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Se redresser

Publié le par drink 75

 

Je me viens de ce jour ou je m'assois sur le canapé de mon petit appartement. Trois mois depuis ce coup de téléphone qui m'annonce que c'est terminé, quelques mois avant ce mail que je regretterais toute ma vie et qui me hante encore parfois, quelques mois avant d'entendre des larmes dans le téléphone. Je me souviens de ce jour ou je m'assois sur le canapé. Début avril. Je me rends compte a quel point je me sens seul. Je sors tout le temps, j'ai des très bons rapports avec mes collègues de travail, je préside une association dont l'activité est passionnnante, j'ai des proches, de la famille. Et pourtant je ressens une solitude aigue. J'ai été a porto, amsterdam, cologne et je suis revenu encore plus seul. J'ai pris une semaine de vacances pour dans quelques jours et j'ai encore de l'argent, je dois partir. Le garçon maigre me propose de venir a liège, sa belle-fille m'a indiqué quand je l'ai vu quelques jours a paris que je pouvais venir a prague quand je voulais. J'adore ces deux villes, j'adore les gens de ces deux villes, j'hésite. Je t'imagine seule, et je ne l'accepte pas, je t'imagine dans l'église et je me souviens comme tu étais là pour moi et comme je n'aurais pas été là pour toi. Je t'imagine, devand le cercueil de ta mère, tellement seule, tellement loin de tout le monde. Je me rappelle comme tu étais présente dans l'église remplie de monde et comme tu m'avais dit ces paroles auxquelles je repense souvent et qui me broie le coeur chaque fois que je me les remémore : "C'est la première fois que je vois un prêtre ému." C'est a cette époque précise que je m'occupe du dossier d'une polonaise au travail et qu'elle me dit, j'ai une petite maison a varsovie, vous pouvez y aller quand vous voulez. Pourquoi pas me retrouver seul, je me dis. Varsovie est une ville moche, aussi moche que cracovie est superbe, normal dirait un varsovien, nous on a résistés eux ont collaborés, varsovie est comme certaines villes de l'est, rasée pendant la guerre, reconstruite a la hussarde par les communistes, comme minsk, c'est une ville qui fait plus penser a sarcelles qu'a amboise. Je suis désormais dans l'apprentissage de la solitude, je sais bien que je serais désormais seul, et les évènements me donneront raison ou je retrouverais l'acuité de cette solitude dans des moments festifs entourés de dizaines de personnes. Je suis assis sur mon canapé et je me demande ou je vais aller en vacances. Pauvre petit occidental. Je me décide pour varsovie. Je pourrais aller faire un tour a gdansk que j'ai toujours voulu voir et que je pense aimer comme j'ai aimé hambourg. J'ai cette image ou tu rentre dans un magasin et ou tu prends dans tes bras une couette. Juste pour te blottir contre quelque chose ou quelqu'un. Cette image me hante. Je la trouve gai et triste, je la trouve émouvante et poignante. Je me dis que j'aurai dû être là pour toi comme tu l'as été pour moi. Je me souviens que quand ma mère est morte c'était un samedi et je ne pouvais te prévenir que par mail, je me souviens que j'ai hésité, me demandant s'il fallait attendre le lundi. Et je me souviens que tu as réussi a m'appeler, très vite. Je te regarde, prenant cette couette dans tes bras, et je me regarde impuissant, me demandant pourquoi je ne suis jamais là pour toi. Varsovie. Je retire de l'argent à l'aéroport fredéric chopin, ou je passerais quelques aube a attendre des années plus tard, mais je ne le sais pas encore. Des zlotys pleins les poches, je prends un taxi. La maison est assez loin du centre, la polonaise qui me le prête m'avait prévenu. C'est une toute petite maison, plutôt un appartement, il n'y a qu'une seule chambre, heureusement pour moi car sinon mon hôte m'aurait accompagné. C'est une belle femme, un peu plus âgée que moi, mais j'ai décidé d'arrêter ces conneries, et quand elle m'a dit il n'y a qu'une chambre sinon je serais venu avec vous, j'ai pris un air contrit. Me lancer dans des relations qui ne veulent rien dire et qui me déprimeront un peu plus à chaque fois, je préfère éviter. C'est comment la phrase de benacquista ? "Désormais je reprocherais a toutes les femmes de ne pas être toi". J'en suis là. Je m'assois sur le petit canapé. Je suis seul a varsovie pour une semaine, je ne connais personne, je ne parle pas le polonais, je suis assez loin du centre ville, qu'est ce que je vais bien pouvoir foutre ? je me demande tout a coup.

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La nuit je mens (exercice d'admiration)

Publié le par drink 75

 

