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Un phare

Publié le par drink 75

 

Je n'ai jamais su quoi te dire du temps ou nous nous aimions car ton amour était si intense et si fort que je savais que mes mots ne pourraient jamais répondre a tes sentiments. Je ne t'écoutais pas vraiment, peut-être parce que ça ne m'intéressait pas mais surtout car je pensais que nous n'étions que deux, enfermés dans notre folie, et que je ne trouvais pas le moyen de pénetrer ton univers. Je voulais sans doute rester loin, très loin, et je n'avais pas besoin de comprendre ce que tu vivais. Tu étais a moi, totalement, absolument, et quand tu venais, je me foutais un peu des nuages et des tempêtes qui se préparaient. Te regarder, faire l'amour, être allongés près l'un de l'autre, marcher jusqu'au belvèdère pour regarder paris, t'écouter chanter sous la douche, cela me suffisait. Tout cela me suffisait. Je ne suis pas nostalgique, je sais que ça a existé, et même si j'ai cru que ça durerait toujours, même si je suis triste parfois, je ne suis pas nostalgique. La vie ne le permet pas. Mais parfois les vagues de douleur m'envahissent, me recouvrent, et j'ai l'impression que je me noie. Je ne sais pas ce que tu ressens pour moi, je ne sais pas ce que je ressens pour toi, mais je sais que c'est un lien - curieux, peut-être éphémère, pregnant - et dont je ne connais pas le nom. J'ai parfois l'impression que je pourrais ne jamais arrêter de te parler, pendant des heures et des heures et des heures. C'est un peu déjà le cas. Une heure dure cinq minutes. Je sais que nous pensons l'un a l'autre. Je ne comprends pas tout des évènements. Et tu ne comprends pas toujours mes réactions et mes humeurs. Nous pouvons nous rendre tristes. A la limite de l'intolérable. Mais ça ne dure jamais très longtemps. Je crois qu'il n'y a plus de coups d'avance, je crois qu'il n'y a plus de calcul. Nous sommes nus, à l'os, et ce n'est plus la peine de nous cacher l'un pour l'autre, puisque nous ne savons pas ce qui nous relie. Et c'est sans doute mieux ainsi. Même si parfois j'aimerais comprendre, c'est sans doute mieux ainsi. 

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Invisible

Publié le par drink 75

 

L. commence a me parler, m'explique ce qu'elle ressent pour moi et je la regarde, totalement éberlué. Je la connais depuis quelques années et c'est une collègue de travail. Je sors dans la cour du taff parfois pour prendre l'air et l'accompagner quand elle descend fumer, nous mangeons ensemble assez régulièrement. Mais je ne pensais pas qu'elle ressentait quelque chose pour moi. Elle m'explique les signes de notre amour naissant.  Tu te rends bien compte  qu'il y a parfois des regards entre nous ? elle me demande, tu te rends compte comme je suis dingue de toi depuis des années ? elle ne dit pas encore. Bien sur que je n'ai rien vu, bien entendu que je ne pensais pas qu'elle se morfondait d'amour pour moi. C'est courageux qu'elle vienne me le dire, nous sommes chez moi, et je lui ai expliqué que je viens de me faire larguer comme une merde et que je suis l'homme le plus malheureux du monde. Toujours le sens de la mesure. Ce soir-là, pendant de longues minutes, elle m'explique comme j'occupe ses pensées, ce qui me surprend un peu car elle était enceinte d'un autre quelques mois auparavant.  Mais c'était déja fini avant que j'accouche elle m'explique. Je comprendrai plus tard, quand même après qu'elle m'avoir largué à cause de ma stupidité, elle m'embrassera dès qu'elle me croisera. Et parfois elle m'évitera au boulot pour être sur de ne pas me sauter dessus. Je l'aimais beaucoup mais elle est sans doute arrivé au pire moment de ma vie sentimentale. Je suis triste quand je pense a elle. Je crois qu'elle m'aime toujours. La dernière fois que je l'ai vu, a une séminaire, elle m'a embrassé fougueusement après m'avoir entraîné dans un endroit discret. Aujourd'hui, c'est mon tour de vivre ce qu'elle a vécu. J'ai pensé a elle hier, me demandant si je n'étais pas a sa place, si ce n'était pas mieux de ne pas revoir les gens dont on était toujours amoureux. C'était drôle comme tu glissais toujours des allusions pour expliquer comme ton nouveau mec était parfait, ne ferait jamais ce que nous faisions, nous, pauvres humains que nous étions. J'ai repensé a L. qui ne pouvait s'empêcher de m'embrasser et de vouloir que nous couchions ensemble, des années après notre histoire éphèmere. Je t'ai entendu m'expliquer qu'il serait impossible que le moindre contact intime ait lieu entre nous maintenant que tu sortais avec la huitième merveille du monde. Tellement persuadée que je ne voulais que ça. Te baiser. J'ai trouvé toutes ces précautions un peu ridicules et j'ai pensé que te rencontrer et comprendre que tu ne m'aimais plus, allait sans doute me tuer. Mais c'était mon côté dalida, je voulais mourir sur scène. Ca tombait plutôt bien. Tu ne me laisserais pas en descendre.

