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Cuire dans son jus.

Publié le par drink 75

 

Le lieu du rendez-vous était un de ces nouveaux endroits comme il en existe pas mal a los angelès, une sorte de caviste qui vend du pinard en règle général de bonne facture et très cher, et ou il y a un comptoir et quelques tables pour boire des vins sur place. J'ai traîné un peu dans la boutique, puis je me suis pointé au comptoir, ou le serveur asiatique m'attendait avec impatience pour me délester de quelques milliers de dollars. J'étais un peu tendu comme pour un premier rendez-vous, comme pour une rencontre avec une inconnue. Une voix m'a dit bonjour en français dans le dos, alors que je cherchais sur la carte un verre à moins de vingt dollars, et puis la fille s'est présentée, m'a dit s'appeler France, et m'a dit que bonjour était le seul mot de français qu'elle connaissait. J'ai fait répéter son prénom deux fois pour être bien sûr d'avoir compris alors qu'elle m'expliquait qu'elle était la fille d'April. Ce n’était pas nécessaire de le spécifier je ne lui ai pas répondu, elle était le portrait craché de sa mère, c'était même un peu troublant. Elle m'a dit qu'elle voulait du vin blanc et j'ai dis au type de me nous donner une bouteille de  bourgogne qui était sur la carte et coûtait la modique somme de 99 dollars et 99 cents et pour ne pas passer pour un petit joueur après avoir goûté le vin, j'approuvais quand il me demandait si je voulais garder la bouteille. En nous asseyant à une table au milieu des rayons de vin, je compris que cette agréable plaisanterie me coûterait une petite fortune si on se décidait a manger ou a boire d'autres bouteilles.  Tu ressembles a ta mère je lui dis, et elle rit en me disant que tout les gens qui avaient connu April jeune lui disait cela.  Je lui demandais son âge et elle me dit qu'elle était née en février 91. Et je compris ce que je subodorais un peu après qu'elle m'ait dit son prénom, cette jeune fille brune aux yeux noirs et charbonneux, aux cheveux courts, au sourire franc et au corps élancé, cette jeune femme de 33 ans que je voyais pour la première fois était tout simplement ma fille.

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Etendre l'âme.

Publié le par drink 75

 

Elle ressemblait aux larmes qu'on ne devrait jamais verser et puis je me suis dis que ça ne voulait rien dire, alors j'ai pensé qu'elle ressemblait a ces images sur des écrans que l'on voudrait immerger dans son cerveau comme pour y imprimer ce qu'il reste d'humanité. Elle m'a dit qu'elle n'allait pas bien mais j'ai pensé qu'elle avait un cancer depuis le siècle dernier. Elle m'a demandé de m'occuper de sa fille s'il lui arrivait quelque chose et je l'ai fait rire en lui disant qu'il ne pouvait rien lui arriver, elle ne pouvait pas faire ça a sa fille, que ce soit moi qui m'occupe d'elle. J'ai erré dans la ville du milieu et j'ai découvert qu'il y avait un rue du plat d'étain, c'est marrant je me suis dis, j'ai vécu dans une autre ville ou il y avait une rue du plat d'étain. Ma vie est passionnante. Une femme m'appelle pour me raconter ses malheurs, enfin la mort de toute sa famille ce qui me semble somme toute logique vu son grand âge, je ne traîne qu'avec des jeunes et des vieux. J'ai perdu les gens du milieu. Je vais a des concerts ou des gens de mon âge sont avec leurs enfants qui ont entre 20 et 30 ans. Je couche avec tout le monde. Tout le monde qui veut. J'ai failli perdre une collègue qui ne pouvait plus arrêter de rire et qui a faillit en clamser quand je lui ai répondu a sa question sur mon style de femmes : celles qui veulent bien. Alors que c'est une logique implacable.  C'est un avantage de la solitude, d'une vie sociale proche du néant, et d'un non besoin des autres. On en a plus rien a foutre des autres. Plus besoin d'être sur les photos, plus du tout besoin. Sur le côté, ça m'ira très bien. 

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La farandole du vide.

