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Lêcher les larmes

Publié le par drink 75

 

Essayer de choper la grêle. Courir après la pluie. Tourner le dos au soleil. Eteindre les supplices. Lundi 9 heures, me dit la femme du politburo qui ne m'aime pas trop mais ne me déteste pas. Lundi 9 heures, répète la grande rousse foldingue, elle te donne rencard lundi a 9 heures un vendredi a 17 heures, je crois qu'elle veut que tu passe un bon week-end raille t'elle. Plus tard, au dos du mark haskell smith, je lis une critique du new york times qui le juge comme le croisement improbable de james ellroy et hunter s. thompson. J'ai lu tous les ellroy, et hormis celui que je suis en train de dévorer j'ai lu tous les haskell smith. Rien a voir. Mais rien a voir de chez rien a voir. Haskell smith me fait plutôt penser a ross thomas, on est bien d'accord ? La fille qui vend des poires et des pommes mais pas de scoubidou au marché ne porte pas ses docks, elle a enfilé sa tenue de quand il pleut et qu'il fait froid Je m'arrête quand même a son stand. Je suis comme ça, voyez. Je vais prendre du jus de poire et des pommes de terre a la jeune fille qui semble toujours hilare quand j'arrive a son étal. Le vendredi a 17h30 j'ai croisé le chef de ma chef, qui semble ne plus savoir ce qu'il doit penser. Je rigole en dévalant les escaliers du politburo, ravi de me retrouver au milieu d'une guerre de tranchée. La fille qui me trouve drôle me dit que tout le monde vient lui demander de mes nouvelles. Elle m'explique qu'elle répond que je suis comme d'habitude. Hilare. Il fait presque nuit en plein jour. J'aimerais m'ensevelir dans la neige qui recouvre le pays du milieu. J'aimerais m'ensevelir. Je quitte le marché comme j'ai quitté le politburo la veille. Sans affect. Etranger. Etranger a tout.

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Une idée du néant.

Publié le par drink 75

 

Devant un mur de larmes. Des cris comme des supplices. J'émerge de la nuit, mais il fait encore nuit. J'emerge de la mort mais je suis toujours mort. J'émerge de la vie mais je ne suis plus d'ici. Je boirais bien quelques verres si mon foie me le permettait. Je cracherais bien quelques vies si mon humeur le tolérait. Et puis je reste sur mon balcon a regarder la pluie tomber, et puis je traîne sur le marché, la jeune fille ne vient plus tenir le stand de son patron malade, alors j'achète a une autre jeune fille qui semble toujours hilare chaque fois que je commande. J'achète toujours des poires au gars dont la fille porte des docks. Et puis je rentre chez moi et je fais cuire les pommes puis le boudin noir, je traîne encore sur le balcon ou je regarde la pluie. Puis plus tard, la pluie, la pluie et encore la pluie.  Les chevaux s'éloignent de moi dans la parc ou les arbres ploient sous l'assaut couplé du vent et de la pluie. Les rêves imprégnent ce qui me reste de mémoire. Bientôt j'aurai tout oublié, toi, toi, vous, et toi aussi. Un jour il fera nuit, une aube ou je ne me réveillerai pas. Peut-être est-ce aussi bien. Aussi bien.

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Erratum

Publié le par drink 75

 

