds pas. Je l'aide a descendre du bateau et quand elle se serre contre moi je sens mon corps qui s'apaise. Je la regarde partir. Je remonte dans le bateau en sifflotant comme un adolescent que je suis. Nous sommes des enfants, heureusement.

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L'illusion de l'évènement

Publié le par drink 75

 

La fille rentre sur notre plateau, depuis qu'on m'a relégué avec le petit peuple au politburo, j'ai perdu mon bureau. C'est à peu près tout ce qui change. Je suis avec ma collègue préferée, la plus marrante et la plus secouée. Elle s'énerve tout le temps, elle me fait rire. Elle taille tout le monde ce qui est un des seuls intérêts du boulot. Sa femme travaille aussi au politburo de la ville du milieu, elle est beaucoup moins rigolote et j'ose à peine lui dire bonjour tellement elle a toujours l'air de vouloir tuer tout le monde. Bref, on est avec la femme de toujours en fureur a déconner quand une fille rentre sur notre plateau. Je ne vois pas trop qui c'est mais de toute façon je ne reconnais personne, depuis que je suis au politburo de la ville du milieu il faut porter un masque. Je n'ai vu les gens pour de vrais qu'en vidéo. Du coup je ne reconnais personne, l'autre jour une personne s'est arrêté alors que je sortais de ma voiture et je n'ai jamais su qui c'était. Nous avons discuté jusqu'au bas de l'immeuble, puis je l'ai laissé a l'ascenseur vu que je travaille au premier étage.

Je suis a la maison et je regarde les chevaux au loin. C'est l'avantage d'être en télé-travail, on trouve du temps pour faire des trucs chiants. Je prends mon téléphone et compose le numéro du notaire.  Mes soeurs et ma cousine m'ont dit que c'était mon tour. Je suis même étonné - que vu ce que la somme qu'on peut espèrer toucher,  représentent pour elles, c'est a dire un pourboire - qu'elles se soient un peu démenés pour essayer de récupérer ce fric. Il n'y a que moi qui court après, vu que même quelques milliers d'euros me permettrait de souffler quelques temps. J'appelle donc ce clerc de notaire qui ne peut nous verser notre argent depuis 20 mois pour une raison qui m'échappe un peu. J'appelle et je me demande ce que je vais lui raconter. Je sais ce qu'il va me répondre. Notre tante est décedée depuis presque 2 ans, bon il y a eu le covid, là, je pensais que tout allait pouvoir s'arranger, et patatras, une des héritières décède. Il faut tout recommencer. Je pense qu'il va me dire ça mais j'appelle quand même.

La jeune fille vient me voir alors que je travaille dans la chambre d'ami qui est devenu mon bureau et elle me dit qu'elle a reçu un mail d'orléans. Je lève les yeux au ciel. La moche ville d'orléans ou les anglais ont inventé le barbecue a nos dépens est devenu synonyme d'emmerdements. Ils envoient un mail pour dire qu'un courrier envoyé a une mauvaise adresse est revenu, ils ont scannés l'enveloppe envoyé a la mauvaise adresse pour montrer leur connerie de bonne foi et ils ont du coup transmis le courrier par mail. Je regarde la signature en bas du mail et je reconnais le nom de la personne avec laquelle je me suis écharpé il y a quelques mois. Je me dis que je ne vais peut-être pas recommencer comme la fois précédente. Encore une convocation une semaine à l'avance, puisque on a que ça a foutre de faire 300 kilomètres aler-retour, encore un truc qui ne sert a rien. Bordel.

La fille qui est rentré sur notre plateau, arrive vers moi, ma collègue qui connait tout le monde lui dit tiens salut ça va, et la fille se plante vers moi en disant c'est bien toi drink 75 ? Alors que je vais répondre, oui ça ne peut être que moi, dans mon service on est 4 gars pour 50 filles, il n'y a que des jeunes alors que je suis vieux et je suis le seul rouquemoutte. Il y a bien une fille rouquemoutte qui d'ailleurs me fait la danse du ventre, et qui est drôlement jolie, mais bon je suis quand même 3 minorités a moi tout seul. Donc on me reconnait e voulais te dire, elle commence et a ce moment là ma collègue dit stop ! Elle avale une gorgée de café et dit a la fille tu peux y aller. Je bois une gorgée avant  qu'il réponde elle explique car ce mec fait exprès de sortir des conneries quand je bois ou je mange et la dernière fois j'ai failli mourir en m'étouffant avec mon café. Stop, je dis a mon tour. Je sais ce que tu veux, tu viens pour mes secrets minceur je dis a la fille épaisse comme un étourneau anémié, tu veux savoir pour quelles raisons à mon âge et avec ce que je mange, j'ai un physique pareil ? Ah non dit la fille très sérieuse. Non je passais et je voulais te dire mon admiration. J'entends collègue de plateau glousser. Ah c'est pour les taches de rousseur ? Mais c'est génétique, je lui dis d'un air navré, je n'y suis pour rien.