C’est une drôle de nuit, le bateau ne bouge pas et il ne fait pas froid. On est couchés le fantôme et moi dans la cabine, et j’écoute les battements de mon cœur, sans parler. Il bat encore. Il bat très fort. Je me tourne vers elle et je crois que dans un mouvement presque synchronisé, elle fait pareil. Je n’ai jamais oublié ton visage, je lui dis. Le petit magicien m’a demandé si je couchais avec toi, elle répond. Pourquoi tu chuchote, je lui demande.  Je ne sais pas, c’est la nuit, elle réponds. Tu as dit quoi, je demande. Je lui ai dit que c’était déjà fait et depuis longtemps, elle réponds en souriant. Ce n’était pas sa question, je réplique d’une voix pas très bien assuré, il demandait si on couchait de nouveau  ensemble. Ah bon tu crois, elle me demande comme si je venais de dire un truc auquel elle n’avait pas pensé. Tu te moques, hein, je demande et elle éclate de rire. Tu sais, elle reprend, je ne parle jamais de toi, et je ne parle jamais de toi et moi, parce que personne ne peut comprendre. Personne. Le petit magicien et hyacinthe sont amoureux de toi, je réponds comme une évidence. Ils sont cons mais ils sont bienveillants, j'ajoute parce que je suis détendu. Quand je t’ai connu,  j’étais poursuivi par un cow boy qui n’était pas bienveillant, elle me dit. Oui je me souviens, je réponds, mais tu es si délicate que tu m’as fait croire que ce n’était rien, parce que tu es ainsi, et parce que tu sais qu’au fond, le reste ne compte pas pour nous quand nous sommes tous les deux. Elle me regarde avec cette intensité qui fait toujours douter de son humeur. Je ne sais pas pourquoi je suis revenue, et je ne sais pas pourquoi je t’ai demandé de revenir, j’en ai eu besoin c’est tout, elle me dit en chuchotant. Je la regarde, elle semble surprise d’être là, pas autant que moi, mais un peu quand même. Je n’arrive pas a m’expliquer comment tout revient, j’ai envie de lui caresser les cheveux, j’ai envie de lui caresser le visage, mais j’ai peur. Je pensais que tu m’avais oublié je lui dis. Mon coeur bat tellement fort qu'il va sortir de ma cage thoracique. Je ne t'ai jamais oublié, elle répond, c'est ça que tu veux entendre. Moi non plus je ne t'ai jamais oublier, je réponds même si tu l'as cru, on a survécu tous les deux parce qu'on est comme ça, on est des survivants. Je n'oublierais jamais cet instant ou mon coeur bat tellement fort que je me demande comment il ne sort pas de mon corps. Je ne te prendrai jamais la main, elle murmure très bas, pour ne pas la lâcher, je sais tu l'as déjà dit, je réponds en chuchotant.

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Le raz de marée (émotionnel)

Publié le par drink 75

 

On me croit léger, aérien, détaché, je ne l’ai jamais été. J’ai juste une spécificité par rapport a d’autres, je trie les événements, les gens, les choses, dans le filtre de mon intérêt. Ce qui peut paraître léger à d’autres me parait lourd, ce qui peut sembler important me parait futile, ce qui n’est presque rien me semble capital. C’est ainsi. Il en a toujours été ainsi. Parfois je peux me mettre dans une fureur absolue pour un détail. Mes anciens collègues me parlent encore de la seule fois ou je me suis énervé au cours des années, et ou une simple réflexion qui ne m’a pas plu, m’a fait vrillé une journée entière. Je suis le mec qui s’énerve le moins au monde mais qui le reste plus longtemps quand ça arrive. Les gens croient que je me fous de tout alors que je ne me fous de rien. Mais parfois, souvent, tout le temps, je ne réagis jamais dans l’immédiateté. Une nouvelle, qu’elle soit douloureuse ou joyeuse doit infuser en moi. Et un jour, elle arrive au cerveau qui en fait ce qu’il veut. Et sur-réagit. Un jour, après toutes ces années, alors que tout semblait digéré, accepté, oublié, un jour donc il y a un retour qui semble tout balayer. L’esprit n’est pas capable de le traiter, le cerveau est comme submergé. C’est un tsunami. C’est bel et bien un tsunami. Je n’attendais rien, je ne me doutais de rien, une seconde avant je n’aurais jamais pensé que ça arriverait et puis le tsunami m’a englouti, bel et bien, recouvert, bel et bien, je me suis retrouvé comme vierge, essoré, je me suis demandé ce qui m’arrivait et je n’ai pas su gérer mes émotions. Mon cerveau était incapable de choisir les cases, de trier les informations. Mon corps lui-même ne savait plus fonctionner, s’alimenter. Le sommeil m’a quitté, je ne trouvais plus la direction. Mon cerveau  a commencé a aligner des mots, et encore des mots, pour essayer de recracher toutes ses émotions, ce trop plein de tout. J’étais perdu au milieu de la tempête, sans carte, sans boussole, nu. Perdu. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait, je n’étais pas capable d’analyser ce que je ressentais, ou ce que je ne ressentais pas.  Je ne mangeais pas, je ne dormais plus. Mon cerveau n’était pas capable de traiter les informations qui s’abattaient sur moi. Un trop plein. Je ne comprenais pas ce que tu représentais, je ne comprenais pas ce que tu ressentais. Alors je me suis mis a t’écrire, aligner les mots encore et encore pour essayer de comprendre. Attendre ta réaction. Je me souviens de ce jour, peu de temps après le tsunami ou je t’ai écris quelques mots dans la matinée. Tu n’as pas réagi. Dans l’après-midi tu m’as envoyé une photo d’une place de ta ville prise depuis le balcon d’un musée. Le soir seulement tu m’as parlé de ma lettre. J’ai ainsi commencé a prendre un ascenseur émotionnel, je ne comprenais pas ta légèreté. Je n'acceptais pas ma lourdeur. Je reniais et vomissais ma jalousie. Je dormais peu, je ne mangeais plus. Je ne dormais plus, je mangeais peu. Je t’envoyais des messages le soir pour voir dans quels délais tu me répondais. J’ai compris parfois que je te dérangeais. Je me suis enfoncé dans les méandres de mon âme, je voulais rattraper toutes ces années, je voulais que rien n’ait changé, je ne voulais pas comprendre. J’étais heureux et j’étais mal, j’étais euphorique et j’étais désespéré. Je ne comprenais pas. Je ne comprenais plus. J’alignais les mots. Et puis est arrivé ce jour, tu as compris que je voulais te quitter, et j’ai compris que tu voulais me quitter. Pendant deux heures. Je suis allé faire le malin devant un fan-club de jeunes filles que j’ai fais rire pour tromper mon effroi.  Pendant deux heures. Tu as découvert un territoire inexploré, une contrée exotique qui t’était inconnu : la cuisine. Que tu t’es mise a briquer pour oublier. Et puis tu es revenu vers moi. Tu m’as parlé, tu m’as expliqué, j’ai compris que je n’étais pas seul. J’ai compris que le tsunami t’avait aussi prise par surprise mais que tu étais plus légère. J’ai ressenti une forme de sérénité. D’apaisement. Ce fut comme une révélation. Je ne mange pas beaucoup, je dors peu mais les mots continuent de couler du robinet que tu as ouvert. Je n’ai toujours pas de boussole, je suis toujours un peu perdu mais je n’ai plus peur. Parce que je sais que tu es là pour moi. Et que même quand tu n’es pas là, tu n’es pas loin. Tu as pris ma main, au milieu de ce désert, après la tsunami, et tu m’emmène vers la légèreté. Tu ne sais pas que je ne pourrais pas la trouver. Mais tu m’aide a chercher. Et c'est le plus cadeau que tu puisses me faire. M'aider a chercher.