Publié le par drink 75

 

Ne sommes-nous pas des hamsters qui cavalent dans une roue ?  La même inutilité, la même frénésie mécanique du néant. J'écoute une émission ou nicolas mathieu est venu minauder comme il aime a la faire ces derniers temps. Le mec a basculé, il a écrit une sorte de tribune politique il y a quelques temps et déjà on comprenait qu'il se prenait au sérieux. Ce n'est pas le premier, même si c'est toujours un peu triste. A quel moment tous ces gens qui sortent de l'anonymat pensent que leur avis compte, que leur analyse a une quelconque valeur.  L'ivresse des profondeurs. Je lis sur facebook le speech du gars qui était hospitalisé dans la ville du milieu. Un gloubi-boulga écrit dans un charabia inclusif avec des mots inconnus de moi- marrant comme ces gars qui sont rebelles, syndicalistes a la CNT, et qui ne votent pas par refus du système veulent quand même montrer qu'ils sont concernés et qu'ils auraient pu être profs de facs eux aussi - ou le type remercie sa meuf pour son soutien alors qu'il disait qu'elle l'étouffait quand je suis allé le voir pour accompagner une copine. Marrant comme ce type qui n'a aucun intérêt pour les autres veut absolument partager son vécu. Ces gens se prennent au sérieux, c'est fascinant. Curieux cette course a la validation de sa propre intelligence, de son propre intellect, comme c'est en totale contradiction avec les valeurs de gauche, de collectif, de modestie. L'individualisme de la pensée est devenu une preuve de son intelligence. On comprends tout a coup la mode du complotisme. Je fais bien de me retirer du monde. Même s'il n'y a rien a en tirer. Je me souviens de cette fille, punk, libertaire, qui organisait des concerts ou on expliquait que tout propos homophobe, grossophobe et tout ce que vous voulez en phobe  m'avait expliqué que j'avais grossi et que je devais faire gaffe. L'image. Le milieu punk parisien n'en était jamais sorti. Sur le coup j'avais pas compris. Ce que je peux être long a la détente. 

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De nos nuits.

Publié le par drink 75

 

C'est curieux comme les ombres et les fantômes nous emmènent toujours vers la nuit. J'entends cette phrase dans un film ou une série je ne sais plus tellement, "vieillir c'est avoir de plus en plus de souvenirs et de moins en moins de projets d'avenir". Bof. Vieillir c'est juste les organes qui se rappellent a toi de plus en plus souvent. Je passe une journée a écouter mon foie qui se venge de décennies de branlées que je lui ai infliger. Tous ces alcools, toute cette bouffe a haute dose, tous ces coups infligés a mon bide. Mon corps ne veut plus. Tu es de plus en plus beau me dit la jeune fille, je suis de plus en plus pourri à l'intérieur je ne lui réponds pas. Je me retrouve dans un restaurant avec des collègues et a un moment comme ils sont tous assez jeunes, il partent sur ce qu'ils seront dans 25 ans, où ils seront. Ma voisine d'en face me dit et toi ? Dans 25 ans, j'aurais un âge ou mes parents étaient déjà morts et vu mon mode de vie, la raison me dit que je serais clamsé moi aussi. On dirait qu'elle va chialer. On dirait vraiment qu'elle va chialer. 

 

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Parfumer l'ennui.

Publié le par drink 75

 

Une femme m'appelle pour me dire qu'elle va partir. Où ça je lui demande alors que j'ai bien compris qu'elle m'annonçait son suicide. Ce qui me tracasse un peu car elle me doit un peu d'argent, et même si ce n'est pas grand-chose, c'est toujours ça dans ma situation totalement catastrophique. Comme disait Carver, c'est pas grand-chose mais ça fait du bien. Elle doit entendre m'entends réfléchir car elle me propose que nous nous voyons une dernière fois pour qu'elle remette un chèque de ce qu'elle me doit. Je pense qu'elle se suicide lentement, à l'alcool, il y a tellement longtemps qu'elle picole dure que je suis presque étonné qu'elle soit encore en vie. Sa vie est un précipice dans lequel je m'étonne qu'elle ne soit pas tombée. Pas encore. Je traverse les vies ratés des autres pour éviter de regarder ma propre existence et de quelle manière tout à fait étonnant je l'ai sabordée. J'ai peut-être cette compréhension pour les fous et les désespérés, et ça n'a rien a voir avec de l'empathie, non, je n'en ai aucune, absolument aucune, c'est juste que je suis moi-même totalement demeuré et alcoolique, c'est juste ça, ce que les gens prennent pour de l'humanité, un absolu cynisme, un détachement au monde, et une envie de rien. D'absolument rien. 

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Traverser les autres.