Le clerc de notaire décroche, c'est monsieur drink, je lui dis. Ah monsieur drink, il dit comme si je lui rappelais une souvenir joyeux d'il y a quelques siècles. Je voulais savoir si on avait une chance de toucher un jour la succession de notre tante ? Enfin ce qu'il en reste je lui dis pas, vu que tout le fric est parti et que le peu qui reste est divisé par 5. Non pas par 5 monsieur drink, vous toucherez un tiers de la moitié et vos cousines la moitié de la moitié. Le mec est sadique et se prend pour cedric villani ? Et du coup pourquoi on ne touche pas l'argent, je demande avec une voix débile et suppliante, vu que j'ai promis a ma banquière qui m'autorise un découvert hallucinant que du fric doit arriver. Vous aviez promis à la rentrée, puis avant la fin de l'année, puis au début de l'année. C'est a cause du mari de votre cousine me répond il, je n'ai pas de nouvelles. Tu m'étonnes, je lui reponds pas, il est en cure de désintoxication au fin fond de la bretagne ou a boire des coups au fin fond de la guyane, dans les deux cas on est mal  barré pour qu'il réponde.

Il y a quelques mois, la jeune fille reçoit un mail lui indiquant qu'elle doit aller a orléans passer une radio des poumons. C'est dans le cadre de son arrivée en france, et ça lui permettra ensuite d'avoir une carte de sejour, voire une carte vitale. J'appelle la nana, pour lui dire que bon c'est bien gentil leur truc, mais on reçoit ça deux mois avant son arrivée en france, mais que là ça fait 2 ans, que la jeune fille a déja une carte de séjour, une carte vitale, une mutuelle, je comprends que leur procédure ait pris du retard a cause du covid mais là elle va pas aller faire 300 kilomètres pour une radio. C'est la procédure elle dit, bien sur qu'on est retard mais il faut faire une radio des poumons. Putain je lui dis, on habite une ville de plus de cent mille habitants, on peut passer une radio si vraiment c'est nécessaire mais on ne va pas faire 300 bornes aller retour alors qu'il y a des centaines de laboratoire dans notre ville. Ah mais si dit la fille, vous allez venir a orléans faire une radio, le cabinet est en face de la gare c'est facile a trouver. Mais c'est illogique de faire 300 bornes pour passer une radio des poumons je lui dis, on va faire 3 heures de route aller retour pour rester 1 minute dans un cabinet médical pour passer une radio, je peux laisser ma voiture allumé tellement ca va aller vite. C'est pas un problème de logique ou d'illogique me réponds la fille, c'est la procédure !

Oui reprends la fille, qui me semble un peu sérieuse, en même temps au politburo de la ville du milieu tout le monde me semble un peu sérieux, j'ai admiré ton attitude au webinaire de la direction. Ma voisine regarde son écran, je sais qu'elle a envie de rire. Tu as eu quelle attitude elle me demande ? Et bien, on peut poser toutes les questions qu'on veut dit la fille et tout le monde les pose de façon anonyme. Et drink a indiqué son nom, on savait que c'était monsieur drink, il y a 3000 personnes et tu es le seul qui indique son nom.  Putain je bosse avec jean moulin dit ma voisine. Je lui souris bêtement. Je t'explique, reprends ma voisine de plateau, c'est pas que le mec est courageux, c'est que le seul gars sur 3000 personnes qui n'a pas compris qu'il fallait cocher la case anonyme. Du coup, il a mis son nom. Ce mec est un demeuré. Un roux demeuré j'ajoute.