Les mots suspendus dans le vide. Depuis quelques jours je regarde la pluie.  J'empile les livres, comme si j'avais peur de manquer. J'entends fasciné le murmure du monde, fasciné par les difficultés que s'imposent les gens, des fois que la vie soit un peu trop simple. Ce serait tellement con. L'écriture exclusive, ce génie. Tout le monde passe me voir au politburo, comme on passe voir quelqu'un qu'on ne reverra plus. Des funerailles de mon vivant, comme ma mère. Tu me faisais tellement rire me dit une fille que je n'ai jamais réellement vu se poiler a chacune de mes apparitions. Ma légende se construit, tellement loin de la réalité. Squelette parmi les squelettes, fantôme parmi les fantômes. Ca me fait penser a un truc que disait stephen king dont je suis incapable de me rappeler. Je passe une soirée et un début de nuit a regarder cette série fascinante, avec des femmes voilées, des musiques qui semblent venir des films français des années 70, des scènes dont on ne sait si elles sont comiques ou tragiques. Et si c'était un hommage a claude sautet ? Je suis une nostalgie qui ne parvient pas à se se souvenir, quelques mots sur les murs des chiottes qui ne trouvent jamais l'émotion. Je me promène dans quelques livres que j'effeuille, en mémoire de ce que je ne serais jamais, je traverse la ville dans ma voiture, comme si désormais je ne pouvais plus en sortir. Eviter les autres, c'est peut-être ce que j'aurais fait toute ma vie. Je ne m'en étais juste jamais rendu compte. Je ne me suis jamais rendu compte de grand chose, faut dire.

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La vie, un peu.

Publié le par drink 75

 

Je me suis souvenu que mon père avait beaucoup ri quand je lui avais dit un jour que la veille j'avais été a un concert d'un groupe nommé "les portugaises ensablées". C'est curieux que j'ai pensé cela à l'aube car les souvenirs de mon père sont surtout des souvenirs de tension, de friction. De fuite. C'est sans doute la lecture du dernier jauffret qui se plaque sur ma propre vie. Je dors de moins en moins, je rêve de moins en moins, je reste les yeux ouverts une partie de la nuit, écoutant le bruit de la pluie, les arbres secoués par le vent, les chevaux qui parfois hennissent. Puis le silence, surtout le silence. Entamant un des rares staalesen que je n'ai pas lu, je me suis dis que je n'avais toujours pas été a bergen. Toujours pas. La vie n'est après tout que de petites défaites, d'évenements non réalisés, de j'aimerais mieux pas.  De petites défaites jusqu'a la principale. J'ai l'impression parfois que la partie la plus intéressante de la vie est la vie de songe. Tout ce qui n'est pas réalisé, tout ce qui ne sera pas, tout ce qui ne sera jamais. C'est sans doute lié a notre attrait pour la littérature, c'est sans doute relié a cette impression diffuse que rien ne sera réalisé. L'idée de la vie est beaucoup plus intéressante que la vie elle-même, c'était un bon argument pour passer à côté de celle-ci. Mais c'est parfois pesant, un tout petit peu pesant.

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Papa

Publié le par drink 75

 

Vous me direz que la vie est juste un paquet d’années qu’on vous jette au visage à la naissance pour vous permettre de prendre le temps de vous habituer à mourir.

                                                                                               Régis JAUFFRET

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Vers les douleurs

Publié le par drink 75

 

C'est mon dernier rendez-vous avec ma coach, cette petite heure dans la semaine le vendredi soir était sympa en fait. Il n'y avait plus personne au politburo, hormis les femmes de ménage, et cette petite discussion en vidéo avec cette femme que n'ai jamais vue de visu m'ont fait du bien. Enfin pas vraiment du bien, c'était comme une espèce de respiration, un truc un peu en-dehors du monde et de la vie. Ma coach me dit que je vais lui manquer, et puis elle enchaîne sur le fait que si un jour je passe a montpellier, je pourrais passer la voir, elle a une chambre d'amis. C'est toujours a ce moment précis que j'entends la voix du fantôme. C'est presque automatique. Je l'entends ricaner. Je l'entendrais toute ma vie. Je lui dirais mais elle est mariée, et le fantôme dirait que je suis un gros malin ou une andouille. Je dis a ma coach que c'est le genre de phrases qu'on pourrait écrire sur ma pierre tombale, "on ne s'attachait a lui que quand il disparaissait, il aura manqué après coup, espèrons qu'il vive après coup". Elle rigole, on fait le bilan, et je la remercie même si je ne sais pas trop ce qu'elle a fait pour moi. Dans la semaine j'ai dis a ma responsable avec laquelle je ne m'entends pas, que je n'ai pas voulu passer pour une andouille au sujet d'une décision que je n'ai pas pris. Non, elle me réplique, sur ce coup là c'est pour moi cette erreur, c'est moi l'andouille. C'est bizarre je me dis d'entendre le mot andouille dans une autre bouche que celle du fantôme. Le froid me surprend agréablement en repartant du politburo, il fait nuit, ma voiture est froide. Je m'enfonce vers les faibles ténèbres de la ville. La vie me manque. Parfois.