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Les horizons

Publié le par drink 75

 

Elle semble se demander ce qu’elle fout la. J’en sais trop rien. Elle sourit bêtement comme on sourit aux gens qu’on ne veut pas froisser. Je sens qu'elle a préparé un petit laïus comme elle a du voir dans une série a la con.  Ensuite, ajoute le docteur, vous serez en phase terminale. Phase terminale j’ai répété en trouvant ça drôle car je n’ai pas été au lycée et je n’ai pas le bac. Toujours en retard d’un train, c’est bien moi je ne dis pas. Elle me dit qu’elle ne sait pas si elle veut recommencer, elle dit : tu pourrais enlever ton alliance quand on baise. Elle me regarde en buvant son café, je la laisse infuser son cours de moraline. Tout ça pour finir au plumard. C'est sans doute l'âge qui veut ça, cette génération de casse couille mais qui finit quand même par demander de lui mettre bien profond au creux des draps. Il dit qu’on va mettre en place un protocole et que j’ai encore un an ou deux, peut-être 3, et que ce sera relativement confortable pendant un an. Ensuite ça va se détériorer. Tu es peut-être la dernière femme avec laquelle je vais coucher, je ne lui dis pas, parce que cela voudrait sans doute dire qu’après notre petite séance de baise, je passerais de vie a trépas. On peut vous soulager mais on ne peut pas vous guérir, dit le médecin, ce serait une bonne épitaphe si on m’enterrait j’ai pensé, "soulager mais pas guéri, trajectoire d’une vie" je ricane. Je ne suis pas un objet, elle dit, j’aime bien coucher avec toi mais j’aimerais autre chose que des chambres d’hôtel, autre chose que du sexe. Tu peux comprendre ça ? Non je lui réponds pas. J’en ai rien a foutre de tes états d’âme, de toute façon je vais mourir, et sinon tu m’aurais quitté d'ici quelques temps. Je m’en fous totalement. Elle finira avec ce genre de type qui conduit une audi, et qui se regarde le matin dans la glace très content de lui-même. L’air de ne pas y toucher mais qui s’aime bien. Un peu sirupeux. Tant mieux pour elle. Je prends les papiers et je salue le médecin et puis je souris à la secrétaire alors qu'elle me donne un rendez-vous  que je n'honorerais pas. Pour des traitements que je ne prendrai pas. Tout cela est ridicule. Je vais te quitter, elle me dit en me regardant dans les yeux. Son joli visage semble tout à coup sérieux. J'ai déja pris une chambre d'hôtel alors j'aimerais qu'on baise encore une fois, je ne lui dis pas. Ma vie de secrets et de non-dits est en train de s'achever. Je me demande comment je vais faire pour que ça aille vite. J'aimerais que tout cela se termine vite.