C'est de la faute du notaire du mari de votre cousine m'explique le notaire. Heu non ma cousine est morte presqu'un an après ma tante. C'est de votre faute je ne dis pas. C'est de la faute du covid et puis c'est de la faute du notaire du mari de votre cousine, il ajoute comme s'il m'entendait réfléchir. Mais ça va etre compliqué il me dit, et là il m'annonce une nouvelle qui semble particulièrement grave et qui me laisse pantois et songeur : Le problème avec le notaire de votre cousin c'est que c'est un notaire macron. 

Cette fois-ci la jeune fille est convoqué pour une durée de 3 heures. Au moins je me dis, c'est autant de durée sur place que de durée de voyage. Pour des trucs encore sans intérets. La dernière fois nous sommes restés 5 minutes chrono dans la ville moche. Je me baladerais pendant 3 heures, on ne sait jamais, il y a peut-être une librairie d'occasion ou pas. Et ensuite je me dis, je ne veux plus entendre parler de cette ville à la con. Vraiment plus entendre parler de cette ville à la con.

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Je ne me souviens pas.

Publié le par drink 75

 

Je ne me souviens pas de ce que m'as dit au téléphone pour me dire que c'était terminé par ce que je crois que je préfère l'oublier,

Je ne me souviens pas que je me trouvais plus intelligent que toi vu que je me suis toujours trouvé totalement demeuré de ne même pas avoir le certificat d'étude,

Je ne me souviens pas ce qu'elle m'a répondu quand j'ai dit a ma meilleure amie que j'en chiais des ronds de chapeaux mais qu'il fallait que je continue a faire comme si je m'en foutais,

Je me souviens plus de ce que je t'ai écris quand je t'ai montré mon pire moi, je crois que j'ai préferé faire un déni, oublier ce mail, oublier tes pleurs, oublier les lignes écrites, oublier ce que je pouvais être,

Je ne me souviens pas quand j'ai compris que tu ne reviendrais pas, peut-être que j'ai préferé oublier,

Je ne me souviens pas d'avoir été choqué que tu ne sois pas d'accord avec moi, je crois que j'aime ça, même si j'avais raison et que tu avais tort j'appréciais nos désaccords,

Je ne me souviens pas de ce que j'ai ressenti quand tu m'as demandé ou j'étais et comment j'allais, je mangeais au restaurant pour commencer un truc qui n'aurais jamais lieu, qui marquerait la fin de pas mal de choses mais je me souviens que je me suis demandé pourquoi tu me demandais de mes nouvelles et si j'étais a un concert au bataclan,

Je me souviens pas d'avoir fait montre de tant de détachement pour ce que tu étais et ce que tu ressentais, je pensais absolument l'inverse et je me suis retrouvé vexé et je m'en suis voulu que tu penses ça,

Je ne me souviens pas ou j'étais toutes ces années, la prégnance de l'absence, le déni, l'enfouissement de tout, ça me semble une sorte de brouillard qui se conjugue avec l'ignorance,

Je me souviens pas comment je me suis mis a suivre ta soeur sur un réseau social à moins que ce ne l'inverse, mais je me souviens qu'un jour j'ai répondu a ta soeur à une question sur les wampas qu'elle posait à la cantonade et qu'elle m'a remerciée,

Je ne me souviens pas des plans totalement délirants que j'avais échafaudé pour te retrouver mais je crois que c'est aussi bien ainsi car certains étaient proprement déguelasses ou crétins suivant de quel point de vue on se place,

Je ne me souviens pas du jour ou j'ai basculé, ou j'ai pensé que tout était foutu, qu'il ne fallait plus rien espèrer, mais je me souviens d'avoir estimé qu'il ne fallait plus écrire et survivre uniquement pour les autres,

Je ne me souviens pas ce que j'ai ressenti en commençant a écouter cette chanson que tu avais écrite car j'ai eu l'impression de violer une intimité et j'ai arrêté tout de suite,

Je ne me souviens pas le moment ou je me suis dit que tu étais tellement sincère et que ton combat était tellement juste, que même si j'avais envie d'apporter une légère contradiction il fallait mieux que je disparaisse,

Je ne me souviens pas d'avoir jamais cessé d'y croire, car j'ai pensé que la classe et l'élégance ne pouvait pas disparaître de ma vie, et même quand je n'y croyais plus, je me souviens que j'y croyais encore,

Je ne me souviens pas de tout ce que j'ai préferé oublier, mais je me souviens de tout le reste et de beaucoup plus encore.

