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Au rythme du rien

Publié le par drink 75

 

Longtemps, j'avais cru que l'écriture était une histoire de mots. En fait, c'est qu'une histoire de rythme. J'ai longtemps pensé que la vie était une histoire de sentiments alors que non. C'est juste un problème de résistance. Ne plus boire n'est pas ne plus vivre, ne plus aimer, ne plus rien ressentir pour qui ou quoi que ce soit. C'est juste différent. L'énergie est remplacé par une sorte de lassitude euphorique. S'évertuer a maintenir un équilibre entre le désespoir et la routine. Vieillir c'est juste économiser, le presque tout, les gestes, les émotions, les lâchetés, c'est comme qui dirait une préparation au néant. C'est sans doute pour cela que le confinement ne m'avait pas réellement traumatisé, rester des heures, seul avec moi-même, me perdre dans les interstices de ma non-existence, ce n'était pas nouveau pour moi. Et surtout, la solitude était ma plus fidèle compagne depuis tant d'années qu'une absence totale de vie sociale m'indifférait presque totalement. Je ne voulais plus. Tout simplement. I want prefer not to. Bartleby était sans doute le personnage, le récit qui m'avait le plus marqué. C'était confortable. C'est confortable. Je regarde le gris du ciel qui baigne dans un brouillard sans fin. Ce n'est pas déprimant comme quelqu'un m'a dit ce matin. Non. C'est du gris. Le rose est la couleur des escrocs. Toutes les couleurs sont des conneries. Il ne reste que le gris. Ma vie est grise et je ne ferais rien pour la combattre. Je ne veux plus. C'est sans doute ce qui me permet d'exister.

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La saison des poires

Publié le par drink 75

Les douleurs ne s'agrègent pas. Elles s'empilent comme un mille-feuille. Jusqu'au trop plein, ou jusqu'au pas assez plein. Ce n'est plus la saison des poires me dit le gars qui vend des poires et des pommes et qui aujourd'hui vend des fraises. Tu n'aimes pas les fraises ? il répète comme si c'était la nouvelle la plus improbable de la journée. Les jours deviennent des nuits qui redeviennent des jours qui redeviennent la nuit. Je me rends compte pour quelles raisons les gens font des enfants. Pour la perception du temps. Sans enfants, tout le monde vieillit et tout le monde meurt autour de toi et c'est très déprimant. Les enfants cassent ce cercle vicieux. Les rassemblements étant toujours interditS,  mes anciens collègues organisent une réunion factice dans une salle immense pour me dire au revoir. Ils me remettent une enveloppe qui contient plein de fric. C'est un ancien militaire qui va te remplacer me dit une fille en levant les yeux au ciel comme si l'idée pouvait paraître totalement saugrenue. Tant que c'est pas un rouquemoutte je lui réponds pour dire un truc. Je me rends compte a quel point je suis détaché d'eux. De tout. Lors de ce petit rassemblement ridicule, je comprends qu'il faut arrêter d'écrire. Je n'ai plus l'énergie. Je n'ai plus la force. La vie m'a rattrapé. En même temps j'ai jamais couru très vite. C'était quoi le livre de handke ? une courte lettre pour un long adieu. C'est chiant en général les livres de handke mais il a toujours un sens de la formule. Ses titres sont mieux que ses livres. C'est un bon résumé de nos existences. L'idée de la vie est bien plus intéressante que la vie. L'idée du voyage est souvent supérieur au voyage lui-même. Pendant toutes ces années d'écriture le voyage fut sympa. Ni fleurs ni couronnes, faudrait pas non plus prendre tout ça au sérieux. Vraiment pas prendre ces conneries au sérieux.

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Vers la fin

Publié le par drink 75

 

On croit que la fin sera famboyante, qu'il va enfin se passer des choses. Des trucs. Mais non, on reste à l'os, rien ni personne ne prends de l'ampleur. Aucune lumière, rien ne s'éclaire. Au contraire. On s'enfonce dans l'aridité, dans cet étrange nuage de solitude. C'est la fin. Ce n'est pas encore la fin mais c'est comme si tout était fini. Je ne réponds plus aux appels, depuis longtemps déjà. Depuis bien trop longtemps. J'ai cru, parfois, que l'on pouvait vivre de peu, que l'on pouvait donner l'illusion d'un mouvement. A peine fébrile. Encore un peu se mouvoir. L'érosion était bien plus forte que je ne le pensais, c'est comme si désormais ma vie ne m'appartenait plus. Mon âme est ailleurs. Je mène une vie de songe, dort d'un sommeil de songe, lit des mots sur des pages, englouti des mets de songe. Je suis un voyageur de l'inutile, une impression indistincte, je ne me souviens plus vraiment de mon visage, c'est comme si la fadeur de la vie ne m'apportait plus rien. C'était ni bien ni mal, c'était tout ce que je pouvais faire. Faudra pas en demander plus. Faudra pas m'en demander plus.