Publié le par drink 75

 

Je suis fasciné par ma propension a toujours foncer dans les murs. Je suis bon qu'a ça. Je suis incapable de m'arrêter, encore et toujours intéressé a ne surtout jamais retomber sur mes pattes. Ne jamais souffler. Fascinant naufrage. Je regarde les images des bérus qui inaugurent l'exposition qui leur est consacré a la BNF. Je me souviens de cette fille avec laquelle je couchais pour détruire l'ennui qui m'avait appelé pour me demander si le tonton cité dans une chanson des bérus c'est celui que je lui avais présenté. Ah ouais j'avais répondu, sachant qu'on parlait de lui, même si je n'avais aucun souvenir de l'avoir croisé avec elle. Il faut dire que c'est une fille dont le seul souvenir que j'avais c'est qu'elle venait chez moi et qu'on baisait. Aucune  vie sociale dans ma mémoire avec cette fille.  Je regrette souvent ceux que j'ai côtoyé, non pas leur présence, leur souffle, leur seins, leur nombril, leurs paroles, non, je regrette de les avoir emmené avec moi, ils ne méritaient pas cela. Les gens ne sont pas préparés. Ils recherchent la vie, les émotions, la joie, comment passer le temps de la meilleure des façons. Ils veulent rire et sourire, vivre, construire comme ils disent. Les autres n'ont pas mon appétence pour le désastre. Ne veulent pas courir après tout, l'argent, les sentiments. Personne ne mérite cela. Je suis un souvenir. C'est mieux pour les autres, vraiment mieux pour tout les autres. 

 

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Le vide mode d'emploi.

Publié le par drink 75

 

Je vais voir le gars à l'hôpital, vu son état ils l'ont pas laissés dans sa ville moyenne a deux cents bornes de là, mais ils l'ont ramené dans ma ville moyenne qui doit sans doute être un peu moins moyenne que la sienne. Je vais le voir car la mère de son fils vient chez moi pour le voir, et je croise des personnes comme moi qui sont des anciens combattants d'un certain milieu alternatif et musical. Je croise la fille qui s'est prise une balle au bataclan et que j'avais recroisé a un concert il y a quelques années. J'ai l'impression qu'elle est enceinte mais je n'ose pas lui demander. Dans la voiture, la mère du fils du mec hospitalisé me demande si la fille qui s'est pris une balle au bataclan  n'est pas enceinte puis ensuite on se dit qu'elle est un peu trop âgée pour être enceinte. Bien qu'on ne sache pas son âge et que je n'ai pas une idée très précise de la date de péremption pour être enceinte. Et donc je me souviens d'une soirée dans un rade à liège  tenu par un français qui s'appelait l'île aux trésors ou on parlait musique et quand le gars m'avait dit qu'il était de limoges, je lui avais demandé s'il connaissait les bushmens. Du coup il avait mis leur dernier album dans le rade ou nous étions 5, le garçon tout maigre, le français qui tenait le bar, sa meuf, et un mec en vélo qui buvait avec nous. Je ne sais pourquoi je pense a ce moment alors que je croise une fille dans la chambre d'hôpital qui vit dans la ville du milieu et avec laquelle nous parlons des salles de concerts. Peut-être parce qu'elle me dit qu'elle est d'issoudun et que je lui dis, que rock a issoudun a bercé toute ma jeunesse. Zéro de conduite.  Ca change du mec sur son lit qui resasse son accident et qui passe son temps a dire du mal de sa nana qu'il trouve trop envahissante. Je peux comprendre car je me dis que si j'étais malade et hospitalisé je ne préviendrais personne. Ca me saoulerait trop. Vous pouvez sortir, on va me changer ma couche. Alors que j'entends cette phrase, je me dis que je n'aurais pas envie de la prononcé pour mes visiteurs, et surtout je n'aimerais pas avoir de la visite. J'ai jamais été hospitalisé, c'est sans doute pour cela que je réagis ainsi. C'est sans doute pour cela. Mais je sais que,  comme pour presque tout le reste, je me réfugierais dans la solitude. Dans une bienveillante, réconfortante et absolue solitude. 

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Eroder les sentiments.

Publié le par drink 75

 

La femme a une telle quantité de poudre sur la tronche que je me demande comment elle fait pour que ça tienne, c'est étonnant que je remarque ça moi qui ne remarque rien. Le couple en vidéo trouve que j'ai une jolie voix, comme je suis un peu bourré je dis que j'ai été enfant de chœur ce qui n'est pas vrai, puis je dois leur chanter des chansons françaises comme si j'étais une sorte de karaoké vivant. Une femme me dit qu'elle pleure car je lui souhaite son anniversaire, ce que je prends pour une blague, puis je comprends qu'elle est sérieuse, et je me souviens que dans les familles asiatiques il n'y a pas forcément beaucoup d'amour, ou pas de preuves d'amour, ça doit être pour ça. Je trouve ça étonnant, ce type que j'ai bien connu, qui fut le mec de ma colocataire, qui vient se faire opérer en urgence a l'hôpital qui est a cent mètres de chez moi, je me demande si j'irais le voir, je ne comprends pas bien s'il est mourant ou si c'est son état est juste grave.  La femme qui boit beaucoup me dit qu'elle va se foutre en l'air si le courrier qu'elle a reçue dit la vérité, je lui dis que je vais m'en occuper, alors qu'en fait j'ai juste envie de lui dire que ça ne sert a rien de se foutre en l'air, avec l'alcool qu'elle boit elle se suicide déjà, mais lentement. J'érige d'ailleurs la lenteur, en nouveau mode de vie, comme si je ralentissais avant la mort, c'est idiot, elle n'en viendra pas plus lentement. 