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Nos sentiments

Publié le par drink 75

 

Je me souviens des maux alignés les uns a côté des autres, je me souviens. On pense que tout est définitif car on sait bien que ça n'existe pas. Comme le brouillard définitif. Ca n'existe pas. Les mots gravés. Il me semblait que ça ne changerait pas. Non par ce que les choses ne changent pas, mais tout simplement car elles sont ainsi. Je pouvais jouer la comédie, vivre des milliers d’autres vies, attendre que la nuit me recouvre. Je pouvais mourir mais je ne pouvais rien oublier. C’était ainsi. La prégnance de sa présence ne manquait pas de m’étonner alors même qu’elle n’était plus là, alors même que j'avais tout perdu, les souvenirs, l’appartement et tout le reste, Il semblait que ça ne changerait pas. C’était juste ainsi. Et la vie semblait couler aussi surement que le titanic. Dans les vies qui s'effacent, dans le songe qui remplace la réalité, au milieu des autres mais tellement loin. Loin de toi. Je me souviens des souvenirs alignés comme des trophées, au milieu de la bibliothèque mentale qui me sert de lieu de vie. Je laissais défiler des photos, Je m'allongeais sur des pelouses de songe. J'étais parmi les ombres et les souvenirs. Et puis...Tu m'as tendu la main et je l'ai attrappé. Je pensais que tu allais trébucher et que tu me demandais de te retenir, en souvenir de ce qui fut. Mais ce n'était pas ça. C'était quelque chose qui n'existe pas. Car nous vivions quelque chose qui n'existe pas. Qui n'est pas repertorié dans les livres. Que l'on apprends pas à l'école. Tu t'es assise a côté de moi et tu m'as juste dis que c'était comme ça. Qu'il ne fallait pas chercher a comprendre. Tu m'as dit, je me lève et je descends du car si tu ne veux pas que je reste. Je me suis demandé si tu irais t'asseoir a d'autres places de temps en temps mais je n'ai pas osé te demander. Je me suis posé des centaines de questions. Mais tu es resté assise. Tu as enlevé l'accoudoir qui séparait nos deux sièges. J'ai décidé de ne plus me poser de questions. Tu semble plus légère. Tu es plus légère. J'ai pris ta main. Tu m'as souri avec bienveillance. J'ai pensé que tout était bien. Je ne sais pas ce que nous vivions mais tout était bien. Tu m'as souri et toutes mes questions se sont effacées.

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Après la chute

Publié le par drink 75

 