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Pas bouger

Publié le par drink 75

J’ai pensé que j’étais encore un peu vivre et c’était étonnant car je ne m’étais pas préparé a cette éventualité et du coup je suis resté assis a regarder les gens défiler sur des brancards...Noir...Et les murs un peu crasseux ressemblaient a des nuages passés et des souvenirs brume et je regarde des femmes en uniforme qui court et je regarde des hommes en uniforme qui court...Noir...Puist je regarde mon propre corps, affaissé sur ce brancard sans savoir pour quelles raisons je ne suis pas mort et je n’essaie pas de comprendre, dehors le froid est devenu de la pluie, et le vent balaie les plantes erratiques déposés devant l’accueil, je me dis que maintenant que tout le monde est mort il ne reste que moi, je me dis que tout le monde est mort, je suis le prochain, je me dis que tout le monde est mort et qu’il ne faut pas être triste puisque je ne vais pas les rejoindre...Noir...je vais finir comme tout le monde, petit paquet de cendre. Mourir ne suffit plus. Vivre ne suffit pas...Noir...je regarde le ballet des gens, et du vent et des arbres et de la foule au-dehors, plus rien ne peut réellement me toucher, ni ne m'atteindre, je suis mort et vous êtes vivants et je me mets a rire sur mon brancard...Noir...

 

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Divers monotone

Publié le par drink 75

 

Je reprends ma vie de songe et d'inconscience au monde. Dans le dernier livre de pelecanos, une scène me brise le coeur, enfin m'aurait brisé la coeur si j'en avais encore un. C'est une scène pourtant banale, le fils sort de prison, et sa mère prépare un repas pour son retour, son frère et sa soeur sont présents. Juste cette scène me rend d'une nostalgie infinie. Je repense aux repas chez ma mère, le dimanche, nous mangions et buvions, nous fumions un cigare en buvant des digestifs. Après toutes ces années depuis la mort de ma mère, je me rends compte de la prégnance de ma douleur, du manque que je ressens. Je ne suis jamais sorti de prison, mais je me souviens comme parfois, le dimanche, le retour chez ma mère, me semblait comme une bouffée d'oxygène. Il m'a fallu lire les quelques paragraphes du livre de pelecanos pour que ça me revienne. Je traîne le reste du dimanche comme a la recherche de souvenirs, comme pour chercher quelques bouffées de ce qui ne sera jamais plus. Je tremble un peu à l'idée que c'est cela de vieillir, avoir la nostalgie de ce qui ne sera jamais plus, penser que plus rien ne sera. Je me promène un peu dans la ville du milieu, il fait froid ça me redonne un peu le moral, la librairie qui vend des livres d'occasion a déménagé suite à l'effondrement du plancher mais n'a pas encore ouvert ailleurs. Il n'y a pas grand monde dans les rues de la vieille ville. Je suis a ma place au milieu des vieilles pierres, je suis a ma place.

 

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Funérailles

Publié le par drink 75

 

