Se redresser
Je me viens de ce jour ou je m'assois sur le canapé de mon petit appartement. Trois mois depuis ce coup de téléphone qui m'annonce que c'est terminé, quelques mois avant ce mail que je regretterais toute ma vie et qui me hante encore parfois, quelques mois avant d'entendre des larmes dans le téléphone. Je me souviens de ce jour ou je m'assois sur le canapé. Début avril. Je me rends compte a quel point je me sens seul. Je sors tout le temps, j'ai des très bons rapports avec mes collègues de travail, je préside une association dont l'activité est passionnnante, j'ai des proches, de la famille. Et pourtant je ressens une solitude aigue. J'ai été a porto, amsterdam, cologne et je suis revenu encore plus seul. J'ai pris une semaine de vacances pour dans quelques jours et j'ai encore de l'argent, je dois partir. Le garçon maigre me propose de venir a liège, sa belle-fille m'a indiqué quand je l'ai vu quelques jours a paris que je pouvais venir a prague quand je voulais. J'adore ces deux villes, j'adore les gens de ces deux villes, j'hésite. Je t'imagine seule, et je ne l'accepte pas, je t'imagine dans l'église et je me souviens comme tu étais là pour moi et comme je n'aurais pas été là pour toi. Je t'imagine, devand le cercueil de ta mère, tellement seule, tellement loin de tout le monde. Je me rappelle comme tu étais présente dans l'église remplie de monde et comme tu m'avais dit ces paroles auxquelles je repense souvent et qui me broie le coeur chaque fois que je me les remémore : "C'est la première fois que je vois un prêtre ému." C'est a cette époque précise que je m'occupe du dossier d'une polonaise au travail et qu'elle me dit, j'ai une petite maison a varsovie, vous pouvez y aller quand vous voulez. Pourquoi pas me retrouver seul, je me dis. Varsovie est une ville moche, aussi moche que cracovie est superbe, normal dirait un varsovien, nous on a résistés eux ont collaborés, varsovie est comme certaines villes de l'est, rasée pendant la guerre, reconstruite a la hussarde par les communistes, comme minsk, c'est une ville qui fait plus penser a sarcelles qu'a amboise. Je suis désormais dans l'apprentissage de la solitude, je sais bien que je serais désormais seul, et les évènements me donneront raison ou je retrouverais l'acuité de cette solitude dans des moments festifs entourés de dizaines de personnes. Je suis assis sur mon canapé et je me demande ou je vais aller en vacances. Pauvre petit occidental. Je me décide pour varsovie. Je pourrais aller faire un tour a gdansk que j'ai toujours voulu voir et que je pense aimer comme j'ai aimé hambourg. J'ai cette image ou tu rentre dans un magasin et ou tu prends dans tes bras une couette. Juste pour te blottir contre quelque chose ou quelqu'un. Cette image me hante. Je la trouve gai et triste, je la trouve émouvante et poignante. Je me dis que j'aurai dû être là pour toi comme tu l'as été pour moi. Je me souviens que quand ma mère est morte c'était un samedi et je ne pouvais te prévenir que par mail, je me souviens que j'ai hésité, me demandant s'il fallait attendre le lundi. Et je me souviens que tu as réussi a m'appeler, très vite. Je te regarde, prenant cette couette dans tes bras, et je me regarde impuissant, me demandant pourquoi je ne suis jamais là pour toi. Varsovie. Je retire de l'argent à l'aéroport fredéric chopin, ou je passerais quelques aube a attendre des années plus tard, mais je ne le sais pas encore. Des zlotys pleins les poches, je prends un taxi. La maison est assez loin du centre, la polonaise qui me le prête m'avait prévenu. C'est une toute petite maison, plutôt un appartement, il n'y a qu'une seule chambre, heureusement pour moi car sinon mon hôte m'aurait accompagné. C'est une belle femme, un peu plus âgée que moi, mais j'ai décidé d'arrêter ces conneries, et quand elle m'a dit il n'y a qu'une chambre sinon je serais venu avec vous, j'ai pris un air contrit. Me lancer dans des relations qui ne veulent rien dire et qui me déprimeront un peu plus à chaque fois, je préfère éviter. C'est comment la phrase de benacquista ? "Désormais je reprocherais a toutes les femmes de ne pas être toi". J'en suis là. Je m'assois sur le petit canapé. Je suis seul a varsovie pour une semaine, je ne connais personne, je ne parle pas le polonais, je suis assez loin du centre ville, qu'est ce que je vais bien pouvoir foutre ? je me demande tout a coup.