J'ouvre un oeil. Mon corps n'est que lambeaux. Mon âme est éparpillée un peu partout. Le soleil traverse les rideaux. Un corps ronfle quelque part. J'essaie de rembobiner le film. La veille.  Un mois que je cherche a comprendre ce qui m'arrive et il faut bien avouer qu'il ne m'arrive pas grand-chose. Je fais comme on fait quand on ne sait pas quoi faire d'autre, je fuis. Porto est une de mes villes préferées au monde, Je suis content de m'y retrouver. J'ai trouvé un appartement près du centre. Dans une petite rue qui descend vers la gare. J'ai toujours aimé le portugal, dès le départ, les pays c'est comme les villes, tu ne peux pas toujours expliquer les raisons mais  c'est preque immédiat. J'aime pas l'espagne, j'aime pas l'italie, j'aime pas londres. J'adore le portugal, j'adore bruxelles, j'adore liège. Je lance une petite bouée au fantôme en arrivant a porto. Je lui demande ce qu'elle veut comme cadeau, je ne me souviens plus précisément, ou je lui dis que je vais lui envoyer un cadeau. Elle me réponds non mais ça va pas la tête. Je me demande ce qui me prends. Je crois encore que ce n'est pas réel. Je veux lui envoyer une carte mais je crois que je ne le fais pas. Je me promène dans porto, je longe jusqu'a la mer. C'est beaucoup construit depuis la dernière fois que je suis venu. Le soir, je descends jusqu'au Douro, vers ce qui est pour moi le meilleur panorama de porto. Au bord du fleuve, a la fraîche, sous le pont construit par eiffel. Je commande une bouteille de vinho verde et j'attends qu'il ne se passe rien, espérant que la nuit va peu a peu recouvrir mon âme. Je ne suis pas malheureux a cette époque, je suis anesthésié. Comme évadé de moi-même, inconnu de mon propre moi. Il n'y a personne à l'adresse indiqué.  A la seconde bouteille de vinho verde, je discute avec deux portugaises. L'une semble un peu au bout de sa vie et ne parle qu'anglais avec un accent prononcé, l'autre parle français, plutôt pas mal. On parle anglais pour ne pas que celle qui ne comprends pas le français ne fasse pas encore plus la gueule, même si elle ne participe pas à la conversation. Elle est sur son téléphone. Le regard figé dans l'écran, noyé, comme si elle attendait qu'il en sorte quelque chose. Aujourd'hui encore je suis incapable de me souvenir de son prénom. L'autre fille s'appelle paola, elle connait bien bordeaux, ville que je ne connais quasiment pas, j'évite de lui dire que la seule fois que j'ai mis les pieds a bordeaux c'était au milieu fin des années 80 pour un concert de marc seberg au chat bleu, avec litfiba en première partie il me semble. Elle me prendrait pour son grand-père. A la troisième bouteille de vinho verde, la fille toujours sur son téléphone dit un truc en portugais à l'autre. L'autre se marre, hausse les épaules. Elle lui dit sans doute, qu'est ce qu'on fout avec ce vieux, dès qu'on a fini de picoler, on se casse. Je le comprendrai en plus. Il y a une soirée me dit paola, une grosse soirée avec des djs et tout, en centre ville, ma copine se demande si tu pourrais nous faire rentrer. Je la regarde avec mon air idiot, enfin mon air naturel un peu embrumé à l'alcool, et je reponds que je ne connais personne a porto, et que j'ai pas de contact pour les faire rentrer. Elle se marre. Elle répète ce que j'ai dis a l'autre fille qui à l'air de ne pas en revenir et me regarde comme si j'étais le plus gros débile rouquin qu'elle est n'est jamais rencontré. Est-ce que tu peux nous payer l'entrée ? dit paola vu que mézigue est long à la comprenette. Bien sur je dis, vu que j'ai décidé de claquer tout mon argent avant de mourir, je n'y vois aucun inconvénient. On mange pas très loin du rade, dans un restaurant pour touriste un peu vide vu qu'on est fin janvier début février, et puis on prend un taxi pour aller au lieu du concert. Je m'attendais a un petit club, on se retrouve devant un lieu assez grand, il y a pas mal de monde dehors. On