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Le crétin malgré lui

Publié le par drink 75

 

J'ai beaucoup ri dans la nuit alors que j'écoutais l'histoire - maintes fois lu, filmé, entendu - des soeurs papin. Mon père m'en avait parlé quand était sorti le film de chabrol. Il venait du même coin et il était enfant quand c'était arrivé. Mon père était très vieux. J'ai ri de ma suffisance, j'ai ri de toutes ces années ou j'ai échaffaudé des théories fumeuses. C'était le sentiment le plus simple et le plus crétin du monde, mon gars. Elle ne t'aimait plus. Tu ne l'avais pas imaginé, parce que la veille de la rupture, elle t'expliquait comme tu étais formidable. Le lendemain elle ne t'aimait plus. C'est juste cela que tu n'avais pas compris. Tu n'es pas très doué pour les sentiments des gens. Surtout a ton égard. Après mes rires, j'ai été triste de faire chier quelqu'un avec un passé qu'elle voulait oublier, alors qu'elle avait rencontré la huitième merveille du monde et que tout allait bien pour elle. Maintenant que j'avais compris, pourquoi revenir encore là-dessus. Au fond, je ne valais pas mieux que l'autre crétin avec ses santiags qui des années durant, avait continué de hurler dans le désert pour abréger la douleur. Il fallait que tu acceptes de ne pas être important ou essentiel. Tu aurais des nouvelles un soir et puis tu n'en aurais plus le lendemain. C'était ainsi. C'était douloureux sans doute, c'était insupportable peut-être, mais tu n'avais pas le choix. Tu n'es pas invité à la table du banquet, alors essaie juste de continuer a survivre. ce sera déjà pas mal. Ca n'ira pas plus mal.

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Carnassier

Publié le par drink 75

 

J'aimerais parfois que les mots proviennent de mes larmes, comme si je pouvais encore et encore et encore te rattraper. Même si je n'y crois pas. Parce que j'aimerais revenir il y a 7 ans et savoir dire les mots comme dans les films. Les mots qui émeuvent, qui font réfléchir. Il y a 7 ans j'ai murmuré deux ou trois mots incompréhensibles et j'ai abandonné en rase campagne. Parce que je suis ainsi. Lâche. Dans les films, les personnages ne sont pas comme ça, dans les films les gens picolent comme des trous mais ils ont une sorte d'amplitude, un truc un peu magique. Moi pas. Je suis un enfant timide, écrasé par son père, choyé par sa mère, et je n'ai pas de caractère. J'aurais du donner ma vie pour que tu reviennes, j'aurais du arracher mon coeur de ma putain de poitrine qui ne sert a rien et je serais venu te l'apporter et je me serais jeté a genou et je t'aurais dit, il ne sert plus a rien, balance le dans le fleuve. C'est ce que j'aurais du faire si j'avais une ou deux neurones encore actives dans mon crâne. Mais je ne suis pas ainsi. Je suis un tiède. Je peux donner aux gens ce qu'ils veulent, surtout quand c'est juste répondre a leur désir, mais je ne sais pas improviser. Je suis un squelette atone sur le bord de la route. Même pas capable d'agiter son pouce pour faire du stop. Je crois que lorsque je mourrais, je serais le dernier a m'en rendre compte. Alors que l'on m'aura enterré depuis longtemps. Tu as tellement attendu que je capte tes signaux, tu as du créer un monde imaginaire et même avec tout ça, je ne comprenais pas. Je me demande parfois comment tu as pu résister, aussi longtemps, a attendre, pour te rendre compte que ça n'en valait pas la peine. Comme je te comprends. Je suis un idiot coincé dans une vie parallèle, un souvenir qui ne veut pas s'effacer. Un scotch qui colle encore un peu. Ma vie défaite, ta vie parfaite. Tout est a sa place. Je n'ai jamais fait d'efforts, il ne fallait pas que je m'attende a ce qu'il m'arrive quoi que ce soit. Je ne le mériterais pas.