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Biturer les sentiments.

Publié le par drink 75

 

Sur le parking du supermarché le plus proche de chez moi,  dans mon nouveau quartier, c'est la cour des miracles. Ca sent la came, la décrépitude, et comme un sentiment de perte et de déchéance. Dans le supermarché, je trouve un type qui se réchauffe devant le grill qui sert a cuire les poulets. Pas con je me dis. Je croise ma voisine alors que je fais un de mes derniers voyages dans l'ancien appartement, vous partez elle me dit, interloquée. Elle me demande ou je vais et je vois bien qu'elle tressaille quand je lui annonce ma nouvelle ville. On dirait mes collègues. J'en pouvais plus de vivre dans pleasantville je ne lui dis pas, au milieu de jeunes qui partaient faire leur jogging tous les matins et tous les soirs, au milieu de tous ces jeunes gens sages qui venaient te prévenir qu'ils allaient faire une fête alors qu'ensuite tu n'entendais pas le moindre bruit. Je suis trop vieux pour ces bons sentiments. Ma voisine ressemble a tout mes autres anciens voisins, elle semble tellement sérieuse alors qu'elle n'a même pas 30 ans. Elle n'est pas désagréable, elle est transparente, interchangeable et fade. Comment lui dire ? Que j'ai besoin de bruit, de mouvement, de drames, de fureurs. De vie tout simplement. Des cris dans la nuit. Des hurlements au petit matin. J'entends même la voix électronique dans le bus qui annonce l'arrêt sous mes fenêtres. Je suis un cabossé et un raté, mon univers c'est ici, parmi ceux qui ne verront pas beaucoup la lumière. Le brouillard et la pluie c'est pour moi. Pas le soleil qui se lève sur une piscine. Pas des filles au physique parfait qui partent dès potron-minet courir au bord du fleuve. Pas des gens qui s'occupent de fabriquer du compost. C'est pas mon univers. Ici, parmi les déglingués, je vais mieux me sentir. Beaucoup mieux m'en sortir. 

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Vers l'ennui.

Publié le par drink 75

 

Le masque et la plume avec une nouvelle présentatrice s'enfonce dans le confort chiant qui était déjà prégnant depuis quelques années. L'entre-soi. C'est chiant. De plus en plus chiant. Je tourne la dernière page du dernier millenium, le premier écrit par une femme, et je me dis qu'elle peut cocher toutes les cases de son tableau excel. Elle a réussi a placer tout les poncifs du politiquement correct, c'est fou comme millénium qui était si passionnant pour les 3 premiers, puis prenant pour les 3 suivants est devenu chiant. Ultra chiant.  Le masque est donc devenu ce que céline sciamma souhaitait qu'il devienne. Plus de débat. Des gens de libé, de télérama, de france-Inter, du nouvel obs et des inrocks. En gros des gens qui ont ou pourraient travailler dans tous ces médias. Des gens qui pensent la même chose, qui habitent tous entre la place voltaire et la place de la bastille, qui ont suivis les mêmes études. Pour épicer ce débat de folie, on invitera quelqu'un du monde de temps en temps. Pour le cinéma, je pensais jamais dire ça un jour mais neuhoff va me manquer. Le dernier millénium me rappelle un peu le dernier lackberg, elle aussi suédoise, c'est tellement binaire, je pensais jamais écrire ça un jour,  c'est presque plus caricatural qu'un épisode de Lupin. Je commence a comprendre la détestation de knausgaard pour les suédois. C'est a quel moment que le débat est mort ? les gens sont devenus trop fragiles pour entendre une idée contradictoire ? C'est fascinant, j'ai toujours pensé que la vie n'était ni noire ni blanche, ni féminine ni masculine, j'ai toujours pensé que la vie était grise : un brouillard. Et c'est ainsi que chacun va se replier sur son petit univers, se réfugier sur son petit réseau social avec des amis qui ne pensent que comme lui, et ne plus...J'aimerais mieux ne pas, disait Bartleby, j'ai toujours pensé que c'était pour le boulot pas pour le reste. J'aimerais mieux ne pas, comment Melville a deviné que ça deviendrait le mantra de toute la population ? Une obsession. 

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