fait la queue et je paie. Le fait d'avoir mangé me permet d'avoir un peu décuité même si on a bu pas mal de vinho verde a table. La salle est assez grande, je pense qu'on est plusieurs milliers, c'est un genre de petit zénith, il n'y a que des jeunes, je pourrais être le daron de tous les gens présents. Un dj sur scène diffuse une musique un peu vieillotte. Paola me dit qu'on est venu pour voir w and w, deux djs néerlandais qui vont jouer plus tard, quand je lui dis que je ne connais pas elle me regarde comme si j'étais un martien débarqué sur terre. Je paie des bières, je m'attends a ce que la fille dont je ne me souviens pas du nom disparaisse et que paola reste avec moi mais c'est l'inverse qui se produit. Paola disparait en disant a plus tard, et je comprends bien qu'a moins de la croiser par hasard je ne la reverrais pas, tandis que l'autre se colle presque a moi et me demande de lui garder sa veste. Après je dois aller avec elle aux toilettes, je comprends peu a peu que la fille est complétement flippé de se retrouver là. Elle est tout le temps sur son téléphone comme si elle avait un rendez vous en suspens. Elle me dit que paola est parti rejoindre son petit ami pour bien me signifier qu'il n'y a aucun espoir. C'est curieux je me dis, j'ai pas du tout payé en espérant quoi que ce soit, j'étais seul puis j'étais avec elles, maintenant je suis avec elle et bientôt je serais seul. Un autre dj déboule et la musique est toujours aussi chiante, en fait, c'est une immense boite de nuit le truc. L'autre m'embarque vers les chiottes. Un type arrive devant nous, un peu plus vieux que la moyenne, beaucoup plus jeune que moi, la fille dont je ne me souviens pas le nom lui donne un billet et en échange il lui tends un sachet. Ils sont pas discrets ou alors ils s'en foutent. Je sais gré a la fille de ne pas me faire payer sa drogue. Le mec nous salue après que j'ai décliné sa proposition de me refiler sa merde, qui doit être du speed surcoupé et je me rends a quel point je suis débile et que j'aurai du comprendre depuis le début que c'était un plan deal. La fille disparait dans les chiottes. Elle est beaucoup plus détendue un peu plus tard je comprends que c'est une camé legère. Noir. Les dj's néerlandais sont sur scène et c'est un peu plus le bordel, je suis au bar, je parle avec un type qui est aussi défoncé que je suis ivre, qui parle aussi bien l'anglais que moi le portugais, on va aller loin. Noir. Je roule une pelle a une fille. Son haleine a goût de vomi. Noir. Je me vois payer des verres au bar, je suis avec une fille qui parle français comme une française. Noir. Le taxi fait la gueule car on est déchiré et c'est l'aube. Je lui donne 20 euros pour faire un trajet de 5 minutes ça le détend. Noir. Il y a une fille qui semble morte dans le lit près de moi. Les ronflements viennent d'ailleurs. Une autre fille sur un canapé. Je me réveille dans l'après-midi, tout habillé de la veille, la fille dans le lit n'est plus la. Je vais pisser. Il y a du vomi dans la baignoire que je nettoie avec le pomeau de douche avant de me pencher et de laisser ma tête 10 minutes sous le jet glacée. Je vais me recoucher. Noir. Presque le soir, je bois un café avec la fille qui ronflait sur le canapé, elle est française. Elle semble surprise quand je lui demande s'il y avait une autre fille avec nous car il me semble que j'ai vu quelqu'un dans le lit. Elle s'appelle éloïse. Putain t'étais chiant, elle me dit tu m'appelais par un autre prénom. Elle le cite. Rien a voir elle dit. C'est le prénom du fantôme je lui dis pas. Tu m'as saoûlé. En plus je te demandais de m'héberger, tu me faisais des grands discours que tu voulais pas coucher avec moi. Que ton corps était réservé. Non mais t'es con ou quoi ? Moi non plus je voulais pas coucher avec toi. Elle se tire un peu plus tard, semble furibarde. La nuit tombe sur Porto, je me dis que la vie va être longue. Très longue.