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Malgré tout

Publié le par drink 75

 

Le bar ne ressemble a rien. Enfin il ressemble au bar de tous les jours. J’arrive au comptoir et je regarde ce con de serveur.

"Une bière ? La première et la dernière ?" il me demande.

"Non pas une bière, je réponds, ni la première ni la dernière. Fini la bière."

Le vieux ricane. Donnez lui je dis au serveur.

"Ah ca y est, dit le vieux, même une bière vous n’osez plus. Même une ?"

Il a raison ce con. Je commande un café, de toutes façons je ne dors plus, alors autant boire un café, je mets un sucre. Ca me suffira pour manger.

"C’est douloureux, hein, de voir que les autres ont continué de vivre alors que vous êtes resté au même endroit."

Il a raison, je dis, c’est douloureux mais il a raison. Je suis resté comme il y a 10 ans, je suis resté comme il  y a 7 ans, je n'ai pas bougé, je n'ai pas changé. Je suis comme tout les cons du port. Eux non plus n’ont pas bougé.

"On ne voit pas le fantôme ce soir ?" demande le serveur.

Je ricane. Comme si j’étais bourré. Le fantôme préfère la compagnie des scientifiques intelligents, je ne réponds pas. Et qui s’y connaissent en animaux, je n’ajoute pas. Tout ce que je ne suis pas. Scientifique, intelligent, connaissant les animaux, tout ce que je ne suis pas. Et puis il doit avoir d'autres qualités, je ricane. Des qualités plus physiques.

"Je vais repartir du port, je dis au vieux, je me suis trompé, j’ai du travail ailleurs et ma vie n'est plus ici."

"Comment ça tu t’es trompé " dit le vieux.

C’est curieux je me dis j’ai l’impression d’être bourré alors que je n’ai pas bu.

"Tu ne t’es pas trompé, il reprends, c’est juste que tout n’est pas comme avant. Mais ce serait con de partir, et puis ça briserait un cœur."

Je ricane, oh mais je ricane, on dirait satanas dans les fous du volant. Ca briserait un coeur c'est la réflexion la plus drôle que j'ai entendu depuis longtemps. J’entends un toc toc lointain contre la vitre du bar auquel je ne prête aucune attention. Ca briserait un coeur, mais comment peut-on croire une connerie pareille. Ils sont tous sous sa coupe, ils croient vraiment qu'elle en a quelque chose a foutre. Le serveur regarde derrière moi et me dit, vous auriez peut-être du prendre une bière finalement. Je me retourne et je vois le fantôme derrière la vitre, qui me fait signe de venir.

"Bonjour madame pardon" je dis en franchissant la porte et elle réponds, "bonjour monsieur entame."

Nous rions  de bon cœur de cette blague que personne d'autre ne peut comprendre et puis nous prenons la direction du bateau. C'est curieux parce que j'ai envie de faire la tronche mais je n'y arrive pas, je me rends compte que ce n'est possible, qu'en son absence je peux la maudire et geindre mais que dès qu'elle est là, notre intimité, notre complicité recouvre tout. Le brouillard, la douleur, la souffrance. Plus rien n'existe d'autre que nous. Et sa gaieté.

"Tu n’étais pas venu boire ? me demande le fantôme.  Non parce que déjà qu’a jeun, tu ne comprends rien, quand tu bois, c'est encore pire, tu voyages tout seul dans ta tête et ça ne te réussi pas vraiment."

"Qu’est ce que tu fais là ?" je demande d’un air penaud.

Elle hausse les épaules et lève les yeux au ciel.

"Je ne sais pas, elle rigole, je me demandais ce que tu faisais, et je sais que dans ce bar tu ne fais que des bêtises."

"Je buvais un café,"  je réponds.

"Un café ! Tu ne dors pas et tu bois un café. Tu le fais exprès, elle me dit, tu veux  devenir dingue" elle me demande ?

"Mais et toi qu’est ce que tu fais là ?" je lui demande.

Elle me regarde avec un mélange de bienveillance et de colère froide.

"Et pourquoi je ne serais pas là ? Tu sais capitaine, il va vraiment falloir que tu dormes, que tu manges et que tu te détende. Cette manie du drame, c’est juste pas possible. Plus maintenant"

Je me rends compte de sa douceur, je me rends compte a quel point je l’aime, je me rends compte a quel point nous ne faisons qu’un, quand nous le voulons.  Et je comprends que parfois nous serons deux, mais que la plupart du temps nous ne ferons qu’un. Et puis elle doit déjà slalomer entre des hordes de mort de faims, de crevards, de tarés en tout genre, qu’est ce j’ai à en rajouter. Elle monte sur le bateau avec moi. Je n'ai plus envie de parler et elle non plus. Je la prends dans mes bras, et elle pose sa tête au creux de mon épaule. Je veux mourir là, je pense. Je veux mourir maintenant, pendant qu'elle me tient dans ses bras. Pendant qu'elle est encore là. Avec moi.