Je commence à être blasé des enterrements. Mëme si je ne dois pas prendre la parole a celui-ci. Je pensais que ça commençait quand on était beaucoup plus vieux, de passer sa vie aux enterrements. Il n'y a pas grand-monde, comme si le décèdé avait commencé a se retirer de son vivant. Pour disparaître peu a peu. Pour que sa disparition physique ne soit, au fond, que la validation de son effacement. Définitif. J'ai l'impression que je connais tout le monde, c'est l'avantage de ces enterrements en petit comité, il n'y a pas foule, tout les gens sont a leur place. Je me demande pourquoi il fait si froid, dehors la neige recouvre la ville Je me demande depuis combien de temps, la ville n'avait pas été recouverte par autant de neige. Les gens semblent tristes. Je fais comme souvent dans les enterrements, je dépose un air impersonnel sur mon visage Je pourrais même sourire. Je suis tellement lent a réaliser ce qui se passe. Mon père est mort il y a 15 ans et je commence tout juste a penser a lui. C'est l'hiver, en général dans la famille nous mourrons en hiver. Nous sommes des enfants de l'hiver. Je regarde le cercueil, bientôt ce sera un peu de cendre, bientôt il ne restera rien. Du corps et de tout le reste. Mais de ce corps au fond, il n'y avait pas tellement plus de vie avant la mort. Même son esprit semblait déjà mort. C'est un peu méchant, mais c'est tellement vrai. Je m'aperçois que mes soeurs sont présentes, et je me demande ce qu'elles fichent là. Je me rends compte qu'il y a beaucoup de gens de ma famille. Ma cousine. Qu'est ce que ma cousine fait là ? Ma filleule aussi est là. Mon filleul aussi est présent. Bordel, je ne pensais pas que tous ces gens connaissaient le mort. J'essaie de faire le rapprochement. J'essaie de me lever. Et je regarde tous ces gens défiler, tous ces gens qui regardent le cercueil. Tous ces gens qui me regardent. Je comprends que ce sont mes funérailles. Mes putains de funérailles.

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Aérer les tourments

Publié le par drink 75

 

Je mange un peu du tiramisu que j'ai fait la veille, il est bien meilleur. Une allégorie de la vie. Tout est meilleur le lendemain, tout est meilleur quand on s'en souvient. Le souvenir est supérieur aux évènements. La mémoire est plus forte que le réel. Je reçois d'ailleurs un message d'une fille que je connais au fond assez peu qui me dit qu'elle a parlé de moi avec une autre fille pendant le jour de l'an et qu'elles aimeraient me revoir si je passe a paris. Je suis quelqu'un qui engendre les regrets ou alors je suis comme un meuble dont on apprécie l'utilité que lorsqu'il n'est plus là. La fille sur son île que j'ai rencontré 2 ou 3 fois me l'avait écrit, peut-on avec la nostalgie de ce qui n'a pas été ? Mes nuits sont agitées, peuplées d'absents, de morts, et d'évènements a venir. Je suis gagné par l'euphorie en regardant au petit matin la pelouse pleine de givre blanc, puis en croisant des gens qui grattent leur voiture recouvert d'une fille pellicule de givre. Il fait un peu froid et soleil, l'année commence par ce temps que j'adore, je me crois presque dans le pays du creux du monde. Ne manque que la neige. Il n'y a personne au marché, ni la vendeuse de pains corses, ni le père et sa fille aux docks qui vendent des poires, ni le jeune couple bien sous tout rapport qui vend du vin assez cher, ni le couple âgé qui vend des rillons, des rillettes et du boudin noir, ni la jeune fille très maigre qui vend des légumes bios, ni même le mec un peu froid qui vend du beurre et de la crême fraiche. Personne. Je traîne 5 minutes puis je reprends ma voiture et je repars pour babylone comme dirait brautigan. Plus tard, je feuillette un livre d'entretiens de dominique A. mais il ne parle pas de philippe pascal ou de marc seberg. C'est une analyse assez basique de chacun de ces albums. Le seul moment intéressant c'est quand il parle de bruxelles et je comprends assez ce qu'il a ressenti. Et quand il parle de cinéma. Il n'est plus tellement intéressé par le cinéma et il compare avec la littérature. Je comprends assez. Quand le gars avec ses questions tellement basiques et prévisiles, lui demande quel film l'a marqué ces dernières années, il cite "ida". Le plancher de la librairie d'occasion de la ville du milieu ou j'allais assez régulièrement s'est effondré. Ils vont ouvrir ailleurs me dit une petite pancarte scotché sur le porte. Je n'ai pas encore envie de partir, je n'ai pas encore envie de rester. Les gens semblent continuer de vivre autour de moi. Il me semble que c'est ce que je ferais aussi si j'étais à leur place. C'est ce que je ferais aussi.

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