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Almanach

Publié le par drink 75

 

Les jours s'écoulaient avec lenteur tandis que les années s'envolaient et moi,

je continuais de te parler dans le vide.

 

                                                                    Olafur Johann Olafsson.

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Revenir vers la nuit (2)

Publié le par drink 75

 

Je prends le bus qui monte au père lachaise. Je pourrais encore marcher pour me rendre à l'endroit ou je dois dormir mais c'est l'heure du couvre-feu et je me dis que c'est mieux de ne pas traîner. La place voltaire est en travaux, en fait ça ne fait que trois heures que je suis la et l'impression que j'ai c'est que tout Paris est en travaux. J'ai peut-être perdu l'habitude. La ville du milieu c'est un peu différent, il n'y a pas tellement de travaux, c'est juste qu'ils contruisent des immeubles, encore, encore et encore. Le gars m'attends avec impatience, pour picoler enfin, on se déchire tranquillement, du blanc et puis du rouge, et puis comme souvent en fin de soirée, on se mets a boire un digestif caché dans un placard. Un machin imbuvable qu'on ne parvient a boire que lorsqu'on est trop cuit. Le lendemain matin, je n'ai pas trop la gueule de bois, même mon foie ne gueule pas vraiment. Je descends des cafés en attendant mon deuxième rendez-vous de ces 18 heures a paris. Je dis merci et au revoir et puis je rejoinds la rue des pyrénées. Je n'attends pas chez le médecin. Je la trouve plus sympa que la fois précèdente, à moins que ce ne soit moi qui ne soit plus stoïque. Elle regarde les résultats des examens de la veille et puis elle me dit les choses. Plus tard, je redescends par l'avenue gambetta, et dans le métro puis le train je dévore le dernier jonasson. Il est d'une tristesse infinie. La nuit suivante, je me réveillerais en y repensant, frissonnant dans mon lit. Cette solitude matinée de folie me laisse éveillée pendant une heure. A peine descendu du train, j'ai retrouvé ma voiture, et puis j'ai traversé la ville du milieu et j'ai compris que c'était mon seul point de repère. Loin de tout, loin de moi, mais dans cette bulle de néant, j'étais soulagé d'être de retour. Mon dernier point de repère.

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Revenir vers la nuit (1)

Publié le par drink 75

 

Je me gare au parking de la gare qui n'est pas celle de la ville du milieu. Mais la plus grande gare de la ville d'a côté ou tous les trains passent. J'ai l'impression d'être un fugitif, j'ai un petit sac ou j'ai déposé les quelques papiers dont j'ai besoin pour prouver ma bonne foi de ce voyage dans la france confiné. J'ai pris un petit livre pour ne pas me charger car j'ai comme objectif d'acheter un maximum de livres dans le peu de temps ou je reste a la capitale. Je rejoins la rue de rennes a peine descendu du train, comme chaque année depuis ma putain de naissance, la gare montparnasse est en travaux. Cette gare, c'est une performance d'art moderne, toujours en travaux. Il faudrait les raconter a la façon de perec sur le chantier du musée d'orsay qui d'ailleurs est une ancienne gare. Je descends la rue de rennes, en partie vide, alors que de mon point de vue, elle est toujours blindé de monde, avec la fnac et la palanquée de magasins. Je me souviens que ma mère me déconseillait d'y aller, à l'époque ou tati n'avait pas été remplacé par zara, après qu'un attentat ait eu lieu. Ma mère savait que mon père et moi passions notre vie a la fnac de la rue de rennes et s'inquiètait toujours. La fnac et tati en face, c'est tellement la france du début des années 80. Je rejoins le boulevard saint germain en coupant par la rue du four. Il n'y a pas foule. C'est un peu comme Venise en fait, sans touristes, le centre de Paris est supportable. Je rejoins le boulevard saint michel en remontant la rue de l'école de médecine et j'arrive enfin chez gibert. Mon coffee-shop a moi. J'ai peu de temps mais je me débrouille pas mal, je suis juste un peu déçu de ne pas trouver d'occasion le dernier emily st john mandel et du coup je ne l'achète pas. Je traverse la seine au niveau du palais de justice, ils ont gratté les immeubles du quai des orfèvres et ça rends vraiment bien. Je rejoins la rue de rivoli par hotel de ville, et hormis les tarés qui n'ont pas compris que traverser Paris en voiture n'était pas une bonne idée, les trottoirs sont relativement vides. Je traverse la place de la bastille qui est toujours vaguement en travaux et je rejoins la rue du faubourg saint antoine qui est carrèment en travaux. Comme toujours depuis quelques années. J'arrive enfin a mon rendez-vous. La nana m'attends, je suis son dernier rendez-vous de la journée avant le couvre-feu. Et d'ailleurs je serais encore en train de payer une petite fortune à la secrétaire qu'elle sera déjà partie. On vous a expliqué ce qu'était cet examen, elle me demande ? J'ai envie de lui répondre que je ne m'intéresse jamais aux machins médicaux. Elle devine dans mon regard que je me demande ce que je fous là. Il serait peut-être temps de t'intéresser aux trucs médicaux, mon pèpère, semble me répondre son regard. Il serait peut-être temps.