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Rester là (avec toi)

Publié le par drink 75

 

Je suis un souvenir. Tu es un souvenir. Tu es le présent. Tu es le passé. Tu es l'avenir. Rien ne compte vraiment. Rien n'a d'importance. C'est comme si le temps s'était arrêté, comme si le temps s'était effacé, comme si rien n'avait la moindre importance. Rien d'autre. Que toi. J'aimerais avoir ton élégance, ta classe, j'aimerais vraiment, mais je ne suis qu'un idiot qui court dans l'arêne avec des muletas rouges agités par des ennemis imaginaires. Je suis un imbécile. Je n'ai jamais compris comment tu pouvais supporter un idiot comme moi, comment tu pouvais aimer ce crétin qui court partout après des chimères. Je ne suis pas un personnage de roman, je suis un personnage du néant. Nous ne sommes pas des souvenirs. Nous sommes des héros l'un pour l'autre. Tu ne m'en veux jamais d'être un imbécile. J'écoute ton rire, j'écoute ta voix, et puis je recommence. Tu ne sais pas, que je suis toujours là, a te regarder, à t'écouter, tu ne sais pas que je suis incapable de te quitter, alors je ne dis rien. Je mourrais plutôt que de m'éloigner de toi. Je n'essaie plus. Ca ne s'explique pas, c'est ainsi. Tu ne le sais pas mais je suis toujours avec toi, tu ne le sais pas mais tu es toujours avec moi. Je te dis les sentiments que tu m'inspire, tu me réponds par les sentiments que je t'inspire, et je comprends que ça me suffira. Nous vivrons toujours en arrachant des instants qui ressembleront a un peu d'éternité et je sais bien que ça me suffira. J'aimerais expliquer l'inexplicable, j'aimerais poser des mots sur ce lien qui jamais ne sera défait. Mais ce serait sans doute en dessous de la réalité. Bien en dessous. Même si tu n'es pas là, je sais que je vis avec toi. Je sais que je vis auprès de toi. Ca me suffira. Je sais bien que ça me suffira. 

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Tu es debout

Publié le par drink 75

 

Je t'entends rire, parler, crier. Je t'entends. J'entends ce petit "mais" que tu dis, quand tu comprends que je te fais courir, avant d'exploser de rire. Je t'entends rire, parler, expliquer, discuter. Je te vois. Je regarde ces photos. Je regarde cette photo. Je lis et relis la plus formidable lettre adressé a un homme pour lui montrer qu'il s'est trompé, qu'il doit accepter son erreur. C'est délicat mais c'est terrible. C'est implacable. Je te regarde brandissant un panneau qui fait ta taille et je me rends compte a quel point tu es devenu libre. Tu n'as pas eu le choix, c'était cela ou mourir. Je ne m'étais jamais rendu compte de ta force, de ton intelligence. Je lis tes mots, j'écoute tes mots, et tu ne donnes aucune leçon, tu es beaucoup plus implacable. Tu n'es pas de celles qu'on peut décrédibiliser car la forme nie le fond, tu n'es pas de celles qui parlent d'elles pour faire adhérer a leur combat, non, tu es logique, presque clinique, et on ne peut rien te rétorquer. Je te regarde sur cette photo ou tu brandis cette pancarte, et comme tu prends toute la place, et comme les autres disparaissent. Tu détesterais cela. Effacer les autres. Ce serait le pire des compliments qu'on pourrait te faire : On ne voit que toi. Je t'entends rire. Tellement. Tu es devenu tellement libre, tu dis les choses, simplement, sobrement, et c'est tellement naturel que tu assénes tes vérites avec douceur. Cette liberté me fascine. De tout dire, de tout expliquer, toi qui était tellement dans la retenue, dans la peur de choquer, de blesser. Tu garde quelques secrets, sans doute pour ne pas blesser, sans doute pour ne pas briser l'équilibre. Même pour une chose anodine, tu ne dis pas comment tu sais ce que tu sais, et l'on se dit que tu es prête a garder un secret somme toute mineur avec une énergie farouche. Tu ne te crois pas courageuse parce que tu l'es, tu confonds le courage et l'héroïsme, tu confonds le courage et l'humanité. Tu es si légère qu'on ne peut pas t'attraper, alors je regarde cette photo et je me dis que rarement la personnalité de quelqu'un est ressortie autant sur un cliché. Tu ne comprends pas, tu ne comprends pas les compliments car tu es modeste, et tu te demande toujours s'ils sont sincères, en cela tu me rappelles une femme que j'ai bien connu et qui m'a donné la vie. Je sais bien que lorsqu'elle t'a vue, elle t'a reconnue. J'en suis sur, elle t'a forcément reconnue.

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Nos solitudes

Publié le par drink 75

 

Une femme pleure sur le message du répondeur. Une autre femme se demande pour quelles raisons elle est venue dans cette maison loin de tout, sauf du bord de mer tourmentée. Une femme mange tout les soirs dans le petit restaurant de sa soeur pour ne pas rentrer dans son appartement vide et se retrouver seule. Une autre femme sort de chez elle, pour parler a quelqu'un, pour voir un peu de monde, même si c'est que le dimanche qu'elle parle vraiment, quand elle va à l'église pour parler avec Dieu. Une femme promène son chien comme si c'était son dernier lien social avec le monde. Elles n'ont pas d'enfants. Ou alors ils sont morts. La femme qui pleure sur le répondeur a perdu sa fille, la femme qui pleure sur le répondeur a perdu son mari. La femme qui pleure, boit. Plus elle boit, plus elle pleure, plus elle pleure, plus elle boit. La femme qui boit, pleure. L'autre femme depuis qu'elle est arrivée en france, en provenance du bout de l'europe ou l'on parle une langue proche du latin, l'autre femme a toujours vécu a paris, en face de la gare de lyon, pour sa retraite elle a suivi un homme, loin, très loin de tout, près de la mer et des tempêtes. Pourquoi ? elle se demande souvent. Ils ne se parlent plus, l'homme n'était pas comme elle le pensait, elle s'ennuie, elle s'ennuie, loin de tout, dans cette maison, attendant les tempêtes, au bout de la terre. Une autre femme tient toujours sa petite boutique dans un centre commercial vieillot et fatigué  de chinatown, tous les jours elle traverse paris, tous les jours, elle espère vendre sa boutique. Tous les soirs, elle ferme sa boutique, tous les soirs elle se rend dans le centre de paris, tous les soirs elle va dans le petit restaurant de sa soeur. Tous les soirs, elle y passe une heure ou deux. Tout les soirs, elle rentre dans le nord de paris. Tous les soirs elle rentre dans son appartement vide. Et puis le lendemain, elle recommence. L'autre femme n'a plus de famille, son mari est mort, elle est seule. Elle travaille toujours, pour rencontrer du monde. Elle a une maison dans son pays d'origine mais elle n'y va pas souvent. Ces femmes ne se rencontrent jamais, elles ne rencontrent jamais personne. L'une achète une demi-bouteille de champagne pour fêter noël, l'autre va à la messe. Ces solitudes ne se rencontrent jamais. Parfois, j'en croise une mais elles ne me voient pas. Elles ne voient plus personne.