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En allant vers la lumière

Publié le par drink 75

 

Je descends du bateau et je vais vers le rade. Je suis énervé. Tellement furax. J’ignore pour quelles raisons la fantôme m'a raconté ses dernières aventures au rade mais je me sens prêt a tous les buter. J'arrive devant et je fume comme une centrale à charbon. Juste avant de pousser la porte qui d’ailleurs n’est pas bien fermée, j’entends le vieux collé au comptoir qui parle a une petite assemblée. Il parle fort car il est un peu ivre.  "Il est trop idiot le capitaine, elle l’appelle, il arrive ventre a terre en se disant tiens on va remettre le couvert sauf qu’elle voulait juste le revoir, elle a tourné la page, elle est passé a autre chose, mais lui non, et ce crétin y a cru, il s'est cru dans un film hollywoodien. " Le vieux et le serveur se marrent.  Et aussi un ou deux joueurs de cartes. La vieille est assise dans son canapé, fumant et sirotant un alcool fort. C'est la seule a ne pas rire. Avec le petit magicien. Il est collé au bar lui aussi, mais semble curieusement rester circonspect. "Vous avez tort je crois, elle est dingue, elle a toujours été dingue, je ne suis pas sûr qu’elle-même connaisse la raison de son retour." Il me surprend agréablement. Je me prépare a entrer pour jeter un froid glacé, comme du givre, avant de tous les fumer. Le magicien reprend. "Le capitaine au fond il me fait de la peine, vraiment, il n’a jamais trop su ou il en était mais là on dirait un poulet sans tête. Il va repartir encore plus déprimé qu’il n’est venu. Je me demande si je dois rester encore a écouter les analyses conjugales des piliers de comptoir ou si je dois rapidement les buter comme je m’y étais préparé. "Il parait que son bateau n’est même plus son bateau. Il l’a vendu et il est obligé de le louer." Je ne sais pas qui a lancé cela, ils sont encore en-dessous de la réalité je ricane. Le serveur ajoute sa petite pierre a l'édifice, visiblement c'est une assemblée de copropriétaires sur le batiment mézigue. "Il est pas fait pour les relations avec les femmes le capitaine. Vous vous rappelez sa nana d'avant, la taré, un jour ils s'étaient embrouillés, le gars lui dit : je suis un être humain, je ne suis pas un punching-ball. Tout le bar tangue de rire. "Sérieusement quel type sort ça à sa nana ?". Je ricane de plus en plus méchamment, je me demande a quel moment je vais faire mon entrée en scène. "Vous avez vu que le fantôme a un chien, elle va pouvoir acheter une deuxième laisse pour le capitaine" lance le vieux et tout le monde se met a hurler de rire. J'en profite pour faire mon entrée en sifllotant, certains s'arrêtent de rire, le vieux qui est collé au bar et qui ne me voit pas arriver dans son dos, continue de se gondoler de sa bonne blague. Le serveur me fait un sourire qui ressemble a une grimace, le vieux se retourne vu que le silence a succédé aux rire, et m'apercevant, se colle au zinc et plonge le nez dans son verre. Le petit magicien, pas fou, s’éloigne un peu en regardant un point fixe au bout de la salle comme s’il venait de repérer une poussière qui trainait depuis une décennie et qui n’avait pas été récuré lors du dernier gros ménage du bar au siècle dernier. Un café je dis au serveur alors qu’il attrape un verre pour me servir une pression. Je ne loue pas mon bateau je dis au vieux qui me regarde comme si je lui parlais de la sociologie des cétacés en milieu hostile, la vente n'a pas rapporté assez et je travaille pour finir de payer au nouveau proprio ma dette. Je fais du transport de cons, je pourrais tous vous embarquer. La vieille se  marre. Bon de quoi on pourrait parler, je reprends, vu qu’on est dans une assemblée d’ultracrépidarianistes, il me semble que j’y ai ma place. Le serveur me regarde comme si j’étais taré. Le vieux assèche sa bière et se met un doigt dans l’oreille en le secouant comme un épileptique, pensant qu’il a mal entendu. J’ai réveillé le gérard majax du port qui revient vers nous avec sa baguette. Celle des tours de magie, hein, j’ai jamais vu sa tuyauterie et c'est plutôt au fantôme qu'il aurait aimé la faire admirer. L’ultracrépidarianisme, mes amis, le capitaine a raison, nous sommes en pleins dedans. Au fond, je ne déteste pas le petit magicien, je l'ai toujours trouvé un peu pénible avec ses analyses idiotes, mais je me demande s'il n'a pas autant souffert que moi du départ du fantôme. Surtout qu'il n'a pas du comprendre. Ils étaient amis si l'on peut dire, il est devenu une sorte de victime collatérale. Je bois mon café dans un silence tendu. Vous en êtes ou ? je demande. Le serveur me regarde, le vieux me regarde, le magicien me regarde. Ma troisième tournée répond le vieux. Non je demande, vous en êtes ou des préparatifs ? Je remarque le regard du serveur, il vient de prendre un shoot de 7 ans ou 8 ans en arrière. Nos conversations a sens unique, ou disons plutôt mes conversations avec lui qui avait du mal a suivre mon raisonnement. Quels préparatifs demande le vieux ? Je voulais juste savoir avant de faire sauter ce rade, et toutes les baraques autour si vous vouliez prendre quelques affaires ? j'explique. Le magicien capte, on peut pas lui enlever cela, il est plus fin et plus intelligent que les autres, vous me direz que c’est pas difficile. C’est pour cela que le fantôme l’aime bien. Elle a une appétence pour l’intelligence et comme elle vous donne l’impression que vous êtes intéressants, le magicien aime bien faire le malin devant elle. Comme elle a une grande classe et une certaine élègance, elle rends les gens meilleurs qu’ils ne sont en réalité. J’en suis la preuve vivante. C’est à cause d’hier ? demande et affirme le magicien. Ils ont été imbéciles, vous savez capitaine, les gens veulent de la cohérence, de la rationalité. Et aucun de vous deux ne l’est. Vous êtes deux atomes en fusion qui arrivent assez étonnement a se maîtriser quand ils sont ensembles mais séparés vous êtes dangereux. Elle sait se défendre, elle s’est très bien défendu. Je sais que vous êtes en colère, et pas seulement pour ça, mais ce n’est pas de tout faire sauter qui changera quelque chose. Le gars se prend pour un ingénieur nucléaire ? Je sais ce qu’il croit. Il pense que je vais faire payer mon dépit a tous ses dingos. Les merdes ca vole en escadrille hein capitaine. Tu dis ça pour vous ? je demande au vieux en les désignant avec le serveur. Non il dit, allez on sait bien que des ennuis vous sont tombés juste après la disparition du fantôme. Je hausse les épaules. Tout le monde a des ennuis. Certains en provoquent d’autres pour être sur de ne pas en sortir indemne. Je termine mon café en me demandant si ma dernière phrase n’est pas totalement ridicule. Je me demande tout à coup ce que je fais là, qu'est ce que j'en ai a foutre ? Il faut que j'arrête avec le jugement des gens, avec la norme, je quitte le rade et je retourne le bateau. Le fantôme m'attends. Tiens tu es là ? je souligne dans un éclair de lucidité. Elle me demande pourquoi je vais là-bas, elle me demande si elle doit disparaître, elle me demande si je suis malheureux, elle me demande si tout cela est bien raisonnable. Je suis vivant je lui réponds, et c'est peut-être tout ce que je demande. Et quand tu es là, aussi étonnant que ça puisse paraître, je le suis : vivant.