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Des vies inconnues

Publié le par drink 75

 

Il y a tellement longtemps que je n'ai pas été au travail que j'ai l'iimpression d'être un visiteur. Une personne me dit bonjour alors que je sors de ma voiture que je viens de garer assez loin de l'immeuble ou je travaille. Ils font des travaux  et créent une nouvelle route sur ce qui ressemble a un campus universitaire. Encore un nouveau batiment. Nous sommes de plus en plus et dejà que j'ai du mal a reconnaître les gens ça ne va pas s'arranger. Une personne de sexe féminin me dit donc bonjour derrière son masque et s'arrête comme si elle m'attendait. Bordel c'est qui, je me demande. En arriviant j'étais en train de penser a ma grande découverte de la veille. Une application qui permet de recenser tous les livres qu'on a dans sa bibliothéque. Ca doit exister depuis des siècles mais évidemment je viens juste de le découvrir. J'avais toujours sur moi un petit carnet avec tous les livres que je possède mais parfois ça devient compliqué, pour certains j'inscrivais juste ceux qui me manquaient, car pour lawrence block ou james lee burke, il faut une page pour écrire tous les livres d'eux que je posséde. La librairie d'occasion de la ville du milieu  va bientôt réouvrir, suite à l'effondrement du parquet de la boutique précèdente, ils ont déménagés un peu plus loin dans la rue. J'ai aussi découvert qu'il y a un gibert dans une ville a moins de cent kilomètres de la ville du milieu, dès qu'on aura le droit de bouger, j'irai. Et puis un jour je pourrais aller a paris une fois par mois, juste pour aller chez gibert, bookoff. Il faudra bien que je prenne des jours de repos de temps en temps, une responsable des ressources humaines m'a expliqué que je ne pouvais pas vendre tout mes congés. Bonjour je répondss a la persoonne qui semble m'attendre. Puis je lui dis que je ne la reconnais pas et elle baisse son masque. Bordel mais qui est-ce je me demande ?  C'est une femme mais vu que 90 pour cent des salariés sont des femmes, ça ne m'aide absolument pas. La personne inconnue semble m'attendre et du coup je réfléchis rapidement et je la rejoins. Elle doit bien me connaître car sinon elle aurait tracé. Mais qui est-ce ? Sur le chemin, on parle des travaux et du fait qu'il n'y a presque pas de voitures sur le parking à cause du télétravail. Quelle est cette personne je me demande a nouveau ? On rentre dans le batîment et l'inconnue appui sur le bouton qui appelle l'asceeur et je lui explique que je travaille au premier étage et que donc je prends les escaliers. Toute la journée je me demande qui c'est. Les gens croient que je les aime bien et que je suis sympa, en fait non, je crois toujours que c'est la première fois qu'on se rencontre, du coup je suis affable et bien élevé comme me l'ont appris mes parents. C'est pathétique d'avoir une aussi faible mémoire des visages. Je me souviens des rires, des expressions, des gimmicks, des noms, des paroles, je me souviens de tout. Des orgasmes, des fureurs, des douleurs, des chansons sous la douche, des chansons dans la rue. Mais pas des visages. Pas réellement des visages. Sauf peut-être le tien. Sauf le tien, forcément.

 

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Parmi la nuit.