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Ruptures

Publié le par drink 75

 

J'avais un poids sur les épaules, et je n’avais jamais compris quand tu m'expliquais que tu avais fait au mieux alors que je pensais absolument l’inverse. Maintenant que tu m’as juste dit que tu t’étais trompée, je ne veux plus y penser. J’ai toujours su  que ton jugement était le plus juste et le plus censé, et ça me rendait malheureux que tu me dises que tout était parfait. J’aimerais que tu ne pense plus a ça, parce que tout fut toujours parfait, tu sais, et cette parenthèse enchantée que j’ai vécu pendant 3 ans est le ciment de ma vie. Je n’ai jamais été malheureux, je ne me suis jamais apitoyé sur mon sort, j’ai toujours trouvé que tout était à sa place, toi, moi, et tous les autres. Tu as été admirable. Parfaite. Tu as tout porté sur tes épaules, alors qu’a cette époque tu avais tant de bagages a trimballer. Tout le monde avait besoin de toi. Tu n’étais pas tranquille,  toujours sur le qui-vive, tu ne pouvais jamais vraiment te reposer. Et pourtant tu ne t’es jamais plainte, jamais. Moi je me laissais recouvrir de cette bulle, de tout cet amour dont tu m’as entouré et je suis un peu passé a côté de toi. Je suis heureux que tu aies trouvé quelqu’un qui t’écoute, qui s’intéresse a toi, qui s’occupe de toi. Ce que je n’ai jamais fait. Je me suis laissé porter et je n’ai  jamais fait d’efforts, comme sij’avais l’impression qu’il fallait surtout ne pas m’intéresser a ton autre vie, que seul importait ce qui se passait a Belleville, dans ce monde que nous avions crée. Pour nous deux. Le reste n'était pas pour moi. Funestre erreur. Je suis passé à côté de toi, juste à coté et ce ne n’est que justice que tu m’aies quitté. C’est curieux, je crois que ma seule qualité en ce bas monde c’est de m’intéresser aux autres, beaucoup plus qu’a moi, et je sais que les gens m’aiment bien parce que je peux leur donner cette sensation d’exister. Mais pas avec toi. Je n’ai pas su le faire pour toi et je ne résoudrais jamais cette équation. Je ne me suis pas intéressé a toi.

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Rupture

Publié le par drink 75

 

Je me réveille, hagard, ne sachant pas si j'ai rêvé ou si c'était la réalité. C'est fascinant la prégnance de ce songe, comme si j'avais croisé ce type, comme s'il m'avait vraiment dit les mots qui m'ont découpés en deux. Je n'aurais pas du l'écouter, d'ailleurs c'est un con, et il n'a rien capté de ta personnalité, parce les gens ne te comprennent pas. Ils ne réalisent pas que tu es une amoureuse. Tu sais aimer les gens, les rendre vivants, tu sais extraire le meilleur de chacun, tu es un miracle, tu sembles irréelle tellement tu es amoureuse, et tellement ton amour rends plus fort. Mais je crois qu'au fond nous savons tous, tout ceux que tu as aimé, que ça ne durera pas.  Car c'est impossible qu'un tel amour perdure. Oui, tu es une amoureuse, unique, incroyable, mais, tu es tellement tourné vers l'amour que tu ne sais pas quitter. Peut-être que tu fais un déni, peut-être que c'est trop éprouvant de quitter quelqu'un après l'avoir tant aimé. Peut-être que c'est insupportable. Je voulais dire ça au type, mais il avait disparu. Je t'en ai voulu, j'ai pensé, mais au fond je n'aurais jamais du t'en vouloir, j'aurais du comprendre et te laisser repartir comme tu étais venu. J'aurais du apprécier ce que la vie m'avait offert, mais comme souvent, je me suis apitoyé sur mon sort au lieu d'apprécier ce que j'avais vécu. Je crois que si on me proposait de recommencer ma vie sans te connaître ça ne m'interesserait pas, même si je savais comment ça allait se passer. Les instants rares mais fugaces, le brieveté de nos rencontres, l'éloignement, tout ça était balayé par ta présence, parce que tu étais tout le temps avec moi et que j'aurais pu t'attendre jusqu'a ma mort. Même si je savais que je ne te reverrais jamais, je ne voudrais pas recommencer une vie  sans toi, sans t'avoir eu près de moi, sans avoir eu un peu de toi. La vie sans toi, ca ne m'interesserait pas.