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La chute finale

Publié le par drink 75

 

J'aime pas Amsterdam. J'aime bien la zélande. Je me souviens que lorsque j'habitais bruxelles, le gars que j'aidais a retaper sa maison m'avait proposé de venir avec lui jusqu'a Anvers pour voir un spectacle de royal de luxe puis nous avions poussé jusqu'a yerseke en zélande. Dormant sur le toit de son combiné volkswagen. Mais Amsterdam, j'aime pas cette ville. Pleine de vélos, de touristes, de petits ponts qui surplombent des petits canaux, pleine de hollandais. J'aime pas. J'ai écris des sms a L. après que je l'ai confondu avec le fantôme, je n'avais aucune nouvelles de sa part. J'ai composé le numéro pour laisser un message sur un répondeur sans tomber sur elle et par effet de surprise qu'elle écoute mon messag et je lui ai dit qu'on pourrait parler, j'ai failli dire, ce n'est pas ce que tu croies mais je me suis abstenu de ce cliché crétin de feuilleton débile. Je t'ai pris pour une autre mais c'est pas ce que tu croies. J'allais placer cette phrase si je la revoyais: Tu sais, la prégnance de certains rêves fait que parfois au réveil on continue de les vivre. Ouais. C'était pas gagné. J'en avais marre de me morfondre et je suis parti pour amsterdam rejoindre susana. Elle est venue me chercher et m'a emmené dans un petit appartement triste qui ressemblait a un squat. Elle a expliqué aux autres occupants que j'avais ouvert un squatt a bruxelles, j'ai rien ouvert du tout ouvert j'ai pensé, j'ai suivi une fille dont j'étais amoureux pour attirer son attention mais la fille était visiblement totalement insensible a mon pseudo-charme. Je me demande si j'ai pas fait une erreur de venir. Le lendemain matin, on se ballade dans les marchés à la con pour touristes puis susana me propose de partir a cologne dans la journée. En train. On va à la gare et je lui offre le billet, je me demande ce que sont nos rapports, mais elle semble penser que c'est naturel que je paye le train. J'ai un endroit ou dormir et j'ai des billets pour la soirée, elle m'explique. Du coup, imaginant qu'on va loger gratis a cologne et que je ne vais pas payer les entrées du festival, je paie le train. J'aime bien Cologne, cette cathédrale en plein centre quand tu sors de la gare, et l'énergie qui se dégage de cette ville. On se retrouve en péripherie de la ville, on a prit un taxi, le chauffeur étant marocain et parlant parfaitement le français, on discute de paris ou une partie de sa famille habite. Il me demande si susana est ma petite amie puis comme il comprends qu'elle ne parle pas français, m'indique qu'elle fait un peu camé. Non tu crois ? je lui réponds. Il rigole comme si je m'étais fourré dans un plan bien pourri. Le soi disant appartement de susana est bidon, le mec qui est le cousin du coiffeur de son grand-père a bratislava ne semble pas être au courant de notre arrivée et quand je vois les 3 slovaques qui vivent dans 30 mètres carrés je dis qu'on va trouver une autre solution. On finit a l'hôtel ou je trouve une chambre avec deux petits lits car il est hors de question que je couche avec susana. J'ai ma dose. On sort un peu dans le quartier de l'hôtel et on finit par acheter une bouteille de jack daniel's. Ca nous permet de nous supporter dans tous les sens du terme. Bien entendu, on termine la bouteille avant d'aller au concert, autant dire qu'on arrive complétement déchiré. Je ne me souviens plus trop du concert car l'absorbtion d' une bouteille de jack a deux en moins d'une heure c'est juste pas possible au niveau du cerveau, je me souviens avoir bu quelques bières et qu'on ait vaguement dansé. Je me souviens d'un groupe de très jeunes allemands  qui étaient ambulanciers et j'ai pensé que ce n'était pas le soir ou avoir un accident vu l'état des gugusses. Le lendemain au réveil c'est juste un carnage dans la chambre. Susana vomit et fume des pétards pour se retaper, quand je comprends qu'on sera incapable de repartir avant midi je descends repayer une nuit d'hôtel. J'émerge le soir et j'ai un message de L. qui me donne rendez-vous le lendemain soir a paris, dans un rade vers les halles. Le message est relativement neutre, je reprends espoir. Le lendemain je reprends le train pour Paris, je paie le billet pour Amsterdam a susana, qui a l'air de se foutre de tout. On se quitte sans chaleur mais sans acrimonie. Je n'aurais jamais de nouvelles de cette fille, une des rencontres les plus curieuses de ma vie, je n'ai aucun souvenir de notre rencontre a Porto et de lui avoir donné mon numéro, et ensuite, nous n'avons jamais vraiment échangés quoi que ce soit, ni conversation, ni émotion, rien. Aujourd'hui, 7 ans après je serais incapable de dire à quoi elle ressemblait, ce qu'elle réprésentait. Paris. J'écris au boulot que je reviendrais le lendemain et après avoir beaucoup dormi dans le train et à l'appartement, je vais au rendez-vous. A mon retour a Paris j'ai eu comme un manque du fantôme. J'ai compris je crois que belleville ne serait plus belleville, que la vie ne serait plus la vie, j'ai pensé que même si je continuais, même si je récupérais L. plus rien ne serait comme avant. Je me souviens que je suis rentré et je me suis dit j'ai perdu  le fantôme depuis 2 mois, je n'ai l'ai pas vu depuis 4 mois et désormais la vie sera sans elle. Et sans savoir tout ce qui allait arriver, sans connaître le déroulé des événements annexes qui m'obligeraient indirectement a quitter cette appartement et ce quartier, je crois que j'ai compris qu'une page se tournait. Qu'un monde s'écroulait.  