Publié le par drink 75

 

Je bois une petite gorgée de café, assis sur une chaise du balcon. Je cogite sur une phrase de platon : "Seuls les morts ont vu la fin de la guerre." C'est ainsi je pense que je suis passé a l'abattement, c'est après la colère, quand j'ai compris que je n'accepterais jamais les choses et que je ne pourrais plus jamais vivre sereinement. "Seuls les morts ont vu la fin de la guerre". Cette phrase m'a aidé a accepter.  J'ai bien compris que ce n'était plus la peine se battre et qu'il fallait hisser le drapeau blanc. Un des chevaux qui vivent dans le parc sur lequel j'ai une vue imprenable trotte tranquillement dans ma direction. Mais il ne me voit pas. Jolie allégorie de ce qu'aura été ma vie. Les gens croyaient que je ne les remarquais pas alors qu'ils m'observaient, mais non, c'est juste le contraire, c'est moi qui les regardait et eux qui ne me voyaient pas. Je termine tranquillement mon café alors que la pluie succède a la légère lumière de la fin de matinée. C'est marrant comme le climat changeant de la ville du milieu est celui d'une ville de bord de mer ou proche des montagnes alors que la ville du milieu est loin de la mer et très loin de la montagne. Je bois un café alors qu'a cette heure, je pourrais siroter un verre de rouge. Pour accompagner le fromage de chèvre ultra frais que j'ai acheté au marché, j'ai préparé une sorte de cake au chorizo. Il manque du vin. Depuis presque un an, depuis plus d'un an, depuis le début du premier confinement je n'ai presque pas bu. je crois que je suis dans la période ou j'ai le moins picolé dans ma pathétique existence. Sans pouvoir l'expliquer. Je pense a cette phrase de stephen king. "les monstres existent, les fantômes aussi. Ils vivent en nous, et parfois, ils gagnent". Je n'ai jamais lu un livre de stephen king, j'ai du voir des films tirés de ces bouquins sans que ça m'intéresse réellement, mais cette phrase me parle particulièrement. Tout le monde vit en moi. Tellement de monstres, tellement de morts, tellement de vivants disparus, mêmes sans doute des vivants oubliés. Un fantôme. Tout le monde vit en moi. Sauf moi. Surtout pas moi.

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Viande froide

Publié le par drink 75

 

Tu sais, tenir la main des sentiments un peu fragile. Traverser la rivière, les pieds dans l'eau. Ne plus vivre mais se souvenir. Ne plus réellement vivre, Mais se souvenir. Toujours se souvenir. Araser la tristesse. Tourner les pages ou les photos sont collés. Arracher les pages. Déchirer les pages.  Nos vies inversées. On aimerait juste revivre quelques instants, on aimerait juste revivre. Mais non. Et chaque matin qui recommence. Et chaque matin, ouvrir les yeux. Et chaque matin, comprendre que nous avons ratés le train de l'existence. Chaque matin. Il est déja trop tard. Il est toujours trop tard. Le jour ne devrait pas se lever. Le jour ne devrait jamais se lever. Pas tant qu'on en a pas envie. Les jours et les autres jours, encore les jours et les autres jours, et rien ne se passe. Plus rien se passe. Je savais bien que vieillir ne serait pas tout à fait à mon goût, j'aurais dû un peu me douter. Le seul intérêt c'est que plus rien n'a d'importance. Plus rien, puisque tout sera bientôt fini. Au moins j'aurais laissé tout dans le même état que quand je suis arrivé. Il ne restera rien. C'est le mieux que je pouvais faire. Réellement le mieux que je pouvais faire.

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Ailleurs

Publié le par drink 75

 

Qu'y a-t-il de plus légitime que d'en avoir assez de quelqu'un ? Je l'ai trop éprouvé moi-même pour ne pas le comprendre chez les autres. Quand je vois une femme avec qui j'ai eu des mois d'intimité et qui du jour au lendemain me fait tomber de son existence, n'a plus d'autre désir que de n'avoir rien de commun avec moi, je me reconnais. En revanche, il est toujours très laborieux de faire réaliser à une femme ou qu'on ne l'aime pas, ou qu'on ne l'aime plus, que sa présence n'est pour vous qu'accablement et temps perdu, et que tout ce qu'on attend d'elle est qu'elle face place nette. Vouloir noyer une femme, c'est comme vouloir noyer un chat : on rencontre une terrible vitalité. C'est pourquoi il n'y a de liaisons vraiment agréables que celles où l'on est plaqué.

                                                                             Henry de MONTHERLANT

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