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La déflagration

Publié le par drink 75

Je me souviens que j'arrive au travail, une voix pleure au bout du fil, ce qui fait que je me sens mal, ce qui fait que je me sens coupable, ce qui fait que je ne sais pas quoi dire, je me souviens, une voix au téléphone, j'entends des mots définitifs, et elle raccroche presque au moment précis ou j'entre dans mon bureau. Je m'assois sur ma chaise. Je suis comme givré d'effroi, j'ai l'impression que je vais mourir et je regarde nos vies qui défilent devant l'écran éteint de mon ordinateur. J'essaie de comprendre ce qui m'arrive, j'essaie d'enregistrer mentalement la conversation que nous venons d'avoir, j'essaie d'intégrer dans mon cortex chaque mot que je viens d'entendre. La conclusion est la même. Je me lève de ma chaise et je vais aux toilettes, je fais couler l'eau du lavabo et je ne m'en mets pas sur le visage comme ils font dans les films. Je regarde l'eau couler, je devine que ma propre vie est en train de s'écouler par la tuyauterie du politburo. Je comprends que les émotions, les sentiments, tout ce qui me ramenait vaguement à la vie, est en train de me quitter. BIen sur je ne vais pas mourir, là, assis sur la cuvette refermé des chiottes, en train de regarder l'eau couler et disparaître dans un lavabo, bien sur je vais continuer de vivre, de rire, de ne pas pleurer, de baiser, de fracasser mon âme sur des murs de métal, de lancer mon corps dans des épreuves pour lesquelles il n'est pas taillé. Bien entendu. Je sors des toilettes, je rejoinds mon bureau, j'allume mon ordinateur, je dis bonjour a mes collègues qui passent, je fais des blagues et je suis drôle, je mange, je chie, je pisse. Une vie de songe. Je me convainc que je vais m'en remettre, je me persuade que je vais m'en remettre, même si mon corps est en train de se carboniser a l'intérieur.  Ma vie est une conversation téléphonique à laquelle je n'ai pas participé, ma vie est un coup de fil auquel je n'ai pas raccroché. Non, je n'ai toujours pas raccroché.

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Enfouir le passé

Publié le par drink 75

 

C’est comme une douleur. Mais c’est du désir. C’est prégnant. C’est un sentiment qui n’avait pas disparu, une douleur fulgurante, un désir comme une lame. Je me retourne et tu es près de moi, tes yeux semblent comme brillants, comme s’ils ne devaient jamais plus se fermer. Je reviens en arrière et je me souviens de cette émotion, de ma main sur ton front, comme tu étais brûlante, comme tu étais mourante, et comme j’aurais donné tout pour souffrir a ta place, comme je voulais espacer tes larmes. J’aimerais que mon cœur s’érode, que mon corps ne parte pas à l’assaut du tien. Je suis sur toi, je suis en toi, mais ce n’est pas le plus important. C’est comme si nous oublions tout, tout ce qui nous empêche, tout ce qui nous retient, les autres, nos vies, tout ce qu’on ne peut combattre. C’est comme si cet instant rendait supportable tous les autres instants. Apaisant nos tourments, nos fatigues, nos déprimes. Supporter nos errances, je crois que c’était cela qui nous retenait. Un jour, ce ne fut plus. Je me retourne et tu n'es plus là. Un autre se retourne et c'est toi qu'il voit.  Je me retourne et je ne te vois pas.

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