Je me souviens que j'étais triste mais sans comprendre a quel point car j'espérais me raccrocher a L. pour oublier le fantôme. C'était pathétique mais c'était le seul moyen que j'avais trouvé de m'en sortir indemne. Je suis arrivé au rendez vous sous une pluie d'obus, je n'ai même pas essayé de les éviter, je savais qu'il fallait qu'elle soulage sa colère, je me souviens qu'elle m'a dit, tu peux te vanter d'être un des rares types pour lequel j'ai pleuré. Mon problème c'est que je suis tellement ahuri d'entendre ce genre de phrases que je prends un air crétin, j'ai du répondre un truc comme quoi je n'avais aucune appétence pour sa souffrance. Je me souviens aussi qu'elle m'a dit, ma fille t'oubliera elle est petite mais moi ça me fait vraiment du mal. Je me souviens que cette phrase m'a vraiment fait du mal car j'ai pensé que je ne reverrais pas sa fille. Le pire je crois c'est quand elle m'a expliqué qu'elle avait espèrer en me rencontrant ne pas finir sa vie tout seule mais que désormais elle n'avait plus d'espoir. Sa détresse m'a secouée, surtout que je n'avais rien fait de follement répréhensible, j'avais même pas baisé avec une autre fille, je lui avais parlé au téléphone comme si elle était une autre. J'ai joué carte sur table, j'ai été moi-même je crois, comme rarement dans ma vie, je lui ai parlé du fantôme, de la douleur que je ressentais, qu'elle était arrivé juste après et que j'avais du mal a faire la part des choses. Je me suis livré, sans compromis, j'ai étalé mes tourments, j'ai oublié ma pudeur. Ce soir là, je l'ai ramené a son RER, elle m'a embrassé sur le quai, comme on embrasse quelqu'un qui compte pour vous mais qui est une matière inflammable. Je suis rentré chez moi et j'ai pensé  c'est mort. Quelques jours ont passés et bien entendu, comme presque toujours dans ma vie, je n'avais rien compris, L. m'a invité chez elle, sa fille était présente, je me souviens que lorsque il fut l'heure qu'elle aille se couche, l'enfant m'a demandé si je dormais là et si elle me verrait le lendemain, et sa mère à dit oui il dort ici. Elle m'a parlé ensuite en me disant qu'elle avait été touchée par ma sincérité et je l'ai suivi dans sa chambre.  Combien de temps cela a duré, combien de jours ? Moins d'une dizaine. Un matin je me suis réveillé chez moi, c'était un dimanche, je m'étais rendu a un anniversaire et j'étais rentré avec une fille. Nous avions couchés ensemble. J'étais tellement fracassé le matin, après que la fille soit partie, je me suis traité de tous les noms. Je me demandais comment ca se faisait qu'avec le fantôme ce ne serait jamais arrivé malgré son absence physique. Comment j'avais pu alors que j'avais galeré pour reconquérir L., comment j'avais pu coucher avec une autre fille ? J'ai pensé plus tard, qu'avec le fantôme, je faisais attention à l'alcool. Elle était toujours là, nous nous appelions et écrivions tout les jours, tout les soirs, et j'ai compris que pendant 3 ans malgré mes jérémiades, le fantôme était toujours avec moi. J'ai compris ce même jour que c'est moi qui avait le beau rôle, que j'avais joué les caliméro mais que c'était le fantôme qui subissait tout. Bref, j'ai compris que j'étais pendant 3 ans avec elle, chaque seconde, chaque minute, chaque heure, chaque souffle, qu'elle ne m'avait jamais quittée, qu'elle était toujours là, près de moi, avec moi. C'est quoi la phrase a la con ? On reconnait le bonheur au bruit qu'il fallait en partant. Un truc dans le genre. La soirée de la veille m'avait fait comprendre a quel point le fantôme m'avait quitté. L. m'a appelé ce dimanche de mars et elle m'a demandé si elle pouvait venir. J'étais trop heureux. On s'est retrouvé au musée de l'art brut au pied de montmartre pour une expo, lieu que je lui avais fait découvrir et qu'elle adorait, et nous sommes rentrés a la maison comme des amoureux. Je me demandais en préparant les kirs si elle allait me faire oublier le fantôme. Je ne voulais pas l'oublier, c'était d'ailleurs impossible, je voulais apaiser la douleur. L. est sortie des toilettes, blanche comme un linge. S'est assise. A bu son kir, j'avais posé des cacahuètes dans un bol, elle l'a attrappée et m'a balancée les arachides dans la gueule. Qu'est ce qui se passe, j'ai demandé, qu'est ce qui se passe ? La poubelle de la salle de bains est remplie de capotes, elle m'a dit, et il y a une petite culotte de femme dans le bac à linge. Tu me prends vraiment pour une conne, elle a ajouté puis elle est partie. L'appartement était vide. Je suis resté de longues minutes assis, a me traiter de tous les noms. Et j'ai pensé qu'il fallait ramasser les cacahuètes. C'était tout ce dont je me sentais capable. Ramasser les cacahuètes.