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Les lueurs monotones.

Publié le par drink 75

 

Je n'ai jamais autant écouté quelqu'un, absolument jamais. J'ai du découvrir que je ne t'avais pas entendu il y a de cela des années, que je ne t'avais pas assez lu. Il y a un peu de sérendipité a mes conclusions mais qu'elles soient fausses ou vraies - et comme souvent elles sont un peu des deux - cela veut juste dire que je t'entends. Et qu'avant je n'écoutais pas. Je n'écoutais vraiment pas. C'est ce a quoi je pense en faisant la queue pour voter, et lorsque le type du bureau m'explique que ma carte d'électeur n'est pas la bonne, je me dis que je suis toujours un peu à l'ouest dans la vie quotidienne. Mais j'écoute et je lis, et désormais, tes mots ne passeront plus devant mes yeux sans que je les regarde. En rentrant du bureau de vote, alors que je dépasse la boulangerie qui porte le même nom qu'un écrivain célèbre et qui vend 3 euros d'énormes religieuses au chocolat et au café, je me rends compte comme dès qu'on écoute l'autre, tout s'imbrique, tout est clair. Souriant, satisfait en toute modestie de mes déductions géniales, je regarde le tramway me dépasser en sachant que je serais toujours en retard dans ma vie. C'est pour cela que je suis toujours en avance a mes rendez-vous, ou au moins a l'heure. Parce que je sais que je serais toujours en retard. D'une histoire, d'une vie, d'une déroute. J'ai toujours vécu dans le passé, et j'y traîne souvent, parce que le présent ne m'intéresse pas. J'ai toujours cru que le passé m'aiderait pour l'avenir. Le seul résultat c'est une forme poussée et poétique de procrastination que j'applique avec une rigueur unique au monde. J'ai toujours pensé que j'étais un souvenir, un poster au mur, et que je vivais ma vie dans la mémoire des autres. J'erre dans les rues des anciens faubourgs du chateau, je m'imprègne de ma vie de songe. J'essaie de vaguement sonder mon âme. Mais ça ne sert a rien car je n'ai jamais rien appris de moi. Je ne me suis  jamais écouté et accepté. Ca ne m'a jamais empêché de vivre.

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Accepter la défaite.

Publié le par drink 75

 