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La baguette tragique

Publié le par drink 75

 

Je vois son sourire quand j'entre dans le rade et je sais déjà qu'il se réjouit de m'annoncer des horreurs. Champagne. Il n'a pas changé le mort de faim, mais cet espèce d'air satisfait de lui, les mots qu'il a remués et préparés dans sa bouche et qu'il va me servir avec une délectation non dissimulé me donne immédiatement l'envie de le claquer et m'ôte toute la pitié et la bienveillance que j'ai eu pour lui depuis mon retour. Je vais au comptoir, ça ricane un peu, je sens qu'ils vont tous me plaire aujourd'hui. Je me sens relativement serein, mais je pose un air un peu désesperé sur mon visage, je veux qu'ils se laissent  aller. Une bière pour le vieux, je dis au serveur, ça le fera parler je ricane, et une bière pour moi. La première et la dernière de la soirée, rigole celui-ci. J'en connais une, pas  besoin de bière pour "s'ambiancer" dit un joueur de cartes et une bonne partie du bar vacille de rire. Le magicien arrive par-derrière, ça ne m'étonne pas de lui. Vous cherchez quelqu'un me demande t'il ? Le bar ne rit pas, mais tout le monde retient son souffle. Non je lui dis, je faisais un petit tour avant de rentrer. Oui, votre femme doit vous attendre il dit d'un air fataliste. Je ne réponds pas. Je sais très bien ou il veut en venir. Il est pire que moi, je me rassure, il est encore plus nul et pathétique que moi comme enquêteur. Si moi j'ai des gros sabots, lui c'est toute la cavalerie. Je me rends compte a quel point je suis pathétique quand je crois cuisiner le fantôme et qu'elle me voit arriver de très très loin là-haut sur la montagne et prend un air gêné pour ne pas me froisser. J'ai honte. Vous voulez me dire quoi ? Je demande au magicien, vous voulez que je ressente de la culpabilité, je ressens de la culpabilité, vous voulez que je me morfonde, je ne me morfonds pas, vous voulez que je vous dise ce que je ressens, vous n'en saurez rien. Silence sur le bar. Silence absolu. Et si on faisait un petit karaoké, demande le vieux au comptoir. Et là tout le monde explose, mais explose littéralement de rire. Même moi j'apprécie que toute la tension retombe. Le magicien, lui, ne rit pas. 15 ans qu'il veut tremper sa baguette avec le fantôme sans parvenir a ses fins, ça doit créer des frustrations. Il va s'asseoir. Je prends mon verre et je le suis. Je m'assieds près de lui sur le canapé qui fut en skaï quand lecanuet s'est présenté aux élections. Le kennedy français, oui c'est ça et le bar c'est celui d'happy days ? Pourquoi elle est partie capitaine, me demande la magicien. On s'en fout je dis, puisqu'elle est revenue. Pourquoi vous ne l'avez pas attendue ? il demande, toutes vos belles paroles, c'était quoi ? Je croyais qu'elle ne reviendrait jamais, je dis, je le croyais vraiment. La vie a décidé pour moi, ca ne veut pas dire que je ne suis pas malheureux parfois, ça ne veut pas dire que je regrette mes choix, ca veut juste dire que c'est ainsi et que je n'y peux rien.  Qu'est ce qui me prends de lui raconter ma vie, je me demande. Elle ne veut pas de moi, hausse le magicien, encore et toujours fataliste, je ne suis pas assez léger je crois. Là, par exemple elle est où ? Ouais, vous n'êtes pas assez léger, je lui réplique. Vous savez je dis a magie majax, elle n'est pas revenue pour moi, elle n'est pas revenue pour vous (ah non ça aucun risque je ricane intérieurement), elle n'est pas revenue pour elle. Elle est revenue, c'est tout. C'est comme ça. Elle sait bien qu'une partie de sa vie est ici avec vous tous (mais non pauvre andouille je pense intérieurement, juste avec moi), mais ça ne veut pas dire que toute sa vie est ici. Il n'y a pas un contrat d'exclusivité, c'est pas une agence immobilière. Il me regarde. Ca fait un peu paolo coelho mes conneries mais il a l'air de les gober. Je termine ma bière. Avant j'en aurais bu dix je me dis, avant je me serais apitoyé sur mes taches de rousseur, avant j'aurais hurlé au bar comme j'étais malheureux. Pas peu fier de moi, ( on a les combats qu'on peut) je ramène le verre. Pas de fantôme a l'horizon ? ose le vieux, rendu gaillard par l'afflux soudain de houblon du précèdent verre. Vous aviez rendez vous je demande ? Il me regarde en se demandant si je rigole. Ah non je pensais, commence t'il... Je le coupe au moment même ou tout le bar se tait. Vous pensez, je mets a hurler,  vous pensez ici ? Vous devriez arrêter, faites la fête quand la plus belle femme du monde daigne se mêler a vus, ambiancer vos corps fatigués et vos tronches de cake, chanter avec vos voix de petits vieux, buvez des coups quand je vous en offre. Mais arrêtez de penser. Vous ne pouvez pas penser. Vous ne pouvez pas comprendre. Et c'est pas ce qu'on vous demande. Ce n'est vraiment pas ce qu'on vous demande, je dis avant de refermer la porte en me disant que je suis  un escroc mais que je fais des progrès. Vous ne pouvez pas comprendre, je répète en me rendant au bateau, d'ailleurs moi non plus, je dis aux mouettes en rigolant.