Je me suis souvenu de ce que me disait mon entraîneur et que je recrachais aux joueurs quand on faisait une ronde au milieu du  terrain à la fin du match. Nous avons droit le perdre, et nous perdrons encore, mais si nous savons que nous avons tous fait notre maximum, nous pouvons accepter la défaite. Je pensais a cela en commandant un picon au comptoir de la salle de concert. Je me suis rendu compte que j'avais toujours été en colère, depuis toutes ces années. J'avais été furieux et je n'avais pas accepté que tu me quitte. J'avais ressassé. Depuis tout ce temps, je n'avais pas compris comment - après les déclarations enflammées dont tu m'avais abreuvé quotidiennement -  tu avais pu me larguer du jour au lendemain. Je n'avais pas accepté ton coup de téléphone, j'étais furieux de ne pas te revoir une dernière fois, et j'étais malheureux que tu me quittes alors que tu étais l'amour de ma vie et que je pensais que rien ne nous séparerait. Et depuis toutes ces années, je t'en voulais. Je ne le savais pas, je ne voulais pas le reconnaître mais je t'en voulais. Tellement. Parce que tu avais brisé notre destin, parce que tu avais rompu cette intimité, parce que tu allais sussurer aux oreilles d'autres les mêmes mots qu'a moi. Je n'ai jamais accepté. Pas par fierté, je n'en ai pas, mais parce que je ne l'ai jamais compris. Et ton retour, au bout de toutes ces années, n'a pas forcément calmé mon ressentiment. J'ai recommencé a te faire rire, a t'émouvoir, et tu as continué a me séduire et me transporter dans ton univers, oui nous avons retrouvé une intimité et repris l'écriture de notre roman, seul connu de nous. Mais j'ai gardé cette douleur. Et parfois je te la jetais a la gueule comme pour te punir. Mais ces quelques jours ou tu étais de nouveau absente m'ont fait comprendre qu'il fallait passer a autre chose comme ils disent dans les films ou les magazines. J'ai compris je crois, que ça ne servait plus a rien d'être en colère, de t'en vouloir. C'était trop tard, c'était fini, nous étions tous passés a autre chose. Et accepter la rupture, pas forcément la comprendre mais l'assimiler, je crois que ça m'apaiserait. Je savais que parfois, je serais malheureux a m'en couper le souffle, a m'en détruire l'âme, je savais qu'une infime partie de moi ressentirait cela, que la colère pourrait surgir sans que je m'y attende et me tordre en deux. Mais c'était gérable. En buvant ma pinte de picon et alors qu'une jeune fille asiatique venait me parler et semblait vaguement me draguer, j'ai décidé de ne plus regarder en arrière. Je devais garder pour moi ce petit monde de ténèbres que je visitais de temps a autre, et retourner a la légereté. Je savais que tu ne m'aimais plus, mais j'ai pensé qu'il fallait bien vivre. Et pendant que la jeune fille d'origine vietnamiemme disait que nous n'avions qu'une grosse quinzaine d'années d'écarts vu que j'avais la quarantaine et elle 25 ans, j'ai fini mon picon et j'ai vu ton visage presque sévère qui me regardait. Je n'ai rien fait pour ça je t'ai dit, tu es vraiment un gros malin, tu m'as répondu.. Et nous avons ris je crois, alors que j'expliquais a la fille que j'avais largement plus que 50 ans et qu'elle dessinait très bien la stupéfaction sur son visage. Un gros malin, tu as rigolé.

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Continuer

Publié le par drink 75

 

Je suis toujours mort. Eteint. Je ne l’ai pas voulu, sans doute, mais je ne peux pas le combattre. Je fais toujours le malin, au dehors, je continue d’attirer les gens comme une luciole mélancolique. Mais je les tues. Un peu. Je les brise. Et personne ne mérite ça. Surtout pas de moi.  Je ne suis pas gentil, je ne suis pas bienveillant. Je suis un volcan qui ne s’assoupit pas, une douleur. Abrupte. Un ennui de chaque jour sans cesse renouvelé. C’est pénible d’être ainsi, de ne se satisfaire de rien, de courir après des chimères, de vouloir atteindre des étoiles et de se demander ce qu’on fout, une fois qu’on est dessus. Comment font les gens je me suis souvent demandé. Qu’est ce qui les tient, les retient ? Cette certitude des lendemains, ca les fait vivre. Vraiment ? Cette gueule de bois à l'horizon, cette impression de toujours recommencer les mêmes erreurs, de s'infliger les mêmes supplices, et de se tromper, encore et encore, encore et toujours. L'expérience, la maturité, toutes ces conneries pré-programmées, quelqu'un y croit vraiment ? Je me vacille dans des songes démoniaques, j'assassine les déroutes, mais je sais bien que je ne serais jamais heureux. C'est plus facile, non pas de se complaire, mais de ne plus attendre rien, parce qu'on sait bien qu'on aura tout. Je suis un enfant gâté, je suis un alccolique auquel on offre tous les verres et qui dit j'en veux plus, parce que c'est ainsi. Ce n'est jamais assez ni trop. Ca ne va pas assez vite, je n'ai pas la patience. Ne m'attendez pas je suis déjà parti. Ne m'attendez plus, je suis déja revenu. Ne faites plus attention à moi. Je suis toujours las.

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