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Errer sur le pavé

Publié le par drink 75

 

Je tourne et je retourne. Je suis la route des tombes, je monte des escaliers, et d'autres tombes,  je descends des escaliers. Je ne trouve pas la tombe que je cherche. Père-lachaise. C’est curieux j’ai habité ici pendant une décennie, a quelques encablures du père lachaise et je n’y suis jamais beaucoup venu, c’est pour moi un endroit pour touristes qui cherchent la tombe du pénible jim morrison chanteur des lourdingues doors. A moins que ce ne soit l'inverse. C'est le matin tôt, il y a quelques touristes qui, l'oeil rivé sur leur téléphone portable cherchent ou est enterré je ne sais qui. Je passe devant une tombe avec une architecture qui ressemble a un temple grec miniature, à moins que ce soit le style protestant,  et je m'aperçois que c'est celui de la famille Darty. C'est peut-être un homonyme mais je comprends enfin ou est passé l'argent de mes machines a laver, je ricane en mon for intérieur. J'aime ce que tu es. J'aime ce que nous sommes. J'aime ta légereté. Je n'aime pas me rendre compte à quel point tu étais sensible a mon jugement. J'aime t'entendre rire, j'aime te deviner hilare, j'aime ne pas te voir t'énerver, j'aime me douter que tu souries en pensant gros malin au détour d'une question que je pose. Je n'aime pas savoir ce que tu as traversé, je n'aime pas imaginer que personne n'est vraiment là pour toi. J'aime bien, me sentir différent des autres, faire le gros malin, le nombre de fois ou je me suis perdu car je ne voulais pas demander mon chemin, le nombre de fois ou je suis parti dans le mauvais sens juste par ce qu'il fallait faire croire que je connaissais le chemin. J'aime bien avoir l'air sûr de moi et assumer mes échecs. Je n'ai aucun sens de l'orientation. Je me décide donc a sortir mon téléphone. Pour chercher une tombe. Allégorie de notre époque. Je me rends compte que je fais juste cela car ce n'est pas pour moi, dès que je fais les choses pour une personne, que j'ai peur de la décevoir, je me donne un peu plus les moyens. Si c'était pour moi, je sais pertinemment que je tournerais comme un derviche tourneur au milieu des tombes dans un mouvement perpétuel sans jamais la trouver. Je n'aime pas t'avoir fait pleurer, j'aime t'avoir faire rire. J'aime que tu m'aies fait l'amour, j'aime me souvenir quand tu commandais ta boisson sans goût. Je n'aime pas que mon esprit s'enlise, j'aime que tu sois toi-même, j'aime ne pas connaître l'avenir, j'aime ce que fut le passé, j'aime ce qui est le présent. La tombe ne donne pas sur une allée, il y a une telle densité qu'il y a des centaines de chemins plus ou moins officiel. Parfois j'hésite, me demandant si vraiment ça mène quelque part. Je pense au livre de lawrence block, "la ballade entre les tombes", c'est vraiment ça. Encore un massacre au cinéma, liam neeson pour jouer matt scudder...et pourquoi pas lucchini pour le rôle du mime marceau aussi ! Un petit point sur mon téléphone m'indique que la tombe n'est pas loin, un autre point bouge, c'est mézigue, je confonds parfois les deux points, pensant que je suis a l'endroit de la tombe et que c'est elle qui bouge. Je me retrouve sur une petite place, comme un rond point avec un petit monument au mileu, et je comprends qu'il faut repartir en arrière. Je commence a me demander si je vais trouver. Je commence vraiment a me demander si je vais trouver. J'aime cette intimité, j'aime ce lien indéfectible. J'aime nos histoires sans fin, j'aime nos pudeurs, j'aime nos silences, j'aime deviner ton visage quand tu ne parles pas. J'aime comme tu rends tout simple, j'aime ta sincérité, j'aime tes secrets, j'aime tes mensonges. Je n'aime pas te mettre mal à l'aise, je n'aime pas te forcer a faire des pirouettes, j'aime ta souplesse. Je remonte l'allée d'ou je viens et je prends un petit passage a droite, je vois des escaliers. Le point indique que je suis a l'endroit de la tombe. Je monte et je descends, je lance mon regard flou partout. Beaucoup de tombes sont anciennes et il est difficile de deviner les noms mais celle-ci est très récente. Je refais un tour, je retourne au rond point, je remonte plus haut pour tout redescendre. Je me demande si je vais trouver. Je prends a nouveau un chemin mais ce n'est pas une chemin mais une impasse. Je comprends que j'ai été présomptueux et que je ne vais pas trouver. Je n'aime pas que tu pense que tu es une malédiction, j'aime penser que tu es une béndiction. J'aime ne pas comprendre, ne pas savoir. J'aime penser que tu es beaucoup plus intelligente que moi , c'est une certitude, et que tu comprends et tu sais tout. J'aime la puissance et la délicatesse de tes mots. Je n'aime pas ce silence passé, j'aime les évenements présent. J'aime la mer derrière le mur, la plage derrière le mur, j'aime que ton visage enfin, apparaisse, après l'absence. Il n'y a pas grand monde, quelques touristes l'oeil rivé sur leur téléphone, mais je ne vois personne a qui demander mon chemin. Si je retourne à l'entrée voir un plan, je vais me perdre et vu que j'ai un  rendez vous ensuite je n'ai plus trop le temps. Je regarde autour de moi, je décide de marcher lentement comme si j'étais pieds nus sur le pavé. Je regarde chaque tombe et tout à coup je vois une photo. La tombe est prise en sandwich entre deux autres très imposantes, tu m'étonnes qu'on ne la voit pas. Le nom est écrit en tout petit. Quelqu'un a coincé une photo sous une pierre par charité chrétienne pour tout ceux qui ne trouvaient pas. Je remarque la bouteille de champagne coincé entre des feuilles au bout de la tombe. C'est le seul mot que j'ai envie de prononcer : Champagne.

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